“Chroniques de la révolution kurde”, est le journal télévisé présenté par Ronahi TV chaque dimanche. C’est un retour en textes et vidéos, sur la semaine écoulée. Voici celle du 23 au 29 avril 2017.
Il s’agit donc d’une émission d’informations régulière, en langue française, que vous retrouverez ici, chaque semaine, en partenariat avec Kedistan.
Gros Titres :
- FORCES ARMÉES TURQUES — FRAPPES AÉRIENNES AU ROJAVA ET À SENGAL
- FRAPPES AÉRIENNES TURQUES - LES RÉACTIONS
- FRAPPES AÉRIENNES TURQUES - MANIFESTATIONS
- OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE » — TABQA À MOITIÉ LIBÉRÉE
- ROJAVA - VAGUE D’ATTAQUES SUR TOUTE LA FRONTIÈRE
- SYRIE DU NORD-ROJAVA - CRISE HUMANITAIRE
- BAKUR-KURDISTAN DU NORD - SOUS LA BOTTE DE L’ÉTAT-VOYOU
- BAKUR-KURDISTAN DU NORD - NOUVELLES OPÉRATIONS MILITAIRES DES FORCES ARMÉES TURQUES
- RELATIONS EUROPE — TURQUIE - LA TURQUIE REMISE SOUS MONITORING
- ET LE PDK ? — VERS L’ISOLEMENT LE PLUS COMPLET
- DERIK - FUNÉRAILLES DES YPG
- TRIPLE ASSASSINAT DE PARIS — RÉOUVERTURE DE L’ENQUÊTE
FORCES ARMÉES TURQUES
FRAPPES AÉRIENNES AU ROJAVA ET À SENGAL
A deux heures du matin, ce mardi, deux vagues de bombardiers turcs ont frappé un quartier général des YPG à Karachok près de la ville de Derik dans le Rojava et deux stations radio, dont l’une se trouve à Sengal.
Près de la ville de Derik se trouve la colline de Karachok, une colline qui abritait un quartier général des unités YPG ainsi qu’une station de radio, « la Voix du Rojava ».
Les bombardiers turcs ont détruit toutes les installations au milieu de la nuit et ont fait de nombreuses victimes : il y a eu 20 combattants YPG tués et 18 autres blessés.
Les bombardiers turcs sont aussi allés détruire au même moment une station radio située en Irak, à Sengal. Lors de cette attaque turque menée dans cette ville qui a connu le génocide perpétré par le Daesh en aout 2014, les bombes ont détruit la station radio ÇIRA Fm. Il y a eu là un mort. Les jardins dédiés au leader kurde emprisonné Abdullah Öcalan ont aussi été détruits.
Parmi les victimes de cette attaque lâche, il y a le commandant Mihemed Xalil, qui combattait à Raqqa contre le Daesh. Il y a aussi 12 combattantes des unités de femmes, les YPJ.
Du côté de Sengal, le commandant des unités YBS Mazlum Sengali a noté que lors de la frappe aérienne à Sengal, 1 civil, 1 combattant YBş et 5 peshmerga ont été tués. Qui plus est, des lieux de résidence de civils ont aussi été touchés par les bombes.
FRAPPES AÉRIENNES TURQUES
LES RÉACTIONS
Cette attaque aérienne qui a fauché la vie de tant de combattants de la liberté a suscité de nombreuses réactions au Rojava, mais aussi en Irak. Aux Etats-Unis, le porte-parole du département d’Etat a aussi déploré cette attaque de la Turquie.
Depuis Washington, Mark Toner, le porte-parole du département d’Etat, a déploré les attaques aériennes de la Turquie. Ces frappes aériennes, a‑t-il affirmé, n’ont pas été approuvées par la coalition, et elles ont mené à la perte regrettable de combattants parmi nos partenaires dans le combat contre le Daesh. Les Etats-Unis ont donc fait immédiatement part de leur préoccupation auprès du gouvernement turc.
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Pour Salih Muslim, le co-président du PYD, un peuple qui combat le terrorisme a été frappé dans le dos. Personne, a‑t-il dit, ne peut accepter de telles attaques.
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Le Conseil Démocratique de Syrie, le MSD, a remis un communiqué qui accuse l’Etat turc de vouloir paralyser les opérations menées par les FDS à Raqqa et de donner ainsi du répit au Daesh.
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Aldar Xelil, du TEVdem, partage la même analyse : l’Etat turc tente de briser la volonté du peuple kurde et d’étouffer le système démocratique.
Maintenant que l’Etat turc voit que le Daesh est piégé à Raqqa et qu’il est anéanti à Mossoul, il relance les attaques pour le sauver.
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Au Kurdistan du sud, la condamnation de ces frappes a été presque unanime : le parti de l’union patriotique du Kurdistan –le PUK, a dénoncé, par la voix du député Salar Mahmut, le coup de couteau porté dans le dos de ceux qui combattent le terrorisme. Mahmut voit dans cette attaque une nouvelle blessure infligée à Sengal, alors même que les anciennes blessures ne sont pas encore guéries.
Qui plus est, a‑t-il ajouté, cette attaque de la Turquie sur le sol irakien est une atteinte à la souveraineté de l’Irak.
Même son de cloche du côté du mouvement Goran, où les députés Serko Heme Emin et Mûnire Osman ont dénoncé ces violations des frontières et de la souveraineté de l’Irak.
Lors de la séance de ce jeudi, les députés irakiens ont d’ailleurs condamné l’attaque, une condamnation à laquelle se sont joints les députés chiites et sunnites irakiens. L’Irak va donc porter cette agression devant les nations unies.
Si les condamnations sont presque unanimes, on constatera cependant qu’un parti kurde d’Irak n’a pas condamné ces frappes aériennes : c’est le parti démocratique du Kurdistan, le PDK du clan Barzani. Le porte-parole PDK du ministère des peshmerga, Helgurt Hikmet, a même invité le PKK à revoir sa position. Au lieu de condamner l’attaque, le PDK a menacé le PKK en l’enjoignant à quitter le territoire du Kurdistan du sud.
Et puis, il y a aussi eu l’intervention de Beshar Kiki, le président de l’assemblée de Ninive, qui a déclaré que le PKK voulait que les choses en arrivent là. Pour Kiki, le PKK ne souhaite pas que les combats dans la région se terminent.
FRAPPES AÉRIENNES TURQUES
MANIFESTATIONS
Immédiatement après les frappes aériennes turques, la population a pris le chemin de Karachok, dans les campagnes près de Derik, pour dénoncer les attaques incessantes d’Erdogan.
Ils étaient des milliers à se rendre à Karachok, aux cris d’ « Erdogan, assassin », avec des drapeaux des unités YPG, YPJ et des portraits du leader kurde Abdullah Ocalan.
Lors de la visite des responsables de la coalition internationale, une maman a interpelé un responsable américain en lui disant que leurs enfants combattaient avec eux, à Raqqa, mais qu’Erdogan les poignardait dans le dos ici. Ne restez pas silencieux, leur a‑t-elle demandé.
En Europe, le KCDK‑E, le congrès des sociétés démocratiques kurdes d’Europe, a invité les kurdes à s’unir pour dénoncer les attaques de l’alliance fasciste Erdogan-Bahçeli.
Différentes manifestations ont aussi été organisées dès le soir de l’attaque en Allemagne, en Suède et en Suisse.
OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE »
TABQA À MOITIÉ LIBÉRÉE
Les combats ont encore été particulièrement violents cette semaine autour de la ville de Tabqa. Profitant des tempêtes de sable, Daesh a tenté une offensive lundi dernier pour désenclaver la ville, mais les FDS les ont repoussés. Plusieurs dizaines de membres du Daesh ont été tués.
Dimanche dernier, tôt le matin, 22 membres du Daesh étaient tués lors de plusieurs frappes aériennes des forces de la coalition. Deux snipers du daesh étaient aussi abattus par les FDS.
Plus tard dans la matinée, en tentant de profiter d’une visibilité réduite à moins de 5 mètres avec les tempêtes de sable, Daesh a encore tenté de forcer le passage depuis le sud de Tabqa et depuis l’est de la ville. 52 autres membres de l’organisation ont encore été tués dans ces combats rapprochés.
Le lendemain, lundi, les FDS prenaient le contrôle du carrefour Alaf et de l’île de Mahmiya, située sur le cours de l’Euphrate.
Dès le début de l’après-midi, les FDS prenaient position dans le quartier de Waheb. Ce quartier a finalement été libéré dans la nuit de mercredi, laissant là encore une vingtaine de membres du Daesh morts. 10 autres membres ont été fait prisonniers.
Jeudi, le Daesh a lancé un véhicule piégé sur des civils de la ville ; il y a eu plusieurs victimes mais on en ignore le nombre.
Enfin, vendredi, 23 autres membres du Daesh étaient tués lors de la libération de trois nouveaux quartiers de la ville, les quartiers de Nebabile, de Zahra et d’Al-Waheb.
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A une quarantaine de kilomètres de Tabqa, les combats se sont aussi poursuivis dans les villages et dans les campagnes au nord de la ville de Raqqa.
Une attaque menée par le Daesh dans les villages tout juste libérés de Bir Cerbo, de Cerwa, d’Um Tenek et de Royan a été repoussée par les FDS lundi matin. Soutenus là encore par les forces de la coalition, les combattants de la liberté ont repoussé les agresseurs. Après les combats, on a compté 70 membres du Daesh tués.
Afin de protéger les civils, les FDS ouvrent des corridors pour permettre leur fuite vers des zones sécurisées. Ils sont aujourd’hui des dizaines de milliers à attendre que les combats se terminent pour pouvoir rentrer chez eux.
ROJAVA
VAGUE D’ATTAQUES SUR TOUTE LA FRONTIÈRE
Les bombardements de l’armée turque sur le sol irakien et syrien ont été immédiatement suivis d’une vague intensive d’attaques sur tout le Rojava et dans la région de Shehba. Depuis le canton d’Afrin jusqu’à Dirbisiyé, 400 kilomètres plus loin le long de la frontière, les chars et l’artillerie turque ont pilonné les villes et villages kurdes.
Quelques heures après les frappes aériennes, l’armée d’occupation turque et les bandes armées qui sont à sa traine ont attaqué à l’artillerie les villes et villages de la région de Shehba, notamment les villes de Til Rifaat et de Sheikh Isa.
Dans la région de Shehba, ce sont les forces révolutionnaires du Jaysh al Thuwar qui ont riposté à l’agression. Il y a eu mercredi 4 tués et 11 blessés parmi les agresseurs.
Et mercredi, c’est tout le long des 500 km de frontière qui séparent la Syrie de la Turquie que les forces armées turques ont lancé leurs obus.
Dans le district de Raco du canton d’Afrin, l’attaque a commencé dès les premières heures du matin, ce mercredi. Plus tard dans la journée, c’était les villages à hauteur de Dirbisiyé qui étaient pris pour cible par les forces armées turques. Les unités YPG ont vivement réagi à cette agression. Dans les combats qui ont suivi l’agression, des tanks et des véhicules blindés turcs ont été démolis. Il y a eu plusieurs morts du côté des forces armées turques. Selon les chiffres, il y en a eu 17 rien qu’à hauteur du canton d’Afrin.
Vendredi, les artilleurs de l’armée turque parvenaient cependant à détruire une troisième station de radio, celle d’Afrin FM, située dans le district de Siyé.
Jeudi, les forces armées turques ont attaqué, à l’artillerie toujours, les villages proches de la ville de Gire Sipi et de Sérikanié.
Là aussi les unités YPG ont vivement réagi, détruisant encore des véhicules blindés et des chars turcs.
La réaction des habitants est vive : A Dirbisiyé et à Derik, les habitants prennent les armes. Ces habitants expliquent qu’ils sont prêts à s’opposer à toute attaque de la Turquie.
Comme l’explique Bahaddin Muhamed, « armés de notre volonté, nous combattrons le jour et la nuit pour protéger nos villes et nos villages des bombardements barbares de l’Etat turc. »
SYRIE DU NORD-ROJAVA
CRISE HUMANITAIRE
Les vagues de réfugiés qui viennent chercher un asile dans les villes de la fédération de la Syrie du nord atteignent des proportions telles que la crise humanitaire commence à prendre une tournure dramatique. Aucune aide ne parvient jusqu’à eux. Et il y a déjà eu des victimes de cette misère.
Le conseil civil de Raqqa a diffusé un communiqué où il exprime sa préoccupation devant les vagues massives de réfugiés. Dans les campagnes au nord de Raqqa, le chiffre record de 100.000 réfugiés a été dépassé. Mais on manque de tout, on manque de nourriture, d’eau, de couvertures et de tentes.
23 de ces malheureux ont déjà succombé aux maladies, à la faim et au manque de structures pour les accueillir. Le conseil civil de Raqqa n’a que de maigres ressources, et il appelle donc les organisations internationales à venir immédiatement en aide à tous ces civils en fuite.
Mais même dans ces conditions extrêmes, les réfugiés savent qu’ils seront accueillis au mieux des possibilités dans les zones défendues par les FDS.
Cette vieille dame turkmène est originaire de Til Afar. Ses trois fils ainés ont été pris par la Turquie mais les personnes âgées ont été abandonnées au Daesh. Après avoir fui le Daesh, elle a trouvé un refuge parmi les Kurdes. « Nous avons vécu 15 ans à Mossoul avec les Kurdes, explique-t-elle, les Turkmènes et les Kurdes ne sont pas différents. »
Cet autre Turkmène, Nasir a vécu sous l’occupation de Daesh pendant 2 ans. Quand il a entendu l’appel des FDS et des YPG, il a fui pour les rejoindre. « Ils nous ont accueillis de la meilleure des façons, dit-il, et ils partagent avec nous leur pain et leur eau. »
KURDISTAN DU NORD- BAKUR
SOUS LA BOTTE DE L’ÉTAT-VOYOU
Les populations kurdes du Bakur, situé en Turquie, continuent de subir les attaques quotidiennes menées contre leurs quartiers, contre leurs sites historiques et même contre leurs morts. Rappel des faits de cette semaine.
Hasankeyf, un site où les premières traces d’activité humaine remontent à il y a 12.000 ans. Un site historique situé dans la vallée du Tigre. Avant d’inonder le site pour construire un barrage, les autorités turques vont déplacer 8 monuments historiques, dont la fameuse tombe de Zeynel Bey. Sans parler des risques matériels que courent ces monuments à être ainsi déplacés, ils perdront toute leur charge culturelle une fois qu’ils seront déconnectés de l’environnement qui les a vus naitre.
Ce qui ne pourra être déplacé, comme le fameux pont aux piliers, sera recouvert de pierres et détruit à jamais.
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A Amed, dans le quartier de Sur, les destructions vont reprendre. Pourtant protégés par l’Unesco, qui les a inscrits sur sa liste du patrimoine mondial de l’humanité, les quartiers d’Alipasha et de Lalebey seront livrés aux bulldozers à partir de ce 2 mai.
Les habitants ont été prévenus qu’ils devaient quitter leurs foyers avant le premier mai. En attendant, pour les forces à fuir, l’eau et l’électricité ont déjà été coupées ce samedi.
Le quartier historique de Sur, dans la ville d’Amed, a accueilli ses premiers habitants il y a 7.000 ans. 6 quartiers ont déjà été rasés.
Sur les 52.000 habitants qui vivaient à Sur avant l’été 2016, 23.000 ont perdu leurs foyers.
On notera que pendant que l’Etat turc détruit les quartiers historiques de Sur, il reloge des réfugiés syriens là où les premiers occupants ont été chassés. Tous ces réfugiés syriens ont été enrôlés immédiatement sur les listes électorales afin de pouvoir voter en masse « oui » lors du référendum de ce 16 avril.
Et puis, à Gever, les unités des opérations spéciales de la police turque ont encore profané un cimetière, celui d’Orman. Après avoir démoli plusieurs tombes, les policiers ont tagué le mot « carcasses » sur les pierres tombales.
Ce cimetière avait déjà été pris d’assaut par les forces turques lors du couvre-feu de l’année dernière, mais les habitants l’avaient reconstruit entretemps.
Cette violence inouïe menée par un Etat contre sa propre population a un visage : celui de la petite Newal, qui vient de vivre son premier anniversaire.
Cette petite fille est née par césarienne juste après que les soldats turcs aient assassiné lors d’un raid à domicile sa maman, Remziye Bor, alors enceinte de 7 mois et demi. Le papa de l’enfant a ensuite été jeté en prison, où il est toujours aujourd’hui.
La grand-mère de l’enfant Kiymet, explique que son fils voulait voir sa petite fille. Elle l’a alors emmenée jusqu’à la prison pour qu’elle voie son père. Tout ce que cette mamy souhaite aujourd’hui, c’est que l’on fasse enfin justice à son fils et que la petite Newal puisse vivre aux côtés de son père.
BAKUR- KURDISTAN DU NORD
NOUVELLES OPÉRATIONS MILITAIRES DES FORCES ARMÉES TURQUES
Dans les régions de Dersim et d’Hakkari, les forces armées turques continuent de mener des opérations militaires. De nombreux villages sont concernés par cette vague d’agressions.
Dans la vallée de Dersim, les hélicoptères turcs ont bombardé à une quinzaine de reprises les villages de Seter et de Vankuf la nuit de lundi à mardi.
A Hakkari, 25 nouvelles zones ont été déclarées « zones spéciales de sécurité », ce qui signifie que les habitants n’ont plus le droit de s’y rendre.
Mardi, 9 villages du district de Gever subissaient encore les attaques de l’armée turque.
Alors, les unités de la guérilla du PKK lancent des actions défensives.
Ce 25 avril, les HPG ont mené des frappes sur les bandes de soldats turcs à cheikh Cuma, près de Bitlis. 10 soldats turcs y ont perdu la vie.
Le 26, à Hizan, des soldats coupaient les arbres sur la colline de Mile Evdi. Les gardes de villages avaient été préalablement avertis : il ne faut pas détruire la nature. La guérilla a donc attaqué les soldats qui redescendaient de la colline : il y a eu deux morts.
D’autres actions de la guérilla ont eu lieu à Kars, à Amed ou à Bitlis. 5 soldats turcs ont été tués à Bitlis le 20 avril, six soldats à Amed le 22 avril et 2 soldats turcs ont été tués à Kars le 25 avril.
RELATIONS EUROPE – TURQUIE
LA TURQUIE REMISE SOUS MONITORING
L’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe a décidé, ce mardi, de remettre la Turquie sous monitoring. Cette procédure de surveillance avait été abandonnée en 2004.
C’est à 113 voix pour et 45 voix contre que l’assemblée parlementaire du conseil de l’Europe a donc décidé de remettre la Turquie sous monitoring.
Le député allemand Andrej Hunko, du parti « Die linke », a commenté cette décision.
C’eut été un scandale de ne pas réinstaller le processus de monitoring pour la Turquie, explique-t-il. Ankara n’a pas mené les nécessaires améliorations dans le domaine des droits de l’homme.
Andrej Hunko a fait partie de l’équipe d’observateurs internationaux présents lors du référendum du 16 avril. Alors qu’il se rendait dans les districts de Sur à Amed ainsi qu’à Mardin, il a été stoppé par les unités des opérations spéciales.
J’espère, dit-il encore, que cette décision sera un signal. Et j’appelle en plus le gouvernement allemand à suspendre toute collaboration militaire avec la Turquie ; au lieu de construire des panzers dans des usines en Turquie, tout commerce d’armes avec ce pays devrait cesser.
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Rappelons qu’en Turquie, il y a encore 11 députés du parti HDP et 80 bourgmestres du DBP sous les verrous. Deux jours après le référendum, l’état d’urgence a encore été prolongé pour la troisième fois pour une nouvelle période de trois mois.
166 journalistes sont actuellement emprisonnés.
Quand les journalistes turcs sont mis sous les verrous, ceux des autres pays sont expulsés. Le journaliste italien Gabriele Del Grande avait été arrêté dans la province de Hatay le 9 avril. Il a été libéré puis immédiatement expulsé ce lundi 24.
ET LE PDK ?
VERS L’ISOLEMENT LE PLUS COMPLET
Le parti démocratique du Kurdistan le PDK, est dans le collimateur des autorités allemandes. On lui reproche d’utiliser les armes fournies par l’Allemagne pour mener le combat contre Daesh à d’autres fins : la persécution des populations ézidies de Sengal.
Sigmar Gabriel, le ministre allemand des affaires étrangères, était en visite en Irak la semaine dernière. Il a rencontré le président du gouvernement régional kurde d’Irak, Massoud Barzani, ainsi que les autorités du gouvernement central irakien à Bagdad.
Gabriel a confirmé que son pays n’enverrait plus d’armes vers les zones de conflit en Irak.
Il faut dire qu’après l’attaque du PDK et de l’AKP sur la localité de Xanasor, près de Sengal, une délégation allemande s’était rendue sur place pour confirmer que c’est bien avec des armes livrées par leur pays que les ézidis et les combattants de la guérilla avaient été attaqués.
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Par ailleurs, quand l’OSCE — l’organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a fait connaitre son rapport sur le référendum truqué du 16 avril en Turquie, personne n’a cru ni en Turquie ni à l’étranger que le « oui » l’aurait emporté sans les fraudes massives observées.
Les seuls à féliciter le président Erdogan ont été l’Arabie saoudite, le Qatar, les bandes d’Ahrar al Sham, d’al nosra, d’al Qaeda, et … les Barzani.
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Suite à l’attaque aérienne menée à Sengal ce mardi, les partis HDP, DBP et le DTK, le congrès pour une société démocratique, ont solennellement invité le PDK à mettre un terme à ses « sales alliances » menées avec l’AKP et le MHP de Turquie et d’appeler le gouvernement du Kurdistan du sud à ne pas autoriser les soldats turcs à frapper leur pays. Et de conclure que les Kurdes du Bakur se tiendront aux côtés de Sengal comme ils se sont tenus aux côtés de Kobani. Sengal n’est pas seul, a encore affirmé Leyla Güven, la co-présidente du DTK.
Ces déclarations confirment l’isolement du KDP, décrié tant au Başur par les partis PUK et Goran qu’au Bakur et au Rojava. Comme le souligne un analyste, Xidir Aldar Sengali, le PDK agit comme l’ange gardien de l’AKP. Et de conclure qu’un parti kurde qui tombe si bas sera recalé tant par la Conscience que par l’Histoire kurdes.
DERIK
FUNÉRAILLES DES YPG
Hier, à Derik, 14 combattants YPG qui ont été lâchement tués lors de l’attaque de Karachok ont été enterrés au cimetière Derik Xabat, un cimetière des martyrs.
Lors de cette cérémonie, suivie par des milliers de personnes, le commandant YPG Hasan Qamishlo a rappelé que quelle que soit la façon dont ils sont attaqués, rien ne cassera jamais la résistance. « Demain, a‑t-il dit, nous reprendrons le combat de nos camarades tombés et nous porterons leur drapeau partout. »
TRIPLE ASSASSINAT DE PARIS
RÉOUVERTURE DE L’ENQUÊTE
Le 9 janvier 2013, trois femmes kurdes, trois militantes, étaient assassinées à Paris. Le meurtrier avait été arrêté. Il s’agissait d’un homme dénommé Omer Guney. L’enquête avait permis d’établir qu’il avait des liens avec les services secrets de Turquie.Suite à la mort de Guney un mois avant l’ouverture du procès, le dossier avait été refermé par les autorités judiciaires françaises.
Hier, on apprenait que l’enquête sera finalement ré-ouverte, sous l’autorité de la SDAT, la sous-direction anti-terroriste de la police judiciaire. C’est une excellente nouvelle pour les familles des victimes.