“Chroniques de la révolution kurde”, est le journal télévisé présenté par Ronahi TV chaque dimanche. C’est un retour en textes et vidéos, sur la semaine écoulée. Voici celle du 12 au 19 mars 2017.
Il s’agit donc d’une émission d’informations régulière, en langue française, que vous retrouverez ici, chaque semaine, en partenariat avec Kedistan.
Les gros titres
- OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE » : Vers Raqqua
- SYRIE DU NORD-ROJAVA : Crimes et pillages
- AFRIN ET MINBIJ : Crise des réfugiés
- MINBIJ : Victoires de la démocratie
- EUROPE : L’AKP exporte ses méthodes
- BASUR-KURDISTAN DU SUD : Une tuée, 15 blessés lors d’une marche — HAKAN FIDAN (MIT) à Hewler
- TURQUIE : Référendum constitutionnel du 16 avril
- NOUVEL AN KURDE : Newroz
OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE »
VERS RAQQA
Les forces démocratiques syriennes poursuivent leurs opérations militaires à l’est de la ville de Raqqa. Dans les villages libérés, les habitants laissent éclater leur joie.
Dimanche passé, les FDS libéraient le village de Kas Ecil, situé à 48 kilomètres à l’est de Raqqa.
Mercredi Daesh tentait de récupérer le village lors d’une contre-offensive qui a été repoussée. En attendant, les conditions météorologiques sont mauvaises et empêchent les FDS de poursuivre avec la rapidité qu’on leur connait leur progression vers Raqqa. Il y a des tempêtes de désert qui réduisent la visibilité. Surtout, il y a de nombreux champs de mines qui ont été abandonnés par daesh et qui doivent d’abord être sécurisés. Ainsi dans le village de Kehibal, les démineurs ont même dû neutraliser un camion dans lequel des missiles d’avions avaient été disposés pour exploser.
Le moral des combattants des FDS est excellent : Les combattants arabes des FDS reprennent les chants des unités kurdes YPG. Et quand on leur demande pourquoi, ils répondent que les YPG sont l’âme de la résistance. « Nous sommes membres des FDS, expliquent-ils, mais nous nous considérons comme des YPG. Quand nous attaquons ensemble le Daesh, combattants arabes et kurdes unis, des liens de sang se créent entre nous. En d’autres termes, expliquent ces combattants arabes des FDS, nous devenons des frères. »
Muhamad al Saoud, du village libéré d’Al-Funeygel, explique ce qui lie les mercenaires de Daesh : l’obsession de l’argent ! « Sous prétexte de charité, explique-t-il, le Daesh lève des impôts. La moitié des récoltes est confisquée. Tout est pillé. Tout est excuse à pillage et à sanctions financières. Et en même temps, les mercenaires de Daesh consomment de la drogue et kidnappent les femmes. »
Al Saoud félicite donc les FDS. « Depuis leur arrivée, dit-il, les gens de la région sont bénis et leurs visages brillent d’un sourire lumineux. »
SYRIE DU NORD-ROJAVA
CRIMES ET PILLAGES
Dans les régions occupées par les forces armées turques et par leurs mercenaires, les scènes de pillage et les crimes se poursuivent. Les habitants fuient en masse vers le canton kurde d’Afrin et vers la ville libre de Minbij.
Dans la ville de Bab, une ville que le Daesh a finalement rendue à l’armée turque, les scènes de pillages se poursuivent : les maisons sont vidées de leurs biens, et tout est revendu à l’encan sur des marchés improvisés, avant que les marchandises pillées ne prennent finalement le chemin de la Turquie.
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L’argent est le principal ressort de bandes armées qui sévissent en Syrie pour le compte de la Turquie. Une soixantaine de mercenaires employés par la Turquie dans la ville de Raï ont décidé ce 11 mars de prendre congé de leur employeur. Ils devaient être payés 400 $ par mois, mais ils ne recevaient que 400 livres turques à la place. 15 de ces mercenaires déserteurs ont été rattrapés par les forces turques et emmenés vers une destination inconnue.
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A 25 kilomètres de Gire Sipi, dans le village de Selib Qiran les forces armées turques ont traversé ce lundi la frontière pour détruire 25 maisons qui se trouvent sur le tracé du mur imaginé par les autorités d’Ankara pour séparer le Kurdistan du nord du Kurdistan de l’ouest.
Toutes ces destructions illégales ont lieu alors que la communauté internationale reste désespérément silencieuse.
Toujours à Gire Sipi, les forces d’occupation turque ont tué ce lundi encore quatre syriens d’origine arabe, sous prétexte qu’ils refusaient de servir dans les groupes de mercenaires téléguidés par la Turquie. Les corps de ces 4 malheureux ont été retrouvés dans le village d’Em al Tawageer, à 43 km de Gire Sipi, où les soldats turcs avaient abandonné les cadavres.
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Ismet Ibrahim, un berger du village de Jaqlah dans le canton d’Afrin, faisait paitre ses moutons quand les soldats turcs ont traversé la frontière ce lundi. Les soldats turcs ont immédiatement tiré sur le berger et sur ses bêtes. L’homme a pu se cacher derrière un rocher pour éviter la mort mais 7 de ses moutons ont été abattus.
AFRIN ET MINBIJ
CRISE DES RÉFUGIÉS
Les habitants de Bab et de ses environs ont fui : dimanche dernier, une foule de 6000 personnes se pressaient encore aux portes du canton kurde d’Afrin pour y trouver du repos et de la sécurité. La plupart de ces réfugiés sont des femmes, des enfants et des personnes âgées.
E.E., un réfugié en provenance de Dey Hafir, explique qu’il se réveillait chaque jour avec les hurlements de ceux qu’on torturait ou qu’on exécutait.
Un nouveau camp de réfugié est aussi en construction à Minbij. Il est situé près du village de Resm al Exder.
Medina Xeli, le responsable de l’aide humanitaire pour Minbij, appelle les organisations internationales à leur venir en aide pour aider les populations déplacées qui se trouvent actuellement à Minbij.
MINBIJ
VICTOIRES DE LA DÉMOCRATIE
Deux nouvelles importantes nous sont venues de la ville de Minbij, deux nouvelles qui témoignent du renouveau démocratique au nord de la Syrie.
Ils étaient 26, 26 nouveaux co-présidents et co-présidentes, chargés de diriger les 13 comités mis en place par le conseil démocratique de l’administration civile de Minbij.
132 membres de l’assemblée législative ont évalué et choisi les candidats qui se chargeront de ces tâches exécutives.
Ibrahim Kaftan et Zeynep Kambar sont aujourd’hui les deux co-présidents de l’administration autonome de Minbij. Les comités qui ont été constitués sont ceux :
Des relations internationales, de la santé, des femmes, de la défense et de la sécurité, de la culture et des arts, des communes, des affaires sociales, des finances, de l’économie, de la jeunesse et des sports, de l’éducation, des martyrs, et enfin le comité des services.
Tous les co-présidents et co-présidentes ont juré en langue kurde, arabe et turkmène de remplir leur tâche en se basant sur l’intérêt de tous les peuples, sur base du programme politique de la nation démocratique.
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En ce qui concerne les actions du conseil militaire de Minbij, un rapport de l’ONU du 10 mars réfute absolument toutes les accusations qui avaient été portées à l’encontre des FDS. Ces accusations, réputées maintenant sans fondement, sont proférées par les forces d’invasion turques, qui accusent les YPG et les SDF de pratiquer le nettoyage ethnique des communautés arabes situées autour de Minbij et du barrage de Tichrine.
Le rapport de l’Onu indique, au point 91, que les déplacements temporaires de population exigés par les SDF sont justifiés par la présence de mines posées par le Daesh, en attendant qu’elles soient neutralisées. Les familles déplacées ne sont pas séparées. Tout se passe dans des conditions satisfaisantes en termes d’hygiène, de santé, de mise à l’abri, et d’aide alimentaire.
Ce rapport de l’ONU confirme aussi qu’il n’y a eu aucune violations des droits de l’homme perpétrées par les unités YPG ou par les FDS.
Redur Xalil, le porte-parole des YPG, s’est montré très satisfait de ce rapport qui met enfin un terme aux campagnes de dénigrement contre les YPG. Ces campagnes, affirme-t-il, ont pour objectif de créer un climat de guerre civile entre les peuples et de maintenir la présence du Daesh.
Et puis, Redur Xalil réaffirme aussi la responsabilité majeure des YPG et des SDF dans les régions libérées. «La sécurité des civils dans les zones libérées est une responsabilité humanitaire et nationale. Cette responsabilité trouve sa source dans la philosophie d’une société libre et d’un pays sûr. »
Avec un tel idéal, les recrues affluent pour rejoindre les FDS et le conseil militaire de Minbij ; 110 jeunes de Minbij viennent ainsi de terminer leur formation militaire à l’académie du martyr Faysal Abu Leyla. On en est déjà au sixième cycle de formation de cette académie. Le co-président du comité de la défense de Minbij, Ednan Ebu Emced, a rappelé lors de la cérémonie qui marque la fin de la formation qu’il était de la plus haute importance de défendre la région des attaques de l’Etat turc et des bandes armées qui accompagnent les soldats turcs.
EUROPE
L’AKP EXPORTE SES MÉTHODES
Dans le cadre de la campagne électorale pour le référendum du 16 avril, l’AKP tente de mobiliser son électorat en Europe. Plusieurs de ces réunions organisées par l’AKP ont été interdites aux Pays-Bas, au Danemark et en Suisse. En réaction, les militants de l’AKP ont mutiplé les mesures d’intimidation en Europe.
Il y a d’abord eu ces réunions prévues aux Pays-Bas, des réunions où devaient participer des ministres du gouvernement AKP, et qui ont finalement été interdites. Mehmet Cavusoglu n’a pas pu atterrir aux Pays-Bas et la ministre turque de la famille, Fatma Betül Sayan Kaya, a été refoulée vers l’Allemagne.
Dimanche dernier, au Danemark, le premier ministre Lars Lökke Rasmussen a également fait annuler une visite du premier ministre turc à Copenhague.
En Suisse, c’est le canton de Basel qui a pris la décision d’empêcher une manifestation raciste organisée par les groupes liés à l’AKP, une manifestation qui devait avoir lieu ce samedi, et qui était organisée par la fédération des associations culturelles islamiques de Turquie de Basel.
Des responsables de l’AKP et du MHP devaient s’y produire. La police a estimé que l’ordre public et la sécurité n’étaient pas garantis.
En Belgique, le bourgmestre de la ville d’Anvers a également pris une décision dans ce sens, en annulant une activité organisée par les responsables locaux du parti d’extrême droite turc MHP.
Il n’y a qu’en France où les autorités aient permis au ministre turc des affaires étrangères de galvaniser son public, dans la ville de Metz, dimanche dernier.
Dans la ville de Rotterdam, là où devait se produire la ministre turque Kaya, des bandes de jeunes manipulés par l’AKP ont agressé des forces de police avec des pavés lors d’échauffourées nocturnes sur l’avenue Westlaak. Une journaliste du Telegraaf, Marieke Van Essen, a constaté que ces bandes proches de l’AKP menaient des patrouilles dans les rues avoisinantes avec des bâtons.
Le bourgmestre de Rotterdam, Ahmed Aboutaleb, a expliqué que le consul de Turquie à Rotterdam lui avait menti en affirmant qu’aucun ministre ne devait venir. Le premier ministre néerlandais, Mark Rutte, n’avait quant à lui pas apprécié le fait que son homologue turc, Binali Yildirim, parle des turcs des Pays-Bas comme étant « ses citoyens ». Et Rutte de recadrer les propos de Binali Yildirim : « ce sont des citoyens néerlandais ! »
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A Istanbul, un journaliste norvégien qui couvrait un des nombreux procès truqués qui accablent notamment les syndicalistes aujourd’hui, celui de Nazife Onay, ce journaliste donc, a été pris pour un néerlandais. Un groupe de partisans de l’AKP l’a alors agressé ce lundi.
Les policiers présents sur place ne sont pas intervenus quand le journaliste norvégien et d’autres collègues journalistes, des femmes, ont été agressés.
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Toujours aux Pays-Bas, des militants des partis AKP et MHP ont fait irruption, drapeaux turcs à la main, sur un carrefour d’Amsterdam dimanche soir, pour terroriser les passants.
12 de ces voyous qui gesticulent aux récriminations de l’AKP ont été arrêtés.
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Mais ce n’est pas tout : plus tard dans la semaine, le premier ministre turc, Cavusoglu, faisait savoir que l’Europe s’acheminait vers une guerre de religion. Grands amateurs de prophéties auto réalisées, les autorités turques savent qu’elles peuvent joindre la parole aux actes.
A Bab, en Syrie, un groupe turkmène de l’Armée syrienne libre, mais s’exprimant avec l’accent de Turquie, a posté une vidéo menaçante à l’encontre du gouvernement des Pays-Bas. Ce groupe de bandits armés sévissant en Syrie rappelle se tenir aux côtés de la Turquie.
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Surtout, des documents saisis en Syrie sur des responsables de Daesh, des documents signé par Abu Bakr al Bagdadi, l’ainsi dénommé « calife de l’Etat islamique », prouvent qu’au moins deux responsables de Daesh sont allées en Allemagne à l’instigation de la Turquie pour y mener des actions.
Un document daté du 7 novembre 2016 adressé au responsable de Daesh en Turquie, Mihemmed Oglea al Abdullah, lui demande d’organiser à la demande d’Al Bagdadi le départ en Allemagne de Muhammed Mirli où il faudra déterminer là-bas, en Allemagne, de ce qu’il devra faire.
Les remarques de Cavusoglu de cette semaine rappellent les propos d’Erdogan, juste avant les attentats de Paris et de Bruxelles. Erdogan avait alors déjà prophétisé : « que se passera-t-il quand il y aura des attaques là ? » Et les attaques terroristes de réaliser presque de suite ses menaces.
Les méthodes de menaces et d’intimidation utilisées à grande échelle contre les populations du Bakur et contre les progressistes de Turquie s’exportent ainsi vers l’Europe.
BASUR-KURDISTAN DU SUD
UNE TUÉE, 15 BLESSÉS LORS D’UNE MARCHE
Une manifestation réunissant plusieurs milliers de personnes s’est rendue depuis le Rojava vers la ville de Xanasor, pour y dénoncer la politique du parti KDP. Une fois sur place, les miliciens de l’alliance KDP-AKP qui se font appeler « peshmerga du Rojava » ont ouvert le feu, tuant une femme et en blessant 15 autres.
Ils étaient des milliers, ce mardi, en provenance du Rojava et bientôt rejoint par des habitants de Sengal, de Xanasor ou de Serdest, à vouloir se rendre à Xanasor, pour dénoncer l’agression perpétrée par les bandes armées de l’alliance KDP-AKP.
Ils portaient les drapeaux des unités ézidies YBS, YJS, et des posters d’Abdullah Ocalan.
Et puis, alors qu’ils s’approchaient des véhicules du KDP, les miliciens de l’alliance KDP-AKP ont ouvert le feu, tuant net Nazê Naif Qaval, une membre de l’assemblée du mouvement ézidi des femmes libres.
15 autres personnes ont été blessées par les tirs, y compris deux journalistes qui couvraient les évènements. 3 des blessés sont toujours jugés dans un état grave.
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Les miliciens qui servent dans les troupes du KDP ne sont pas des peshmerga : ce sont des anciens du Daesh, du front al Nosra ou de l’ENKS, qui ont été récupérés par la Turquie, et qui ont été entrainés par le MIT (services secrets de Turquie) dans les bases aménagées au Kurdistan du sud, sous le contrôle de Barzani.
Un de ces hommes, Shengali Mesut Mohamed, illustre la situation des agresseurs de Sengal : il est originaire de Sengal, mais il est sunnite. Quand Daesh a envahi la ville, il s’est joint avec sa famille aux agresseurs, il a participé au meurtre de plusieurs Ézidis et en a profité pour piller leurs maisons.
Blessé lors de la libération de la ville par les troupes YBS, il a été transféré au Kurdistan du sud pour y être soigné. Après son rétablissement, il a rejoint les bandes des biens mal nommés « peshmerga du Rojava » entrainées par les officiers de l’armée turque.
Les mots ont leur importance : Des artistes du Başur ont donc tenu à clarifier les termes. Ils expliquent d’abord qu’ils ne considèrent pas l’attaque de Xanasor comme une forme de guerre civile, mais simplement comme une trahison, la trahison d’un parti, le PDK.
L’artiste Imad Hewleri explique ensuite qu’il faut condamner l’attaque à Sengal et exploser la vérité grâce à l’art. Ces bandes, dit-il, reçoivent du soutien à l‘intérieur et à l’extérieur du Başur. Mais ce ne sont pas des peshmerga. Les peshmerga ont un nom reconnu, sacré. Et ils veulent donner à ces peshmerga l’image de collaborateurs.
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BASUR-KURDISTAN DU SUD
HAKAN FIDAN (MIT) À HEWLER
Selon des sources jugées crédibles, des sources s’exprimant sur Rojnews, le grand patron du MIT, les services secrets de Turquie, s’est rendu au Kurdistan du sud, où il a visité les bandes de miliciens qui ont frappé Xanasor, ainsi que les responsables du PDK.
Lors de la visite de Hakan Fidan, le responsable du MIT, au Başur, entre le 14 et le 15 mars, le premier ministre du gouvernement régional kurde d’Irak, Nechirvan Barzani et son oncle, le président Massoud Barzani, ont pu discuter de la collaboration entre les deux régimes, AKP et PDK.
Selon ces sources, il y a été question de l’action conjointe à mener sur le PKK, dans les montagnes du nord de l’Irak.
Hakan Fidan a également rencontré les responsables des milices AKP-PDK qui encerclent aujourd’hui Sengal, avant de se rendre sur la base militaire turque stationnée à Bamernê.
Dans la région de Sideqa, une région qui borde les zones tenues par la guérilla, les zones appelées “zones de défense Mydia”, la Turquie masse des troupes et du matériel. 8 véhicules blindés et de nombreux soldats turcs y sont encore arrivés dimanche dernier.
Un commerçant qui tentait de filmer le déploiement des militaires turcs a été repéré par les policiers du KDP et il a été battu avant d’être arrêté.
Mardi, d’autres déploiements de forces, issues du PDK cette fois, se positionnaient dans la région de Balakati. Les reporters de la chaine de télévision KNN sur le terrain font état de 25 miliciens du KDP déployés sur la colline Mame rut et de 50 autres sur la colline de Koliter. Les forces du KDP empêchent la presse de couvrir ces mouvements de militaires.
TURQUIE
RÉFÉRENDUM CONSTITUTIONNEL DU 16 AVRIL
Les autorités turques se préparent pour le référendum du 16 avril. Pour mettre un maximum de chances de leur côté, et remporter un « oui » au changement de constitution, les communes où les habitants voteront massivement « non » sont décrétées risquées, et les urnes seront déplacées bien plus loin, dans d’autres localités, pour dissuader les électeurs de se rendre aux urnes.
Autour du district de Derik, à Mardin, 30 villages seront privés d’urnes. Les habitants devront aller voter à plusieurs kilomètres dans des centres électoraux qui regrouperont les urnes de tous ces villages, des villages réputés risqués par les gendarmes, mais qui ont surtout voté massivement pour le parti HDP lors des dernières élections.
Dans le district de Tatvan, à Van, les habitants de 30 autres villages devront aussi se rendre au district central et dans des villages où les gardes de village surveilleront le scrutin.
A Bitlis, il n’y aura pas d’urne non plus dans 10 villages.
Pour Sezai Temelli, du parti HDP, ces décisions vont à l’enconttre de la loi électorale. La rerlocalisation des urnes pour de prétendues raisons de sécurité est inacceptable. Cette manupulation permettra simplement aux autorités d’empêcher les électeurs de se rendre aux urnes et de manipuler ainsi le résultat des élections.
Pour Temelli, tenir ce referendum en plein état d’urgence est aussi un autre, problème, un problème de légitimité du scrutin.
Et de fait, les arrestations des opposants et des voix qui critiquent le régime se poursuivent : le co-président de l’association turque des droits de l’homme (IHD) d’Amed (Diyarbakir), Raci Bilici, a été arrêté à son domicile mercredi.
Les deux co-bourgmestres du district d’Ercis, à Van, ont été condamnés ce lundi à 13 ans et 9 mois de prison. Le co-bourgmestre de Balveren, à Sirnak, a été arrêté ce mercredi, dans les bureaux du parti DBP. Il croupit actuellement à la prison de type T de Sirnak.
Et tout au long de la semaine, les arrestations se sont encore multipliées, chez des administrateurs moins connus des partis HDP et DBP. 17 personnes à Erzurum ce vendredi, 15 à Van.
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On a aussi appris que les bureaux du parti HDP et DBP de Van, perquisitionnées deux fois l’année dernière, ont été placés sous écoute. Des micros ont été retrouvés par hasard, cachés à l’intérieur des prises de courant.
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Quant aux habitants des régions où le vote HDP est fort, ils sont mis sous pression militaire. A Lice, (district de Diyarbakir) 10.000 soldats poursuivent leurs opérations militaires dans 18 villages placés sous couvre-feu.
Les villageois ne peuvent pas quitter leurs maisons, même les enfants doivent rester à l’intérieur, pendant que la police mène des raids, harcelle les femmes, insulte les villageois.
D’autres opérations militaires menées contre les populations civiles se préparent, notamment dans la région de Sirnak, à Gabar, et dans la région d’Hakkari.
De nombreux véhicules de l’armée, des troupes et des gardes de village sont entrés dans ce qui vient tout juste d’être qualifié de « zone de sécurité militaire » par le gouverneur.
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NOUVEL AN KURDE
NEWROZ
Le 21 mars, c’est le jour traditionnel du Newroz, le nouvel an kurde. Une tradition qui remonte au néolithique, et qui célèbre l’équinoxe du printemps. La fête de Newroz se tiendra cette semaine dans le Kurdistan mais à Frankfort, en Allemagne, les Kurdes ont déjà commencé à célébrer le nouvel an, en présence de Salih Muslim, le co-président du PYD.
Ils étaient déjà des milliers hier à Frankfort, en Allemagne, à fêter le Newroz. Dans la foule, des bannières du PKK, du PYD, du KCK, des YPG et des YBS.
Un chœur d’enfants a inauguré les cérémonies. Et puis, Salih Muslim, le co-président du PYD, a pris la parole. Il a d’abord critiqué les autorités allemandes qui ont décidé d’interdire les symboles kurdes. L’Allemagne ferait mieux, a‑t-il dit, d’interdire le drapeau turc et celui de toutes les organisations terroristes au lieu de s’en prendre à nos symboles. Nous combattons Daesh avec ces symboles au Moyen orient, non seulement pour nous-mêmes, mais pour toute l’humanité.
C’est pourquoi ce Newroz sera différent des autres, a affirmé Salih Muslim. Nous connaissons maintenant nos amis et nos ennemis. Que personne ne doute que le succès et la victoire seront de notre côté !