L’é­tat de san­té des otages poli­tiques en grève de faim dans les pris­ons turques entre en phase critique.

Dans 9 pris­ons, les grève de faim “illim­itée” de 87 pris­on­niers, et dans les autres “en alter­nance” se pour­suiv­ent depuis plusieurs jours. A la prison de Şakran, la grève dure depuis 50 jours, à Sin­can 41, à Men­e­men 29, à Tekir­dağ 28, à Van 27, à Bolu 9 et à Hatay depuis 4  jours… Et les détenus de Balıke­sir et Antalya ont rejoint ces grèves de la faim, depuis hier.

A Şakran, les détenus qui ont été les pre­miers débuter la mobil­i­sa­tion, au bout de 50 jours de grève de la faim, sont très affaib­lis et leur état de san­té s’aggrave.

De nom­breuses ini­tia­tives et démarch­es ont été entre­pris­es afin de faire enten­dre les reven­di­ca­tions des grévistes et finir les grèves de la faim avant il n’y ait des morts, aucun résul­tat n’a été obtenu à ce jour.

Par ailleurs, le HDP avait sol­lic­ité le Min­istère de jus­tice pour un entre­tien, par l’in­ter­mé­di­aire des députéEs du HDP, Sır­rı Süreyya Önder et Per­vin Bul­dan, qui avaient sol­lic­ité directe­ment le Min­istre de jus­tice Boz­dağ. Mais l’en­tre­tien a été “reporté”.

Çağ­daş Kaplan de Gazete Karın­ca lors d’un entre­tien avec Haz­al Yaşar, mère d’Özkan Yaşar, détenu à la prison de Şakran et donc en grève de la faim depuis 50 jours, a témoigné de l’é­tat de san­té des grévistes.

Özkan, lors de la dernière vis­ite le 3 avril, a dit à son père “C’est peut être la dernière fois qu’on se voit”. Il mar­chait dif­fi­cile­ment en venant à la salle de vis­ite. Leur état de san­té est très critique.

Depuis que mon fils a entamé la grève de la faim, dans notre mai­son, il n’y a plus de casse­role sur la cuisinière. Je suis malade et je dois pren­dre des médica­ments, mais depuis qu’il est en grève, j’ai arrêté de les pren­dre. Mon fils est là-bas, dans l’é­tat où il est, que ferais-je dans ce bas monde ? Si ces enfants meurent là-bas, que fer­ons nous sur cette Terre !

Nous sommes des mères, nous ne voulons pas que nos enfants meurent. Que deman­dent-ils nos enfants ? Ils ont déjà fait des requêtes, mais ils les ont refusées en dis­ant “vous êtes des terroristes”.

Soyez sen­si­bles à ce qui se passe. Nous sommes des mamans. Enten­dez nos voix.

Haz­al déclarait déjà le 28 mars, au jour­nal Şujîn, après avoir vis­ité son fils, au 42ème jour de sa grève,

HazalIl avait tant maigri que je n’ai pas pu recon­naitre mon fils. Je l’ai recon­nu à ses dents quand il nous a par­lé, et essayé de rire avec nous. Je ne l’ai recon­nu qu’avec ses dents… Il a com­plète­ment fon­du. Deux de ses amis l’ont aidé à marcher jusqu’à la cab­ine de vis­ite. Il n’ar­rivait même pas à marcher. Quand je l’ai vu, je me suis effon­drée. Il est dans un état terrible.

Les con­di­tions d’in­car­céra­tion qu’ils dénon­cent durent depuis trop longtemps. Ils n’en pou­vaient plus. Quand nous leur ren­dons vis­ite, nous subis­sons égale­ment des pra­tiques de tor­tion­naires. Ils font tout leur pos­si­ble pour que nous ces­sions de leur ren­dre vis­ite. Ils veu­lent que nos enfants restent seuls, abandonnés.

Il faudrait que tout le monde fasse du bruit. Que per­son­ne n’en­voie son enfant au ser­vice mil­i­taire. Nos enfants ont fait leur ser­vice mil­i­taire et main­tenant leurs frères et sœurs sont face à face avec la mort, dans des pris­ons. Je ne demande rien à per­son­ne, même pas un bout de pain, s’il vous plait, faites tout sim­ple­ment du bruit. La douleur de son enfant est la pire des choses. Nos enfants fondent, dis­parais­sent là-bas et nous ne pou­vons rien faire. Ils subis­sent des injures, des tor­tures, c’est pour arrêter cela qu’ils sont en grève de la faim. Aidez-nous, nos enfants sont en train de mourir. Au nom de l’hu­man­ité, brisez le silence !

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Inutile de préciser que partager, alerter, est indispensable…

Mise à jour du 19 avril :

Une info impor­tante, dont on ne peut mal­heureuse­ment se réjouir qu’à moitié (leurs jours ne sont plus en dan­ger, mais leurs voix n’ont pas été enten­dues). Les pris­on­niers poli­tiques ont mis fin aux grèves de la faim suite à l’ap­pel du KCK.

À la suite de cet appel, les pris­on­niers poli­tiques du PKK et du PAJK ont mis fin aux grèves de la faim, dev­enues inaudi­bles alors qu’un mou­ve­ment de protes­ta­tion con­tre le référen­dum se fait enten­dre. On peut toute­fois con­stater que pour l’heure, ce mou­ve­ment de protes­ta­tion n’en­globe pas toutes les raisons de s’op­pos­er au régime, et l’une des plus impor­tantes, le géno­cide poli­tique de l’op­po­si­tion démoc­ra­tique et les otages en prison.


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