71ème jour de la grève de la faim de Nuriye et Semih dans l’avenue Yüksel à Ankara. Les interventions à répétition de la police continuent. Chaque fois, cette petite parcelle au pied du monument aux Droits de l’homme, “l’espace de résistance” comme les grévistes l’appellent, est vidée de son contenu. Pancartes, bannières, et de nombreux bouquets et pots de fleurs qui sont offerts par les soutiens sont retirés, une partie étant brûlée sur place. Drôle de façon de détruire le matériel militant, pour une police qui intervient depuis trois nuits, en prétextant le feu allumé par les soutiens qui maintiennent une présence sur les lieux…
La nuit dernière, lors d’un troisième raid de la police sur “l’espace de résistance”, 19 personnes ont été mises en garde-à-vue. Pendant que nous écrivons ces lignes, on nous informe qu’elles viennent d’être libérées.
Veli Saçılık publie sur son compte Twitter une petite phrase qui en dit long :
“La police a jeté les fleurs dans le feu”.
Polis çiçekleri ateşe attı. pic.twitter.com/0sSGgzdJnL
— VeliSaçılık (@velisacilik) 18 mai 2017
Yüksel est notre maison
Nuriye s’exprimait ainsi ce matin dans la vidéo du jour :
“Bonjour à tous. Je vous salue toutes et tous avec l’esprit de notre résistance, avec l’esprit qui existe sur notre “espace de résistance”. aujourd’hui c’est le 71ème jour de notre grève de la faim.
Notre résistance et notre grève se poursuit. Depuis un moment nous subissons des interventions policières. Pour nous ce n’est pas une nouveauté, parce que nous avons été mis en garde-à-vie 17 fois, rien que pour nous approprier cet “espace de résistance”. Maintenant ils veulent nous reprendre une position que nous avons obtenue. En réalité ils veulent nous confisquer notre résistance. Nous devons garder notre espace. La police, profitant de notre absence, vient maintenant dans des heures où les grévistes de la faim sont absents, dans la nuit, quand il y a moins de monde, et attaque, en prétextant qu’il y a un feu allumé. Dans ce lieu, il y a un feu depuis le premier jour de la grève, et cela continue tous les soirs depuis 71 jours. C’est donc clairement, un prétexte. C’est une action qui a pour objectif de casser la resistance, de diminuer le soutien et la solidarité. Face à ces attaques, nous devons nous approprier notre “maison”. Car cet endroit est notre maison. Et nous attendons tout le monde, pour soutenir la résistance, nous et notre grève de la faim. Soyons sur l’avenue Yüksel à 13h30.”
Yüksel bizim evimiz. Ankara polisi dün gece evimize 4 kez saldırdı. 19 arkadaşımız gözaltına alındı. Herkesi Yüksel’e bekliyoruz. pic.twitter.com/n2HnJMc63e
— Nuriye Gülmen (@NuriyeGulmen) 18 mai 2017
Interventions policières
Cette nuit, la police a chargé trois fois de suite. Sur la vidéo suivante, les résistants face aux policiers qui essayent d’éteindre le feu. “Ce n’est pas un problème, on rallumera” dit une personne présente sur place en soutien. Le policier se rapproche avec une bouteille d’eau. “Vous ne pouvez pas versez de l’eau !” ajoute-t-elle. Ensuite l’image se coupe. On entend des cris et des slogans. “Lâchez mon bras, espèce de bête !” dit la personne. “Lâches moi, c’est de la torture ! tu vas me casser le bras !”
#NuriyeGülmen ve #SemihÖzakça’nın direniş alanına polis iki kez saldırdı. Alanda nöbet tutan toplam 11 kişi işkencelerle gözaltına alındı. pic.twitter.com/TQjFaPboQs
— ՏԾʅՎԹՌɿʍ (@TurkulerSahit) 17 mai 2017
Comme il y a des manifestations de solidarité dans d’autres villes, les interventions policières ne se déroulent pas qu’à Ankara.
Hier, le 17 mai, à Diyarbakır, par exemple, les membres du KESK (Confédération de syndicats du secteur public) manifestant en soutien des grévistes de la faim, on été attaqués par la police. Près de 40 manifestants ont été mis en garde à vue.
Açlık grevindeki @NuriyeGulmen ve @SemihOzakca için açıklama yapan KESK Diyarbakır Şubeler Platformu üyeleri işkencelerle gözaltına alındı pic.twitter.com/IEg2xozfaL
— ՏԾʅՎԹՌɿʍ (@TurkulerSahit) 17 mai 2017
Toujours hier, cette fois à Izmir, les avocats, membre du ÇHD (Association des juristes contemporains) qui ont voulu exprimer leur soutien à Nuriye et Semih, ont été évacués des lieux.
@NuriyeGulmen ve @SemihOzakca için izmir adliyesinde avukatların yaptığı eylemden #nuriyevesemihinaçlığınasesver pic.twitter.com/aCuokCxrYW
— Halkın Hukuk Bürosu (@halkinhukuk) 17 mai 2017
Aujourd’hui c’était le tour des étudiants à Samsun. Bilan : 11 garde-à-vue…
Samsun’da @NuriyeGulmen ve @SemihOzakca’ya destek için oturma eylemi yapan 10 Üniversite öğrencisi işkencelerle gözaltına alındı! pic.twitter.com/nw4L1TDdMS
— ՏԾʅՎԹՌɿʍ (@TurkulerSahit) 17 mai 2017
Mais les soutiens continuent à se multiplier. Aussi bien en Turquie qu’à l’étranger. Hier, c’était les comédienNEs qui étaient en visite à Nuriye et Semih et aujourd’hui l’écrivain Ataol Behramoğlu sera avec les grévistes.
A Kadıköy Istanbul, c’est “L’initiative de femmes pour la paix” (Barış için Kadın Girişimi) qui occupe la place de Khalkedon aujourd’hui.
Et en Belgique, Le Centre culturel alévi de Charleroi sera en grève de la faim pendant trois jours, en solidarité avec Semih et Nuriye.
Nous donnons des exemples de soutien. Il y en a bien d’autres et il n’est pas facile de les citer tous… et tant mieux.
Toute initiative est bienvenue pour les soutenir, si petite soit-elle. Bien sûr, si vous êtes journalistes, membres ou responsables d’associations, de syndicats, blogueuses ou blogueurs influents, ne vous gênez pas pour relayer les informations, pousser vos rédactions, vos associations à agir pour informer. Partager cet article sur un réseau social y contribuera aussi …
Vous pouvez les suivre sur : Le blog de Nuriye Twitter : @NuriyeGulmen | @SemihOzakca | @acun_karadag | @velisacilik Facebook : Nuriye Gülmen | Acun Karadağ | Semih Özakça | Veli Saçılık Les réseaux sociaux sont leur arme, votre soutien est leur protection. Plus leur histoire est partagée plus ils seront protégés. Parlez-en, relayez leur résistance ! SIGNEZ LA PETITION !
Le reportage d’Arte, émis le 17 mai.
“Une chose est sûre Nuriye et Semih sont déjà des héros de ce qui reste de l’opposition en Turquie.”