Ces femmes et hommes, ne sont que quelques unEs des fonc­tion­naires, enseignantEs, chercheurEs, licen­ciéEs par décret et ils/elles se bat­tent de toutes leur forces con­tre les purges en Turquie. Une leçon de résistance !

Kedis­tan ne peut que se faire le relai d’in­for­ma­tion ici de leur com­bat, de leur résis­tance là-bas, incite à la faire con­naître, et, pourquoi pas, à des “par­rainages” syndicaux.

Acun, Nuriye, Semih et leur soutien…

Nuriye Gül­men, chercheure à L’U­ni­ver­sité de Selçuk, Acun Karadağ, pro­fesseur de Sci­ences sociales au col­lège Hal­im Şaş­maz, à Hasköy, à Ankara, Semih Öza­kça, insti­tu­teur à l’é­cole pri­maire Cumhuriyet de Maz­dağ à Mardin sont touTEs les trois licen­ciéEs le décret n° 675 du 29 octo­bre 2016.

Veli Saçılık est un autre lésé du même décret dit n°675. Il tra­vail­lait comme soci­o­logue au Min­istère de la famille et des poli­tiques sociales. Il s’est trou­vé au chô­mage subite­ment, comme des cen­taines de mil­liers de fonc­tion­naires licen­ciés par décret, et pro­jetés dans la pré­car­ité. Veli a rejoint la lutte de Nuriye, Acun et Semih.

Ces trois enseignantEs, sont entrée en résis­tance et après avoir man­i­festé d’abord seulEs ont ensuite réu­ni leur forces. Ils, elles ont été molestéEs, frap­péEs, traînéEs, de nom­breuses fois arrêtéEs, mis­Es en garde-à-vue, mais dès qu’ils, elles retrou­vent leur lib­ertés, se ren­dent au lieu de ren­dez-vous, à 13h30 au boule­vard Yük­sel à Ankara, et recom­men­cent avec détermination.

*

Nuriye pub­li­ait sur son blog le 8 novem­bre les reven­di­ca­tions de leur résistance :

  1. La lev­ée de l’é­tat d’urgence.La réin­té­gra­tion de touTEs les fonc­tion­naires révo­lu­tion­naires et démoc­rates licen­ciéEs et limogéEs.
  2. Arrêt des licen­ciements illé­gaux et arbitraires.
  3. La réin­té­gra­tion des droits soci­aux des 13 mille chercheurEs d’ÖYP.
  4. La Sci­ence n’est pas pos­si­ble sans la sécu­rité de travail.
  5. Nous voulons la sécu­rité pour toutEs les travailleur/ses de l’en­seigne­ment et sciences.

Le 9 mars, le groupe, au 121 ème jour de leur résis­tance, a déclaré lors d’une con­férence de presse dans l’Assem­blée Nationale, qu’ils/elles entam­eraient une grève de la faim à par­tir du 9 mars, jusqu’à ce que leur tra­vail leur soit rendu.

A la fin de la déc­la­ra­tion, ils/elles ont été de nou­veau placéEs en garde-à-vue. La Direc­tion de la lutte anti-ter­ror­isme a mon­tré leur déc­la­ra­tion annonçant la grève de la faim comme motif de leur arrestation.

Nuriye et Semih ont alors anticipé leur grève et l’ont entamée dès le 9 mars…

Nuriye, 6 ème garde-à-vue

Je veux qu’on me rende mon travail, mon école, mes élèves !

L’his­toire de résis­tance de Nuriye com­mence par un sit-in le 9 novem­bre 2016, à Ankara, sur le boule­vard Yük­sel. Pour une ving­taine de sou­tiens et une seule man­i­fes­tante, plus d’une cen­taine de policiers anti-émeute sont déployés. Dès qu’elle com­mence à pronon­cer la pre­mière phrase de son com­mu­niqué “Je suis une uni­ver­si­taire licen­ciée.…. ” La police intervient.

Acun, dès qu’elle apprend son licen­ciement, se rend devant son école.  Elle y fait une déc­la­ra­tion le 17 novem­bre 2016, après son licen­ciement. Mem­bre du syn­di­cat enseignant Eğitim-Sen, elle veut tout sim­ple­ment faire un sit-in devant son école, en revendi­quant “Je veux retrou­ver mon tra­vail, mon école, mes élèves !”.

Je suis Acun Karadağ. Je suis licen­ciée par le décret du 29 Octo­bre. Autrement dit, je suis virée ! Je suis enseignante depuis 20 ans.
Depuis 7 jours, je résiste devant mon école, le col­lège en Sci­ences Sociales, col­lège Hal­im Şaş­maz à Hasköy, pour retrou­ver mon tra­vail, mes élèves. Et je vais con­tin­uer jusqu’à ce que je les récupère.

Je résiste toute seule, parce que la vio­lence de la police est intense. Ils ne sup­por­t­ent pas le moin­dre sou­tien qui se rap­proche de moi. Mais je sais que der­rière moi, il y a des cen­taines de per­son­nes, toute une masse qui me sou­tient. C’est avec leur force que je vais con­tin­uer à résis­ter. C’est moi qui ai rai­son. Je vais vaincre.

Arresta­tion d’A­cun le 17 novem­bre. Elle en sor­ti­ra avec un bras dans le plâtre…

https://www.youtube.com/watch?v=-IJwD40Kw1c

Elle pub­liera plus tard ce texte :

Le 15ème jour de ma résis­tance, j’ai été mise en garde-à-vue une 10ème fois, à 12h30, et j’ai été libérée à 15h00.

Pen­dant qu’un polici­er me tor­dait le bras, j’ai crié “Ce que vous faites là, c’est la cru­auté ! Qui servez vous ?” Une voix de femme, la voix de son maître sans doute, m’a répon­du, en cri­ant “Cela peut être la nation ?”, j’ai alors dit “Servir la Nation ? Moi, je ne suis pas la Nation ?”. Mais nous le savons tous, ceux qui votent l’AKP sont la Nation, ceux qui ne votent pas pour eux, sont des ter­ror­istes. D’ac­cord la femme par­ti­sane. D’ac­cord parce que tu ne com­pren­dras pas sans qu’on t’ex­plique com­ment on se joue de toi. J’e­spère qu’un jour nous trou­verons l’oc­ca­sion de dis­cuter ensemble.

Un peu plus haut, quand ils m’ont trainé vers le bout de la rue, une voix d’homme :” Ce sont des traitres à la Patrie”. Celui que tu traites de “traitre à la Patrie” enseigne aux enfants de la Patrie, depuis 20 ans. Mais que voulez-vous que je dise à cet oncle. Com­ment voulez-vous que je lui explique, là, sur le champs, les enjeux de l’im­péri­al­isme et de ses larbins. Com­ment je lui explique qu’à la sec­onde, qu’alors que les insti­tu­tions de ce pays sont ven­dues une par une, lui, il se tient tran­quille et qu’il n’en sait rien. Com­ment voulez-vous dire que c’est lui, qui, en croy­ant ce qu’on lui souf­fle dans l’or­eille, sans réfléchir, sans lire, trahit la Patrie ? D’ac­cord oncle, d’ac­cord à toi aussi.

Ces jours-ci, ceux et celles dont les proches, ou eux-mêmes sont estampil­lés d’une façon ou autre, mem­bres de FETÖ, nous attaque­nt avec la mousse à la bouche. Ils essayent de cir­er les chaus­sures du pou­voir, et de ne pas être dénon­cés. Je com­prends votre peur. C’est pour cela que je viens, tous les jours, sans peur, devant mon école. Parce que je suis sûr de ne pas avoir trahi mon pays.

Je n’écris pas ici, le nom de mon élève qui a cou­ru jusqu’au véhicule [de la police], la souf­france de l’im­puis­sance se reflé­tant dans les yeux. Parce que je sais que vous salirez cet enfant et vous le men­ac­erez. Vous voyez cet enfant, vous n’êtes rien à côté de sa con­science et son intelligence.

Celles et ceux de l’é­cole, vous qui savez que j’ai rai­son, et qui vous taisez, je le déplore. Vous n’avez même pas eu le courage de ces deux étourdis.

Main­tenant, je m’adresse aux autorités. Comme vous avez inscrit mon nom sur cette liste une nuit, sans ques­tion, sans inter­ro­ga­tion, ren­dez-moi, en une nuit, mon tra­vail, mon gagne-pain, mes élèves. Vous avez une semaine. Si vous ne rec­ti­fiez pas votre erreur, et vous ne me rassem­blez pas avec mes élèves, je com­mencerai une grève de la faim, à par­tir du lun­di 5 décem­bre (grève qui fut à ce moment là repoussée).

Dans une autre vidéo nous faisons aus­si con­nais­sance avec Nuriye et Semih. Me Engin Gökoğlu les accom­pa­gne. Il est un des avo­cats de “L’office du Droit du Peu­ple”, (Halkin Hukuk Büro­su), une organ­i­sa­tion de société civile, scel­lée égale­ment par décret en novem­bre 2016 avec 1124 autres asso­ci­a­tions.

https://youtu.be/7VjF79qDITI?t=34s

Tra­duc­tion des interventions :

Nuriye Gül­men 

résistance

Nuriye, 12 ème garde-à-vue

00:34
Voilà com­ment nous sor­tons tous les jours : Dans nos poches, nos cartes d’i­den­tités, nos porta­bles, et un peu d’ar­gent, pour ren­tr­er. Nos pan­car­tes dans nos mains, nos coeurs bat­tants, nous sortons…

De toutes façons ils sont tou­jours là. Ils atten­dent. Des bruits de talkies-walkies, un moment plus tard, ils arrivent, ils nous embarquent.

Le 20ème jours, nous sommes sor­tis. Les affaires dans les poches, bien parés. Nous avons fait notre discours…

Per­son­ne…

On s’est regardés. On s’est assis… En fait, ce n’est pas qu’ils n’é­taient pas là. Il étaient bien là, mais il ne se pas­sait rien. Ils nous ont filmé, ils ont pris des notes, c’est tout. On s’est dit, bon, c’est pos­si­ble qu’il n’y ait pas d’équipes disponibles, ils vien­dront peut être tout à l’heure, ils ne sont peut pas encore prêts. Un bon moment s’est écoulé… Mais, vrai­ment, j’ai du mal à exprimer, quelle sen­sa­tion cela fait. Le fait de réus­sir à s’as­soir, rester là, alors que d’habi­tude le fas­cisme frappe fort. C’é­tait une con­quête. C’est dif­fi­cile à exprimer. Ce jour où nous avons gag­né cet espace, je me suis dit que j’é­tais heureuse comme si j’é­tais retournée à mon travail.


Me Engin Gökoğlu

02:05
Une per­son­ne. Nuriye Gül­men était la seule per­son­ne. Avant même qu’elle ne lise un seul mot, les attaques com­mençaient. Ils la pre­naient en la traî­nant avant qu’elle n’ou­vre la bouche. ensuite au com­mis­sari­at, ils dis­aient “Nous ne fer­ons pas la procé­dure selon 291”. C’est quoi alors ? “Infrac­tion”. Chercher votre droit devient une “infrac­tion”. Quelle est la réponse de l’in­frac­tion. Une amende admin­is­tra­tive. Nous n’ac­cep­tons pas cela non plus. Ce n’est pas une infrac­tion, ni un délit. Après, ils ont lais­sé tomber l’in­frac­tion, ils ont changé… En fait, cela changeait con­tin­uelle­ment. Imag­inez un type de délit, qui change chaque jour, selon le pro­cureur en place ce jour-là, ou encore selon les états d’âme des forces de sécu­rité… Un tel sys­tème de Jus­tice peut-il exis­ter ? Pour­rons-nous nous con­fi­er à leur con­science ? Jamais.

La résis­tance est un droit et un acte légitime. Il faut le répéter sans cesse. C’est aus­si libéra­teur, car on dit, on ne se soumet pas. Cela fait par­tie de l’hon­neur, cela fait par­tie de la sérénité.

Semih Öza­kça

04:29
Dans “Les Jours et les nuits de Stal­in­grad” le livre de Simonov, il y avait un pas­sage très mar­quant. Pen­dant la guerre, les sol­dats en attente dans les tranchées, “le plus ter­ri­ble pour vous, c’est d’at­ten­dre”. Cette attente, cette ten­sion, que va-t-il se pass­er ? Ce genre d’at­tente est vrai­ment quelque chose de ter­ri­ble. Peut être entre nous, il y a des per­son­nes qui endurent cette attente.
En réal­ité, en atten­dant, en ne faisant rien, les prob­lèmes ne se résol­vent pas. Je me suis ren­du compte que je n’avais pas d’is­sue. Si notre pays est dirigé par le fas­cisme, ce n’est pas une sit­u­a­tion qui con­cern­era juste ton tra­vail. En fait, si aujour­d’hui on t’a retiré ton tra­vail, demain, après demain, on vien­dra t’en­lever ta lib­erté. Peut être qu’on fera une descente dans ta mai­son, ou … je veux dire, c’est plein de diversité…
Il fal­lait donc lut­ter. Pour garder son hon­neur, pour rester soi-même, pour rester résis­tant, au sens psy­chologique… Un jour quelqu’un m’a dit cela, sur les lieux de résis­tance : “Vous, vous n’avez pas besoin de psy­cho­logue !” C’est vrai ! Parce que lors des actions, nous retrou­vons des forces.

Acun Karadağ

6:12
Cer­taines per­son­nes dis­ent, “Dites, atten­dez donc un peu. Ca ira mieux, toutes ces choses seront réparées. Et vous allez touch­er beau­coup d’indemnités.”

Eh, comme s’ils allaient m’in­dem­nis­er avec l’ar­gent des bracelets d’Em­ine1 voyons…C’est l’ar­gent du peuple !

résistance

Grève de la faim, jour 8

Ca vient d’où tout ça ? D’où sor­tent tous ces aver­tisse­ments, ces ques­tion­nements qui sor­tent ? “Ceux qui vont réin­té­gr­er leur tra­vail, il va se pass­er telle chose, ceux qui ne retrou­vent pas telle chose…” Non, mais est-ce que c’est le moment de faire des négo­ci­a­tions, des sup­pu­ta­tions de ce genre ? Ce sont des ques­tion­nement qui nais­sent du fait de ne pas cor­recte­ment com­pren­dre et définir le proces­sus en cours.

Si on fait ça, il se passera ça, dans l’avenir tout ça, sera passé… Dans les années 80 il y a eu des choses pareilles, c’est passé.…” Ce sont des choses indignes. Mon prob­lème serait sim­ple­ment de pou­voir aller tra­vailler ? Non. Il y a des gens en face de moi, et ils m’ont indignée. Ils m’ont men­acée, en me dis­ant “Nous te fer­ons ce que nous voulons.”

Un voleur entre dans ta mai­son. Tu te dis, “je vais lui courir après plus tard”, ou tu le fais tout de suite ? Il y a un voleur dans la mai­son, attrape le par le col ! Et tu reprends ce qu’il a volé. C’est tout.

Nous sommes arrivés au dernier point, là où nous sommes, pou­vons nous, nous per­me­t­tre de plan­i­fi­er l’an­née prochaine ? Les gens ont faim. Il dit “Qu’ils man­gent des racines”. Il dit aujour­d’hui aux gens, qu’il a encour­agés hier, pour qu’ils entrent dans la “fraterie“2“Mangez des racines”. Il dit “Je vous ai appelé à sor­tir le 17 décem­bre et vous n’êtes pas sor­tis”.

Parce que tu l’as dit ! Per­son­ne n’a de con­vic­tion, de valeurs morales, nous devons nous nous met­tre en mou­ve­ment avec toi… Une telle chose n’est pas pos­si­ble. Il n’y a pas non plus un régime [poli­tique] comme ça ! C’est une telle absur­dité. Peut on diriger un pays comme ça ? Illégalement…

Qu’est-ce que c’est l’é­tat d’ur­gence ? J’ai dit à la police “Moi, j’ai déclaré mon pro­pre état d’ur­gence. C’est mon état d’ur­gence, dégage de mon espace d’ac­tion ! Vous occu­pez mon espace d’ac­tion, dégagez !” C’est pas une chose que j’ai dit en mon­trant un grand courage ou quoi que ce soit, mais avec la légitim­ité. Ca veut dire quoi, tu vas te per­me­t­tre de met­tre ma famille, mes enfants en dif­fi­culté. Ma fille se pré­pare aux exa­m­ens de l’u­ni­ver­sité, elle ne va pas pou­voir tra­vailler. Je vais être oblig­ée de fer­mer ma mai­son, aller chez ma sœur. Est-ce pos­si­ble tout cela ?

Nous sommes dans notre droit le plus légitime. Eux, sont faibles, c’est pour cela qu’ils attaque­nt. Pen­dant qu’ils sont faibles, nous devons nous mon­tr­er forts.

Me Engin Gökoğlu

09:08
Aucun Hoca3fait appel à vous. Elle vous dit “Moi, je résiste. Vous, que faites vous, que fer­ez-vous ?”. Nous savons que vous suiv­ez sur les réseaux soci­aux, nous savons que vous likez, vous met­tez des smi­leys. Mais en fait, elle vous dit, venez donc près de moi, venez vous asseoir avec moi. Ou par­lez de cette résis­tance aux autres.

C’est ce que nous faisons !…

résistanceDernières nouvelles

Garde-à-vue,
le pain quotidien des grévistes

Le 18 mars dernier, 9ème jour de la grève, ça a recom­mencé de plus belle…

En résumé, Nuriye Gül­men, Veli Saçılık, Semih Öza­kça ve Esra Öza­kça, au total 10 per­son­nes ont été mis­es en garde-à-vue… La maman de Veli Saçılık a été trainée à terre lors de l’arrestation.

*

Tra­duc­tion de la vidéo suiv­ante (émise en direct sur Périscope) :

Semih est par terre, “Que c’est-il passé ? Ma mère s’est évanouie… Je veux voir ma mère ! Je veux voir ma mère ! ” répète-t-il.

Voix de femme (prob­a­ble­ment Nuriye) “Que lui avez-vous fait à cette femme ?”

Voix d’un ami-sou­tien (égale­ment arrêté, dans le four­gon) “Vous êtes autant immoraux, pour faire un truc pareil ! Ici, il y a une grève de la faim, une grève de la faim, tu sais ce que c’est ?! Vous leur devez du respect ! Tu dois respecter cet homme ! ” Le polici­er répond “Je le respecte”, l’homme rétorque “C’est ça le respect ?!”

Un des policiers veut empêch­er la femme qui filme avec son télé­phone, et émet en direct sur Periscope, de con­tin­uer. Voix de femme “Ne touchez pas cette femme ! Elle est en grève de la faim ! Ne touche pas ! Qu’est-ce que tu fais ? Que crois tu faire ?”. Le polici­er sur le siège du devant, “Toi, je te casserai la tête !”. La femme qui filme “Viens la cass­er qu’on voit ça”. Nuriye “Tu vas cass­er sa tête ? Tu crois cass­er la tête de qui toi ?”. Le polici­er répond (inaudi­ble) Nuriye “C’est toi qui frappe ! C’est toi qui frappe !” 

ce moment là, les policiers à la porte du four­gon bous­cu­lent encore Semih qui est tou­jours par terre. Nuriye “Regardez ! Qu’est-ce qu’il fait !” Un polici­er tient les pieds de Semih, qui lui lance depuis le sol “Bour­reau, bour­reau… laisse mon pied !”. Le polici­er essaye de fer­mer la porte. Nuriye “J’e­spère que tu y lais­seras ton bras, ta porte !” L’a­mi-sou­tien “Vas‑y frappe frappe !” Nuriye “Bra­vo bra­vo ! Vous frappez bien ! Vous l’avez mon­tré à tout le boule­vard Yük­sel !” Le polici­er ferme la porte du fourgon. 

Semih, “Je veux voir ma mère!” L’a­mi-sou­tien “Bour­reaux, Bour­reaux indignes !”

résistance

Graf­fi­ti de sou­tien de l’U­ni­ver­sité de Beaux-Arts, Mimar Sinan.

Les suites…

Lors de l’in­ter­ven­tion poli­cière, Kezban, la mère de Veli présente sur place, avait été trainée par terre. Elle témoigne : “Ils m’ont trainée sur le sol sur plusieurs mètres. J’avais déjà subi la vio­lence poli­cière à Bur­dur, il y a 17 ans. Ils m’avaient molestée de la même façon et trainée au sol. Je por­tais une jupe, j’é­tais com­plète­ment dénudée. Depuis ce jour, je n’ai plus jamais porté de jupe. Les policiers m’ont dit “Prends ton enfant et ren­trez chez-vous”. Qu’il aille chez-lui ? Com­ment fera-il ? Ils lui ont enlevé son tra­vail, son pain. La mai­son demande repas, gaz, loy­er… Il y a des enfants. Dehors ou à la mai­son, il est ques­tion de faim. Je sou­tiens mon fils. L’E­tat doit avoir la honte”.

Veli exprime qu’il est à la fois en colère et triste, et explique ce qu’il s’est passé : “La police s’est dirigée vers moi. Je suis resté entre une dizaine de policiers. J’é­tais au sol et ils m’ont don­né des coups de pied dans l’aine, ils m’ont retiré mes vête­ments, ils m’ont dénudé et frap­pé sur le corps. Et cela a con­tin­ué dans le four­gon (vidéo ci-dessous). Si cela ne s’ap­pelle pas du fas­cisme, c’est quoi ? Ce qui m’a le plus cha­griné et mis en colère c’est ce qu’ils ont fait à ma mère.”

Veli, ajoute que les policiers ne se sat­is­font pas de les moles­ter et met­tre en garde-à-vue, mais qu’ils s’at­taque­nt sys­té­ma­tique­ment aux fleurs qui sont offertes en sou­tien aux grévistes, qu’ils posent sur le mémo­r­i­al, “Ils les jet­tent par terre et les écrasent sous leurs bottes. C’est sym­bol­ique­ment met­tre tous les sen­ti­ments et pen­sées human­istes sous les pieds” dit-il…

Pen­dant que Veli et Kezban s’ex­pri­maient le 18 mars au jour­nal Duvar, Nuriye et Semih étaient encore en garde-à-vue.

Nous apprenons aujour­d’hui, qu’ils ont enfin été libérés… Jusqu’à la prochaine fois.

En con­tact avec les grévistes, nous essaierons de vous don­ner des nouvelles…

En attendant vous pouvez les suivre sur : Le blog de Nuriye
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Vis­ite de sou­tien 8 mars

 

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Grève de la faim, vis­ite de sou­tien noc­turne, le 15 mars


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