Chroniques de la révo­lu­tion kurde”, est le jour­nal télévisé présen­té par Ron­ahi TV chaque dimanche. C’est un retour en textes et vidéos, sur la semaine écoulée. Voici celle du 23 au 29 avril 2017.


Il s’agit donc d’une émis­sion d’informations régulière, en langue française, que vous retrou­verez ici, chaque semaine, en parte­nar­i­at avec Kedistan.

 

 


Gros Titres :

  • FORCES ARMÉES TURQUES — FRAPPES AÉRIENNES AU ROJAVA ET À SENGAL
  • FRAPPES AÉRIENNES TURQUES - LES RÉACTIONS
  • FRAPPES AÉRIENNES TURQUES - MANIFESTATIONS
  • OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE » — TABQA À MOITIÉ LIBÉRÉE
  • ROJAVA - VAGUE D’ATTAQUES SUR TOUTE LA FRONTIÈRE
  • SYRIE DU NORD-ROJAVA - CRISE HUMANITAIRE
  • BAKUR-KURDISTAN DU NORD - SOUS LA BOTTE DE L’ÉTAT-VOYOU
  • BAKUR-KURDISTAN DU NORD - NOUVELLES OPÉRATIONS MILITAIRES DES FORCES ARMÉES TURQUES
  • RELATIONS EUROPE — TURQUIE - LA TURQUIE REMISE SOUS MONITORING
  • ET LE PDK ? — VERS L’ISOLEMENT LE PLUS COMPLET
  • DERIK - FUNÉRAILLES DES YPG
  • TRIPLE ASSASSINAT DE PARIS — RÉOUVERTURE DE L’ENQUÊTE

FORCES ARMÉES TURQUES
FRAPPES AÉRIENNES AU ROJAVA ET À SENGAL

A deux heures du matin, ce mar­di, deux vagues de bom­bardiers turcs ont frap­pé un quarti­er général des YPG à Kara­chok près de la ville de Derik dans le Roja­va et deux sta­tions radio, dont l’une se trou­ve à Sengal.

Près de la ville de Derik se trou­ve la colline de Kara­chok, une colline qui abri­tait un quarti­er général des unités YPG ain­si qu’une sta­tion de radio, « la Voix du Rojava ».

Les bom­bardiers turcs ont détru­it toutes les instal­la­tions au milieu de la nuit et ont fait de nom­breuses vic­times : il y a eu 20 com­bat­tants YPG tués et 18 autres blessés.

Les bom­bardiers turcs sont aus­si allés détru­ire au même moment une sta­tion radio située en Irak, à Sen­gal. Lors de cette attaque turque menée dans cette ville qui a con­nu le géno­cide per­pétré par le Daesh en aout 2014, les bombes ont détru­it la sta­tion radio ÇIRA Fm. Il y a eu là un mort. Les jardins dédiés au leader kurde empris­on­né Abdul­lah Öcalan ont aus­si été détruits.

Par­mi les vic­times de cette attaque lâche, il y a le com­man­dant Mihemed Xalil, qui com­bat­tait à Raqqa con­tre le Daesh. Il y a aus­si 12 com­bat­tantes des unités de femmes, les YPJ.

Du côté de Sen­gal, le com­man­dant des unités YBS Mazlum Sen­gali a noté que lors de la frappe aéri­enne à Sen­gal, 1 civ­il, 1 com­bat­tant YBş et 5 pesh­mer­ga ont été tués. Qui plus est, des lieux de rési­dence de civils ont aus­si été touchés par les bombes.

FRAPPES AÉRIENNES TURQUES
LES RÉACTIONS

Cette attaque aéri­enne qui a fauché la vie de tant de com­bat­tants de la lib­erté a sus­cité de nom­breuses réac­tions au Roja­va, mais aus­si en Irak. Aux Etats-Unis, le porte-parole du départe­ment d’Etat a aus­si déploré cette attaque de la Turquie.

Depuis Wash­ing­ton, Mark Ton­er, le porte-parole du départe­ment d’Etat, a déploré les attaques aéri­ennes de la Turquie. Ces frappes aéri­ennes, a‑t-il affir­mé, n’ont pas été approu­vées par la coali­tion, et elles ont mené à la perte regret­table de com­bat­tants par­mi nos parte­naires dans le com­bat con­tre le Daesh. Les Etats-Unis ont donc fait immé­di­ate­ment part de leur préoc­cu­pa­tion auprès du gou­verne­ment turc.

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Pour Sal­ih Mus­lim, le co-prési­dent du PYD, un peu­ple qui com­bat le ter­ror­isme a été frap­pé dans le dos. Per­son­ne, a‑t-il dit, ne peut accepter de telles attaques.

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Le Con­seil Démoc­ra­tique de Syrie, le MSD, a remis un com­mu­niqué qui accuse l’Etat turc de vouloir paral­yser les opéra­tions menées par les FDS à Raqqa et de don­ner ain­si du répit au Daesh.

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Aldar Xelil, du TEV­dem, partage la même analyse : l’Etat turc tente de bris­er la volon­té du peu­ple kurde et d’étouffer le sys­tème démocratique.
Main­tenant que l’Etat turc voit que le Daesh est piégé à Raqqa et qu’il est anéan­ti à Mossoul, il relance les attaques pour le sauver.

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Au Kur­dis­tan du sud, la con­damna­tion de ces frappes a été presque unanime : le par­ti de l’union patri­o­tique du Kur­dis­tan –le PUK, a dénon­cé, par la voix du député Salar Mah­mut, le coup de couteau porté dans le dos de ceux qui com­bat­tent le ter­ror­isme. Mah­mut voit dans cette attaque une nou­velle blessure infligée à Sen­gal, alors même que les anci­ennes blessures ne sont pas encore guéries.

Qui plus est, a‑t-il ajouté, cette attaque de la Turquie sur le sol irakien est une atteinte à la sou­veraineté de l’Irak.

Même son de cloche du côté du mou­ve­ment Goran, où les députés Serko Heme Emin et Mûnire Osman ont dénon­cé ces vio­la­tions des fron­tières et de la sou­veraineté de l’Irak.

Lors de la séance de ce jeu­di, les députés irakiens ont d’ailleurs con­damné l’attaque, une con­damna­tion à laque­lle se sont joints les députés chi­ites et sun­nites irakiens. L’Irak va donc porter cette agres­sion devant les nations unies.

Si les con­damna­tions sont presque unanimes, on con­stat­era cepen­dant qu’un par­ti kurde d’Irak n’a pas con­damné ces frappes aéri­ennes : c’est le par­ti démoc­ra­tique du Kur­dis­tan, le PDK du clan Barzani. Le porte-parole PDK du min­istère des pesh­mer­ga, Hel­gurt Hik­met, a même invité le PKK à revoir sa posi­tion. Au lieu de con­damn­er l’attaque, le PDK a men­acé le PKK en l’enjoignant à quit­ter le ter­ri­toire du Kur­dis­tan du sud.

Et puis, il y a aus­si eu l’intervention de Beshar Kiki, le prési­dent de l’assemblée de Ninive, qui a déclaré que le PKK voulait que les choses en arrivent là. Pour Kiki, le PKK ne souhaite pas que les com­bats dans la région se terminent.

FRAPPES AÉRIENNES TURQUES
MANIFESTATIONS

Immé­di­ate­ment après les frappes aéri­ennes turques, la pop­u­la­tion a pris le chemin de Kara­chok, dans les cam­pagnes près de Derik, pour dénon­cer les attaques inces­santes d’Erdogan.

Ils étaient des mil­liers à se ren­dre à Kara­chok, aux cris d’ « Erdo­gan, assas­sin », avec des dra­peaux des unités YPG, YPJ et des por­traits du leader kurde Abdul­lah Ocalan.

Lors de la vis­ite des respon­s­ables de la coali­tion inter­na­tionale, une maman a inter­pelé un respon­s­able améri­cain en lui dis­ant que leurs enfants com­bat­taient avec eux, à Raqqa, mais qu’Erdogan les poignar­dait dans le dos ici. Ne restez pas silen­cieux, leur a‑t-elle demandé.

En Europe, le KCDK‑E, le con­grès des sociétés démoc­ra­tiques kur­des d’Europe, a invité les kur­des à s’unir pour dénon­cer les attaques de l’alliance fas­ciste Erdogan-Bahçeli.

Dif­férentes man­i­fes­ta­tions ont aus­si été organ­isées dès le soir de l’attaque en Alle­magne, en Suède et en Suisse.

OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE »
TABQA À MOITIÉ LIBÉRÉE

Les com­bats ont encore été par­ti­c­ulière­ment vio­lents cette semaine autour de la ville de Tabqa. Prof­i­tant des tem­pêtes de sable, Daesh a ten­té une offen­sive lun­di dernier pour désen­claver la ville, mais les FDS les ont repoussés. Plusieurs dizaines de mem­bres du Daesh ont été tués.

Dimanche dernier, tôt le matin, 22 mem­bres du Daesh étaient tués lors de plusieurs frappes aéri­ennes des forces de la coali­tion. Deux snipers du daesh étaient aus­si abat­tus par les FDS.

Plus tard dans la mat­inée, en ten­tant de prof­iter d’une vis­i­bil­ité réduite à moins de 5 mètres avec les tem­pêtes de sable, Daesh a encore ten­té de forcer le pas­sage depuis le sud de Tabqa et depuis l’est de la ville. 52 autres mem­bres de l’organisation ont encore été tués dans ces com­bats rapprochés.

Le lende­main, lun­di, les FDS pre­naient le con­trôle du car­refour Alaf et de l’île de Mah­miya, située sur le cours de l’Euphrate.

Dès le début de l’après-midi, les FDS pre­naient posi­tion dans le quarti­er de Waheb. Ce quarti­er a finale­ment été libéré dans la nuit de mer­cre­di, lais­sant là encore une ving­taine de mem­bres du Daesh morts. 10 autres mem­bres ont été fait prisonniers.

Jeu­di, le Daesh a lancé un véhicule piégé sur des civils de la ville ; il y a eu plusieurs vic­times mais on en ignore le nombre.

Enfin, ven­dre­di, 23 autres mem­bres du Daesh étaient tués lors de la libéra­tion de trois nou­veaux quartiers de la ville, les quartiers de Neba­bile, de Zahra et d’Al-Waheb.

*

A une quar­an­taine de kilo­mètres de Tabqa, les com­bats se sont aus­si pour­suiv­is dans les vil­lages et dans les cam­pagnes au nord de la ville de Raqqa.

Une attaque menée par le Daesh dans les vil­lages tout juste libérés de Bir Cer­bo, de Cer­wa, d’Um Tenek et de Roy­an a été repoussée par les FDS lun­di matin. Soutenus là encore par les forces de la coali­tion, les com­bat­tants de la lib­erté ont repoussé les agresseurs. Après les com­bats, on a comp­té 70 mem­bres du Daesh tués.

Afin de pro­téger les civils, les FDS ouvrent des cor­ri­dors pour per­me­t­tre leur fuite vers des zones sécurisées. Ils sont aujourd’hui des dizaines de mil­liers à atten­dre que les com­bats se ter­mi­nent pour pou­voir ren­tr­er chez eux.

ROJAVA
VAGUE D’ATTAQUES SUR TOUTE LA FRONTIÈRE

Les bom­barde­ments de l’armée turque sur le sol irakien et syrien ont été immé­di­ate­ment suiv­is d’une vague inten­sive d’attaques sur tout le Roja­va et dans la région de She­h­ba. Depuis le can­ton d’Afrin jusqu’à Dirbisiyé, 400 kilo­mètres plus loin le long de la fron­tière, les chars et l’artillerie turque ont pilon­né les villes et vil­lages kurdes.

Quelques heures après les frappes aéri­ennes, l’armée d’occupation turque et les ban­des armées qui sont à sa traine ont attaqué à l’artillerie les villes et vil­lages de la région de She­h­ba, notam­ment les villes de Til Rifaat et de Sheikh Isa.

Dans la région de She­h­ba, ce sont les forces révo­lu­tion­naires du Jaysh al Thuwar qui ont riposté à l’agression. Il y a eu mer­cre­di 4 tués et 11 blessés par­mi les agresseurs.

Et mer­cre­di, c’est tout le long des 500 km de fron­tière qui sépar­ent la Syrie de la Turquie que les forces armées turques ont lancé leurs obus.

Dans le dis­trict de Raco du can­ton d’Afrin, l’attaque a com­mencé dès les pre­mières heures du matin, ce mer­cre­di. Plus tard dans la journée, c’était les vil­lages à hau­teur de Dirbisiyé qui étaient pris pour cible par les forces armées turques. Les unités YPG ont vive­ment réa­gi à cette agres­sion. Dans les com­bats qui ont suivi l’agression, des tanks et des véhicules blind­és turcs ont été démo­lis. Il y a eu plusieurs morts du côté des forces armées turques. Selon les chiffres, il y en a eu 17 rien qu’à hau­teur du can­ton d’Afrin.

Ven­dre­di, les artilleurs de l’armée turque par­ve­naient cepen­dant à détru­ire une troisième sta­tion de radio, celle d’Afrin FM, située dans le dis­trict de Siyé.

Jeu­di, les forces armées turques ont attaqué, à l’artillerie tou­jours, les vil­lages proches de la ville de Gire Sipi et de Sérikanié.

Là aus­si les unités YPG ont vive­ment réa­gi, détru­isant encore des véhicules blind­és et des chars turcs.

La réac­tion des habi­tants est vive : A Dirbisiyé et à Derik, les habi­tants pren­nent les armes. Ces habi­tants expliquent qu’ils sont prêts à s’opposer à toute attaque de la Turquie.

Comme l’explique Bahaddin Muhamed, «  armés de notre volon­té, nous com­bat­trons le jour et la nuit pour pro­téger nos villes et nos vil­lages des bom­barde­ments bar­bares de l’Etat turc. »

SYRIE DU NORD-ROJAVA
CRISE HUMANITAIRE

Les vagues de réfugiés qui vien­nent chercher un asile dans les villes de la fédéra­tion de la Syrie du nord atteignent des pro­por­tions telles que la crise human­i­taire com­mence à pren­dre une tour­nure dra­ma­tique. Aucune aide ne parvient jusqu’à eux. Et il y a déjà eu des vic­times de cette misère.

Le con­seil civ­il de Raqqa a dif­fusé un com­mu­niqué où il exprime sa préoc­cu­pa­tion devant les vagues mas­sives de réfugiés. Dans les cam­pagnes au nord de Raqqa, le chiffre record de 100.000 réfugiés a été dépassé. Mais on manque de tout, on manque de nour­ri­t­ure, d’eau, de cou­ver­tures et de tentes.

23 de ces mal­heureux ont déjà suc­com­bé aux mal­adies, à la faim et au manque de struc­tures pour les accueil­lir. Le con­seil civ­il de Raqqa n’a que de mai­gres ressources, et il appelle donc les organ­i­sa­tions inter­na­tionales à venir immé­di­ate­ment en aide à tous ces civils en fuite.

Mais même dans ces con­di­tions extrêmes, les réfugiés savent qu’ils seront accueil­lis au mieux des pos­si­bil­ités dans les zones défendues par les FDS.

Cette vieille dame turk­mène est orig­i­naire de Til Afar. Ses trois fils ainés ont été pris par la Turquie mais les per­son­nes âgées ont été aban­don­nées au Daesh. Après avoir fui le Daesh, elle a trou­vé un refuge par­mi les Kur­des. « Nous avons vécu 15 ans à Mossoul avec les Kur­des, explique-t-elle, les Turk­mènes et les Kur­des ne sont pas différents. »

Cet autre Turk­mène, Nasir a vécu sous l’occupation de Daesh pen­dant 2 ans. Quand il a enten­du l’appel des FDS et des YPG, il a fui pour les rejoin­dre. « Ils nous ont accueil­lis de la meilleure des façons, dit-il, et ils parta­gent avec nous leur pain et leur eau. »

KURDISTAN DU NORD- BAKUR
SOUS LA BOTTE DE L’ÉTAT-VOYOU

Les pop­u­la­tions kur­des du Bakur, situé en Turquie, con­tin­u­ent de subir les attaques quo­ti­di­ennes menées con­tre leurs quartiers, con­tre leurs sites his­toriques et même con­tre leurs morts. Rap­pel des faits de cette semaine.

Hasankeyf, un site où les pre­mières traces d’activité humaine remon­tent à il y a 12.000 ans. Un site his­torique situé dans la val­lée du Tigre. Avant d’inonder le site pour con­stru­ire un bar­rage, les autorités turques vont déplac­er 8 mon­u­ments his­toriques, dont la fameuse tombe de Zeynel Bey. Sans par­ler des risques matériels que courent ces mon­u­ments à être ain­si déplacés, ils per­dront toute leur charge cul­turelle une fois qu’ils seront décon­nec­tés de l’environnement qui les a vus naitre.

Ce qui ne pour­ra être déplacé, comme le fameux pont aux piliers, sera recou­vert de pier­res et détru­it à jamais.

*

A Amed, dans le quarti­er de Sur, les destruc­tions vont repren­dre. Pour­tant pro­tégés par l’Unesco, qui les a inscrits sur sa liste du pat­ri­moine mon­di­al de l’humanité, les quartiers d’Alipasha et de Lale­bey seront livrés aux bull­doz­ers à par­tir de ce 2 mai.

Les habi­tants ont été prévenus qu’ils devaient quit­ter leurs foy­ers avant le pre­mier mai. En atten­dant, pour les forces à fuir, l’eau et l’électricité ont déjà été coupées ce samedi.
Le quarti­er his­torique de Sur, dans la ville d’Amed, a accueil­li ses pre­miers habi­tants il y a 7.000 ans. 6 quartiers ont déjà été rasés.
Sur les 52.000 habi­tants qui vivaient à Sur avant l’été 2016, 23.000 ont per­du leurs foyers.

On notera que pen­dant que l’Etat turc détru­it les quartiers his­toriques de Sur, il rel­oge des réfugiés syriens là où les pre­miers occu­pants ont été chas­sés. Tous ces réfugiés syriens ont été enrôlés immé­di­ate­ment sur les listes élec­torales afin de pou­voir vot­er en masse « oui » lors du référen­dum de ce 16 avril.

Et puis, à Gev­er, les unités des opéra­tions spé­ciales de la police turque ont encore pro­fané un cimetière, celui d’Orman. Après avoir démoli plusieurs tombes, les policiers ont tagué le mot « car­cass­es » sur les pier­res tombales.

Ce cimetière avait déjà été pris d’assaut par les forces turques lors du cou­vre-feu de l’année dernière, mais les habi­tants l’avaient recon­stru­it entretemps.

Cette vio­lence inouïe menée par un Etat con­tre sa pro­pre pop­u­la­tion a un vis­age : celui de la petite New­al, qui vient de vivre son pre­mier anniversaire.

Cette petite fille est née par césari­enne juste après que les sol­dats turcs aient assas­s­iné lors d’un raid à domi­cile sa maman, Remziye Bor, alors enceinte de 7 mois et demi. Le papa de l’enfant a ensuite été jeté en prison, où il est tou­jours aujourd’hui.

La grand-mère de l’enfant Kiymet, explique que son fils voulait voir sa petite fille. Elle l’a alors emmenée jusqu’à la prison pour qu’elle voie son père. Tout ce que cette mamy souhaite aujourd’hui, c’est que l’on fasse enfin jus­tice à son fils et que la petite New­al puisse vivre aux côtés de son père.

BAKUR- KURDISTAN DU NORD
NOUVELLES OPÉRATIONS MILITAIRES DES FORCES ARMÉES TURQUES

Dans les régions de Der­sim et d’Hakkari, les forces armées turques con­tin­u­ent de men­er des opéra­tions mil­i­taires. De nom­breux vil­lages sont con­cernés par cette vague d’agressions.

Dans la val­lée de Der­sim, les héli­cop­tères turcs ont bom­bardé à une quin­zaine de repris­es les vil­lages de Seter et de Vankuf la nuit de lun­di à mardi.
A Hakkari, 25 nou­velles zones ont été déclarées « zones spé­ciales de sécu­rité », ce qui sig­ni­fie que les habi­tants n’ont plus le droit de s’y rendre.

Mar­di, 9 vil­lages du dis­trict de Gev­er subis­saient encore les attaques de l’armée turque.

Alors, les unités de la guéril­la du PKK lan­cent des actions défensives.

Ce 25 avril, les HPG ont mené des frappes sur les ban­des de sol­dats turcs à cheikh Cuma, près de Bitlis. 10 sol­dats turcs y ont per­du la vie.

Le 26, à Hizan, des sol­dats coupaient les arbres sur la colline de Mile Evdi. Les gardes de vil­lages avaient été préal­able­ment aver­tis : il ne faut pas détru­ire la nature. La guéril­la a donc attaqué les sol­dats qui redescendaient de la colline : il y a eu deux morts.

D’autres actions de la guéril­la ont eu lieu à Kars, à Amed ou à Bitlis. 5 sol­dats turcs ont été tués à Bitlis le 20 avril, six sol­dats à Amed le 22 avril et 2 sol­dats turcs ont été tués à Kars le 25 avril.

RELATIONS EUROPE – TURQUIE
LA TURQUIE REMISE SOUS MONITORING

L’assemblée par­lemen­taire du con­seil de l’Europe a décidé, ce mar­di, de remet­tre la Turquie sous mon­i­tor­ing. Cette procé­dure de sur­veil­lance avait été aban­don­née en 2004.

C’est à 113 voix pour et 45 voix con­tre que l’assemblée par­lemen­taire du con­seil de l’Europe a donc décidé de remet­tre la Turquie sous monitoring.
Le député alle­mand Andrej Hunko, du par­ti « Die linke », a com­men­té cette décision.

C’eut été un scan­dale de ne pas réin­staller le proces­sus de mon­i­tor­ing pour la Turquie, explique-t-il. Ankara n’a pas mené les néces­saires amélio­ra­tions dans le domaine des droits de l’homme.

Andrej Hunko a fait par­tie de l’équipe d’observateurs inter­na­tionaux présents lors du référen­dum du 16 avril. Alors qu’il se rendait dans les dis­tricts de Sur à Amed ain­si qu’à Mardin, il a été stop­pé par les unités des opéra­tions spéciales.

J’espère, dit-il encore, que cette déci­sion sera un sig­nal. Et j’appelle en plus le gou­verne­ment alle­mand à sus­pendre toute col­lab­o­ra­tion mil­i­taire avec la Turquie ; au lieu de con­stru­ire des panz­ers dans des usines en Turquie, tout com­merce d’armes avec ce pays devrait cesser.

*

Rap­pelons qu’en Turquie, il y a encore 11 députés du par­ti HDP et 80 bourgmestres du DBP sous les ver­rous. Deux jours après le référen­dum, l’état d’urgence a encore été pro­longé pour la troisième fois pour une nou­velle péri­ode de trois mois.

166 jour­nal­istes sont actuelle­ment emprisonnés.

Quand les jour­nal­istes turcs sont mis sous les ver­rous, ceux des autres pays sont expul­sés. Le jour­nal­iste ital­ien Gabriele Del Grande avait été arrêté dans la province de Hatay le 9 avril. Il a été libéré puis immé­di­ate­ment expul­sé ce lun­di 24.

ET LE PDK ?
VERS L’ISOLEMENT LE PLUS COMPLET

Le par­ti démoc­ra­tique du Kur­dis­tan le PDK, est dans le col­li­ma­teur des autorités alle­man­des. On lui reproche d’utiliser les armes fournies par l’Allemagne pour men­er le com­bat con­tre Daesh à d’autres fins : la per­sé­cu­tion des pop­u­la­tions ézi­dies de Sengal.

Sig­mar Gabriel, le min­istre alle­mand des affaires étrangères, était en vis­ite en Irak la semaine dernière. Il a ren­con­tré le prési­dent du gou­verne­ment région­al kurde d’Irak, Mas­soud Barzani, ain­si que les autorités du gou­verne­ment cen­tral irakien à Bagdad.

Gabriel a con­fir­mé que son pays n’enverrait plus d’armes vers les zones de con­flit en Irak.

Il faut dire qu’après l’attaque du PDK et de l’AKP sur la local­ité de Xana­sor, près de Sen­gal, une délé­ga­tion alle­mande s’était ren­due sur place pour con­firmer que c’est bien avec des armes livrées par leur pays que les ézidis et les com­bat­tants de la guéril­la avaient été attaqués.

*

Par ailleurs, quand l’OSCE — l’organisation pour la sécu­rité et la coopéra­tion en Europe a fait con­naitre son rap­port sur le référen­dum truqué du 16 avril en Turquie, per­son­ne n’a cru ni en Turquie ni à l’étranger que le « oui » l’aurait emporté sans les fraudes mas­sives observées.

Les seuls à féliciter le prési­dent Erdo­gan ont été l’Arabie saou­dite, le Qatar, les ban­des d’Ahrar al Sham, d’al nos­ra, d’al Qae­da, et … les Barzani.

*

Suite à l’attaque aéri­enne menée à Sen­gal ce mar­di, les par­tis HDP, DBP et le DTK, le con­grès pour une société démoc­ra­tique, ont solen­nelle­ment invité le PDK à met­tre un terme à ses « sales alliances » menées avec l’AKP et le MHP de Turquie et d’appeler le gou­verne­ment du Kur­dis­tan du sud à ne pas autoris­er les sol­dats turcs à frap­per leur pays. Et de con­clure que les Kur­des du Bakur se tien­dront aux côtés de Sen­gal comme ils se sont tenus aux côtés de Kobani. Sen­gal n’est pas seul, a encore affir­mé Ley­la Güven, la co-prési­dente du DTK.

Ces déc­la­ra­tions con­fir­ment l’isolement du KDP, décrié tant au Başur par les par­tis PUK et Goran qu’au Bakur et au Roja­va. Comme le souligne un ana­lyste, Xidir Aldar Sen­gali, le PDK agit comme l’ange gar­di­en de l’AKP. Et de con­clure qu’un par­ti kurde qui tombe si bas sera recalé tant par la Con­science que par l’Histoire kurdes.

DERIK
FUNÉRAILLES DES YPG

Hier, à Derik, 14 com­bat­tants YPG qui ont été lâche­ment tués lors de l’attaque de Kara­chok ont été enter­rés au cimetière Derik Xabat, un cimetière des martyrs.

Lors de cette céré­monie, suiv­ie par des mil­liers de per­son­nes, le com­man­dant YPG Hasan Qamish­lo a rap­pelé que quelle que soit la façon dont ils sont attaqués, rien ne cassera jamais la résis­tance. « Demain, a‑t-il dit, nous repren­drons le com­bat de nos cama­rades tombés et nous porterons leur dra­peau partout. »

TRIPLE ASSASSINAT DE PARIS
RÉOUVERTURE DE L’ENQUÊTE

Le 9 jan­vi­er 2013, trois femmes kur­des, trois mil­i­tantes, étaient assas­s­inées à Paris. Le meur­tri­er avait été arrêté. Il s’agissait d’un homme dénom­mé Omer Guney. L’enquête avait per­mis d’établir qu’il avait des liens avec les ser­vices secrets de Turquie.Suite à la mort de Guney un mois avant l’ouverture du procès, le dossier avait été refer­mé par les autorités judi­ci­aires françaises.

Hier, on appre­nait que l’enquête sera finale­ment ré-ouverte, sous l’autorité de la SDAT, la sous-direc­tion anti-ter­ror­iste de la police judi­ci­aire. C’est une excel­lente nou­velle pour les familles des victimes.

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