Chroniques de la révo­lu­tion kurde”, est le jour­nal télévisé présen­té par Ron­ahi TV chaque dimanche. C’est un retour en textes et vidéos, sur la semaine écoulée. Voici celle du 12 au 19 mars 2017.

Il s’agit donc d’une émis­sion d’informations régulière, en langue française, que vous retrou­verez ici, chaque semaine, en parte­nar­i­at avec Kedistan.

Les gros titres

  • OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE » : Vers Raqqua
  • SYRIE DU NORD-ROJAVA : Crimes et pillages
  • AFRIN ET MINBIJ : Crise des réfugiés
  • MINBIJ : Victoires de la démocratie
  • EUROPE : L’AKP exporte ses méthodes
  • BASUR-KURDISTAN DU SUD : Une tuée, 15 blessés lors d’une marche — HAKAN FIDAN (MIT) à Hewler
  • TURQUIE : Référen­dum con­sti­tu­tion­nel du 16 avril
  • NOUVEL AN KURDE : Newroz


OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE »
VERS RAQQA

Les forces démoc­ra­tiques syri­ennes pour­suiv­ent leurs opéra­tions mil­i­taires à l’est de la ville de Raqqa. Dans les vil­lages libérés, les habi­tants lais­sent éclater leur joie.

Dimanche passé, les FDS libéraient le vil­lage de Kas Ecil, situé à 48 kilo­mètres à l’est de Raqqa.
Mer­cre­di Daesh ten­tait de récupér­er le vil­lage lors d’une con­tre-offen­sive qui a été repoussée. En atten­dant, les con­di­tions météorologiques sont mau­vais­es et empêchent les FDS de pour­suiv­re avec la rapid­ité qu’on leur con­nait leur pro­gres­sion vers Raqqa. Il y a des tem­pêtes de désert qui réduisent la vis­i­bil­ité. Surtout, il y a de nom­breux champs de mines qui ont été aban­don­nés par daesh et qui doivent d’abord être sécurisés. Ain­si dans le vil­lage de Kehibal, les démineurs ont même dû neu­tralis­er un camion dans lequel des mis­siles d’avions avaient été dis­posés pour exploser.
Le moral des com­bat­tants des FDS est excel­lent : Les com­bat­tants arabes des FDS repren­nent les chants des unités kur­des YPG. Et quand on leur demande pourquoi, ils répon­dent que les YPG sont l’âme de la résis­tance. « Nous sommes mem­bres des FDS, expliquent-ils, mais nous nous con­sid­érons comme des YPG. Quand nous attaquons ensem­ble le Daesh, com­bat­tants arabes et kur­des unis, des liens de sang se créent entre nous. En d’autres ter­mes, expliquent ces com­bat­tants arabes des FDS, nous devenons des frères. »

Muhamad al Saoud, du vil­lage libéré d’Al-Funeygel, explique ce qui lie les mer­ce­naires de Daesh : l’obsession de l’argent ! « Sous pré­texte de char­ité, explique-t-il, le Daesh lève des impôts. La moitié des récoltes est con­fisquée. Tout est pil­lé. Tout est excuse à pil­lage et à sanc­tions finan­cières. Et en même temps, les mer­ce­naires de Daesh con­som­ment de la drogue et kid­nap­pent les femmes. »
Al Saoud félicite donc les FDS. « Depuis leur arrivée, dit-il, les gens de la région sont bénis et leurs vis­ages bril­lent d’un sourire lumineux. »

SYRIE DU NORD-ROJAVA
CRIMES ET PILLAGES

Dans les régions occupées par les forces armées turques et par leurs mer­ce­naires, les scènes de pil­lage et les crimes se pour­suiv­ent. Les habi­tants fuient en masse vers le can­ton kurde d’Afrin et vers la ville libre de Minbij.

Dans la ville de Bab, une ville que le Daesh a finale­ment ren­due à l’armée turque, les scènes de pil­lages se pour­suiv­ent : les maisons sont vidées de leurs biens, et tout est reven­du à l’encan sur des marchés impro­visés, avant que les marchan­dis­es pil­lées ne pren­nent finale­ment le chemin de la Turquie.

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L’argent est le prin­ci­pal ressort de ban­des armées qui sévis­sent en Syrie pour le compte de la Turquie. Une soix­an­taine de mer­ce­naires employés par la Turquie dans la ville de Raï ont décidé ce 11 mars de pren­dre con­gé de leur employeur. Ils devaient être payés 400 $ par mois, mais ils ne rece­vaient que 400 livres turques à la place. 15 de ces mer­ce­naires déser­teurs ont été rat­trapés par les forces turques et emmenés vers une des­ti­na­tion inconnue.

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A 25 kilo­mètres de Gire Sipi, dans le vil­lage de Selib Qiran les forces armées turques ont tra­ver­sé ce lun­di la fron­tière pour détru­ire 25 maisons qui se trou­vent sur le tracé du mur imag­iné par les autorités d’Ankara pour sépar­er le Kur­dis­tan du nord du Kur­dis­tan de l’ouest.
Toutes ces destruc­tions illé­gales ont lieu alors que la com­mu­nauté inter­na­tionale reste dés­espéré­ment silencieuse.

Tou­jours à Gire Sipi, les forces d’occupation turque ont tué ce lun­di encore qua­tre syriens d’origine arabe, sous pré­texte qu’ils refu­saient de servir dans les groupes de mer­ce­naires téléguidés par la Turquie. Les corps de ces 4 mal­heureux ont été retrou­vés dans le vil­lage d’Em al Tawageer, à 43 km de Gire Sipi, où les sol­dats turcs avaient aban­don­né les cadavres.

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Ismet Ibrahim, un berg­er du vil­lage de Jaqlah dans le can­ton d’Afrin, fai­sait paitre ses mou­tons quand les sol­dats turcs ont tra­ver­sé la fron­tière ce lun­di. Les sol­dats turcs ont immé­di­ate­ment tiré sur le berg­er et sur ses bêtes. L’homme a pu se cacher der­rière un rocher pour éviter la mort mais 7 de ses mou­tons ont été abattus.

AFRIN ET MINBIJ
CRISE DES RÉFUGIÉS
Les habi­tants de Bab et de ses envi­rons ont fui : dimanche dernier, une foule de 6000 per­son­nes se pres­saient encore aux portes du can­ton kurde d’Afrin pour y trou­ver du repos et de la sécu­rité. La plu­part de ces réfugiés sont des femmes, des enfants et des per­son­nes âgées.
E.E., un réfugié en prove­nance de Dey Hafir, explique qu’il se réveil­lait chaque jour avec les hurlements de ceux qu’on tor­tu­rait ou qu’on exécutait.
Un nou­veau camp de réfugié est aus­si en con­struc­tion à Min­bij. Il est situé près du vil­lage de Resm al Exder.
Med­i­na Xeli, le respon­s­able de l’aide human­i­taire pour Min­bij, appelle les organ­i­sa­tions inter­na­tionales à leur venir en aide pour aider les pop­u­la­tions déplacées qui se trou­vent actuelle­ment à Minbij.

MINBIJ
VICTOIRES DE LA DÉMOCRATIE

Deux nou­velles impor­tantes nous sont venues de la ville de Min­bij, deux nou­velles qui témoignent du renou­veau démoc­ra­tique au nord de la Syrie.

Ils étaient 26, 26 nou­veaux co-prési­dents et co-prési­dentes, chargés de diriger les 13 comités mis en place par le con­seil démoc­ra­tique de l’administration civile de Minbij.
132 mem­bres de l’assemblée lég­isla­tive ont éval­ué et choisi les can­di­dats qui se charg­eront de ces tâch­es exécutives.
Ibrahim Kaf­tan et Zeynep Kam­bar sont aujourd’hui les deux co-prési­dents de l’administration autonome de Min­bij. Les comités qui ont été con­sti­tués sont ceux :
Des rela­tions inter­na­tionales, de la san­té, des femmes, de la défense et de la sécu­rité, de la cul­ture et des arts, des com­munes, des affaires sociales, des finances, de l’économie, de la jeunesse et des sports, de l’éducation, des mar­tyrs, et enfin le comité des services.

Tous les co-prési­dents et co-prési­dentes ont juré en langue kurde, arabe et turk­mène de rem­plir leur tâche en se bas­ant sur l’intérêt de tous les peu­ples, sur base du pro­gramme poli­tique de la nation démocratique.

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En ce qui con­cerne les actions du con­seil mil­i­taire de Min­bij, un rap­port de l’ONU du 10 mars réfute absol­u­ment toutes les accu­sa­tions qui avaient été portées à l’encontre des FDS. Ces accu­sa­tions, réputées main­tenant sans fonde­ment, sont proférées par les forces d’invasion turques, qui accusent les YPG et les SDF de pra­ti­quer le net­toy­age eth­nique des com­mu­nautés arabes situées autour de Min­bij et du bar­rage de Tichrine.
Le rap­port de l’Onu indique, au point 91, que les déplace­ments tem­po­raires de pop­u­la­tion exigés par les SDF sont jus­ti­fiés par la présence de mines posées par le Daesh, en atten­dant qu’elles soient neu­tral­isées. Les familles déplacées ne sont pas séparées. Tout se passe dans des con­di­tions sat­is­faisantes en ter­mes d’hygiène, de san­té, de mise à l’abri, et d’aide alimentaire.
Ce rap­port de l’ONU con­firme aus­si qu’il n’y a eu aucune vio­la­tions des droits de l’homme per­pétrées par les unités YPG ou par les FDS.
Redur Xalil, le porte-parole des YPG, s’est mon­tré très sat­is­fait de ce rap­port qui met enfin un terme aux cam­pagnes de dén­i­gre­ment con­tre les YPG. Ces cam­pagnes, affirme-t-il, ont pour objec­tif de créer un cli­mat de guerre civile entre les peu­ples et de main­tenir la présence du Daesh.
Et puis, Redur Xalil réaf­firme aus­si la respon­s­abil­ité majeure des YPG et des SDF dans les régions libérées. «La sécu­rité des civils dans les zones libérées est une respon­s­abil­ité human­i­taire et nationale. Cette respon­s­abil­ité trou­ve sa source dans la philoso­phie d’une société libre et d’un pays sûr. »
Avec un tel idéal, les recrues afflu­ent pour rejoin­dre les FDS et le con­seil mil­i­taire de Min­bij ; 110 jeunes de Min­bij vien­nent ain­si de ter­min­er leur for­ma­tion mil­i­taire à l’académie du mar­tyr Faysal Abu Ley­la. On en est déjà au six­ième cycle de for­ma­tion de cette académie. Le co-prési­dent du comité de la défense de Min­bij, Ednan Ebu Emced, a rap­pelé lors de la céré­monie qui mar­que la fin de la for­ma­tion qu’il était de la plus haute impor­tance de défendre la région des attaques de l’Etat turc et des ban­des armées qui accom­pa­g­nent les sol­dats turcs.

EUROPE
L’AKP EXPORTE SES MÉTHODES

Dans le cadre de la cam­pagne élec­torale pour le référen­dum du 16 avril, l’AKP tente de mobilis­er son élec­torat en Europe. Plusieurs de ces réu­nions organ­isées par l’AKP ont été inter­dites aux Pays-Bas, au Dane­mark et en Suisse. En réac­tion, les mil­i­tants de l’AKP ont muti­plé les mesures d’intimidation en Europe.
Il y a d’abord eu ces réu­nions prévues aux Pays-Bas, des réu­nions où devaient par­ticiper des min­istres du gou­verne­ment AKP, et qui ont finale­ment été inter­dites. Mehmet Cavu­soglu n’a pas pu atter­rir aux Pays-Bas et la min­istre turque de la famille, Fat­ma Betül Sayan Kaya, a été refoulée vers l’Allemagne.
Dimanche dernier, au Dane­mark, le pre­mier min­istre Lars Lökke Ras­mussen a égale­ment fait annuler une vis­ite du pre­mier min­istre turc à Copenhague.
En Suisse, c’est le can­ton de Basel qui a pris la déci­sion d’empêcher une man­i­fes­ta­tion raciste organ­isée par les groupes liés à l’AKP, une man­i­fes­ta­tion qui devait avoir lieu ce same­di, et qui était organ­isée par la fédéra­tion des asso­ci­a­tions cul­turelles islamiques de Turquie de Basel.
Des respon­s­ables de l’AKP et du MHP devaient s’y pro­duire. La police a estimé que l’ordre pub­lic et la sécu­rité n’étaient pas garantis.
En Bel­gique, le bourgmestre de la ville d’Anvers a égale­ment pris une déci­sion dans ce sens, en annu­lant une activ­ité organ­isée par les respon­s­ables locaux du par­ti d’extrême droite turc MHP.
Il n’y a qu’en France où les autorités aient per­mis au min­istre turc des affaires étrangères de gal­vanis­er son pub­lic, dans la ville de Metz, dimanche dernier.
Dans la ville de Rot­ter­dam, là où devait se pro­duire la min­istre turque Kaya, des ban­des de jeunes manip­ulés par l’AKP ont agressé des forces de police avec des pavés lors d’échauffourées noc­turnes sur l’avenue West­laak. Une jour­nal­iste du Telegraaf, Marieke Van Essen, a con­staté que ces ban­des proches de l’AKP menaient des patrouilles dans les rues avoisi­nantes avec des bâtons.
Le bourgmestre de Rot­ter­dam, Ahmed Aboutaleb, a expliqué que le con­sul de Turquie à Rot­ter­dam lui avait men­ti en affir­mant qu’aucun min­istre ne devait venir. Le pre­mier min­istre néer­landais, Mark Rutte, n’avait quant à lui pas appré­cié le fait que son homo­logue turc, Binali Yildirim, par­le des turcs des Pays-Bas comme étant « ses citoyens ». Et Rutte de recadr­er les pro­pos de Binali Yildirim : «  ce sont des citoyens néerlandais ! »

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A Istan­bul, un jour­nal­iste norvégien qui cou­vrait un des nom­breux procès truqués qui acca­blent notam­ment les syn­di­cal­istes aujourd’hui, celui de Naz­ife Onay, ce jour­nal­iste donc, a été pris pour un néer­landais. Un groupe de par­ti­sans de l’AKP l’a alors agressé ce lundi.
Les policiers présents sur place ne sont pas inter­venus quand le jour­nal­iste norvégien et d’autres col­lègues jour­nal­istes, des femmes, ont été agressés.

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Tou­jours aux Pays-Bas, des mil­i­tants des par­tis AKP et MHP ont fait irrup­tion, dra­peaux turcs à la main, sur un car­refour d’Amsterdam dimanche soir, pour ter­roris­er les passants.
12 de ces voy­ous qui ges­tic­u­lent aux récrim­i­na­tions de l’AKP ont été arrêtés.

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Mais ce n’est pas tout : plus tard dans la semaine, le pre­mier min­istre turc, Cavu­soglu, fai­sait savoir que l’Europe s’acheminait vers une guerre de reli­gion. Grands ama­teurs de prophéties auto réal­isées, les autorités turques savent qu’elles peu­vent join­dre la parole aux actes.

A Bab, en Syrie, un groupe turk­mène de l’Armée syri­enne libre, mais s’exprimant avec l’accent de Turquie, a posté une vidéo menaçante à l’encontre du gou­verne­ment des Pays-Bas. Ce groupe de ban­dits armés sévis­sant en Syrie rap­pelle se tenir aux côtés de la Turquie.

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Surtout, des doc­u­ments sai­sis en Syrie sur des respon­s­ables de Daesh, des doc­u­ments signé par Abu Bakr al Bag­da­di, l’ainsi dénom­mé  « cal­ife de l’Etat islamique », prou­vent qu’au moins deux respon­s­ables de Daesh sont allées en Alle­magne à l’instigation de la Turquie pour y men­er des actions.
Un doc­u­ment daté du 7 novem­bre 2016 adressé au respon­s­able de Daesh en Turquie, Mihemmed Oglea al Abdul­lah, lui demande d’organiser à la demande d’Al Bag­da­di le départ en Alle­magne de Muhammed Mir­li où il fau­dra déter­min­er là-bas, en Alle­magne, de ce qu’il devra faire.
Les remar­ques de Cavu­soglu de cette semaine rap­pel­lent les pro­pos d’Erdogan, juste avant les atten­tats de Paris et de Brux­elles. Erdo­gan avait alors déjà prophétisé : « que se passera-t-il quand il y aura des attaques là ? » Et les attaques ter­ror­istes de réalis­er presque de suite ses menaces.
Les méth­odes de men­aces et d’intimidation util­isées à grande échelle con­tre les pop­u­la­tions du Bakur et con­tre les pro­gres­sistes de Turquie s’exportent ain­si vers l’Europe.

BASUR-KURDISTAN DU SUD
UNE TUÉE, 15 BLESSÉS LORS D’UNE MARCHE

Une man­i­fes­ta­tion réu­nis­sant plusieurs mil­liers de per­son­nes s’est ren­due depuis le Roja­va vers la ville de Xana­sor, pour y dénon­cer la poli­tique du par­ti KDP. Une fois sur place, les mili­ciens de l’alliance KDP-AKP qui se font appel­er « pesh­mer­ga du Roja­va » ont ouvert le feu, tuant une femme et en blessant 15 autres.

Ils étaient des mil­liers, ce mar­di, en prove­nance du Roja­va et bien­tôt rejoint par des habi­tants de Sen­gal, de Xana­sor ou de Serdest, à vouloir se ren­dre à Xana­sor, pour dénon­cer l’agression per­pétrée par les ban­des armées de l’alliance KDP-AKP.
Ils por­taient les dra­peaux des unités ézi­dies YBS, YJS, et des posters d’Abdullah Ocalan.
Et puis, alors qu’ils s’approchaient des véhicules du KDP, les mili­ciens de l’alliance KDP-AKP ont ouvert le feu, tuant net Nazê Naif Qaval, une mem­bre de l’assemblée du mou­ve­ment ézi­di des femmes libres.

15 autres per­son­nes ont été blessées par les tirs, y com­pris deux jour­nal­istes qui cou­vraient les évène­ments. 3 des blessés sont tou­jours jugés dans un état grave.

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Les mili­ciens qui ser­vent dans les troupes du KDP ne sont pas des pesh­mer­ga : ce sont des anciens du Daesh, du front al Nos­ra ou de l’ENKS, qui ont été récupérés par la Turquie, et qui ont été entrainés par le MIT (ser­vices secrets de Turquie) dans les bases amé­nagées au Kur­dis­tan du sud, sous le con­trôle de Barzani.

Un de ces hommes, Shen­gali Mesut Mohamed, illus­tre la sit­u­a­tion des agresseurs de Sen­gal : il est orig­i­naire de Sen­gal, mais il est sun­nite. Quand Daesh a envahi la ville, il s’est joint avec sa famille aux agresseurs, il a par­ticipé au meurtre de plusieurs Ézidis et en a prof­ité pour piller leurs maisons.
Blessé lors de la libéra­tion de la ville par les troupes YBS, il a été trans­féré au Kur­dis­tan du sud pour y être soigné. Après son rétab­lisse­ment, il a rejoint les ban­des des biens mal nom­més « pesh­mer­ga du Roja­va » entrainées par les officiers de l’armée turque.

 

Les mots ont leur impor­tance : Des artistes du Başur ont donc tenu à clar­i­fi­er les ter­mes. Ils expliquent d’abord qu’ils ne con­sid­èrent pas l’attaque de Xana­sor comme une forme de guerre civile, mais sim­ple­ment comme une trahi­son, la trahi­son d’un par­ti, le PDK.
L’artiste Imad Hew­leri explique ensuite qu’il faut con­damn­er l’attaque à Sen­gal et explos­er la vérité grâce à l’art. Ces ban­des, dit-il, reçoivent du sou­tien à l‘intérieur et à l’extérieur du Başur. Mais ce ne sont pas des pesh­mer­ga. Les pesh­mer­ga ont un nom recon­nu, sacré. Et ils veu­lent don­ner à ces pesh­mer­ga l’image de collaborateurs.

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BASUR-KURDISTAN DU SUD
HAKAN FIDAN (MIT) À HEWLER

Selon des sources jugées crédi­bles, des sources s’exprimant sur Rojnews, le grand patron du MIT, les ser­vices secrets de Turquie, s’est ren­du au Kur­dis­tan du sud, où il a vis­ité les ban­des de mili­ciens qui ont frap­pé Xana­sor, ain­si que les respon­s­ables du PDK.
Lors de la vis­ite de Hakan Fidan, le respon­s­able du MIT, au Başur, entre le 14 et le 15 mars, le pre­mier min­istre du gou­verne­ment région­al kurde d’Irak, Nechir­van Barzani et son oncle, le prési­dent Mas­soud Barzani, ont pu dis­cuter de la col­lab­o­ra­tion entre les deux régimes, AKP et PDK.
Selon ces sources, il y a été ques­tion de l’action con­jointe à men­er sur le PKK, dans les mon­tagnes du nord de l’Irak.
Hakan Fidan a égale­ment ren­con­tré les respon­s­ables des mil­ices AKP-PDK qui encer­clent aujourd’hui Sen­gal, avant de se ren­dre sur la base mil­i­taire turque sta­tion­née à Bamernê.

Dans la région de Sid­e­qa, une région qui bor­de les zones tenues par la guéril­la, les zones appelées “zones de défense Mydia”, la Turquie masse des troupes et du matériel. 8 véhicules blind­és et de nom­breux sol­dats turcs y sont encore arrivés dimanche dernier.
Un com­merçant qui ten­tait de filmer le déploiement des mil­i­taires turcs a été repéré par les policiers du KDP et il a été bat­tu avant d’être arrêté.

Mar­di, d’autres déploiements de forces, issues du PDK cette fois, se posi­tion­naient dans la région de Bal­akati. Les reporters de la chaine de télévi­sion KNN sur le ter­rain font état de 25 mili­ciens du KDP déployés sur la colline Mame rut et de 50 autres sur la colline de Koliter. Les forces du KDP empêchent la presse de cou­vrir ces mou­ve­ments de militaires.

TURQUIE
RÉFÉRENDUM CONSTITUTIONNEL DU 16 AVRIL

Les autorités turques se pré­par­ent pour le référen­dum du 16 avril. Pour met­tre un max­i­mum de chances de leur côté, et rem­porter un « oui » au change­ment de con­sti­tu­tion, les com­munes où les habi­tants voteront mas­sive­ment « non » sont décrétées risquées, et les urnes seront déplacées bien plus loin, dans d’autres local­ités, pour dis­suad­er les électeurs de se ren­dre aux urnes.
Autour du dis­trict de Derik, à Mardin, 30 vil­lages seront privés d’urnes. Les habi­tants devront aller vot­er à plusieurs kilo­mètres dans des cen­tres élec­toraux qui regrouper­ont les urnes de tous ces vil­lages, des vil­lages réputés risqués par les gen­darmes, mais qui ont surtout voté mas­sive­ment pour le par­ti HDP lors des dernières élections.
Dans le dis­trict de Tat­van, à Van, les habi­tants de 30 autres vil­lages devront aus­si se ren­dre au dis­trict cen­tral et dans des vil­lages où les gardes de vil­lage sur­veilleront le scrutin.
A Bitlis, il n’y aura pas d’urne non plus dans 10 villages.
Pour Sezai Temel­li, du par­ti HDP, ces déci­sions vont à l’enconttre de la loi élec­torale. La rerlocal­i­sa­tion des urnes pour de pré­ten­dues raisons de sécu­rité est inac­cept­able. Cette manupu­la­tion per­me­t­tra sim­ple­ment aux autorités d’empêcher les électeurs de se ren­dre aux urnes et de manip­uler ain­si le résul­tat des élections.

Pour Temel­li, tenir ce ref­er­en­dum en plein état d’urgence est aus­si un autre, prob­lème, un prob­lème de légitim­ité du scrutin.
Et de fait, les arresta­tions des opposants et des voix qui cri­tiquent le régime se pour­suiv­ent : le co-prési­dent de l’association turque des droits de l’homme (IHD) d’Amed (Diyarbakir), Raci Bili­ci, a été arrêté à son domi­cile mercredi.
Les deux co-bourgmestres du dis­trict d’Ercis, à Van, ont été con­damnés ce lun­di à 13 ans et 9 mois de prison. Le co-bourgmestre de Balv­eren, à Sir­nak, a été arrêté ce mer­cre­di, dans les bureaux du par­ti DBP. Il croupit actuelle­ment à la prison de type T de Sirnak.
Et tout au long de la semaine, les arresta­tions se sont encore mul­ti­pliées, chez des admin­is­tra­teurs moins con­nus des par­tis HDP et DBP. 17 per­son­nes à Erzu­rum ce ven­dre­di, 15 à Van.

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On a aus­si appris que les bureaux du par­ti HDP et DBP de Van, perqui­si­tion­nées deux fois l’année dernière, ont été placés sous écoute. Des micros ont été retrou­vés par hasard, cachés à l’intérieur des pris­es de courant.

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Quant aux habi­tants des régions où le vote HDP est fort, ils sont mis sous pres­sion mil­i­taire. A Lice, (dis­trict de Diyarbakir) 10.000 sol­dats pour­suiv­ent leurs opéra­tions mil­i­taires dans 18 vil­lages placés sous couvre-feu.
Les vil­la­geois ne peu­vent pas quit­ter leurs maisons, même les enfants doivent rester à l’intérieur, pen­dant que la police mène des raids, har­celle les femmes, insulte les villageois.
D’autres opéra­tions mil­i­taires menées con­tre les pop­u­la­tions civiles se pré­par­ent, notam­ment dans la région de Sir­nak, à Gabar, et dans la région d’Hakkari.
De nom­breux véhicules de l’armée, des troupes et des gardes de vil­lage sont entrés dans ce qui vient tout juste d’être qual­i­fié de « zone de sécu­rité mil­i­taire » par le gouverneur.

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NOUVEL AN KURDE
NEWROZ

Le 21 mars, c’est le jour tra­di­tion­nel du Newroz, le nou­v­el an kurde. Une tra­di­tion qui remonte au néolithique, et qui célèbre l’équinoxe du print­emps. La fête de Newroz se tien­dra cette semaine dans le Kur­dis­tan mais à Frank­fort, en Alle­magne, les Kur­des ont déjà com­mencé à célébr­er le nou­v­el an, en présence de Sal­ih Mus­lim, le co-prési­dent du PYD.

Ils étaient déjà des mil­liers hier à Frank­fort, en Alle­magne, à fêter le Newroz. Dans la foule, des ban­nières du PKK, du PYD, du KCK, des YPG et des YBS.
Un chœur d’enfants a inau­guré les céré­monies. Et puis, Sal­ih Mus­lim, le co-prési­dent du PYD, a pris la parole. Il a d’abord cri­tiqué les autorités alle­man­des qui ont décidé d’interdire les sym­bol­es kur­des. L’Allemagne ferait mieux, a‑t-il dit, d’interdire le dra­peau turc et celui de toutes les organ­i­sa­tions ter­ror­istes au lieu de s’en pren­dre à nos sym­bol­es. Nous com­bat­tons Daesh avec ces sym­bol­es au Moyen ori­ent, non seule­ment pour nous-mêmes, mais pour toute l’humanité.
C’est pourquoi ce Newroz sera dif­férent des autres, a affir­mé Sal­ih Mus­lim. Nous con­nais­sons main­tenant nos amis et nos enne­mis. Que per­son­ne ne doute que le suc­cès et la vic­toire seront de notre côté !


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