Voici les “chroniques de la révo­lu­tion kurde”, jour­nal télévisé présen­té par Ron­ahi TV chaque dimanche.

Un retour en textes et vidéos, sur la semaine du 5 au 12 mars 2017.

Il s’agit d’une émis­sion d’informations régulière en langue française, que vous retrou­verez ici, chaque semaine, en parte­nar­i­at avec Kedistan.


Les gros titres

  • 8 MARS : JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES — FESTIVITÉS ET DISCOURS
  • XANASOR – SENGAL : APRÈS L’ATTAQUE DU 3 MARS
  • XANASOR : LES RÉACTIONS
  • ONU- BUREAU DES DROITS DE L’HOMME : UN RAPPORT ACCABLANT SUR LA TURQUIE
  • BAKUR- KURDISTAN DU NORD : LICE : ATTAQUE DES VILLAGES
  • VERS RAQQA : OPERATION “COLÈRE DE L’EUPHRATE”
  • NORD DE LA SYRIE-ROJAVA : NOUVELLES AGRESSIONS DE LA TURQUIE
  • CANTON D’AFRIN : NOUVELLE VAGUE DE RÉFUGIÉS
  • MINBIJ : CRISE DES RÉFUGIÉS

8 MARS
JOURNÉE INTERNATIONALE DES FEMMES 

La journée inter­na­tionale des femmes a lieu chaque 8 mars depuis l’année 1914. La lutte pour l’égalité entre hommes et femmes est loin d’être ter­minée, même en Europe, mais le com­bat pour l’émancipation des femmes a pris une tour­nure toute par­ti­c­ulière dans le Kurdistan.

Ronahi TV
En 1913 et 1914, dans le cadre du mou­ve­ment paci­fiste de la veille de la Pre­mière Guerre mon­di­ale, des femmes d’Eu­rope organ­isent des rassem­ble­ments con­tre la guerre. En 1914, c’est la date du 8 mars qui est retenue.
Le 8 mars 1977, l’Organisation des Nations unies adopte une réso­lu­tion enjoignant à ses pays mem­bres de célébr­er une « Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix inter­na­tionale » plus com­muné­ment appelée par l’ONU « Journée inter­na­tionale des femmes »
Aujourd’hui, même en Europe, les droits acquis par les femmes restent très en deçà des légitimes exi­gences de jus­tice et d’égalité. Et rien n’indique qu’en cas de crise économique, poli­tique ou religieuse, la sit­u­a­tion des femmes ne se détéri­ore subitement.
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Au Kur­dis­tan, La journée des femmes a une impor­tance toute par­ti­c­ulière : tout le pro­jet poli­tique élaboré par le leader kurde Abdul­lah Öcalan est fondé sur l’émancipation de la femme et la sor­tie du patriarcat.
Au Bakur et au Roja­va, ain­si que dans la région de Sen­gal, là où s’expérimentent les pro­jets inédits de démoc­ra­tie rad­i­cale, les femmes s’organisent au sein d’institutions fortes pour défendre leurs droits, et elles par­ticipent à la lutte armée con­tre les oppresseurs de Daesh et des dif­férents régimes nation­al­istes et religieux, régime AKP et Daesh en tête.
Dans chaque Com­mune auto­gérée, dans chaque par­ti, dans chaque assem­blée exéc­u­tive ou lég­isla­tive, il y a tou­jours un co-prési­dent et une co-prési­dente. Il y a tou­jours un strict min­i­mum de 40% de femmes qui doivent être représen­tées, sous peine de voir la légitim­ité et la légal­ité de cette insti­tu­tion réduite à néant. Et au final, les assem­blées de femmes dis­posent tou­jours d’un droit de véto sur l’ensemble des déci­sions qui auraient été votées par ailleurs.
En ce qui con­cerne la jus­tice, une com­mis­sion spé­ciale du Roja­va a remis tout le droit famil­ial hérité du régime Baath sur le chantier. Les femmes sont jugées par des femmes, et l’ensemble de leurs droits sont garan­tis. Les auteurs de vio­lence domes­tique ont doré­na­vant une police spé­ciale com­posée de femmes pour met­tre un terme à leurs agissements.
Au Bakur, toutes les ini­tia­tives éman­ci­patri­ces mis­es en place par les com­munes gérées par le par­ti DBP ont mal­heureuse­ment été sus­pendues par les cura­teurs nom­més par le pou­voir cen­tral. Mais les femmes con­tin­u­ent le combat.
Jin, Jiyan, Aza­di… la femme, la vie, la liberté…

8 MARS
FESTIVITÉS ET DISCOURS

Lors de la journée des femmes, c’est tout le Kur­dis­tan qui se pare des couleurs de la fête.
Dans les villes et les vil­lages, les femmes célèbrent leur marche vers le pro­grès et la justice.

Lors de son dis­cours tenu dans la ville de Kobani, Ilhem Ehmed la co-prési­dente du con­seil démoc­ra­tique syrien, a invité toutes les femmes de Syrie et du Moyen Ori­ent à se bat­tre ensem­ble pour une vie libre et mar­quée par l’égalité.

« Cela fait 6 ans, dit-elle, que les femmes de Syrie tra­versent une sit­u­a­tion pénible suite à la guerre civile et aux atroc­ités du Daesh. Beau­coup de femmes ont été vio­lées, réduites en esclavage ou assassinées. »
Mais la co-prési­dente du Msd déplore le fait que dans les régions intérieures de la Syrie, là où la révo­lu­tion syri­enne avait pour­tant com­mencé, aucune organ­i­sa­tion sérieuse de femmes n’a encore été créée.

Par con­tre, dans la fédéra­tion de la Syrie du nord, la sit­u­a­tion est dif­férente : les femmes ont atteint un niveau d’organisation et de d’expression sans précédent.
Dans les zones libérées du Daesh, le com­bat des femmes du Roja­va a eu un grand impact sur les femmes arabes.
Ain­si à Min­bij, c’est la toute pre­mière fois que les femmes arabes s’organisent entre elles de cette façon. Elles dis­posent de leur pro­pre organ­i­sa­tion de femmes au sein même du con­seil mil­i­taire de Minbij.

Les femmes arabes s’avancent elles aus­si sur le chemin de l’organisation, de la lutte et de la libéra­tion. Et cela, souligne Ilhem Ehmed, nous rem­plit d’espoir.
Le 8 mars, a‑t-elle con­clu, est la journée inter­na­tionale de la résis­tance et de la recon­nais­sance des droits. Mais pour que ce jour ne se lim­ite pas à une seule journée, il faut con­tin­uer la lutte, unies et sol­idaires, con­tre le sys­tème patri­ar­cal dom­i­nant et con­tre l’Etat. »

XANASOR – SENGAL
APRÈS L’ATTAQUE DU 3 MARS

Nous vous l’annoncions la semaine dernière : à la suite de la vis­ite du prési­dent du par­ti PDK, Mas­soud Barzani à Ankara, la local­ité de Xana­sor, une local­ité ézi­die, a été attaquée par des ban­des armées com­posées de pesh­mer­ga du PDK ain­si que de mili­ciens syriens et turcs.
Cette attaque frontale con­tre les sur­vivants du géno­cide per­pétré par Daesh en aout 2014 s’est sol­dée par la mort de 7 com­bat­tants YBS et de deux com­bat­tants HPG.

Ce 3 mars, les pesh­mer­ga du Roja­va, équipés d’armes lour­des con­fiées par l’Allemagne au KDP pour frap­per Daesh, attaquaient la petite ville de Xana­sor, située sur la route qui relie Sen­gal au Rojava.
Ces « pesh­mer­ga du Roja­va » sont des mili­ciens issus de dif­férentes ban­des armées qui sévis­sent en Syrie, sous le con­trôle de la Turquie, et qui ont été rap­a­triés à Hewler, la cap­i­tale du Kur­dis­tan irakien, pour y être entrainés par les agents du MIT, les ser­vices secrets turcs, avant d’être lâchés sur les posi­tions YBS ézi­dies. Il y a même par­mi eux des anciens du Daesh, comme l’ont con­fir­mé les pris­on­niers qui ont été faits lors des combats.

Par­mi les agresseurs de Xana­sor, il y a aus­si 500 pesh­mer­ga du KDP, le par­ti de Mas­soud Barzani, ain­si que 20 respon­s­ables mil­i­taires du MIT, les ser­vices secrets turcs.
Le groupe de Pesh­mer­ga, appelé la force « Zumar » a été entrainée près de Mossoul, dans le vil­lage d’ayn al Firas. Ce camp d’entrainement avait d’ailleurs été vis­ité comme on le voit sur ces images par l’ancien pre­mier min­istre turc, Ahmed Davutoglu.

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Dès lun­di, après le cessez-le-feu demandé par les agresseurs, les forces mil­i­taires de la coali­tion AKP-KDP quit­taient leur sta­tion­nement de Mossoul, où les com­bats con­tre Daesh se pour­suiv­ent pour­tant, pour rejoin­dre leurs nou­velles posi­tions à Xanasor.
De nom­breux pesh­mer­ga du KDP se sen­tent mal­gré tout fort mal à l’aise à l’idée de frap­per les sur­vivants du géno­cide de Daesh. 80 pesh­mer­ga qui avaient refusé de com­bat­tre les Ezidis ont été arrêtés par les Parastin, la police secrète de Barzani, pour être con­fiés au MIT turc.
Par ailleurs, le KDP dis­tribue aus­si des uni­formes de la guéril­la du PKK à ses hommes pour for­mer des unités de con­tre-guéril­la dans la région de Soran.
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XANASOR
LES RÉACTIONS

Les réac­tions à cette agres­sion des forces coal­isées de l’AKP et du PDK vont de la con­ster­na­tion à la colère. De Sen­gal à Brux­elles, les Ézidis dénon­cent la lâcheté de cette attaque et les plans con­coc­tés par Erdo­gan et Barzani à Ankara.

Un événe­ment a cepen­dant avivé le sen­ti­ment général de lâcheté de l’attaque :
Deux com­bat­tants des unités de la guéril­la, les HPG, sont inter­venus comme médi­a­teurs pour ten­ter d’empêcher l’agression. Çek­dar Sinan et Ibrahim Isa Muso que l’on voit sur ces images, se sont mis en tra­vers du chemin du véhicule du PDK. Ils ne tenaient même pas leurs armes. Et subite­ment, les rafales de tirs ont com­mencé. Les jour­nal­istes qui pren­nent ces images d’abord et les deux com­bat­tants ensuite ont été visés. Les trois jour­nal­istes sont blessés, mais les deux médi­a­teurs du PKK qui ten­tent d’arrêter les véhicules du PDK ont été assassinés.
Rap­pelons que le père d’Isa Hüso avait lui-même per­du la vie dans un atten­tat à Qamish­lo, le 30 juil­let 2013. Ce leader de la révo­lu­tion kurde avait été assas­s­iné, comme le déter­mineront plus tard les élé­ments de l’enquête, par une cel­lule de l’ENKS, la sec­tion du par­ti KDP au Rojava.
Pas­sons aux réac­tions maintenant :

Elle s’appelle Xezal Silo. Cette vieille maman ézi­die explique que cette attaque lui a rap­pelé celle de daesh. Elle a peur que ces ban­des armées du KDP et de l’AKP ne vien­nent encore kid­nap­per les filles ézi­dies comme daesh l’avait fait. Ce que les pesh­mer­ga font, dit-elle, c’est une honte, une trahi­son. On ne croit plus aux pesh­mer­ga et à Barzani. Si les pesh­mer­ga voulaient vrai­ment nous pro­téger, ils devraient libér­er les dix vil­lages au nord de Sen­gal que le Daesh occupe toujours.

Berfe Ylias, une autre maman ézi­die, inter­pelle le KDP. « Où étiez-vous quand nos femmes et nos filles ont été kid­nap­pées par Daesh ? Pourquoi nous avez-vous quit­té et avez-vous fui ? Et c’est main­tenant que vous vous sou­venez de nous ? Nous, les jeunes et les vieux, nous allons assur­er notre pro­pre défense, et nous n’autoriserons pas les pesh­mer­ga à entr­er sur nos ter­res aus­si longtemps que nous vivrons. »

Le père d’un com­bat­tant YBS tué à Xana­sor, Adnan Reso Qulo, explique qu’il espère que les Ezidis vont s’unir pour bris­er les attaques de l’ennemi. Nous ne voulons pas, dit-il qu’il y ait des morts, mais nous voulons que ceux qui sont déployés ici sachent que nous ne cèderons la mon­tagne de Sen­gal à personne.
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Le PKK a aus­si remis un com­mu­niqué sur les évène­ments trag­iques du 3 mars.
« Ceux qui ont fui Sen­gal le 3 aout 2014 sont les mêmes qui revi­en­nent aujourd’hui pour frap­per ceux qui ont sauvé Sen­gal du Daesh.
Il faut donc faire savoir que le PKK sera tou­jours à la hau­teur de ses respon­s­abil­ités face aux attaques, et qu’il se tien­dra tou­jours aux côtés du peu­ple ézidi. »
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Au Başur, le Kur­dis­tan du sud, les Kur­des de la com­mu­nauté Kakaï con­damnent aus­si l’agression menée con­tre les Ezidis de Sengal.
Ahmet Ebubakir, un Kurde Kakaï qui sert dans les unités pesh­mer­ga du PUK, estime que Jalal Tal­a­bani (le prési­dent du par­ti PUK- Union Patri­o­tique du Kur­dis­tan) a rai­son d’affirmer qu’il est con­tre les com­bats internes et que les Kur­des doivent s’unir. En tant que pesh­mer­ga, dit-il, je n’accepte pas l’attaque sur Sengal.

Pour Selam Kakaï, les attaques sur Sen­gal par de pré­ten­dus pesh­mer­ga ne sont pas des com­bats internes, mais un suicide.
Les pesh­mer­ga, la guéril­la et tous les Kur­des doivent utilis­er leurs armes con­tre l’ennemi. Il n’y a aucune excuse pour que des Kur­des se com­bat­tent les uns les autres.
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A Brux­elles, une man­i­fes­ta­tion d’Ezidis s’est égale­ment tenue en face des bâti­ments européens. Les man­i­fes­tants dénonçaient l’attaque sur Sen­gal, mais égale­ment le fait que les armes don­nées par l’Allemagne au KDP pour com­bat­tre le Daesh soient util­isées pour atta­quer les Ezidis.
« Aujourd’hui, a dit Fikret Ygrek, le prési­dent de l’assemblée de la dias­po­ra de Sen­gal, nous devons faire face à la ten­ta­tive de réalis­er autrement les plans de Daesh d’aout 2014, sur base cette fois-ci de l’alliance AKP-PDK. Ils veu­lent mas­sacr­er les Ezidis de Sengal ! »

ONU- BUREAU DES DROITS DE L’HOMME
UN RAPPORT ACCABLANT SUR LA TURQUIE
Le Haut-Com­mis­sari­at des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) pub­lie ce ven­dre­di un rap­port relayant les accu­sa­tions de destruc­tions mas­sives et d’assassinats com­mis­es dans le Sud-Est de la Turquie entre juil­let 2015 et décem­bre 2016. Selon ce rap­port, entre 355 000 et un demi-mil­lion de per­son­nes ont été déplacées.

Voir à ce sujet ICI

Ce rap­port du bureau des droits de l’homme de l’ONU décrit dans les détails la destruc­tion de la ville de Nusay­bin, où 1.786 bâti­ments ont été démo­lis ou sérieuse­ment endom­magés, ain­si que du quarti­er his­torique de Sur, à Diyarbakir, où les autorités locales esti­ment que 70 pour cent des bâti­ments de la par­tie est ont été sys­té­ma­tique­ment visés par les bombardements.
Les destruc­tions se sont apparem­ment pour­suiv­ies après la fin des opéra­tions de sécuri­sa­tion, pour cul­min­er en août 2016. Les images pris­es par satel­lite avant et après l’intervention des forces gou­verne­men­tales mon­trent que cer­tains quartiers de Nusay­bin et de Sur ont été com­plète­ment rasés.
Dans son rap­port, le HCDH se dit  ” par­ti­c­ulière­ment préoc­cupé par les images pris­es par les satel­lites, qui mon­trent des destruc­tions à grande échelle de bâti­ments d’habitation par l’artillerie lourde. ”
A Cizre, dans la province de Şir­nak, des témoins et des mem­bres des familles de vic­times ont dressé un tableau apoc­a­lyp­tique de la destruc­tion com­plète des quartiers où, début 2016, pas moins de 189 hommes, femmes et enfants vécurent ter­rés dans les caves, sans eau, élec­tric­ité, nour­ri­t­ure, ni assis­tance médi­cale pen­dant plusieurs semaines, avant de périr dans les incendies causés par les bombardements.
Les autorités locales ont ensuite accusé les vic­times de par­tic­i­pa­tion à une organ­i­sa­tion ter­ror­iste et elles pris des mesures de répres­sion con­tre les mem­bres des familles. ”
Le rap­port décrit com­ment le min­istère pub­lic a invité la famille d’une femme morte dans les bom­barde­ments ” à venir récupér­er sa dépouille, qui con­sis­tait en trois petits morceaux de chair car­bon­isée, iden­ti­fiée grâce à un test ADN. La famille n’a reçu aucune expli­ca­tion sur les cir­con­stances du décès, ni aucun rap­port d’autopsie. La sœur de la vic­time, qui avait demandé que les respon­s­ables de sa mort soient pour­suiv­is et voulu entamer une action en jus­tice, a été inculpée pour terrorisme. ”
Le rap­port fait égale­ment état d’actes de tor­ture, de dis­pari­tions arbi­traires, d’incitation à la haine, d’entrave à l’accès aux soins médi­caux d’urgence, à la nour­ri­t­ure, à l’eau et aux moyens de sub­sis­tance, ain­si que de vio­lences à l’encontre des femmes.
Quelque 10 000 enseignants ont été ren­voyés, sans autre forme de procès, pour des liens sup­posés avec le PKK. Le recours à la lég­is­la­tion antiter­ror­isme pour limoger les représen­tants démoc­ra­tique­ment élus d’origine kurde, le har­cèle­ment per­ma­nent des jour­nal­istes indépen­dants, la fer­me­ture des asso­ci­a­tions de citoyens et des médias indépen­dants et de langue kurde, et la sus­pen­sion mas­sive de juges et de pro­cureurs ont frag­ilisé le con­trôle démoc­ra­tique et mis à mal la pro­tec­tion des droits fondamentaux.
” Je suis par­ti­c­ulière­ment préoc­cupé, a affir­mé Le Haut-Com­mis­saire des Nations Unies aux droits de l’homme, M. Zeid Ra’ad Al Hus­sein, par les indi­ca­tions qu’aucune enquête crédi­ble n’a été menée sur les cen­taines d’assassinats illé­gaux, y com­pris de femmes et d’enfants, com­mis entre fin juil­let 2015 et fin août 2016. Il sem­blerait qu’aucun sus­pect n’ait été appréhendé et que per­son­ne n’ait été poursuivi.”

” Le gou­verne­ment turc, dit-il encore, ne nous a pas accordé l’accès au ter­rain et con­teste la vérac­ité des très graves accu­sa­tions relayées par le rap­port. Juste­ment, la grav­ité des accu­sa­tions, l’ampleur des destruc­tions et le déplace­ment de plus de 355 000 per­son­nes mon­trent qu’une enquête indépen­dante est à la fois urgente et essentielle. ”

BAKUR- KURDISTAN DU NORD
LICE : ATTAQUE DES VILLAGES

Dimanche dernier, 18 nou­veaux vil­lages venaient s’ajouter à la liste des vil­lages assiégés, placés sous cou­vre-feu par les forces armées turques dans la région d’Amed (Diyarbakir).
Les dis­tricts d’Hazro et de Lice sont coupés du monde, le temps que les sol­dats turcs ter­rorisent une fois de plus la pop­u­la­tion, à l’abri des regards.

30 vil­lages sont donc actuelle­ment sous cou­vre-feu dans les dis­tricts d’Hazro et de Lice. Des héli­cop­tères déposent les sol­dats. D’autres héli­cop­tères bom­bar­dent les val­lées et les zones montagneuses.
Lun­di, il y avait 8.000 sol­dats et 17 héli­cop­tères déployés sur les 18 vil­lages de Lice. D’après les chiffres annon­cés par le gou­verneur, 559 gardes de vil­lages par­ticipent aus­si à opéra­tions mil­i­taires menées con­tre la pop­u­la­tion. Les lignes télé­phoniques sont coupées. Et de loin, on entend les bruits des explo­sions et des tirs.
Les par­tis HDP, DBP, ain­si que le DTK et le TJA ont lancé un appel ce lundi.
L’appel dénonce le fait qu’aucune nou­velle ne fil­tre des zones visées par les opéra­tions mil­i­taires. Et les sig­nataires de l’appel de rap­pel­er le sort des 5 vil­lages proches de Mardin dont Talate et Xer­abê Bava, des vil­lages où les habi­tants ont été tor­turés, les ani­maux mas­sacrés, les maisons démolies.
Pour prévenir de nou­velles atteintes au droit à la vie et pour empêch­er de nou­velles destruc­tions, les sig­nataires de l’appel deman­dent aux organ­i­sa­tions non gou­verne­men­tales et aux insti­tu­tions inter­na­tionales de pren­dre des mesures avant qu’il ne soit trop tard.

VERS RAQQA
OPERATION “COLÈRE DE L’EUPHRATE”

Les forces démoc­ra­tiques syri­ennes, les FDS, pour­suiv­ent leurs efforts pour net­toy­er toute la rive nord de l’Euphrate du Daesh. Raqqa est totale­ment isolé. Les FDS s’approchent aus­si de Deir Azzor.

La pre­mière pri­or­ité des FDS lors des opéra­tions mil­i­taires pour déloger Daesh de la rive nord de l’Euphrate, c’est de garan­tir la sécu­rité des civils. Toutes les régions situées autour des villes et vil­lages libérés doivent donc être sécurisées pour per­me­t­tre la fuite des civils.
Les FDS se sont répar­ties en colonnes : la pre­mière remonte le cours de l’Euphrate vers
Raqqa, la sec­onde se rap­proche de la ville de Deir Azzor.
Par­mi les objec­tifs stratégiques atteints cette semaine, il y a notam­ment la colline de Menx­er. En remon­tant le cours de l’Euphrate, les FDS sont arrivées ce ven­dre­di jusqu’à la local­ité de Metab.

Sur ces images, pris­es à Jezra, les vil­la­geois quit­tent leurs habi­ta­tions pour se met­tre à l’abri.
Ils sont con­fi­ants : ils savent qu’ils retourneront très vite chez eux, et que cette fois, ils seront libres.
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Le suc­cès d’estime des FDS leur vaut aus­si d’être choisies comme la référence, non seule­ment par les forces de la coali­tion menée par les Etats-Unis, mais aus­si par les tribus arabes locales.
244 jeunes de Raqqa ont ain­si ter­miné ce jeu­di leur instruc­tion mil­i­taire et poli­tique à l’académie « Mar­tyr Faysal Abu Ley­la ». Le cheikh de la tribu des Bosha­ban, Mihemed el Refdî, a pris la parole lors de la céré­monie pour réaf­firmer la promesse faite par les cheikhs arabes de se tenir auprès des jeunes de Raqqa qui rejoignent les rangs des FDS.

NORD DE LA SYRIE-ROJAVA
NOUVELLES AGRESSIONS DE LA TURQUIE

Dans la région de She­h­ba, les forces armées turques et les ban­des armées de l’armée syri­enne libre que le régime d’Ankara entre­tient et dirige con­tin­u­ent d‘agresser les pop­u­la­tions. Rien que pour les mois de jan­vi­er et févri­er, il y a eu 90 attaques à l’arme lourde sur le Roja­va depuis la frontière.

Partout où la Turquie est au con­tact avec les forces démoc­ra­tiques syri­ennes ou avec les unités YPG, elle mul­ti­plie les agres­sions, alors qu’aucun tir n’est jamais par­ti des défenseurs syriens au-delà de la frontière.
Depuis la ville d’Azaz, à l’ouest de la région de She­h­ba, les forces armées turques pilon­nent au morti­er les vil­lages du can­ton d’Afrin et de la région de She­h­ba. Maranez, Kafr­je­na et Milkiyah ont ain­si été la cible, cette semaine encore des agresseurs turcs.
Plus au sud, ce sont les villes de Til Rifaat et de Sheikh Isa qui ont été visées dimanche dernier. Et pour­tant, ces villes sont sous le con­trôle du Jaysh al Thuwar, l’armée des Révo­lu­tion­naires, une for­ma­tion mil­i­taire arabe inté­grée dans le dis­posi­tif des forces démoc­ra­tiques syriennes.

A l’est de la région de She­h­ba, les forces armées turques attaque­nt les vil­lages qui sont sous la pro­tec­tion du Con­seil Mil­i­taire de Minbij.
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Emel Dede est mem­bre du con­seil poli­tique de Min­bij. Elle est aus­si turk­mène. Dans cette inter­view, elle revient sur les con­di­tions de vie à l’époque où se ville de Min­bij était encore sous le con­trôle du Daesh, les pres­sions exer­cées sur les femmes, la fer­me­ture des écoles ou encore la vie de pris­on­nières que les femmes ont enduré, oblig­ées de rester cloitrées chez elles.
Le con­seil poli­tique dont elle est mem­bre est con­sti­tué de représen­tants de tous les peu­ples qui vivent dans la cité : il y a donc des Arabes, des Kur­des, des Cir­cassiens orig­i­naires du Cau­case et des Turk­mènes. Tous tra­vail­lent frater­nelle­ment à la redy­nami­sa­tion de Min­bij. Le con­seil poli­tique met en place des nou­veaux con­seils et des struc­tures lég­isla­tives et exéc­u­tives. Dans les con­seils règ­nent l’égalité et la fra­ter­nité. Aucun représen­tant ne s’estime supérieur aux représen­tants des autres groupes.
Pour Emel Dede, il n’y a aucune légitim­ité aux attaques de la Turquie. « Per­son­ne, dit-elle, n’a le droit d’intervenir dans notre pays. Et nous rejet­terons tout droit à l‘intervention, tant poli­tique que mil­i­taire. Et de con­clure : main­tenant, les habi­tants de Min­bij se gou­ver­nent eux-mêmes. De qui l’etat turc veut-il nous libér­er avec cette inva­sion ? Nous sommes déjà libres ! »

CANTON D’AFRIN

NOUVELLE VAGUE DE RÉFUGIÉS

Les vagues de réfugiés se diri­gent soit vers Min­bij, soit vers le can­ton kurde d’Afrin.
Ces derniers jours, on a comp­té plus de 6000 réfugiés en prove­nance surtout de la région de She­h­ba mais aus­si du reste de la syrie vers le can­ton kurde.

De jour en jour, le nom­bre de réfugiés qui se ren­dent vers le can­ton d’Afrin aug­mente. Beau­coup de ces réfugiés sont orig­i­naires de Deir Hafir et de l’est d’Alep.
D’autres vien­nent du vil­lage de Maraş, près de Bab.
Tous fuient les com­bats qui opposent le Daesh aux forces du régime.
Les respon­s­ables du can­ton expliquent qu’en trois jours, il y a eu plus de 6000 réfugiés, la plu­part sont des femmes, des enfants et des per­son­nes âgées.
Ces réfugiés sont d’abord rassem­blés dans des camps avant d’être ren­voyés vers d’autres régions du canton.
Les réfugiés de Deir Hafir sont par­tis à cause du Daesh et de la pres­sion qu’exerçait l’organisation sur eux.
La vie deve­nait impos­si­ble, expliquent-ils. Dès le matin, ils se réveil­laient avec les cris des gens qu’on tor­tu­rait ou qu’on met­tait à mort.
Fat­ma Ali, du vil­lage de Mer­an, près de Bab, explique que le can­ton d’Afrin est l’endroit le plus ras­sur­ant pour les femmes.
Et la maman de Najwa Ibrahim, qui vient de Deir Hafir qu’elle a quit­té à cause des attaques des ban­des armées, racon­te que le Daesh a volé et détru­it tout ce qu’ils pos­sé­daient. Ils ont finale­ment été for­cés de quit­ter leur vil­lage. La maman de Najwa demande que l’on apporte de l’aide aux civils.

MINBIJ
CRISE DES RÉFUGIÉS

A Min­bij, on dénom­bre actuelle­ment quelques 160.000 réfugiés. Les autorités de la ville ten­tent de faire au mieux, mais elles récla­ment une aide d’urgence.

La ville libérée de Min­bij tra­verse aus­si une crise human­i­taire sans précé­dent. Ce désas­tre est provo­qué par l’invasion des forces armées turques dans le nord de la syrie.
Chaque jour, des mil­liers de civils dés­espérés quit­tent aus­si les zones de com­bats qui opposent le régime aux Daesh.
Les respon­s­ables de Min­bij esti­ment que le nom­bre actuel de réfugiés sur dans la ville et les vil­lages envi­ron­nants s’élève à 160.000 personnes.
L’ensemble des organ­i­sa­tions human­i­taires et les autorités du con­seil civ­il de Min­bij font tout ce qui est pos­si­ble pour leur venir en aide. En atten­dant, elles ont un besoin urgent et absolu de médica­ments et de lait pour nourrissons.
Presque chaque famille de Min­bij accueille sous son toit des réfugiés.
Et mal­gré cela, il y a encore des réfugiés qui restent à l’extérieur. Il leur faut aus­si des cou­ver­tures et des tentes.
Dés­espérés, les respon­s­ables des organ­i­sa­tions human­i­taires de Min­bij deman­dent de l’aide aux nations unies ain­si qu’à l’union européenne.
Ils deman­dent aus­si que l’on puisse les soutenir pour créer des camps de réfugiés répon­dant aux normes min­i­males de con­fort et de sécurité.