Une autre mon­tagne, en turc Baş­ka bir dağ est un film doc­u­men­taire que vous pour­rez voir très bien­tôt. Réal­isé récem­ment par Anouck Mangeat et Noé­mi Aubry, il nous entraîne à la ren­con­tre de trois femmes en Turquie…

montagne

Cliquez pour agrandir

Voici quelques impres­sions d’une lec­ture très per­son­nelle, en tant que femme, quin­quagé­naire, et de Turquie…

Ce doc­u­men­taire est un hom­mage aux femmes qui pren­nent leur véri­ta­ble place sur le devant des luttes, au delà même de leur pro­pre éman­ci­pa­tion, jouant ain­si un rôle précurseur. Un hom­mage à celles qui sont de tous les fronts. Peu importe si ces fronts se trou­vent dans l’or­di­naire du quo­ti­di­en, famil­ial ou pro­fes­sion­nel. Elles peu­vent être devant des bar­rières à Gezi, ou devant les bar­rières abstraites des dom­i­nants, qu’ils soient poli­tiques ou patri­ar­caux, telle­ment présentes et pesantes, qu’elles en devi­en­nent qua­si pal­pa­bles. Ces fronts de lutte, peu­vent être ceux de la mai­son, au vil­lage, en métro­pole ou à la mon­tagne. Il y aura tou­jours ces femmes, y con­tribuant “cha­cune à sa mesure, cha­cune à sa façon et avec ses pro­pres moyens”.

Une autre mon­tagne offre à tra­vers la parole de trois femmes, qui se livrent en toute sincérité, un échan­til­lon d’e­spoir et de déter­mi­na­tion mêlés.

Les sujets par­cou­rus, de façon très per­son­nelle, selon l’ex­péri­ence et le vécu de cha­cune de ces trois femmes, recoupent de fait un cer­tain nom­bre d’ar­ti­cles que Kedis­tan avait pub­lié à dif­férents moments, avec une approche jour­nal­is­tique… Et j’avais là, devant mes yeux, des témoignages authen­tiques et intimes, avec des ressen­tis, des craintes, des joies…

On voy­age avec elles. Pour cer­tainEs d’en­tre-vous ce sera une décou­verte, pour d’autres, un voy­age de retrou­vailles. Pour moi, ce fut reviv­i­fi­ant, parce que j’ai voy­agé aus­si bien sur les routes d’au­jour­d’hui que dans le temps… Je me suis revue enfant, en train de chanter l’hymne nation­al dans la cour de l’é­cole, au garde-à-vous… J’ai revis­ité les années 80 à tra­vers les sou­venirs d’Ergül. J’ai eu des larmes aux yeux dans les rues que je n’ai pas arpen­tées depuis longtemps. Invitée de con­ver­sa­tions intergénéra­tionnelles, j’ai ri. Elles m’é­taient si famil­ières. J’ai souri en voy­ant Bur­cu et Sinem pass­er d’un pas sûr, devant une panoplie de policiers parés à inter­venir… Je me suis sen­tie comme une sœur, avec cha­cune de ces trois femmes, car mal­gré les dif­férences de nos par­cours, je partageais les mêmes con­stats, ques­tion­nements, peurs qu’elles, mais aus­si leur détermination.

Et si j’en ai fait une lec­ture très per­son­nelle, en réso­nance avec mon vécu de la Turquie, je suis curieuse de savoir com­ment un grand pub­lic qui n’au­rait pas ce vécu intime, va recevoir cette “Autre Montagne”.

Je suis aus­si très touchée par l’ou­ver­ture du film, cette tra­ver­sée lente et som­bre, d’une série de tun­nels qui, en ser­pen­tant, se suc­cè­dent. L’analo­gie par­faite pour décrire des péri­odes obscures que la Turquie tra­verse, depuis longtemps.

Je félicite par­ti­c­ulière­ment le groupe Aman Aman, pour leur remar­quable tra­vail musi­cal, illus­trant avec beauté, cette route certes dif­fi­cile, mais qui mèn­era inéluctable­ment vers une issue, au-delà des cîmes.

Premier rendez-vous à Paris

Celles et ceux qui sont à Paris, prof­itez-en ! Une autre mon­tagne sera pro­jeté à deux repris­es, au Brady Ciné­ma-Théâtre, dans le cadre du Fes­ti­val de Ciné­ma de Turquie à Paris dont le 14ème édi­tion se déroule entre les 15 mars et 2 avril. Vous pou­vez donc le voir le mar­di, 28 Mars à 17h30 ou pren­dre votre patience en main jusqu’à dimanche 2 avril à 19h30, ce soir là, la pro­jec­tion sera suiv­ie d’un débat en présence de Anouck Mangeat et Noé­mi Aubry réal­isatri­ces, et de l’équipe du film.

*

Voilà ce que vous trou­verez quand vous emboi­terez le pas d’Anouck et Noémi…

Synopsis

Sur les ter­res de Turquie, un dic­ton dit « Si un de tes yeux pleure, l’autre ne peut rire ».

A l’est, le Bakur, le Kur­dis­tan de Turquie. A l’est, ce sont les cou­vre-feux, les blo­cus, les occu­pa­tions de l’ar­mée turque. C’est une paix qu’on espère et qui n’ar­rive jamais. Ce sont des femmes dans les mon­tagnes, qui se lèvent, qui font face, quitte a pren­dre les armes.

Bur­cu et Sinem vivent a Istan­bul avec cet oeil qui pleure. Elles vont ren­con­tr­er Ergül dans un petit vil­lage de la région de la Mer Noire, qui a par­ticipé aux luttes révo­lu­tion­naires de la fin des années 70 étouf­fées par le coup d’é­tat mil­i­taire de 80.

Le temps d’échang­er leurs expéri­ences d’or­gan­i­sa­tion de femmes et du çay. Les épo­ques se mêlent et c’est tou­jours la guerre, la répres­sion et une vio­lence au quo­ti­di­en con­tre laque­lle elles se soulèvent. Kur­des, meres, fémin­istes. Il y a de la résis­tance et de la sol­i­dar­ité dans leurs mots, dans leurs pas, dans leurs cris, dans les rythmes qu’elles tapent sur leurs « erbane » (per­cus­sions) con­tre le nation­al­isme, la guerre, le patriarcat.

C’est Une autre mon­tagne, Baş­ka bir dağ, qu’elles gravis­sent chaque jour.
Bese, Bese, Bese, Assez assez assez !

[vsw id=“209661727” source=“vimeo” width=“640” height=“344” autoplay=“no”]

Durée : 82 min | Langue des dialogues : turc | Sous-titres : français, anglais | Année : Février 2017 | Réalisation, image et son :  Noémi Aubry & Anouck Mangeat | Montage : Yasemin Akıncı | Production : Ozho Naayé, Noémi Aubry (0612979798 – ozhonaaye@yahoo.fr) | Etalonnage : Sébastien Descoins | Montage son :  Gil Savoy | Mixage : Simon Apostolou | Musique originale : Le groupe Aman Aman : Onur Kaya, Anouck Mangeat, Erhan, Kaya, Gurkan Aslan, Julius Zilinskas

Kedis­tan se donne le devoir de se faire relai de ce mes­sage d’Anouck et Noémi :

Appel à distributeurs/trices

Salut les copines/copains, pour celles.eux qui ont un peu suivi.e.s ces jours ci, nous venons de ter­min­er notre nou­veau film doc­u­men­taire sur les luttes de femmes en Turquie, des années 80 à aujour­d’hui, à tra­vers les yeux de nos amies Ergül, Sinem et Bur­cu. (Avant pre­mière le 28 mars et le 2 avril au Ciné­ma le Brady).

Encore une fois c’est un film auto-pro­duit par notre col­lec­tif Ozho Naayé et réal­isé avec un tout petit bud­get et une équipe presque qua­si­ment bénév­ole. Car c’est avec cette indépen­dance que nous aimons faire des films. Nous aime­ri­ons que le film soit dif­fusé le plus pos­si­ble car il racon­te aus­si la Turquie et son con­texte poli­tique, sous un angle jusque là peu abordé.

En plus d’en­voy­er le film à des fes­ti­vals et d’or­gan­is­er de façon autonome des pro­jec­tions comme nous l’avons fait pour notre précé­dent film, nous sommes cette fois à la recherche d’une dis­tri­b­u­tion, et pour cela nous avons besoin du réseau de cha­cun d’en­tre vous. Bien sur, aimez et partagez notre page fb, vous pou­vez inviter vous même vos ami-e‑s à lire et aimer notre page. Et on compte sur vous pour relay­er notre recherche de distributrice/eurs.

Mer­ci à vous tous !
En espérant partager au plus vite notre film avec vous tous.

Anouck & Noémi

Pour tout con­tact : ozhonaaye@yahoo.fr
Evéne­ment Face­book | Page Face­book du film

Mais qui donc elles sont ?


Noé­mi Aubry

Pas­sion­née par l’im­age argen­tique, dès 15 ans elle se forme à la pho­togra­phie. Apres un DEUG en théâtre et ciné­ma, elle monte a Paris pour appren­dre le mon­tage en 16mm. Elle pour­suit son par­cours uni­ver­si­taire en Soci­olo­gie à Paris 5, puis à l’E­HESS (Mas­ter Anthro­polo­gie visuelle). Réal­isatrice de plusieurs courts métrages, dont La machine  d’en­reg­istrement, réal­isé en Pales­tine (Fes­ti­val des Ciné­mas Dif­férents et Expéri­men­taux de Paris et au Fes­ti­val Cor­si­ca Doc).

Elle est inter­venante pour des ate­liers d’écri­t­ure et de réal­i­sa­tion ciné­matographique et écrit régulière­ment pour les revues Tim­ult et Jef Klak. Elle fait par­tie du L’abominable, lab­o­ra­toire ciné­matographique argen­tique et du col­lec­tif Regarde à Vue. Attachée aux ques­tions de ter­ri­toire, de mou­ve­ments de pop­u­la­tion, d’exil et d’identité, Noé­mi Aubry mélange les sup­ports (Super 8, HD, écri­t­ure) et les pra­tiques (pho­togra­phies, films doc­u­men­taires, poésies), dans une recherche con­stante d’interrogation de cette société et de sa transformation.


Annouck Mangeat

Elle est d’abord musi­ci­enne, auteure, chanteuse, for­mée pro­fes­sion­nelle­ment aux Ate­liers de la Chan­son de Paris. Après quelques années de tournées, elle se lance dans la coor­di­na­tion et l’aide à la pro­duc­tion de pro­jets cul­turels et de fes­ti­vals dans l’as­so­ci­a­tion Ozho Naayé qu’elle fonde avec Noé­mi Aubry. Des son pre­mier voy­age en Turquie en 2009, la terre d’Ana­tolie devient sa deux­ième mai­son. Elle la tra­versera de long en large, y vivra dans des vil­lages du cen­tre Ana­tolie et à Istan­bul pen­dant presque trois années, le temps d’ap­pren­dre la langue et la musique tra­di­tion­nelle. De façon auto­di­dacte, elle se forme au graphisme et à la prise de son et col­lecte une par­tie du réper­toire. Depuis 2016, elle est la chanteuse du groupe Aman Aman, musiques d’Ana­tolie, du Kur­dis­tan et autres vari­antes rock­’n’roll et vit dans un vil­lage des Cévennes.

Anouck et Noe­mi tra­vail­lent ensem­ble depuis quinze ans sur des créa­tions visuelles et sonores autour des ques­tions d’i­den­tités, de minorités, de migra­tions et d’ex­il. En 2006, elles ont fondé l’as­so­ci­a­tion Ozho Naayé, qui pro­duit leurs travaux col­lec­tifs et indi­vidu­els et sou­tient d’autres pro­jets. En 2015, elles co-réalisent Et nous jet­terons la mer der­rière vous, avec Clé­ment Juil­lard et Jeanne Gomas, long métrage doc­u­men­taire qui suit le par­cours de qua­tre migrants du Maroc et de l’Afghanistan jusqu’a la fron­tière gré­co-turque. Ce film indépen­dant a été sélec­tion­né dans une trentaine de fes­ti­vals dans le monde et dif­fusé plus d’une cen­taine de fois.

Toutes les deux intéressées par l’Ana­tolie, par ses migra­tions intérieures, par l’his­toire kurde, arméni­enne, grecque, par les mou­ve­ments poli­tiques révo­lu­tion­naires que le pays a vu naître, elles ont crée plusieurs pro­jets, à tra­vers dif­férents sup­ports (pel­licules, numériques, pho­togra­phie, audio) défen­dant l’ex­pres­sion des minorités qui y vivent. Yol­unuz açık olsun (Que votre route soit sans embûche), est un court métrage en Super 8 et Nerelisin (D’où es-tu?), un pro­jet d’in­stal­la­tion pho­tographiques avec le pho­tographe kurde Gürkan Aslan et un doc­u­men­taire sonore sélec­tion­né et dif­fusé au Fes­ti­val de Douarnenez en 2016.

Fil­mo­gra­phie com­mune : « Et nous jet­terons la mer der­rière vous », 2015, doc­u­men­taire, dv et super 8, 72min.  Sélec­tions Fes­ti­vals : Ciné­ma du Réel 2015, If Istan­bul 2015 (Turquie), Eton­nants Voyageurs, Fes­ti­val du Film de Saint Malo – Mai 2015 (France), Migrant Film Fes­ti­val of Ljubl­jana 2015 (Slovénie), Mar­f­ci, Fes­ti­val du Film de Mar Del Pla­ta 2015 (Argen­tine), Cin­e­m­i­grante 2015 (Argen­tine), Fes­ti­val Inter­na­tion­al du Film d’Amiens 2015 (France)…


Vous pouvez utiliser, partager les articles et les traductions de Kedistan en précisant la source et en ajoutant un lien afin de respecter le travail des auteur(e)s et traductrices/teurs. Merci.
Kedistan’ın tüm yayınlarını, yazar ve çevirmenlerin emeğine saygı göstererek, kaynak ve link vererek paylaşabilirisiniz. Teşekkürler.
Kerema xwe dema hun nivîsên Kedistanê parve dikin, ji bo rêzgirtina maf û keda nivîskar û wergêr, lînk û navê malperê wek çavkanî diyar bikin. Spas
Naz Oke on EmailNaz Oke on FacebookNaz Oke on Youtube
Naz Oke
REDACTION | Journaliste 
Chat de gout­tière sans fron­tières. Jour­nal­isme à l’U­ni­ver­sité de Mar­mara. Archi­tec­ture à l’U­ni­ver­sité de Mimar Sinan, Istanbul.