Un appel à solidarité a été lancé pour la journée du dimanche 14 mai, avec des actions de soutien en Turquie, en France, à Paris et en Allemagne (Berlin et Cologne). Une autre mobilisation avait été initiée en Suisse, à Genève, jeudi dernier.
Depuis juillet 2016, plus de 120 000 fonctionnaires, toutes catégories confondues, ont été limogés de leurs postes par les décret-lois en Turquie sous le régime d’état d’urgence. 7916 d’entre eux sont des universitaires, dont 452 appartenant au collectif Universitaires pour la Paix, “Barış için Akademisyenler” (BAK) et 33990 d’entre eux sont des enseignants.
Parmi ces fonctionnaires figurent Nuriye Gülmen (universitaire) et Semih Özakça (enseignant).
Nuriye et Semih ont entamé une grève de la faim à Ankara le 9 mars 2017 (65 jours à compter d’aujourd’hui). Leurs vies sont en danger et il n’y a pas de réponse positive du côté du gouvernement (ni du Conseil de l’enseignement supérieur, ni du Ministère de l’éducation).
Nos collègues ne demandent qu’une seule chose : retrouver leurs postes ! Afin de soutenir leur juste cause, certains universitaires et intellectuels ont commencé à faire une grève symbolique de la faim jusqu’à 12 heures partout où ils vivent. Pour l’instant, ces manifestations de soutien se font à Istanbul, à Ankara, à Paris, à Cologne et à Berlin.
Rendez-vous dimanche 14 mai 2017
Place de la République à Paris de 11h à 19h
Conférence de Presse à 15h
Connexion par Skype avec Ankara à 15h30
Evenement Facebook
Signataires de l’appel:
BAK France (Barış için Akademisyenler – Universitaires Pour la Paix France)
CCFR-CISUP (Comité de Coordination en France – Comité International de Solidarité avec les Universitaires pour la Paix)
«Nuriye et Semih ont besoin de votre soutien !»
Les enseignants licenciés Nuriye Gülmen et Semih Özakça sont rentré dans une phase critique de leur grève de la faim. Nos amies ont décidé de faire une grève de la faim depuis plus de 60 jours pour s’opposer à leur licenciement depuis les vagues de purges en Turquie, en raison des nouveaux décrets déclarés par le gouvernement et ils dénoncent l’attitude des autorités totalitaires du gouvernement d’Erdoğan.
Les autorités turques ont expulsé plus de 4 464 enseignants dans le cadre des purges lancées après la tentative de coup d’Etat en juillet, selon un décret-loi publié, devenu un mode d’exercice de pouvoir autoritaire d’Erdoğan menaçant les opposants et les Kurdes du pays. Depuis l’année 2015, le gouvernement a perpétré un « massacre » au Kurdistan de Turquie avec la déclaration de la guerre contre les forces kurdes. Des crimes contre l’humanité se produisent désormais quotidiennement au Kurdistan dans un silence assourdissant sur lesquels les Universitaires pour la paix ont tiré l’attention, en attirant l’attention sur le massacre et l’exercice de la violence étatique en Turquie et spécialement dans la région kurde. Nous disions : “Nous exigeons que cessent les massacres et l’exil forcé qui frappent les Kurdes et les peuples de ces régions, la levée des couvre-feux, que soient identifiés et sanctionnés ceux qui se sont rendus coupables de violations des droits de l’homme, et la réparation des pertes matérielles et morales subies par les citoyens dans les régions sous couvre-feu.” Nous proposions au gouvernement d’arrêter le massacre, la domination totalitaire et retourner au processus de la paix. Pour cela, nous avons a déclaré que « Bu Suça Ortak Olmayacağız » “Nous, enseignants-chercheurs de Turquie, nous ne serons pas complices de ce crime !” perpétré au Kurdistan.
Depuis notre pétition, puis les purges, le gouvernement a commencé à cibler les universitaires comme d’ailleurs les autres citoyens. Les universitaires et les enseignants ont subi un licenciement massif. Depuis le coup d’Etat manqué, plus de 41 000 personnes ont été arrêtées en Turquie et plus de 100 000 expulsés de la fonction publique ou suspendues, notamment des professeurs, des enseignants et des magistrats. Des dizaines de médias et d’associations ont par ailleurs été fermés et de nombreux journalistes licenciés, emprisonnés. Depuis 2015, le gouvernement AKP s’érige en totalitarisme, aboutissant à ce que des citoyens licenciés, ciblés, menacés, emprisonnés sur le sol de la Turquie, en viennent à « une mort lente », en utilisant la grève de la faim.
Nuriye et Semih sont en grève de la faim depuis le 11 mars à Ankara. Ils-elles sont entré-es en résistance dès le mois de novembre 2016, après leur licenciement en novembre 2016. Comme des milliers de fonctionnaires, enseignant-es du primaire à l’université, ou appartenant à d’autres services publics, syndiqué-es ou non, Nuriye et Semih ont été licencié-es dans le cadre des purges politiques menées par Erdoğan. Nombre d’entre eux /elles ont subi l’exil politique et elles ont refusé de se taire et de se soumettre. Ils-elles se sont révolté-es contre les licenciements massifs, contre l’État d’urgence et plus largement contre la répression. Tabassé-es, arrêté-es, placé-es en garde-à-vue, de multiples fois, ils-elles n’ont pas renoncé. L’histoire de résistance de Nuriye Gülmen commence par un sit-in le 9 novembre 2016, à Ankara, sur le boulevard Yüksel. Pour une vingtaine de soutiens et une seule manifestante, plus d’une centaine de policiers anti-émeute ont été déployés, à peine avait-elle commencé à prononcer la première phrase de son communiqué “Je suis une universitaire licenciée”. Nos amies Nuriye Gülmen net Semih Özakça comme nous et les autres collègues, se sont trouvés au chômage subitement, comme des centaines de milliers de fonctionnaires licenciés par décret, et projetés dans la précarité, et donc ont décidé de faire une grève de la faim contre le licenciement et l’inégalité gouvernementale depuis plus de 60 jours maintenant. Ces enseignant-es, sont entrée en résistance et après avoir manifesté d’abord seul-es, ont ensuite réuni leurs forces. Ils, elles ont été molestées, frappées, traînées, de nombreuses fois arrêtées, mis-es en garde-à-vue, mais dès qu’ils, elles retrouvent leurs libertés, se rendent au lieu de rendez-vous, à Ankara, et recommencent avec détermination leur grève de la faim.
Cette décision de nos ami-es collègues questionne nécessairement la pratique du pouvoir étatique et son langage extravagant et typique qui assume la domination raciale, le crime de guerre, l’enfermement autoritaire, la violence paramilitaire et la torture face à ses citoyens. Leur résistance est emblématique de la situation des opposant-es en Turquie. Des milliers de personnes, syndicalistes, féministes, kurdes ou simplement révolté-es, sont enfermées dans les geôles turques. La réalité de la répression pourrait encore s’aggraver maintenant après le référendum qui donne les pleins pouvoirs à Erdoğan et qui lui permettra de gouverner par décret, le parlement n’étant alors plus qu’une simple chambre d’enregistrement.
Nos collègues annoncent qu’ils n’abandonneront pas les exigences de la grève de la faim sans engagements concrets de la part du gouvernement. Chaque jour que nos ami-es sont contraints de passer en risquant la mort pour leurs droits rapproche un peu plus d’une issue fatale, nous pensons que nous perdons là notre humanité.
C’est une lutte pour la vie, et non pour la mort. Nous invitons tout le monde à réagir.
Ils nous appellent : “Si vous voulez faire quelque chose pour nous, faites entendre notre voix!”
Faites cesser les licenciements illégaux et arbitraires.
Nuriye et Semih ont besoin de votre soutien !
BAK FRANCE (Barış için Akademisyenler – Universitaires Pour la Paix France)
CCFR-CISUP (Comité de Coordination en France – Comité International de Solidarité avec les Universitaires pour la Paix)
Image à la une : Deutsche Welle