“Chroniques de la révolution kurde”, est le journal télévisé présenté par Ronahi TV chaque dimanche. C’est un retour en textes et vidéos, sur la semaine écoulée. Voici celle du 7 au 14 mai 2017.
Il s’agit donc d’une émission d’informations régulière, en langue française, que vous retrouverez ici, chaque semaine, en partenariat avec Kedistan.
GROS TITRES
- TABQA • LE BARRAGE SOUS CONTRÔLE DES FDS
- OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE » • EN ROUTE VERS RAQQA !
- ROJAVA-SYRIE DU NORD • CRISE HUMANITAIRE
- RÉGION DE SHEBA • ATROCITÉS ET NETTOYAGE ETHNIQUE
- AKP-AL QAIDA- DAESH • COLLABORATION ET ÉCHANGE DE BONS PROCÉDÉS
- TURQUIE • CULTURE DE L’OUBLI
- KURDISTAN DU NORD- BAKUR • DE SURPRENANTS IMMIGRÉS
- DIPLOMATIE • SALIH MUSLIM (PYD) REÇU À L’ÉLYSÉE
- BASUR – KURDISTAN DU SUD • PETITS JEUX POLITIQUES
- BAKUR- KURDISTAN DU NORD • CONFISCATION DES INSTITUTIONS
TABQA
LE BARRAGE SOUS CONTRÔLE DES FDS
Le centre de la ville de Tabqa avait été libéré la semaine dernière. Ce mercredi, les FDS ont mis un terme aux opérations militaires à Tabqa en reprenant le barrage où s’étaient réfugiés les derniers membres du Daesh.
Après la libération du centre-ville de Tabqa, les combats se sont encore poursuivis en début de semaine autour du barrage, dans les quartiers de Hay Hawwal, Hay Salis et Tâni.
La difficulté des forces démocratiques syriennes dans leur progression tenait au fait que les membres de Daesh retenaient des civils comme boucliers humains.
Mardi après-midi, 500 de ces civils retenus étaient finalement évacués et déplacés vers des zones sécurisées. Une fois ces civils évacués, les deux quartiers de Hay salis et de Hay Tâni ont été repris, dès le mercredi au matin. Acculés sur le barrage, les membres de Daesh ont finalement été coincés dans une dernière poche de résistance, les bâtiments qui se trouvent directement sur le barrage.
Et mercredi soir, le barrage était enfin repris par les forces démocratiques syriennes.
Les opérations de déminage et de sécurisation des lieux ont immédiatement commencé sitôt les combats terminés.
Lors de la conférence de presse de ce vendredi, la porte-parole des unités des FDS, Cihan Sheikh Ahmed, a confirmé que la gestion de la ville de Tabqa sera entièrement confiée au conseil civil de la ville, un conseil composé par les habitants de Tabqa eux-mêmes.
Le barrage de Tabqa retient les eaux du lac Assad, un lac de 630 kilomètres carrés, et qui retient 12 milliards de mètres cubes d’eau ; Ce barrage profite tant aux habitants des différentes grandes villes du nord de la Syrie, à cause de sa capacité électrique de 880 mégawatts, qu’aux agriculteurs, qui disposent d’eau propre pour la culture de leurs champs.
Avant la guerre, il y avait à Tabqa 250.000 habitants. Aujourd’hui, il n’y en a plus que 75.000.
OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE »
EN ROUTE VERS RAQQA !
Les opérations militaires pour reprendre la ville de Raqqa avaient été suspendues pour une quinzaine de jours. Mardi, les combattants des FDS ont repris le chemin de l’offensive, balayant les bandes du Daesh qui occupent les campagnes et les villages au nord de la ville.
Visionner les cartes ICI
Lors de la reprise des opérations militaires au nord de Raqqa, les FDS ont immédiatement repris le contrôle des villages d’Al Jalai et de Mayselum.
Jeudi, 4000 civils, principalement des femmes et des enfants étaient déplacés vers des zones sécurisées.
Ces opérations de sécurisation des civils permettent d’engranger des succès militaires : vendredi, c’était au tour du village d’Al Ansar à être libéré.
Pour venir en aide aux FDS, le Pentagone a convaincu le président américain Donald Trump de fournir aux combattants de la liberté des armes et des munitions. Dana White, porte-parole du Pentagone, a expliqué que les FDS étaient la seule force qui soit capable, dans un avenir proche, de prendre Raqqa au Daesh.
Redur Xelil, le porte-parole des YPG, a salué cette décision. « Même si cette décision vient un peu tard, a‑t-il dit, elle est la preuve de la confiance en nos forces dans le combat contre le Daesh. Les YPG ont prouvé au monde entier, et plus particulièrement aux forces de la coalition internationale, que c’est la principale force pour combattre le terrorisme.
Nous croyons, a encore ajouté Redur Xelil, que c’est une décision historique.
ROJAVA-SYRIE DU NORD
CRISE HUMANITAIRE
Il y a des centaines de milliers de réfugiés qui se mettent à l’abri des attaques de Daesh et de la Turquie. Malgré tous les efforts déployés par la population et par les différents conseils civils, la crise humanitaire commence à faire des victimes. Ceux qui n’ont pas été tués par les combats risquent maintenant de mourir de faim ou du manque de médicaments.
https://www.youtube.com/watch?v=3BuGAg2_qRs
Elle s’appelle Suhat Ruayib. Cette dame de Maskana a marché pendant 35 jours à travers le désert pour rejoindre les zones sécurisées par les FDS.
Elle explique qu’elle a dû marcher sans arrêt, parce que le Daesh les prenait, elle et son groupe de réfugiés, pour cibles.
Elle a du tout quitter de son ancienne vie : ses champs, sa maison, des années de travail. Elle explique aussi que le Daesh organise son propre commerce de transit des réfugiés. Certains marchands évacuent les familles contre tout l’argent qu’elles possèdent, et d’autres marchands les dénoncent. Mais tous ces trafiquants se connaissent et sont liés au Daesh.
Ilhem Ehmed, la co-présidente du Conseil démocratiques syrien, a chiffré à 100.000 le nombre des nouveaux réfugiés pour ces quinze dernières journées. Et encore, ce ne sont que les réfugiés qui sont inscrits dans les camps, parce qu’il y a encore tous ceux qui ont pu rejoindre une famille ou des amis, et qui vivent donc à leur charge.
Ils viennent de partout, de Raqqa, de Bab, De Tal Afar ou encore de Kirkuk. Aucun effort sérieux n’a été mené par les forces de la coalition pour soulager la souffrance de toutes ces personnes. Jusqu’à présent, cette crise humanitaire a déjà fait 38 victimes, simplement à cause du manque de médicaments, de nourriture et d’abris.
Non seulement ces camps ne sont pas prévus pour accueillir tant de monde, mais en plus, il y a eu ces récentes attaque de la Turquie et du Daesh sur les camps de réfugiés, notamment à Afrin et à Shaddadi.
A Afrin, justement, il y a actuellement 304.000 réfugiés. Le co-président du conseil des affaires sociales du canton d’Afrin, Arife Bekir, dénonce qu’en dépit des appels répétés à la communauté internationale et aux organisations humanitaires, l’aide qui est actuellement envoyée pour les réfugiés de son canton ne couvre que 2% des besoins. Des réfugiés tentent alors de passer la frontière turque pour rejoindre l’Europe. Certains y arrivent, d’autres sont massacrés par les soldats turcs sitôt passés la frontière.
La Turquie se joint donc au Daesh pour mener des attaques à l’artillerie sur les camps de réfugiés, comme dans le camp de Rubar la semaine dernière, mais pour affamer la population, les agriculteurs qui doivent moissonner et travailler leurs champs sont empêchés de faire leur travail par les forces armées turques qui tirent sur eux dès qu’ils tentent de rejoindre leurs terres. Receb Resid Hesen, l’un de ces fermiers d’Afrin, dénonce les tirs des soldats turcs, alors que son champ se trouve à 300 mètres de la frontière. Les cours d’eau qui arrosent les terres des agriculteurs sont aussi détournés par la Turquie, asséchant ainsi les sols et compromettant les récoltes.
RÉGION DE SHEBA
ATROCITÉS ET NETTOYAGE ETHNIQUE
Les forces turques qui occupent la région de Shehba vident les villes de leurs habitants, afin d’y placer des combattants des différentes factions proches d’Al-Qaïda et leurs familles. En plus des attaques violentes, les civils qui sont capturés sont torturés et assassinés pour l’exemple.
Nous vous avions parlé la semaine dernière de cette jeune fille de 24 ans, Imam Muslem. Elle rentrait de chez son oncle vers son village de Qubet al Sheikh quand elle a été kidnappée par la bande armée « Sultan Murat » qui travaille pour la Turquie dans la région de Shehba. Violée puis assassinée, son corps avait été jeté dans un puits.
Cette semaine, on a appris qu’un autre civil kurde, Mahmud Ehmed Ismail, avait été assassiné dans son village de Nemané, à 14 km au nord de la ville de Bab. Les bandes armées qui occupent la région sous l’autorité de la Turquie l’ont torturé devant sa famille avant de le pendre sur la place de l’école du village. Mahmud Ehmed refusait de céder sa maison aux groupes armés qui vident le territoire de Shehba de tous ses habitants pour changer la structure démographique de cette région du nord de la Syrie.
Il y a ainsi chaque jour des centaines de réfugiés qui doivent quitter leurs foyers dans la région de Shehba.
Pour repousser les forces armées turques et les bandes de mercenaires qu’elles utilisent dans la région de Shehba, les combattants des forces révolutionnaires, le Jaysh al Thuwar, mènent des opérations défensives.
Ainsi dans la vile de Mari, une position des bandes armées d’Erdogan a été attaquée après les frappes décidées par la Turquie sur les localités de Sheikh Isa et de Arfad. Plusieurs dizaines de mercenaires auraient été tués ce lundi lors des combats.
Mercredi, on déplorait encore de nouvelles attaques des bandes affiliées aux forces armées turques, des attaques au mortier à hauteur d’Ayn Daqné et de Til Rifaat.
AKP-AL QAIDA- DAESH
COLLABORATION ET ÉCHANGE DE BONS PROCÉDÉS
Le régime AKP prétend lutter contre le terrorisme, mais il libère tous les détenus de Daesh. Et les soutiens financiers d’al Qaeda sont invités en grande pompe par les autorités turques pour discuter de piété, de droiture et de fitnah.
7 membres de Daesh, originaires de Russie, de Chine et de Géorgie, avaient été arrêtés par les autorités turques qui s’efforcent de montrer qu’elles combattent l’organisation. Amir Elihoğlu, Vahid Dziyaudinov, Umaar Yusufi, Ahmet Adnan, Aslanbek Bashaev, Omar Gasanov and Majrbek İmamurzaev ont tous été relâchés après avoir été entendus par la deuxième haute cour pénale de Kocaeli ce lundi.
De nombreux membres de Daesh avaient déjà été arrêtés par les autorités turques qui souhaitent donner une publicité à leur combat contre le terrorisme, mais tous ces membres finissent par être relâchés peu après.
Et puis, il y a eu cette visite de Muthanna Harith al Dari, le secrétaire général du conseil des savants musulmans irakiens. Al Dari
est inscrit sur la liste du conseil de sécurité des Nations unies comme étant l’une de ces personnalités qui financent al Qaeda et le Daesh.
Dès 2008, Al Dari finançait les cellules d’Al Qaeda en Irak, des cellules dont l’objectif était de frapper les forces armées irakiennes ainsi que celles de la force multinationale. Al Dari, toujours selon le site de l’ONU, expliquait comment mener des attaques de plus grand ampleur, et puis, il menaçait les participants aux formations d’al Qaeda en leur disant que s’ils échouaient, ils seraient remplacés par d’autres membres d’al Qaeda en Irak.
Et pourtant, Al Dari a été reçu ce 5 mai à Ankara, par le directeur des affaires religieuses de Turquie, Mehmet Görmez, avec qui il s’est entretenu, si l’on s’en tient au site internet de l’association du conseil des clercs musulmans, de fitnah et de droiture.
Görmez a expliqué qu’il connaissait bien le comité des savants musulmans d’Irak et qu’il l’appréciait et le respectait pour son travail en Irak.
TURQUIE
CULTURE DE L’OUBLI
Dès ses origines, la république de Turquie s’est construite sur une culture politique de l’oubli et de la dénégation. Cette tradition se poursuit sous le règne d’Erdogan, comme nous allons le constater dans la ville de Cizre.
Entre le 14 décembre 2015 et le 2 mars 2016, la ville de Cizre a été placée sous couvre-feu. Cela signifie que les forces de l’ordre turc ont toute licence pour détruire et pour tuer. A Cizre, 150 personnes avaient été brûlées vives par les forces de l’ordre turc, lors du siège du bâtiment dans lequel elles s’étaient réfugiées.
Ces lieux sinistres ont été surnommés les caves de l’horreur. Plusieurs corps ont été retrouvés et enfouis anonymement dans un cimetière, mais les lieux de cette tragédie contiennent encore les restes de plusieurs victimes.
Pour faire disparaitre toute trace de ses crimes, l’Etat turc a confié à la société Biskon Construction la construction sur ces lieux de mémoire de 604 logements et 120 magasins. Dans l’immédiat, et avant la fin de travaux, un réfectoire et un dortoir pour les ouvriers est prévu à l’endroit exact des caves de l’horreur.
Hazal Akdogan, la maman de Tahir, qui a été assassiné dans une de ces caves, estime que ces lieux sont un lieu d’Histoire. Ce que veut l’Etat, dit-elle, c’est faire oublier ce qui s’est passé.
Toujours dans cette entreprise d’éradication des traces du passé, il nous faut signaler encore la destruction du site historique d’Hasankeyf, un site où les premières traces de présence humaine remontent à 12.000 ans. Ces ruines anciennes auront survécu à tout, sauf au règne d’Erdogan. 199 villages seront inondés sous les flots du barrage qui inonderont Hasankeyf d’ici deux ans. 78.000 personnes seront obligées de quitter leurs foyers. Les journalistes n’y sont pas les bienvenus.
Ce 8 mai, Mathias Depardon, qui travaille pour le magazine National Geographic, a été arrêté. Il prenait des photos des nouvelles zones d’habitation prévues à Hasankeyf, ce qui constitue, aux yeux des autorités turques, un élément de suspicion de propagande pour une organisation terroriste.
KURDISTAN DU NORD- BAKUR
DE SURPRENANTS IMMIGRÉS
Le régime turc installe autour de Van des centaines de « réfugiés » afghans, tchétchènes, kirghizes et ouzbèkes. Derrière le terme réfugié se dissimule une autre réalité : tous ces nouveaux arrivants reçoivent immédiatement une formation militaire pour servir dans des groupes paramilitaires.
C’est à la base de la brigade d’Erçis que 200 Ouzbeks, Afghans, Iraniens et Arabes se rendent tous les jours à 7 heures du matin. Ils sont âgés de 20 à 40 ans. Là, ils suivent une formation militaire. Le TOKI, l’organisme d’Etat turc pour le logement, a construit spécialement à leur intention des maisons dans le district d’Erçis.
La technique n’est pas neuve. Déjà dans les années 80 le régime turc avait fait venir des Afghans pour les recruter comme gardes de villages, pour le compte de l’armée turque.
A Bitlis, les autorités turques ont aussi décidé d’ouvrir un village médiéval, composé de tentes, où pourront vivre des réfugiés afghans. Le gouvernorat de Bitlis vante ce projet de village en parlant d’un endroit où le Moyen Age pourra revivre, un village loin de la vie moderne, et ce dans tous les sens du terme, même au niveau de l’alimentation et des boissons.
Ce village médiéval sera peuplé de réfugiés afghans, en provenance d’Iran. Un premier groupe de 150 Afghans est déjà arrivé il y a quinze jours. Ils seraient plus de 75.000 à attendre de passer prochainement en Turquie.
Tous ces « réfugiés » sont en fait utilisés par les autorités turques pour modifier la composition démographique des régions kurdes. Surtout, ces prétendus réfugiés seront, tout comme cela avait déjà été le cas à Van dans les années 80, armés afin de servir comme gardes de villages.
L’objectif est triple : d’abord de donner à la Turquie l’image d’un pays bienveillant envers les migrants, ensuite de préparer des escadrons paramilitaires contre les forces du PKK et enfin de modifier la structure démographique du Kurdistan du nord.
DIPLOMATIE
SALIH MUSLIM (PYD) REÇU À L’ÉLYSÉE
Dans le cadre de la fermeture annoncée de notre chaine de télévision, le président du PYD, Salih Muslim, a rencontré le président François Hollande ce jeudi. Lors de l’entretien, il a aussi été question des derniers développements politiques et militaires dans le Kurdistan.
Lors de sa visite à l’Élysée, Salih Muslim s’est entretenu avec le président François Hollande sur plusieurs sujets, notamment la création de la Fédération de la Syrie du Nord.
Selon le président du PYD, l’approche du président français était positive. François Hollande a même affirmé qu’il était fier de la lutte qui est menée dans le nord de la Syrie.
Lors de leur entretien, les deux hommes ont bien évidemment abordé la question des télévisions kurdes, notamment la nôtre, Ronahi Tv, qui devraient cesser d’émettre tout prochainement suite à la demande faite par les autorités turques à la société française de diffusion satellitaire Eutelsat. Si le président Hollande a reconnu ne pas approuver cette décision, le président du PYD a malheureusement dû conclure que l’on ne savait pas ce qui se ferait sur le plan pratique concernant ce dossier.
https://www.youtube.com/watch?v=D5M0Wws2D6o
Plus tôt dans la semaine, le président du PYD s’était rendu à une cérémonie organisée à Mainz, en Allemagne, pour les 11 ans du journal Yeni Ozgür Politika.
Il y avait dénoncé l’attitude des États européens.
« Ne voyez-vous pas que le sultan de Turquie cherche à contrôler les sociétés de vos pays ? Il se sent mal à l’aise avec les vérités. Votre société Eutelsat viole vos lois et ferme les chaines de télévision. Il ne faut pas rester silencieux devant ce mépris du droit. » avait-il dit.
BASUR – KURDISTAN DU SUD
PETITS JEUX POLITIQUES
Le gouvernement du Kurdistan du sud, le Başur, est entre les mains d’un clan et d’un parti : celui des Barzani et de leur parti, le KDP. Pour se maintenir au pouvoir, le KDP emboite le pas à la politique turque d’Erdogan concernant l’Irak et la Syrie. Peut-être jusqu’à tuer ses propres citoyens kurdes…
Mais que se passe donc-t-il au Başur, le Kurdistan du sud, là où le parti KDP est au pouvoir ?
Il y avait eu en aout 2014 le lâche abandon des populations de Sengal au Daesh.
Il y a encore eu ce 3 mars l’attaque de Xanasor, où des combattants de la guérilla ont été tués par des bandes armées se faisant passer pour des « peshmerga du Rojava. »
Ces « peshmerga du Rojava » sont des miliciens issus de différentes bandes armées qui sévissent en Syrie, sous le contrôle de la Turquie, et qui ont été rapatriés à Hewler, la capitale du Kurdistan irakien, pour y être entrainés par les agents du MIT, les services secrets turcs, avant d’être lâchés sur les positions YBS ézidies. Il y a même parmi ces « peshmerga du rojava » des anciens du Daesh, comme l’ont confirmé les prisonniers qui ont été faits lors des combats.
Et puis, il y a eu cette attaque aérienne de la Turquie sur Sengal, le 24 avril. Et là, un article du Rojeva Medya écrit par Mihyedin Melko affirme que les coordonnées géographiques remises aux services militaires turcs l’ont été par le premier ministre du gouvernement fédéré kurde d’Irak, Nechirvan Barzani lui-même. Au cours de cette frappe aérienne turque, cinq peshmergas du KDP avaient perdu la vie. Selon Melko, c’est volontairement que Nechirvan Barzani a donné des coordonnées où se trouvaient ses propres peshmergas.
L’objectif de ce crime était de relancer une campagne médiatique en expliquant que des peshmerga perdaient la vie à cause de la présence du PKK à Sengal.
La presse du KDP répond en général à toutes les accusations qui frappent les Barzani, mais ici, elle reste silencieuse, comme si elle craignait que ce dossier ne prenne de l’ampleur au Kurdistan du sud.
Et puis, lors de la prochaine visite d’Erdogan à Washington, on apprend que le fils de Massoud Barzani, qui est en même temps le responsable des services secrets du gouvernement kurde d’Irak, se rendra exactement en même temps qu’Erdogan aux Etats-Unis.
On sait que le KDP et l’AKP partagent le même projet pour Sengal : faire partir les troupes de la guérilla du PKK. Pour éviter des combats et des bombardements comme ceux qui ont frappé Sengal ces deux derniers mois, les américains devraient disposer des troupes au sol afin de sécuriser les Ezidis contre les attaques de l’AKP et du KDP. C’est donc un attelage du KDP et de l’AKP qui fera la demande aux Etats-unis de ne pas disposer de troupes à Sengal.
Compromission ? Sans aucune base légale, les policiers asayish du KdP pont procédé à l’arrestation de 9 combattants des brigades internationales du Rojava qui rentraient chez eux en passant par Hewler. Depuis ce 9 mai, on est toujours sans nouvelle de ces combattants d’Italie, des Etats-Unis ou d’Espagne.
Enfin, la sécurité des journalistes qui dénoncent le régime du PDK n’est pas assurée : Soran Saqizi, de KurdSat télévision, a été assassiné dans son restaurant à Hewler. On se souvient que Wedat Hisen Ali (Rojnews) et Şukri Zeynedin (KNN) avaient été kidnappés à Duhok l’an dernier, puis torturés et assassinés.
En attendant, KurdSat estime qu’il y a autour de la mort de son journaliste un écran de fumée qui empêche de connaitre les tenants et les aboutissants de ce crime.
BAKUR- KURDISTAN DU NORD
CONFISCATION DES INSTITUTIONS
Au Bakur, le Kurdistan du nord, les arrestations se poursuivent. Des responsables politiques ou des simples militants sont chaque jour envoyés en prison. Et les élus sont remplacés par des proches du régime qui confisquent les institutions.
Mardi, la co-bourgmestre de Siirt, Belkiza Bestas Epözdemir, était arrêtée lors d’un raid à domicile. La raison de sa détention n’est pas connue, mais l’autre co-bourgmestre de Siirt, Tuncer Bakirhan, avait déjà été arrêté en novembre. 44 autres personnes ont encore été arrêtées ce mardi, dans les villes de Manisa, d’Istanbul et d’Igdir. Il y a parmi eux plusieurs responsables du parti HDP.
Jeudi, c’était le tour de 29 autres cadres et responsables des partis DBP et HDP de Van, d’Eskisehir et d’Izmir à être emmenés vers la prison. A Van, les policiers ont brisé les portes et les fenêtres des locaux du DBP pour mener leur mission d’arrestation.
Une fois les élus en prison, le pouvoir a toute latitude pour nommer des curateurs à leur place. Ces curateurs viennent justement de confisquer le « Centre pour la Vie des Femmes » qui avait été ouvert par le DBP à Gürpinar. Le centre a été remis au Kadem, une organisation dont Sümeyye Erdogan, la propre fille d’Erdogan est la vice-présidente.
Le centre de soins « Xeyri Sinik », de Gürpinar, a quant à lui été transformé pour que l’on y donne des leçons de coran. Mais si le centre n’a pas été fermé, c’est parce que l’épouse du curateur Osman Dogramaci a elle-même été nommée présidente de ce centre par son mari. Soulignons aussi que 48 travailleurs de Gürpinar ont été licenciés ces 3 dernières semaines par ce même curateur.