Voici les “chroniques de la révolution kurde”, journal télévisé présenté par Ronahi TV chaque dimanche.
Un retour en textes et vidéos, sur la semaine du 5 au 12 mars 2017.
Il s’agit d’une émission d’informations régulière en langue française, que vous retrouverez ici, chaque semaine, en partenariat avec Kedistan.
Les gros titres
- 8 MARS : JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES — FESTIVITÉS ET DISCOURS
- XANASOR – SENGAL : APRÈS L’ATTAQUE DU 3 MARS
- XANASOR : LES RÉACTIONS
- ONU- BUREAU DES DROITS DE L’HOMME : UN RAPPORT ACCABLANT SUR LA TURQUIE
- BAKUR- KURDISTAN DU NORD : LICE : ATTAQUE DES VILLAGES
- VERS RAQQA : OPERATION “COLÈRE DE L’EUPHRATE”
- NORD DE LA SYRIE-ROJAVA : NOUVELLES AGRESSIONS DE LA TURQUIE
- CANTON D’AFRIN : NOUVELLE VAGUE DE RÉFUGIÉS
- MINBIJ : CRISE DES RÉFUGIÉS
8 MARS
JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES
La journée internationale des femmes a lieu chaque 8 mars depuis l’année 1914. La lutte pour l’égalité entre hommes et femmes est loin d’être terminée, même en Europe, mais le combat pour l’émancipation des femmes a pris une tournure toute particulière dans le Kurdistan.
En 1913 et 1914, dans le cadre du mouvement pacifiste de la veille de la Première Guerre mondiale, des femmes d’Europe organisent des rassemblements contre la guerre. En 1914, c’est la date du 8 mars qui est retenue.
Le 8 mars 1977, l’Organisation des Nations unies adopte une résolution enjoignant à ses pays membres de célébrer une « Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix internationale » plus communément appelée par l’ONU « Journée internationale des femmes »
Aujourd’hui, même en Europe, les droits acquis par les femmes restent très en deçà des légitimes exigences de justice et d’égalité. Et rien n’indique qu’en cas de crise économique, politique ou religieuse, la situation des femmes ne se détériore subitement.
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Au Kurdistan, La journée des femmes a une importance toute particulière : tout le projet politique élaboré par le leader kurde Abdullah Öcalan est fondé sur l’émancipation de la femme et la sortie du patriarcat.
Au Bakur et au Rojava, ainsi que dans la région de Sengal, là où s’expérimentent les projets inédits de démocratie radicale, les femmes s’organisent au sein d’institutions fortes pour défendre leurs droits, et elles participent à la lutte armée contre les oppresseurs de Daesh et des différents régimes nationalistes et religieux, régime AKP et Daesh en tête.
Dans chaque Commune autogérée, dans chaque parti, dans chaque assemblée exécutive ou législative, il y a toujours un co-président et une co-présidente. Il y a toujours un strict minimum de 40% de femmes qui doivent être représentées, sous peine de voir la légitimité et la légalité de cette institution réduite à néant. Et au final, les assemblées de femmes disposent toujours d’un droit de véto sur l’ensemble des décisions qui auraient été votées par ailleurs.
En ce qui concerne la justice, une commission spéciale du Rojava a remis tout le droit familial hérité du régime Baath sur le chantier. Les femmes sont jugées par des femmes, et l’ensemble de leurs droits sont garantis. Les auteurs de violence domestique ont dorénavant une police spéciale composée de femmes pour mettre un terme à leurs agissements.
Au Bakur, toutes les initiatives émancipatrices mises en place par les communes gérées par le parti DBP ont malheureusement été suspendues par les curateurs nommés par le pouvoir central. Mais les femmes continuent le combat.
Jin, Jiyan, Azadi… la femme, la vie, la liberté…
8 MARS
FESTIVITÉS ET DISCOURS
Lors de la journée des femmes, c’est tout le Kurdistan qui se pare des couleurs de la fête.
Dans les villes et les villages, les femmes célèbrent leur marche vers le progrès et la justice.
Lors de son discours tenu dans la ville de Kobani, Ilhem Ehmed la co-présidente du conseil démocratique syrien, a invité toutes les femmes de Syrie et du Moyen Orient à se battre ensemble pour une vie libre et marquée par l’égalité.
« Cela fait 6 ans, dit-elle, que les femmes de Syrie traversent une situation pénible suite à la guerre civile et aux atrocités du Daesh. Beaucoup de femmes ont été violées, réduites en esclavage ou assassinées. »
Mais la co-présidente du Msd déplore le fait que dans les régions intérieures de la Syrie, là où la révolution syrienne avait pourtant commencé, aucune organisation sérieuse de femmes n’a encore été créée.
Par contre, dans la fédération de la Syrie du nord, la situation est différente : les femmes ont atteint un niveau d’organisation et de d’expression sans précédent.
Dans les zones libérées du Daesh, le combat des femmes du Rojava a eu un grand impact sur les femmes arabes.
Ainsi à Minbij, c’est la toute première fois que les femmes arabes s’organisent entre elles de cette façon. Elles disposent de leur propre organisation de femmes au sein même du conseil militaire de Minbij.
Les femmes arabes s’avancent elles aussi sur le chemin de l’organisation, de la lutte et de la libération. Et cela, souligne Ilhem Ehmed, nous remplit d’espoir.
Le 8 mars, a‑t-elle conclu, est la journée internationale de la résistance et de la reconnaissance des droits. Mais pour que ce jour ne se limite pas à une seule journée, il faut continuer la lutte, unies et solidaires, contre le système patriarcal dominant et contre l’Etat. »
XANASOR – SENGAL
APRÈS L’ATTAQUE DU 3 MARS
Nous vous l’annoncions la semaine dernière : à la suite de la visite du président du parti PDK, Massoud Barzani à Ankara, la localité de Xanasor, une localité ézidie, a été attaquée par des bandes armées composées de peshmerga du PDK ainsi que de miliciens syriens et turcs.
Cette attaque frontale contre les survivants du génocide perpétré par Daesh en aout 2014 s’est soldée par la mort de 7 combattants YBS et de deux combattants HPG.
Ce 3 mars, les peshmerga du Rojava, équipés d’armes lourdes confiées par l’Allemagne au KDP pour frapper Daesh, attaquaient la petite ville de Xanasor, située sur la route qui relie Sengal au Rojava.
Ces « peshmerga du Rojava » sont des miliciens issus de différentes bandes armées qui sévissent en Syrie, sous le contrôle de la Turquie, et qui ont été rapatriés à Hewler, la capitale du Kurdistan irakien, pour y être entrainés par les agents du MIT, les services secrets turcs, avant d’être lâchés sur les positions YBS ézidies. Il y a même parmi eux des anciens du Daesh, comme l’ont confirmé les prisonniers qui ont été faits lors des combats.
Parmi les agresseurs de Xanasor, il y a aussi 500 peshmerga du KDP, le parti de Massoud Barzani, ainsi que 20 responsables militaires du MIT, les services secrets turcs.
Le groupe de Peshmerga, appelé la force « Zumar » a été entrainée près de Mossoul, dans le village d’ayn al Firas. Ce camp d’entrainement avait d’ailleurs été visité comme on le voit sur ces images par l’ancien premier ministre turc, Ahmed Davutoglu.
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Dès lundi, après le cessez-le-feu demandé par les agresseurs, les forces militaires de la coalition AKP-KDP quittaient leur stationnement de Mossoul, où les combats contre Daesh se poursuivent pourtant, pour rejoindre leurs nouvelles positions à Xanasor.
De nombreux peshmerga du KDP se sentent malgré tout fort mal à l’aise à l’idée de frapper les survivants du génocide de Daesh. 80 peshmerga qui avaient refusé de combattre les Ezidis ont été arrêtés par les Parastin, la police secrète de Barzani, pour être confiés au MIT turc.
Par ailleurs, le KDP distribue aussi des uniformes de la guérilla du PKK à ses hommes pour former des unités de contre-guérilla dans la région de Soran.
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XANASOR
LES RÉACTIONS
Les réactions à cette agression des forces coalisées de l’AKP et du PDK vont de la consternation à la colère. De Sengal à Bruxelles, les Ézidis dénoncent la lâcheté de cette attaque et les plans concoctés par Erdogan et Barzani à Ankara.
Un événement a cependant avivé le sentiment général de lâcheté de l’attaque :
Deux combattants des unités de la guérilla, les HPG, sont intervenus comme médiateurs pour tenter d’empêcher l’agression. Çekdar Sinan et Ibrahim Isa Muso que l’on voit sur ces images, se sont mis en travers du chemin du véhicule du PDK. Ils ne tenaient même pas leurs armes. Et subitement, les rafales de tirs ont commencé. Les journalistes qui prennent ces images d’abord et les deux combattants ensuite ont été visés. Les trois journalistes sont blessés, mais les deux médiateurs du PKK qui tentent d’arrêter les véhicules du PDK ont été assassinés.
Rappelons que le père d’Isa Hüso avait lui-même perdu la vie dans un attentat à Qamishlo, le 30 juillet 2013. Ce leader de la révolution kurde avait été assassiné, comme le détermineront plus tard les éléments de l’enquête, par une cellule de l’ENKS, la section du parti KDP au Rojava.
Passons aux réactions maintenant :
Elle s’appelle Xezal Silo. Cette vieille maman ézidie explique que cette attaque lui a rappelé celle de daesh. Elle a peur que ces bandes armées du KDP et de l’AKP ne viennent encore kidnapper les filles ézidies comme daesh l’avait fait. Ce que les peshmerga font, dit-elle, c’est une honte, une trahison. On ne croit plus aux peshmerga et à Barzani. Si les peshmerga voulaient vraiment nous protéger, ils devraient libérer les dix villages au nord de Sengal que le Daesh occupe toujours.
Berfe Ylias, une autre maman ézidie, interpelle le KDP. « Où étiez-vous quand nos femmes et nos filles ont été kidnappées par Daesh ? Pourquoi nous avez-vous quitté et avez-vous fui ? Et c’est maintenant que vous vous souvenez de nous ? Nous, les jeunes et les vieux, nous allons assurer notre propre défense, et nous n’autoriserons pas les peshmerga à entrer sur nos terres aussi longtemps que nous vivrons. »
Le père d’un combattant YBS tué à Xanasor, Adnan Reso Qulo, explique qu’il espère que les Ezidis vont s’unir pour briser les attaques de l’ennemi. Nous ne voulons pas, dit-il qu’il y ait des morts, mais nous voulons que ceux qui sont déployés ici sachent que nous ne cèderons la montagne de Sengal à personne.
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Le PKK a aussi remis un communiqué sur les évènements tragiques du 3 mars.
« Ceux qui ont fui Sengal le 3 aout 2014 sont les mêmes qui reviennent aujourd’hui pour frapper ceux qui ont sauvé Sengal du Daesh.
Il faut donc faire savoir que le PKK sera toujours à la hauteur de ses responsabilités face aux attaques, et qu’il se tiendra toujours aux côtés du peuple ézidi. »
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Au Başur, le Kurdistan du sud, les Kurdes de la communauté Kakaï condamnent aussi l’agression menée contre les Ezidis de Sengal.
Ahmet Ebubakir, un Kurde Kakaï qui sert dans les unités peshmerga du PUK, estime que Jalal Talabani (le président du parti PUK- Union Patriotique du Kurdistan) a raison d’affirmer qu’il est contre les combats internes et que les Kurdes doivent s’unir. En tant que peshmerga, dit-il, je n’accepte pas l’attaque sur Sengal.
Pour Selam Kakaï, les attaques sur Sengal par de prétendus peshmerga ne sont pas des combats internes, mais un suicide.
Les peshmerga, la guérilla et tous les Kurdes doivent utiliser leurs armes contre l’ennemi. Il n’y a aucune excuse pour que des Kurdes se combattent les uns les autres.
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A Bruxelles, une manifestation d’Ezidis s’est également tenue en face des bâtiments européens. Les manifestants dénonçaient l’attaque sur Sengal, mais également le fait que les armes données par l’Allemagne au KDP pour combattre le Daesh soient utilisées pour attaquer les Ezidis.
« Aujourd’hui, a dit Fikret Ygrek, le président de l’assemblée de la diaspora de Sengal, nous devons faire face à la tentative de réaliser autrement les plans de Daesh d’aout 2014, sur base cette fois-ci de l’alliance AKP-PDK. Ils veulent massacrer les Ezidis de Sengal ! »
ONU- BUREAU DES DROITS DE L’HOMME
UN RAPPORT ACCABLANT SUR LA TURQUIE
Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) publie ce vendredi un rapport relayant les accusations de destructions massives et d’assassinats commises dans le Sud-Est de la Turquie entre juillet 2015 et décembre 2016. Selon ce rapport, entre 355 000 et un demi-million de personnes ont été déplacées.
Voir à ce sujet ICI
Ce rapport du bureau des droits de l’homme de l’ONU décrit dans les détails la destruction de la ville de Nusaybin, où 1.786 bâtiments ont été démolis ou sérieusement endommagés, ainsi que du quartier historique de Sur, à Diyarbakir, où les autorités locales estiment que 70 pour cent des bâtiments de la partie est ont été systématiquement visés par les bombardements.
Les destructions se sont apparemment poursuivies après la fin des opérations de sécurisation, pour culminer en août 2016. Les images prises par satellite avant et après l’intervention des forces gouvernementales montrent que certains quartiers de Nusaybin et de Sur ont été complètement rasés.
Dans son rapport, le HCDH se dit ” particulièrement préoccupé par les images prises par les satellites, qui montrent des destructions à grande échelle de bâtiments d’habitation par l’artillerie lourde. ”
A Cizre, dans la province de Şirnak, des témoins et des membres des familles de victimes ont dressé un tableau apocalyptique de la destruction complète des quartiers où, début 2016, pas moins de 189 hommes, femmes et enfants vécurent terrés dans les caves, sans eau, électricité, nourriture, ni assistance médicale pendant plusieurs semaines, avant de périr dans les incendies causés par les bombardements.
Les autorités locales ont ensuite accusé les victimes de participation à une organisation terroriste et elles pris des mesures de répression contre les membres des familles. ”
Le rapport décrit comment le ministère public a invité la famille d’une femme morte dans les bombardements ” à venir récupérer sa dépouille, qui consistait en trois petits morceaux de chair carbonisée, identifiée grâce à un test ADN. La famille n’a reçu aucune explication sur les circonstances du décès, ni aucun rapport d’autopsie. La sœur de la victime, qui avait demandé que les responsables de sa mort soient poursuivis et voulu entamer une action en justice, a été inculpée pour terrorisme. ”
Le rapport fait également état d’actes de torture, de disparitions arbitraires, d’incitation à la haine, d’entrave à l’accès aux soins médicaux d’urgence, à la nourriture, à l’eau et aux moyens de subsistance, ainsi que de violences à l’encontre des femmes.
Quelque 10 000 enseignants ont été renvoyés, sans autre forme de procès, pour des liens supposés avec le PKK. Le recours à la législation antiterrorisme pour limoger les représentants démocratiquement élus d’origine kurde, le harcèlement permanent des journalistes indépendants, la fermeture des associations de citoyens et des médias indépendants et de langue kurde, et la suspension massive de juges et de procureurs ont fragilisé le contrôle démocratique et mis à mal la protection des droits fondamentaux.
” Je suis particulièrement préoccupé, a affirmé Le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad Al Hussein, par les indications qu’aucune enquête crédible n’a été menée sur les centaines d’assassinats illégaux, y compris de femmes et d’enfants, commis entre fin juillet 2015 et fin août 2016. Il semblerait qu’aucun suspect n’ait été appréhendé et que personne n’ait été poursuivi.”
” Le gouvernement turc, dit-il encore, ne nous a pas accordé l’accès au terrain et conteste la véracité des très graves accusations relayées par le rapport. Justement, la gravité des accusations, l’ampleur des destructions et le déplacement de plus de 355 000 personnes montrent qu’une enquête indépendante est à la fois urgente et essentielle. ”
BAKUR- KURDISTAN DU NORD
LICE : ATTAQUE DES VILLAGES
Dimanche dernier, 18 nouveaux villages venaient s’ajouter à la liste des villages assiégés, placés sous couvre-feu par les forces armées turques dans la région d’Amed (Diyarbakir).
Les districts d’Hazro et de Lice sont coupés du monde, le temps que les soldats turcs terrorisent une fois de plus la population, à l’abri des regards.
30 villages sont donc actuellement sous couvre-feu dans les districts d’Hazro et de Lice. Des hélicoptères déposent les soldats. D’autres hélicoptères bombardent les vallées et les zones montagneuses.
Lundi, il y avait 8.000 soldats et 17 hélicoptères déployés sur les 18 villages de Lice. D’après les chiffres annoncés par le gouverneur, 559 gardes de villages participent aussi à opérations militaires menées contre la population. Les lignes téléphoniques sont coupées. Et de loin, on entend les bruits des explosions et des tirs.
Les partis HDP, DBP, ainsi que le DTK et le TJA ont lancé un appel ce lundi.
L’appel dénonce le fait qu’aucune nouvelle ne filtre des zones visées par les opérations militaires. Et les signataires de l’appel de rappeler le sort des 5 villages proches de Mardin dont Talate et Xerabê Bava, des villages où les habitants ont été torturés, les animaux massacrés, les maisons démolies.
Pour prévenir de nouvelles atteintes au droit à la vie et pour empêcher de nouvelles destructions, les signataires de l’appel demandent aux organisations non gouvernementales et aux institutions internationales de prendre des mesures avant qu’il ne soit trop tard.
VERS RAQQA
OPERATION “COLÈRE DE L’EUPHRATE”
Les forces démocratiques syriennes, les FDS, poursuivent leurs efforts pour nettoyer toute la rive nord de l’Euphrate du Daesh. Raqqa est totalement isolé. Les FDS s’approchent aussi de Deir Azzor.
La première priorité des FDS lors des opérations militaires pour déloger Daesh de la rive nord de l’Euphrate, c’est de garantir la sécurité des civils. Toutes les régions situées autour des villes et villages libérés doivent donc être sécurisées pour permettre la fuite des civils.
Les FDS se sont réparties en colonnes : la première remonte le cours de l’Euphrate vers
Raqqa, la seconde se rapproche de la ville de Deir Azzor.
Parmi les objectifs stratégiques atteints cette semaine, il y a notamment la colline de Menxer. En remontant le cours de l’Euphrate, les FDS sont arrivées ce vendredi jusqu’à la localité de Metab.
Sur ces images, prises à Jezra, les villageois quittent leurs habitations pour se mettre à l’abri.
Ils sont confiants : ils savent qu’ils retourneront très vite chez eux, et que cette fois, ils seront libres.
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Le succès d’estime des FDS leur vaut aussi d’être choisies comme la référence, non seulement par les forces de la coalition menée par les Etats-Unis, mais aussi par les tribus arabes locales.
244 jeunes de Raqqa ont ainsi terminé ce jeudi leur instruction militaire et politique à l’académie « Martyr Faysal Abu Leyla ». Le cheikh de la tribu des Boshaban, Mihemed el Refdî, a pris la parole lors de la cérémonie pour réaffirmer la promesse faite par les cheikhs arabes de se tenir auprès des jeunes de Raqqa qui rejoignent les rangs des FDS.
NORD DE LA SYRIE-ROJAVA
NOUVELLES AGRESSIONS DE LA TURQUIE
Dans la région de Shehba, les forces armées turques et les bandes armées de l’armée syrienne libre que le régime d’Ankara entretient et dirige continuent d‘agresser les populations. Rien que pour les mois de janvier et février, il y a eu 90 attaques à l’arme lourde sur le Rojava depuis la frontière.
Partout où la Turquie est au contact avec les forces démocratiques syriennes ou avec les unités YPG, elle multiplie les agressions, alors qu’aucun tir n’est jamais parti des défenseurs syriens au-delà de la frontière.
Depuis la ville d’Azaz, à l’ouest de la région de Shehba, les forces armées turques pilonnent au mortier les villages du canton d’Afrin et de la région de Shehba. Maranez, Kafrjena et Milkiyah ont ainsi été la cible, cette semaine encore des agresseurs turcs.
Plus au sud, ce sont les villes de Til Rifaat et de Sheikh Isa qui ont été visées dimanche dernier. Et pourtant, ces villes sont sous le contrôle du Jaysh al Thuwar, l’armée des Révolutionnaires, une formation militaire arabe intégrée dans le dispositif des forces démocratiques syriennes.
A l’est de la région de Shehba, les forces armées turques attaquent les villages qui sont sous la protection du Conseil Militaire de Minbij.
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Emel Dede est membre du conseil politique de Minbij. Elle est aussi turkmène. Dans cette interview, elle revient sur les conditions de vie à l’époque où se ville de Minbij était encore sous le contrôle du Daesh, les pressions exercées sur les femmes, la fermeture des écoles ou encore la vie de prisonnières que les femmes ont enduré, obligées de rester cloitrées chez elles.
Le conseil politique dont elle est membre est constitué de représentants de tous les peuples qui vivent dans la cité : il y a donc des Arabes, des Kurdes, des Circassiens originaires du Caucase et des Turkmènes. Tous travaillent fraternellement à la redynamisation de Minbij. Le conseil politique met en place des nouveaux conseils et des structures législatives et exécutives. Dans les conseils règnent l’égalité et la fraternité. Aucun représentant ne s’estime supérieur aux représentants des autres groupes.
Pour Emel Dede, il n’y a aucune légitimité aux attaques de la Turquie. « Personne, dit-elle, n’a le droit d’intervenir dans notre pays. Et nous rejetterons tout droit à l‘intervention, tant politique que militaire. Et de conclure : maintenant, les habitants de Minbij se gouvernent eux-mêmes. De qui l’etat turc veut-il nous libérer avec cette invasion ? Nous sommes déjà libres ! »
CANTON D’AFRIN
NOUVELLE VAGUE DE RÉFUGIÉS
Les vagues de réfugiés se dirigent soit vers Minbij, soit vers le canton kurde d’Afrin.
Ces derniers jours, on a compté plus de 6000 réfugiés en provenance surtout de la région de Shehba mais aussi du reste de la syrie vers le canton kurde.
De jour en jour, le nombre de réfugiés qui se rendent vers le canton d’Afrin augmente. Beaucoup de ces réfugiés sont originaires de Deir Hafir et de l’est d’Alep.
D’autres viennent du village de Maraş, près de Bab.
Tous fuient les combats qui opposent le Daesh aux forces du régime.
Les responsables du canton expliquent qu’en trois jours, il y a eu plus de 6000 réfugiés, la plupart sont des femmes, des enfants et des personnes âgées.
Ces réfugiés sont d’abord rassemblés dans des camps avant d’être renvoyés vers d’autres régions du canton.
Les réfugiés de Deir Hafir sont partis à cause du Daesh et de la pression qu’exerçait l’organisation sur eux.
La vie devenait impossible, expliquent-ils. Dès le matin, ils se réveillaient avec les cris des gens qu’on torturait ou qu’on mettait à mort.
Fatma Ali, du village de Meran, près de Bab, explique que le canton d’Afrin est l’endroit le plus rassurant pour les femmes.
Et la maman de Najwa Ibrahim, qui vient de Deir Hafir qu’elle a quitté à cause des attaques des bandes armées, raconte que le Daesh a volé et détruit tout ce qu’ils possédaient. Ils ont finalement été forcés de quitter leur village. La maman de Najwa demande que l’on apporte de l’aide aux civils.
MINBIJ
CRISE DES RÉFUGIÉS
A Minbij, on dénombre actuellement quelques 160.000 réfugiés. Les autorités de la ville tentent de faire au mieux, mais elles réclament une aide d’urgence.
La ville libérée de Minbij traverse aussi une crise humanitaire sans précédent. Ce désastre est provoqué par l’invasion des forces armées turques dans le nord de la syrie.
Chaque jour, des milliers de civils désespérés quittent aussi les zones de combats qui opposent le régime aux Daesh.
Les responsables de Minbij estiment que le nombre actuel de réfugiés sur dans la ville et les villages environnants s’élève à 160.000 personnes.
L’ensemble des organisations humanitaires et les autorités du conseil civil de Minbij font tout ce qui est possible pour leur venir en aide. En attendant, elles ont un besoin urgent et absolu de médicaments et de lait pour nourrissons.
Presque chaque famille de Minbij accueille sous son toit des réfugiés.
Et malgré cela, il y a encore des réfugiés qui restent à l’extérieur. Il leur faut aussi des couvertures et des tentes.
Désespérés, les responsables des organisations humanitaires de Minbij demandent de l’aide aux nations unies ainsi qu’à l’union européenne.
Ils demandent aussi que l’on puisse les soutenir pour créer des camps de réfugiés répondant aux normes minimales de confort et de sécurité.