13 accusés, dont les journalistes Ahmet Şık, Nedim Şener, Soner Yalçın et Yalçın Küçük, ainsi que l’ex directeur de sécurité Hanefi Avcı sont passés ce matin de 12 avril, devant le juge au tribunal d’Istanbul, pour une bien vieille “affaire” déjà, celle d’OdaTV. Le Tribunal a prononcé au final l’acquittement de tous les accusés.
Lors de la dernière audience du 15 février, tous les inculpés avaient présenté leur défense, mais du fait que deux juges soient attribués au tribunal pour ce dossier, le procès avait été reporté.
Ahmet Şık, une plaidoirie sans concessions et Ahmet Şık, jour d’audience pour l’affaire Oda TV
Ahmet Şık, comparaissait “en principe” pour ce procès “librement”, mais comme il reste en détention depuis 105 jours, pour un autre procès, (celui ouvert à l’encontre des journalistes du quotidien Cumhuriyet), a été amené au Palais de Justice par les policiers.
Un groupe de journalistes, rassemblé devant le tribunal, a déroulé une pancarte avec l’inscription “Liberté pour les journalistes” et ils ont fait une conférence de presse. Ertuğrul Mavioğlu a lu le communiqué :
Ce procès, arrivé au point où il se trouve aujourd’hui, démontre que nous ne nous sommes pas trompés.
Le “procès Oda TV” qui se poursuit depuis plus de six ans, se terminera par acquittements. Par conséquent, il sera prouvé qu’un livre n’est pas un acte terroriste comme le sont des bombes. Ceci sera approuvé par décision de tribunal. Mais, Ahmet Şık accusé dans le “procès Oda TV” est toujours en détention pour le “procès Cumhuriyet”. Quand on étudie le réquisitoire du “procès Cumhuriyet”, on observe que les preuves utilisés pour les chefs d’accusation sont les articles d’Ahmet Şık.
Les procureurs d’hier, s’efforçaient de lier le dossier Oda TV avec Ergenekon, ceux d’aujourd’hui font des efforts pour trouver des liens entre les journalistes et les organisations FETÖ, PKK, DHKP‑C. Il ne faut pas oublier que les notions “de démocratie et de Droit” dans un pays dont près de 150 journalistes sont en prison, sont discutables.
Nous demandons aujourd’hui, comme nous demandions hier, la justice. Nous voulons aujourd’hui, comme nous le voulions hier, que la presse et le droit d’expression soient libres. Nous demandons aujourd’hui, comme hier, la libération des journalistes.
Lors du procès, il a été demandé aux accusés, leur dernières paroles. Ahmet Şık a répondu :
Si je répondais tel que je pense, il serait probablement ouvert un nouveau procès. Je parle de ceux qui établiront un nouveau réquisitoire à mon encontre, de ceux qui sont les “gâchettes” du pouvoir.
Ce Palais de Justice, est devenu le tombeau de la Justice. Et les fossoyeurs de ce tombeau sont les procureurs et les juges en personne. Dans l’entrée du Palais de Justice, les sculptures de Thémis se trouvent, et portent dans la main des balances, symbole de Justice. Dans un pan de vêtement, se trouvent des notions comme honneur, dignité, dans l’autre déshonneur et mensonges… Pour ces procureurs et juges, le mal dans un des pans pèse plus lourd que l’autre.
Ahmet Şık, rappelons-le, n’en est pas libéré pour autant, comme tant d’autres accusés, dans tant “d’affaires” montées par le régime, il reste incarcéré.
Vidéo
Le journaliste turc Ahmet Şık, dans la salle d’audience, s’adresse au public après le procès qui l’a vu être acquitté et… avant de repartir en prison ou il est détenu pour d’autres affaires : “Nous construirons une vie qui permettra de réaliser les rêves de nos enfants. Ce pouvoir mafieux, ce mal, en état organisé, retrouvera la fin qu’il mérite et vivra, ce qui est inéluctable. Le führer alla turca va le vivre également, tout son parti aussi. Ils vont tous finir dans la même poubelle. L’AKP finira dans la même poubelle politique que les gülenistes. Merci à vous tous”
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Image à la une : Le 9 avril, à Istanbul, les collègues, amiEs d’Ahmet Şık, ses soutiens, accompagnés des personnalités politiques et syndicales, avaient fait “100 pas pour les 100 jours” que Ahmet a passé en détention.