La 3ème con­férence du “Réseau pour la recherche d’une alter­na­tive”, “Net­work for an Alter­na­tive Quest” a rassem­blé plus de 800 par­tic­i­pants du 14 au 16 avril à l’Université de Hambourg.

Note préal­able de Kedistan

Depuis le “there is no alter­na­tive” néo-libéral, et les années de plomb con­quérantes du cap­i­tal­isme qui s’est glob­ale­ment mon­di­al­isé, au prix de crises sociales, écologiques, de guer­res régionales et d’ex­plo­sions de con­flits en tous gen­res, il est de bon ton de con­sid­ér­er comme appar­tenant à un siè­cle révolu la tenue de con­férences à visée mon­di­ale, pour redéfinir un pro­jet social, écologique et poli­tique, qui seraient réflex­ions et échanges sur cette “alter­na­tive” au chaos.

Des Davos, des réu­nions de Bield­el­berg, des G20, G8 se tien­nent, pour ne citer qu’eux, et leurs lots de sous-con­férences. Ces “som­mets” sem­blent une marche de “la mon­di­al­i­sa­tion bien­v­enue”, saluée par les médias du monde entier, et où les politi­ciens se pressent. Le monde du cap­i­tal­isme est “organ­isé”, cela n’est guère nou­veau, et cela ne relève d’au­cun com­plot, mais de la ges­tion con­certée d’in­térêts et, de la ges­tion de crises… Ce qui est devenu “nou­veau”, c’est de con­sid­ér­er que celles et ceux qui s’op­posent à ces intérêts généra­teurs de crises mon­di­ales, régionales, écologiques et sociales, à répéti­tion, seraient un reste anachronique des “inter­na­tionales” d’an­tan, à vers­er aux poubelles de l’histoire.

Et, juste­ment, cette con­tes­ta­tion du cap­i­tal­isme n’a pour­tant jamais été aus­si présente, dans ses trois dimen­sions, écologique, sociale, et poli­tique, sur l’ensem­ble des con­ti­nents. Elle n’a jamais été si divisée non plus, puisqu’at­taquée de toutes parts, détournée ou assim­ilée, et sin­gulière­ment ren­voyée en per­ma­nence aux expéri­ences du XXe siè­cle. Et pour­tant, la pen­sée révo­lu­tion­naire y a survécu, sou­vent repliée idéologique­ment sur le passé, mais aus­si bien présente dans des expéri­ences très con­tem­po­raines, pour sa majeure partie.

Pourquoi réfléchir à cela, dans des con­férences inter­na­tionales, en échang­er les con­tenus en util­isant les tech­nolo­gies de la com­mu­ni­ca­tion, serait-il ringard et obsolète ? Pourquoi faire re-ger­mer l’idée de réelles mis­es en com­mun, face au cap­i­tal­isme organ­isé, aurait-il un goût de vieux ori­peaux et ori­flammes, alors que des expéri­men­ta­tions mul­ti­ples atten­dent sou­tiens et réflex­ions col­lec­tives pour avancer ?

Et comme le dis­ent les par­tic­i­pants à cette con­férence, une “alter­na­tive” qui n’en est pas une, elle, se pro­file, comme au siè­cle dernier chaos, guerre et destruc­tions redonnèrent des solu­tions aux crises mondiales…

Alors, réfléchir n’est pas encore inter­dit, agir, faire agir, aux côtés des com­bats en cours non plus. Nom­breux sont les out­ils de com­mu­ni­ca­tion hor­i­zon­tale disponibles. L’in­tel­li­gence col­lec­tive est une alternative.

Voilà le pourquoi de ce compte-rendu.

Hambourg • Retour de conférence

par Kamel Nihad
[Pro­gramme en pdf]

> Je tiens à célébr­er ici l’hospitalité kurde et à remerci­er toutes les familles qui ont si généreuse­ment et chaleureuse­ment logé et nour­ri (inou­bli­able kur­dich früh­stück !) les cen­taines de participants.

Mer­ci aus­si aux belles per­son­nes de l’International Ini­tia­tive “Free­dom for Abdul­lah Öcalan — Peace in Kur­dis­tan” et des autres groupes qui ont magis­trale­ment organ­isé ces ren­con­tres internationales.

Mer­ci encore aux équipes de tra­duc­tri­ces et tra­duc­teurs qui ont affron­té les défis posés par la com­plex­ité des raison­nements et des con­cepts élaborés par les inter­venants, pour en assur­er la tra­duc­tion simultanée.

Dépasser la modernité capitaliste III

> Les con­tri­bu­tions des pre­mières con­férences, celle de 2012 et celle de 2015 ont été pub­liées dans deux livres édités par l’International Ini­tia­tive : Chal­leng­ing Cap­i­tal­ist Moder­ni­ty I et II

Découvrir la modernité démocratique :
Résistance, rébellion et construction du futur

Con­stat de départ : le cap­i­tal­isme est blo­qué dans une crise struc­turelle et perd sa légitim­ité dans le monde entier ; mal­gré l’af­fir­ma­tion selon laque­lle il n’ex­iste aucune alter­na­tive, l’extrême droite se présente à nous comme seule alternative !

Il sem­ble pour­tant qu’il existe en maints endroits d’autres expéri­ences poli­tiques, économiques et sociales que celles imposées par le binôme Cap­i­tal­isme – Etat Nation.

Au Roja­va / Syrie du Nord, il a été pos­si­ble d’établir une “troisième voie” éman­ci­patrice avec la con­struc­tion d’un sys­tème com­mu­nal­iste remet­tant en cause la dom­i­na­tion patri­ar­cale et dévelop­pant sa pro­pre économie sur un mod­èle coopératif.

Héri­tières de toutes les tra­di­tions de résis­tance, de telles “troisièmes voies” sont pos­si­bles partout dans le monde, et par­ticipent de ce que l’on peut appel­er la moder­nité démoc­ra­tique.

Lors de cette con­férence, il a été ques­tion de présen­ter, d’examiner, et de dis­cuter de celles-ci, avec comme pro­jet de créer des ponts entre tous ces mou­ve­ments au Kur­dis­tan et dans le monde entier.

Les deux pre­mières con­férences (2012 et 2015) avaient réu­ni non seule­ment des intel­lectuels de pre­mier plan, mais égale­ment don­né la chance à de jeunes mil­i­tants, étu­di­ants et éru­dits de présen­ter leurs idées.

Dans cette troisième con­férence, tout en con­tin­u­ant à se con­cen­tr­er sur la cri­tique de la moder­nité cap­i­tal­iste, il a été dis­cuté des obsta­cles, de la manière dont ces obsta­cles pour­ront être sur­mon­tés à l’avenir, et de l’im­por­tance pri­mor­diale de l’or­gan­i­sa­tion et de la solidarité.

Déconstruire le Capitalisme dans nos têtes

Un pre­mier obsta­cle à la moder­nité démoc­ra­tique — présen­té après les dis­cours d’accueil et d’ouverture de la pre­mière mat­inée de la ren­con­tre — est l’emprise dans nos esprits de la “men­tal­ité” portée par cette civil­i­sa­tion cap­i­tal­iste. Com­ment bris­er ce car­can idéologique qui paral­yse toute recom­po­si­tion organique des sociétés humaines ?

> Je préviens le lecteur qu’il n’attende un compte-ren­du ni exhaus­tif ni même objec­tif. Ces sujets me pas­sion­nent tant que les pro­pos tenus par les con­férenciers se mêlent en effet dans mon esprit à des choses enten­dues lors des Ren­con­tres de l’Ecologie Sociale en 2016 à Lyon, à des lec­tures, divers échanges et réflex­ions personnelles.

L’accumulation prim­i­tive du Cap­i­tal — pil­lage, destruc­tion des com­mu­nautés humaines et général­i­sa­tion des divers­es formes d’esclavage — a néces­sité la mod­erni­sa­tion des pré­ceptes philosophiques et religieux qui jus­ti­fi­aient jusqu’alors la dom­i­na­tion. La “Renais­sance” vit l’adoption par les européens qui jusque-là con­sid­éraient l’usure comme une mon­stru­osité, des méth­odes com­mer­ciales de l’islam, débar­rassé de son éthique, sur le mode “fais à autrui tout ce qui te rap­portera du prof­it”. La mis­an­thropie, la cupid­ité la plus sor­dide des nou­veaux puis­sants sera parée des couleurs cha­toy­antes d’un human­isme héroïque et sci­en­tifique par les artistes-ingénieurs, génies du quat­tro­cen­to comme De Vin­ci. Du XVIe au XVI­I­Ie siè­cle le mer­can­til­isme va théoris­er l’émergence des États-nations, con­cur­rents acharnés dans le développe­ment des entre­pris­es colo­niales. Les auteurs des “Lumières” qui ren­dront évi­dente l’obsolescence des formes archaïques de la féo­dal­ité et de l’absolutisme, vont aus­si forg­er cette mytholo­gie du pro­grès et du développe­ment face à la bar­barie prim­i­tive – jus­ti­fi­ca­tion de la coloni­sa­tion, fonder biologique­ment la con­cep­tion de l’individu comme rouage de la machine et intro­duire l’utilitarisme indus­triel du XIXe siècle.

Les révo­lu­tion­naires bour­geois, pour accéder au pou­voir, cour­tisent le peu­ple par des décla­ma­tions égal­i­taristes. Ils man­queront plusieurs fois de per­dre le con­trôle face au peu­ple des villes et des cam­pagnes organ­isant spon­tané­ment une forme de com­mu­nal­isme qui, en se fédérant, délégitime le pro­jet par­lemen­tariste bour­geois. Les répres­sions sanglantes vont se suc­céder face à ce pro­jet social démoc­ra­tique qui se recrée sans cesse et se théorise tout au long du XIXe siècle.

Deux guer­res mon­di­ales seront néces­saires au XXe siè­cle pour relancer l’accumulation prim­i­tive du Cap­i­tal, blo­quée par la résis­tance inter­na­tionale du mou­ve­ment ouvri­er. L’industrialisation des moyens d’aliénation instituera la société spec­tac­u­laire marchande ; y répon­dront des per­spec­tives mod­ernes d’émancipation, portées par les mou­ve­ments de 68, et théorisées entre autres par les sit­u­a­tion­nistes et Mur­ray Bookchin.

Dans le monde entier les sociétés humaines pren­nent con­science que le cap­i­tal­isme, le binôme État/marché, est anti-nature, anti­so­cial et anti-femmes et nous pré­cip­ite au-delà des lim­ites écologiques, dans le chaos d’une crise sys­témique faite d’explosions de bulles et d’accroissement expo­nen­tiel des iné­gal­ités. Les mythes poli­tiques implosent et l’institution d’un état de guerre et de ter­reur per­ma­nent — main­tenant les sociétés dans un stade régres­sif patri­ar­cal fas­cisant — est le dernier recours du système.

Au-delà de l’État : Penser et construire les alternatives

L’après-midi fut con­sacrée à la néces­sité de débar­rass­er l’Histoire et les sci­ences sociales de leurs pré­sup­posés patri­ar­caux, de la jus­ti­fi­ca­tion sys­té­ma­tiques des dif­férents types de dom­i­na­tion, afin de met­tre en per­spec­tive les pos­si­bil­ités du change­ment. C’est le pro­jet de la Jinéolo­gie, porté par les académies de femmes au Roja­va et ailleurs, d’une sci­ence des femmes qui englobe la con­cep­tion du change­ment à l’autodéfense de l’intégrité des femmes et des alter­na­tives élaborées. Le thème des iden­tités fut aus­si abor­dé avec la présen­ta­tion du con­cept de “nation démoc­ra­tique”, con­sti­tu­ante non exclu­sive du con­fédéral­isme démoc­ra­tique théorisé par Öcalan comme alter­na­tive à l’État-nation.

Je rajoute que la ses­sion était mod­érée par Deb­bie Bookchin, fille du théoricien de l’écologie sociale, qui a rap­pelé l’importance du munic­i­pal­isme lib­er­taire comme inspi­ra­tion du con­fédéral­isme démocratique.

Les chemins pour construire le futur et pour le défendre

Tous les intervenant.e.s du same­di matin (entre autre David Grae­ber), rap­pelèrent que l’émancipation des sociétés humaines et leur organ­i­sa­tion sur un mode réelle­ment démoc­ra­tique était incom­pat­i­ble avec le mod­èle éta­tique. Rompant avec le sys­tème représen­tatif, réser­vant un rôle cen­tral aux femmes et à la jeunesse pour “révo­lu­tion­ner la Révo­lu­tion”, il s’agit de prévenir la bureau­crati­sa­tion et l’émergence de class­es dom­i­nantes et éviter ain­si la récupéra­tion patri­ar­cale et cap­i­tal­iste par des réal­i­sa­tions alter­na­tives de démoc­ra­tie directe fédérées de bas en haut.

> Je restais songeur : tout ce temps per­du depuis que la démoc­ra­tie directe et le fédéral­isme furent théorisés par les anar­chistes au milieu du XIXe siècle !

Com­bi­en de mil­liers de révo­lu­tion­naires sincères payèrent de leur vie la défense de ces con­cep­tions, à Kro­n­stadt, en Ukraine et en Espagne, sous les balles de cer­tains des héri­tiers de Marx ? Les anar­chistes furent mas­sacrés mais leurs idées renais­sent aujourd’hui, ici à Hambourg.

Groupes de travail et ateliers

Après la pause repas (les excel­lents repas de midi des 3 jours de la ren­con­tre furent pré­parés par un col­lec­tif anar­chiste hol­landais aidés de bénév­oles) nous nous sommes ren­dus dans dif­férentes salles suiv­ant les thèmes des ate­liers ou des groupes de travail.

J’assistai à l’atelier con­sacré à la Jinéolo­gie et fus très impres­sion­né par la rad­i­cal­ité chaleureuse de cette assem­blée de femmes organ­isées tant dans les dif­férentes régions du Kur­dis­tan que dans les dias­po­ra européennes, cer­taines com­bat­tantes ou anci­ennes com­bat­tantes et toutes déter­minées à men­er la révo­lu­tion de la femme au Roja­va, au sein des organ­i­sa­tions kur­des, de la dévelop­per au moyen ori­ent et dans le monde entier.

> La jinéolo­gie (jin en kurde veut dire femme — à rap­procher du grec gyné : femme et du kurde jiyan : vie — logos en grec veut dire parole, rai­son). Elles pro­posent une nou­velle vision de la vie en société par la lutte, par la mobil­i­sa­tion de tous les instants, mais aus­si par la réflex­ion théorique. Elles pensent qu’une sci­ence au féminin est indis­pens­able pour la libéra­tion des femmes. Elles, qui revendiquent d’être à l’origine des civil­i­sa­tions démoc­ra­tiques, sont entrées en résis­tance face aux forces de la civil­i­sa­tion cap­i­tal­iste qu’elles jugent inca­pables d’améliorer la con­di­tion des femmes et de répon­dre aux prob­lèmes ren­con­trés par les femmes au quotidien.
ICI Vous trou­verez un doc­u­ment plus détail­lé mis à votre dis­po­si­tion par Le Mou­ve­ment Inter­na­tion­al des Femmes Kurdes.

Women Dengbêj and Mesopotamia Dance

La journée de same­di se con­clut par une soirée con­sacrée à la musique et à la danse et, pour notre part, par une petite dérive psy­chogéo­graphique dans Hambourg.

Le capitalisme PEUT être dépassé : imagine l’“Inimaginable”

Ce dimanche, journée du plébiscite d’Erdogan en Turquie, la ten­sion était pal­pa­ble dans l’assistance. Comme les autres jours de la ren­con­tre les intervenant.e.s exprimèrent leur sol­i­dar­ité avec les grévistes de la faim dans les pris­ons turques.

La ques­tion des rela­tions entre com­mu­nautés de résis­tance à tra­vers les fron­tières éta­tiques pour créer un véri­ta­ble mou­ve­ment inter­na­tion­al fut abor­dée ain­si que les utopies con­crètes aptes à relever les défis posés par la tran­si­tion écologique, la sou­veraineté ali­men­taire, la sor­tie du patri­ar­cat, la rela­tion ville-vil­lages-cam­pagnes, etc.

Com­ment dévelop­per les com­muns, le buen vivir, le care et d’autres activ­ités et modes de pro­duc­tion non aliénés, col­lec­tifs, démoc­ra­tiques et respectueux de la vie ?

La mat­inée se con­clut par l’intervention de Sal­ih Mus­lim Muham­mad mem­bre fon­da­teur du PYD en 2003 et son co-prési­dent actuel aux côtés d’Asya Abdullah.

Il présen­ta le dilemme que représente l’autodéfense du Roja­va attaqué de toute part, au Nord par la Turquie, à l’Est par le PDK de Barzani, au Sud par Daech et à l’Ouest par les groupes islamistes et le régime Syrien. Com­ment assur­er cette autodéfense et rompre en même temps avec la logique du militarisme ?

Sal­ih Mus­lim fit un tour d’horizon géos­tratégique et diplo­ma­tique, par­la de la sit­u­a­tion intérieure et de l’espoir que représen­tent la con­sti­tu­tion et le développe­ment du FDS pour la Syrie et la péren­nité du Roja­va, puis abor­da une série de recom­man­da­tions aux mil­i­tants présents.

> Au cœur d’un dis­cours cohérent et man­i­feste­ment sincère, deux points m’ont néan­moins inter­pel­lé : une cri­tique de l’individualisme des anar­chistes et l’appel à une atti­tude morale des militants.

Oui, les anar­chistes sont indi­vid­u­al­istes… mais ils sont aus­si collectivistes.

C’est une pen­sée et une pra­tique fon­da­men­tale­ment dialec­tique : l’autonomie indi­vidu­elle et la force col­lec­tive ne sont jamais opposées mais sont la con­di­tion l’une de l’autre.

Un mil­lion de per­son­nes qui raison­nent seront mille fois plus fort.e.s qu’un mil­lion de per­son­nes qui obéissent.

Même dif­férence entre morale et éthique : un enfant obéit (ou pas) aux codes moraux de sa com­mu­nauté, un adulte libre est cen­sé être indi­vidué et n’obéir qu’à sa conscience.

L’individuation n’est pas enne­mie de la com­mu­nauté, elle est même la con­di­tion de sa survie, le moyen de sur­mon­ter les difficultés.

Le mou­ve­ment anar­chiste est por­teur de la mémoire du mou­ve­ment ouvri­er et de nom­breuses luttes d’émancipation des derniers siè­cles. Nous sommes plusieurs à voir le con­fédéral­isme démoc­ra­tique comme syn­thèse théorique non exhaus­tive de toutes ces luttes et en ce sens nous soutenons l’expérience au Roja­va, soucieux que nous sommes de son devenir.

Une petite anec­dote pour finir d’éclairer sur la démarche des anar­chistes : Le 5 mai 1846, à Karl Marx qui lui pro­pose d’être son cor­re­spon­dant attitré pour la France, Joseph Proud­hon répond : “Ne nous posons pas en apôtres d’une nou­velle reli­gion ; cette reli­gion fût-elle la reli­gion de la logique, la reli­gion de la rai­son.”

Modernité démocratique : perspectives d’avenir

« En dépit de la sit­u­a­tion human­i­taire pres­sante tant en Turquie qu’en Syrie, la dis­cus­sion à la con­férence a été mar­quée de manière déci­sive par une optique inter­na­tionale. L’adresse d’Ab­dul­lah Ocalan, qui a été lue à haute voix par une jeune Kurde, a pré­con­isé la con­struc­tion d’un con­seil mon­di­al de délégués, quelque chose comme un pro­gramme par­al­lèle et alter­natif aux Nations Unies. Le pro­gramme des ren­con­tres com­pre­nait égale­ment des représen­tants de mul­ti­ples mou­ve­ments soci­aux et poli­tiques lati­no-améri­cains, y com­pris le mou­ve­ment des tra­vailleurs sans terre du Brésil (MST). »
Compte-ren­du d’Eleanor Fin­ley de l’Institut d’Ecologie sociale.

Pour présen­ter les per­spec­tives d’avenir, une représen­tante du Con­grès des peu­ples de Colom­bie était égale­ment présente et – moment émou­vant – Fewza Yusuf, co-prési­dente de la Fédéra­tion démoc­ra­tique de Syrie du Nord et auteure d’un essai sur la jinéolo­gie nous a rap­pelé en direct du Roja­va la cen­tral­ité du com­bat des femmes dans la con­struc­tion de nou­velles formes d’organisation sociale.

> Je voudrais soulign­er com­bi­en j’ai trou­vé judi­cieux la trou­vaille d’Öcalan de met­tre en par­al­lèle la moder­nité cap­i­tal­iste et la moder­nité démoc­ra­tique. Les deux pro­jets sont irrémé­di­a­ble­ment incom­pat­i­bles, le pre­mier étant man­i­feste­ment destruc­teur des con­di­tions même de la vie sur la planète, le deux­ième se trou­vant devant la néces­sité d’élaborer urgem­ment une alter­na­tive, mais pas sans avoir tiré les enseigne­ments de la vaste his­toire des résis­tances aux divers­es formes de dom­i­na­tion cf. Con­tre le Léviathan, con­tre son his­toire Fredy Perl­man Edi­tions L’âne alphabet.

A 17h nous avons dû écourter et repren­dre la route, plein.e.s d’énergie pour des pro­jets futurs mal­gré les résul­tats plom­bants des élec­tions en Turquie.

Pour la suite, je tiens à sig­naler la deux­ième Ren­con­tre Inter­na­tionale de L’Ecologie Sociale qui aura lieu à Bil­bao le 27, 28 et 29 octo­bre 2017.

Kamel Nihad
Annemasse


Le Net­work for an Alter­na­tive Quest : Inter­na­tion­al Ini­tia­tive “Free­dom for Abdul­lah Öcalan–Peace in Kur­dis­tan” | KURD-AKAD — Net­work of Kur­dish Aca­d­e­mics | YXK — Asso­ci­a­tion of Stu­dents from Kur­dis­tan | Kur­dis­tan Report | ISKU — Infor­ma­tion­sstelle Kur­dis­tan e.V. | Cenî — Kur­dish Wom­en’s Office for Peace | Civa­ka Azad — Kur­dish Cen­ter for Pub­lic Rela­tions | An Event of AStA der Uni­ver­sität Ham­burg in Coop­er­a­tion with Net­work for an Alter­na­tive Quest | (La con­férence est spon­sorisé par les fonds de Hans-Böck­ler-Stiftung et Rosa-Luxemburg-Stiftung)
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