Chroniques de la révo­lu­tion kurde”, est le jour­nal télévisé présen­té par Ron­ahi TV chaque dimanche. C’est un retour en textes et vidéos, sur la semaine écoulée. Voici celle du 7 au 14 mai 2017.

Il s’agit donc d’une émis­sion d’informations régulière, en langue française, que vous retrou­verez ici, chaque semaine, en parte­nar­i­at avec Kedistan.


 

GROS TITRES

  • TABQA • LE BARRAGE SOUS CONTRÔLE DES FDS
  • OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE » • EN ROUTE VERS RAQQA !
  • ROJAVA-SYRIE DU NORD • CRISE HUMANITAIRE
  • RÉGION DE SHEBA • ATROCITÉS ET NETTOYAGE ETHNIQUE
  • AKP-AL QAIDA- DAESH • COLLABORATION ET ÉCHANGE DE BONS PROCÉDÉS
  • TURQUIE • CULTURE DE L’OUBLI
  • KURDISTAN DU NORD- BAKUR • DE SURPRENANTS IMMIGRÉS
  • DIPLOMATIE • SALIH MUSLIM (PYD) REÇU À L’ÉLYSÉE
  • BASUR – KURDISTAN DU SUD • PETITS JEUX POLITIQUES
  • BAKUR- KURDISTAN DU NORD • CONFISCATION DES INSTITUTIONS

TABQA
LE BARRAGE SOUS CONTRÔLE DES FDS

Le cen­tre de la ville de Tabqa avait été libéré la semaine dernière. Ce mer­cre­di, les FDS ont mis un terme aux opéra­tions mil­i­taires à Tabqa en reprenant le bar­rage où s’étaient réfugiés les derniers mem­bres du Daesh.
Après la libéra­tion du cen­tre-ville de Tabqa, les com­bats se sont encore pour­suiv­is en début de semaine autour du bar­rage, dans les quartiers de Hay Haww­al, Hay Salis et Tâni.
La dif­fi­culté des forces démoc­ra­tiques syri­ennes dans leur pro­gres­sion tenait au fait que les mem­bres de Daesh rete­naient des civils comme boucliers humains.
Mar­di après-midi, 500 de ces civils retenus étaient finale­ment évac­ués et déplacés vers des zones sécurisées. Une fois ces civils évac­ués, les deux quartiers de Hay salis et de Hay Tâni ont été repris, dès le mer­cre­di au matin. Acculés sur le bar­rage, les mem­bres de Daesh ont finale­ment été coincés dans une dernière poche de résis­tance, les bâti­ments qui se trou­vent directe­ment sur le barrage.
Et mer­cre­di soir, le bar­rage était enfin repris par les forces démoc­ra­tiques syriennes.
Les opéra­tions de démi­nage et de sécuri­sa­tion des lieux ont immé­di­ate­ment com­mencé sitôt les com­bats terminés.

Lors de la con­férence de presse de ce ven­dre­di, la porte-parole des unités des FDS, Cihan Sheikh Ahmed, a con­fir­mé que la ges­tion de la ville de Tabqa sera entière­ment con­fiée au con­seil civ­il de la ville, un con­seil com­posé par les habi­tants de Tabqa eux-mêmes.

Le bar­rage de Tabqa retient les eaux du lac Assad, un lac de 630 kilo­mètres car­rés, et qui retient 12 mil­liards de mètres cubes d’eau ; Ce bar­rage prof­ite tant aux habi­tants des dif­férentes grandes villes du nord de la Syrie, à cause de sa capac­ité élec­trique de 880 mégawatts, qu’aux agricul­teurs, qui dis­posent d’eau pro­pre pour la cul­ture de leurs champs.
Avant la guerre, il y avait à Tabqa 250.000 habi­tants. Aujourd’hui, il n’y en a plus que 75.000.

OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE »
EN ROUTE VERS RAQQA !

Les opéra­tions mil­i­taires pour repren­dre la ville de Raqqa avaient été sus­pendues pour une quin­zaine de jours. Mar­di, les com­bat­tants des FDS ont repris le chemin de l’offensive, bal­ayant les ban­des du Daesh qui occu­pent les cam­pagnes et les vil­lages au nord de la ville.
Vision­ner les cartes ICI

Lors de la reprise des opéra­tions mil­i­taires au nord de Raqqa, les FDS ont immé­di­ate­ment repris le con­trôle des vil­lages d’Al Jalai et de Mayselum.

Jeu­di, 4000 civils, prin­ci­pale­ment des femmes et des enfants étaient déplacés vers des zones sécurisées.
Ces opéra­tions de sécuri­sa­tion des civils per­me­t­tent d’engranger des suc­cès mil­i­taires : ven­dre­di, c’était au tour du vil­lage d’Al Ansar à être libéré.
Pour venir en aide aux FDS, le Pen­tagone a con­va­in­cu le prési­dent améri­cain Don­ald Trump de fournir aux com­bat­tants de la lib­erté des armes et des muni­tions. Dana White, porte-parole du Pen­tagone, a expliqué que les FDS étaient la seule force qui soit capa­ble, dans un avenir proche, de pren­dre Raqqa au Daesh.
Redur Xelil, le porte-parole des YPG, a salué cette déci­sion. « Même si cette déci­sion vient un peu tard, a‑t-il dit, elle est la preuve de la con­fi­ance en nos forces dans le com­bat con­tre le Daesh. Les YPG ont prou­vé au monde entier, et plus par­ti­c­ulière­ment aux forces de la coali­tion inter­na­tionale, que c’est la prin­ci­pale force pour com­bat­tre le terrorisme.
Nous croyons, a encore ajouté Redur Xelil, que c’est une déci­sion historique.

ROJAVA-SYRIE DU NORD
CRISE HUMANITAIRE

Il y a des cen­taines de mil­liers de réfugiés qui se met­tent à l’abri des attaques de Daesh et de la Turquie. Mal­gré tous les efforts déployés par la pop­u­la­tion et par les dif­férents con­seils civils, la crise human­i­taire com­mence à faire des vic­times. Ceux qui n’ont pas été tués par les com­bats risquent main­tenant de mourir de faim ou du manque de médicaments.

https://www.youtube.com/watch?v=3BuGAg2_qRs

Elle s’appelle Suhat Ruay­ib. Cette dame de Maskana a marché pen­dant 35 jours à tra­vers le désert pour rejoin­dre les zones sécurisées par les FDS.
Elle explique qu’elle a dû marcher sans arrêt, parce que le Daesh les pre­nait, elle et son groupe de réfugiés, pour cibles.
Elle a du tout quit­ter de son anci­enne vie : ses champs, sa mai­son, des années de tra­vail. Elle explique aus­si que le Daesh organ­ise son pro­pre com­merce de tran­sit des réfugiés. Cer­tains marchands évac­uent les familles con­tre tout l’argent qu’elles pos­sè­dent, et d’autres marchands les dénon­cent. Mais tous ces trafi­quants se con­nais­sent et sont liés au Daesh.

Ilhem Ehmed, la co-prési­dente du Con­seil démoc­ra­tiques syrien, a chiffré à 100.000 le nom­bre des nou­veaux réfugiés pour ces quinze dernières journées. Et encore, ce ne sont que les réfugiés qui sont inscrits dans les camps, parce qu’il y a encore tous ceux qui ont pu rejoin­dre une famille ou des amis, et qui vivent donc à leur charge.
Ils vien­nent de partout, de Raqqa, de Bab, De Tal Afar ou encore de Kirkuk. Aucun effort sérieux n’a été mené par les forces de la coali­tion pour soulager la souf­france de toutes ces per­son­nes. Jusqu’à présent, cette crise human­i­taire a déjà fait 38 vic­times, sim­ple­ment à cause du manque de médica­ments, de nour­ri­t­ure et d’abris.
Non seule­ment ces camps ne sont pas prévus pour accueil­lir tant de monde, mais en plus, il y a eu ces récentes attaque de la Turquie et du Daesh sur les camps de réfugiés, notam­ment à Afrin et à Shaddadi.

A Afrin, juste­ment, il y a actuelle­ment 304.000 réfugiés. Le co-prési­dent du con­seil des affaires sociales du can­ton d’Afrin, Arife Bekir, dénonce qu’en dépit des appels répétés à la com­mu­nauté inter­na­tionale et aux organ­i­sa­tions human­i­taires, l’aide qui est actuelle­ment envoyée pour les réfugiés de son can­ton ne cou­vre que 2% des besoins. Des réfugiés ten­tent alors de pass­er la fron­tière turque pour rejoin­dre l’Europe. Cer­tains y arrivent, d’autres sont mas­sacrés par les sol­dats turcs sitôt passés la frontière.
La Turquie se joint donc au Daesh pour men­er des attaques à l’artillerie sur les camps de réfugiés, comme dans le camp de Rubar la semaine dernière, mais pour affamer la pop­u­la­tion, les agricul­teurs qui doivent moisson­ner et tra­vailler leurs champs sont empêchés de faire leur tra­vail par les forces armées turques qui tirent sur eux dès qu’ils ten­tent de rejoin­dre leurs ter­res. Receb Resid Hes­en, l’un de ces fer­miers d’Afrin, dénonce les tirs des sol­dats turcs, alors que son champ se trou­ve à 300 mètres de la fron­tière. Les cours d’eau qui arrosent les ter­res des agricul­teurs sont aus­si détournés par la Turquie, asséchant ain­si les sols et com­pro­met­tant les récoltes.

RÉGION DE SHEBA
ATROCITÉS ET NETTOYAGE ETHNIQUE

Les forces turques qui occu­pent la région de She­h­ba vident les villes de leurs habi­tants, afin d’y plac­er des com­bat­tants des dif­férentes fac­tions proches d’Al-Qaïda et leurs familles. En plus des attaques vio­lentes, les civils qui sont cap­turés sont tor­turés et assas­s­inés pour l’exemple.

Nous vous avions par­lé la semaine dernière de cette jeune fille de 24 ans, Imam Muslem. Elle ren­trait de chez son oncle vers son vil­lage de Qubet al Sheikh quand elle a été kid­nap­pée par la bande armée « Sul­tan Murat » qui tra­vaille pour la Turquie dans la région de She­h­ba. Vio­lée puis assas­s­inée, son corps avait été jeté dans un puits.
Cette semaine, on a appris qu’un autre civ­il kurde, Mah­mud Ehmed Ismail, avait été assas­s­iné dans son vil­lage de Nemané, à 14 km au nord de la ville de Bab. Les ban­des armées qui occu­pent la région sous l’autorité de la Turquie l’ont tor­turé devant sa famille avant de le pen­dre sur la place de l’école du vil­lage. Mah­mud Ehmed refu­sait de céder sa mai­son aux groupes armés qui vident le ter­ri­toire de She­h­ba de tous ses habi­tants pour chang­er la struc­ture démo­graphique de cette région du nord de la Syrie.
Il y a ain­si chaque jour des cen­taines de réfugiés qui doivent quit­ter leurs foy­ers dans la région de Shehba.

Pour repouss­er les forces armées turques et les ban­des de mer­ce­naires qu’elles utilisent dans la région de She­h­ba, les com­bat­tants des forces révo­lu­tion­naires, le Jaysh al Thuwar, mènent des opéra­tions défensives.
Ain­si dans la vile de Mari, une posi­tion des ban­des armées d’Erdogan a été attaquée après les frappes décidées par la Turquie sur les local­ités de Sheikh Isa et de Arfad. Plusieurs dizaines de mer­ce­naires auraient été tués ce lun­di lors des combats.

Mer­cre­di, on déplo­rait encore de nou­velles attaques des ban­des affil­iées aux forces armées turques, des attaques au morti­er à hau­teur d’Ayn Daqné et de Til Rifaat.

AKP-AL QAIDA- DAESH
COLLABORATION ET ÉCHANGE DE BONS PROCÉDÉS

Le régime AKP pré­tend lut­ter con­tre le ter­ror­isme, mais il libère tous les détenus de Daesh. Et les sou­tiens financiers d’al Qae­da sont invités en grande pompe par les autorités turques pour dis­cuter de piété, de droi­ture et de fitnah.
7 mem­bres de Daesh, orig­i­naires de Russie, de Chine et de Géorgie, avaient été arrêtés par les autorités turques qui s’efforcent de mon­tr­er qu’elles com­bat­tent l’organisation. Amir Eli­hoğlu, Vahid Dziyaudi­nov, Umaar Yusu­fi, Ahmet Adnan, Aslan­bek Bashaev, Omar Gasanov and Majr­bek İmam­urzaev ont tous été relâchés après avoir été enten­dus par la deux­ième haute cour pénale de Kocaeli ce lundi.
De nom­breux mem­bres de Daesh avaient déjà été arrêtés par les autorités turques qui souhait­ent don­ner une pub­lic­ité à leur com­bat con­tre le ter­ror­isme, mais tous ces mem­bres finis­sent par être relâchés peu après.

Et puis, il y a eu cette vis­ite de Muthanna Harith al Dari, le secré­taire général du con­seil des savants musul­mans irakiens. Al Dari

est inscrit sur la liste du con­seil de sécu­rité des Nations unies comme étant l’une de ces per­son­nal­ités qui finan­cent al Qae­da et le Daesh.
Dès 2008, Al Dari finançait les cel­lules d’Al Qae­da en Irak, des cel­lules dont l’objectif était de frap­per les forces armées iraki­ennes ain­si que celles de la force multi­na­tionale. Al Dari, tou­jours selon le site de l’ONU, expli­quait com­ment men­er des attaques de plus grand ampleur, et puis, il menaçait les par­tic­i­pants aux for­ma­tions d’al Qae­da en leur dis­ant que s’ils échouaient, ils seraient rem­placés par d’autres mem­bres d’al Qae­da en Irak.

Et pour­tant, Al Dari a été reçu ce 5 mai à Ankara, par le directeur des affaires religieuses de Turquie, Mehmet Görmez, avec qui il s’est entretenu, si l’on s’en tient au site inter­net de l’association du con­seil des clercs musul­mans, de fit­nah et de droiture.

Görmez a expliqué qu’il con­nais­sait bien le comité des savants musul­mans d’Irak et qu’il l’appréciait et le respec­tait pour son tra­vail en Irak.

TURQUIE
CULTURE DE L’OUBLI

Dès ses orig­ines, la république de Turquie s’est con­stru­ite sur une cul­ture poli­tique de l’oubli et de la déné­ga­tion. Cette tra­di­tion se pour­suit sous le règne d’Erdogan, comme nous allons le con­stater dans la ville de Cizre.

Entre le 14 décem­bre 2015 et le 2 mars 2016, la ville de Cizre a été placée sous cou­vre-feu. Cela sig­ni­fie que les forces de l’ordre turc ont toute licence pour détru­ire et pour tuer. A Cizre, 150 per­son­nes avaient été brûlées vives par les forces de l’ordre turc, lors du siège du bâti­ment dans lequel elles s’étaient réfugiées.
Ces lieux sin­istres ont été surnom­més les caves de l’horreur. Plusieurs corps ont été retrou­vés et enfouis anonymement dans un cimetière, mais les lieux de cette tragédie con­ti­en­nent encore les restes de plusieurs victimes.

Pour faire dis­paraitre toute trace de ses crimes, l’Etat turc a con­fié à la société Biskon Con­struc­tion la con­struc­tion sur ces lieux de mémoire de 604 loge­ments et 120 mag­a­sins. Dans l’immédiat, et avant la fin de travaux, un réfec­toire et un dor­toir pour les ouvri­ers est prévu à l’endroit exact des caves de l’horreur.
Haz­al Akdo­gan, la maman de Tahir, qui a été assas­s­iné dans une de ces caves, estime que ces lieux sont un lieu d’Histoire. Ce que veut l’Etat, dit-elle, c’est faire oubli­er ce qui s’est passé.

Tou­jours dans cette entre­prise d’éradication des traces du passé, il nous faut sig­naler encore la destruc­tion du site his­torique d’Hasankeyf, un site où les pre­mières traces de présence humaine remon­tent à 12.000 ans. Ces ruines anci­ennes auront survécu à tout, sauf au règne d’Erdogan. 199 vil­lages seront inondés sous les flots du bar­rage qui inon­deront Hasankeyf d’ici deux ans. 78.000 per­son­nes seront oblig­ées de quit­ter leurs foy­ers. Les jour­nal­istes n’y sont pas les bienvenus.

Ce 8 mai, Math­ias Depar­don, qui tra­vaille pour le mag­a­zine Nation­al Geo­graph­ic, a été arrêté. Il pre­nait des pho­tos des nou­velles zones d’habitation prévues à Hasankeyf, ce qui con­stitue, aux yeux des autorités turques, un élé­ment de sus­pi­cion de pro­pa­gande pour une organ­i­sa­tion terroriste.

KURDISTAN DU NORD- BAKUR
DE SURPRENANTS IMMIGRÉS

Le régime turc installe autour de Van des cen­taines de « réfugiés » afghans, tchétchènes, kirghizes et ouzbèkes. Der­rière le terme réfugié se dis­simule une autre réal­ité : tous ces nou­veaux arrivants reçoivent immé­di­ate­ment une for­ma­tion mil­i­taire pour servir dans des groupes paramilitaires.

C’est à la base de la brigade d’Erçis que 200 Ouzbeks, Afghans, Iraniens et Arabes se ren­dent tous les jours à 7 heures du matin. Ils sont âgés de 20 à 40 ans. Là, ils suiv­ent une for­ma­tion mil­i­taire. Le TOKI, l’organisme d’Etat turc pour le loge­ment, a con­stru­it spé­ciale­ment à leur inten­tion des maisons dans le dis­trict d’Erçis.
La tech­nique n’est pas neuve. Déjà dans les années 80 le régime turc avait fait venir des Afghans pour les recruter comme gardes de vil­lages, pour le compte de l’armée turque.

A Bitlis, les autorités turques ont aus­si décidé d’ou­vrir un vil­lage médié­val, com­posé de tentes, où pour­ront vivre des réfugiés afghans. Le gou­ver­norat de Bitlis vante ce pro­jet de vil­lage en par­lant d’un endroit où le Moyen Age pour­ra revivre, un vil­lage loin de la vie mod­erne, et ce dans tous les sens du terme, même au niveau de l’al­i­men­ta­tion et des boissons.

Ce vil­lage médié­val sera peu­plé de réfugiés afghans, en prove­nance d’I­ran. Un pre­mier groupe de 150 Afghans est déjà arrivé il y a quinze jours. Ils seraient plus de 75.000 à atten­dre de pass­er prochaine­ment en Turquie.
Tous ces « réfugiés » sont en fait util­isés par les autorités turques pour mod­i­fi­er la com­po­si­tion démo­graphique des régions kur­des. Surtout, ces pré­ten­dus réfugiés seront, tout comme cela avait déjà été le cas à Van dans les années 80, armés afin de servir comme gardes de villages.
L’objectif est triple : d’abord de don­ner à la Turquie l’image d’un pays bien­veil­lant envers les migrants, ensuite de pré­par­er des escadrons para­mil­i­taires con­tre les forces du PKK et enfin de mod­i­fi­er la struc­ture démo­graphique du Kur­dis­tan du nord.

DIPLOMATIE
SALIH MUSLIM (PYD) REÇU À L’ÉLYSÉE

Dans le cadre de la fer­me­ture annon­cée de notre chaine de télévi­sion, le prési­dent du PYD, Sal­ih Mus­lim, a ren­con­tré le prési­dent François Hol­lande ce jeu­di. Lors de l’entretien, il a aus­si été ques­tion des derniers développe­ments poli­tiques et mil­i­taires dans le Kurdistan.

Lors de sa vis­ite à l’Élysée, Sal­ih Mus­lim s’est entretenu avec le prési­dent François Hol­lande sur plusieurs sujets, notam­ment la créa­tion de la Fédéra­tion de la Syrie du Nord.
Selon le prési­dent du PYD, l’approche du prési­dent français était pos­i­tive. François Hol­lande a même affir­mé qu’il était fier de la lutte qui est menée dans le nord de la Syrie.
Lors de leur entre­tien, les deux hommes ont bien évidem­ment abor­dé la ques­tion des télévi­sions kur­des, notam­ment la nôtre, Ron­ahi Tv, qui devraient cess­er d’émettre tout prochaine­ment suite à la demande faite par les autorités turques à la société française de dif­fu­sion satel­li­taire Eutel­sat. Si le prési­dent Hol­lande a recon­nu ne pas approu­ver cette déci­sion, le prési­dent du PYD a mal­heureuse­ment dû con­clure que l’on ne savait pas ce qui se ferait sur le plan pra­tique con­cer­nant ce dossier.

https://www.youtube.com/watch?v=D5M0Wws2D6o

Plus tôt dans la semaine, le prési­dent du PYD s’était ren­du à une céré­monie organ­isée à Mainz, en Alle­magne, pour les 11 ans du jour­nal Yeni Ozgür Politika.
Il y avait dénon­cé l’attitude des États européens.
« Ne voyez-vous pas que le sul­tan de Turquie cherche à con­trôler les sociétés de vos pays ? Il se sent mal à l’aise avec les vérités. Votre société Eutel­sat vio­le vos lois et ferme les chaines de télévi­sion. Il ne faut pas rester silen­cieux devant ce mépris du droit. » avait-il dit.

BASUR – KURDISTAN DU SUD
PETITS JEUX POLITIQUES

Le gou­verne­ment du Kur­dis­tan du sud, le Başur, est entre les mains d’un clan et d’un par­ti : celui des Barzani et de leur par­ti, le KDP. Pour se main­tenir au pou­voir, le KDP emboite le pas à la poli­tique turque d’Erdogan con­cer­nant l’Irak et la Syrie. Peut-être jusqu’à tuer ses pro­pres citoyens kurdes…
Mais que se passe donc-t-il au Başur, le Kur­dis­tan du sud, là où le par­ti KDP est au pouvoir ?
Il y avait eu en aout 2014 le lâche aban­don des pop­u­la­tions de Sen­gal au Daesh.
Il y a encore eu ce 3 mars l’attaque de Xana­sor, où des com­bat­tants de la guéril­la ont été tués par des ban­des armées se faisant pass­er pour des « pesh­mer­ga du Rojava. »
Ces « pesh­mer­ga du Roja­va » sont des mili­ciens issus de dif­férentes ban­des armées qui sévis­sent en Syrie, sous le con­trôle de la Turquie, et qui ont été rap­a­triés à Hewler, la cap­i­tale du Kur­dis­tan irakien, pour y être entrainés par les agents du MIT, les ser­vices secrets turcs, avant d’être lâchés sur les posi­tions YBS ézi­dies. Il y a même par­mi ces « pesh­mer­ga du roja­va » des anciens du Daesh, comme l’ont con­fir­mé les pris­on­niers qui ont été faits lors des combats.

Et puis, il y a eu cette attaque aéri­enne de la Turquie sur Sen­gal, le 24 avril. Et là, un arti­cle du Roje­va Medya écrit par Mihyedin Melko affirme que les coor­don­nées géo­graphiques remis­es aux ser­vices mil­i­taires turcs l’ont été par le pre­mier min­istre du gou­verne­ment fédéré kurde d’Irak, Nechir­van Barzani lui-même. Au cours de cette frappe aéri­enne turque, cinq pesh­mer­gas du KDP avaient per­du la vie. Selon Melko, c’est volon­taire­ment que Nechir­van Barzani a don­né des coor­don­nées où se trou­vaient ses pro­pres peshmergas.
L’objectif de ce crime était de relancer une cam­pagne médi­a­tique en expli­quant que des pesh­mer­ga per­daient la vie à cause de la présence du PKK à Sengal.
La presse du KDP répond en général à toutes les accu­sa­tions qui frap­pent les Barzani, mais ici, elle reste silen­cieuse, comme si elle craig­nait que ce dossier ne prenne de l’ampleur au Kur­dis­tan du sud.

Et puis, lors de la prochaine vis­ite d’Erdogan à Wash­ing­ton, on apprend que le fils de Mas­soud Barzani, qui est en même temps le respon­s­able des ser­vices secrets du gou­verne­ment kurde d’Irak, se ren­dra exacte­ment en même temps qu’Erdogan aux Etats-Unis.
On sait que le KDP et l’AKP parta­gent le même pro­jet pour Sen­gal : faire par­tir les troupes de la guéril­la du PKK. Pour éviter des com­bats et des bom­barde­ments comme ceux qui ont frap­pé Sen­gal ces deux derniers mois, les améri­cains devraient dis­pos­er des troupes au sol afin de sécuris­er les Ezidis con­tre les attaques de l’AKP et du KDP. C’est donc un atte­lage du KDP et de l’AKP qui fera la demande aux Etats-unis de ne pas dis­pos­er de troupes à Sengal.

Com­pro­mis­sion ? Sans aucune base légale, les policiers asay­ish du KdP pont procédé à l’arrestation de 9 com­bat­tants des brigades inter­na­tionales du Roja­va qui ren­traient chez eux en pas­sant par Hewler. Depuis ce 9 mai, on est tou­jours sans nou­velle de ces com­bat­tants d’Italie, des Etats-Unis ou d’Espagne.

Enfin, la sécu­rité des jour­nal­istes qui dénon­cent le régime du PDK n’est pas assurée : Soran Saqizi, de Kurd­Sat télévi­sion, a été assas­s­iné dans son restau­rant à Hewler. On se sou­vient que Wedat Hisen Ali (Rojnews) et Şukri Zeynedin (KNN) avaient été kid­nap­pés à Duhok l’an dernier, puis tor­turés et assassinés.
En atten­dant, Kurd­Sat estime qu’il y a autour de la mort de son jour­nal­iste un écran de fumée qui empêche de con­naitre les ten­ants et les aboutis­sants de ce crime.

BAKUR- KURDISTAN DU NORD
CONFISCATION DES INSTITUTIONS

Au Bakur, le Kur­dis­tan du nord, les arresta­tions se pour­suiv­ent. Des respon­s­ables poli­tiques ou des sim­ples mil­i­tants sont chaque jour envoyés en prison. Et les élus sont rem­placés par des proches du régime qui con­fisquent les institutions.

Mar­di, la co-bourgmestre de Siirt, Belk­iza Bestas Epözdemir, était arrêtée lors d’un raid à domi­cile. La rai­son de sa déten­tion n’est pas con­nue, mais l’autre co-bourgmestre de Siirt, Tuncer Bakirhan, avait déjà été arrêté en novem­bre. 44 autres per­son­nes ont encore été arrêtées ce mar­di, dans les villes de Man­isa, d’Istanbul et d’Igdir. Il y a par­mi eux plusieurs respon­s­ables du par­ti HDP.
Jeu­di, c’était le tour de 29 autres cadres et respon­s­ables des par­tis DBP et HDP de Van, d’Eskisehir et d’Izmir à être emmenés vers la prison. A Van, les policiers ont brisé les portes et les fenêtres des locaux du DBP pour men­er leur mis­sion d’arrestation.

Une fois les élus en prison, le pou­voir a toute lat­i­tude pour nom­mer des cura­teurs à leur place. Ces cura­teurs vien­nent juste­ment de con­fis­quer le « Cen­tre pour la Vie des Femmes » qui avait été ouvert par le DBP à Gür­pinar. Le cen­tre a été remis au Kadem, une organ­i­sa­tion dont Sümeyye Erdo­gan, la pro­pre fille d’Erdogan est la vice-présidente.
Le cen­tre de soins « Xeyri Sinik », de Gür­pinar, a quant à lui été trans­for­mé pour que l’on y donne des leçons de coran. Mais si le cen­tre n’a pas été fer­mé, c’est parce que l’épouse du cura­teur Osman Dogra­maci a elle-même été nom­mée prési­dente de ce cen­tre par son mari. Soulignons aus­si que 48 tra­vailleurs de Gür­pinar ont été licen­ciés ces 3 dernières semaines par ce même curateur.