Ahmet Altan a util­isé le mot turc soykırım qui sig­ni­fie géno­cide, dans un texte en 2008. Rap­pel­er qu’un géno­cide arménien a eu lieu en 1915 est tou­jours pas­si­ble de pour­suites au titre de l’Article 301 du Code Pénal en Turquie.
Cela avait été le cas pour le jour­nal­iste Hrant Dink, qui fut assas­s­iné le 19 jan­vi­er 2007 à Istan­bul, après une con­damna­tion selon l’Article 301. Ahmet Altan lui a emboîté le pas à l’époque.

Nous doc­u­men­tons les mul­ti­ples mis­es en accu­sa­tion que ce jour­nal­iste écrivain subit depuis des décen­nies, parce que nous savons que les juges con­nais­sent ces dossiers par coeur, et n’au­ront de cesse de lui faire pay­er très cher sa cri­tique rad­i­cale, mais con­struc­tive, de la turcité.


Un texte donc, pub­lié dans “Taraf” en 2008.

Chaque fois que j’écris sur les Arméniens, ma main, bizarrement, cherche un disque d’une mélodie qui fait souf­frir l’âme de son auditeur.

J’ai envie d’écouter le son poignant du vio­lon ou bien le son étouf­fant et triste du doudouk.

Je sais que dans ce pays on n’aime pas que cela soit dit, mais ils ont con­nu l’une des plus grandes souf­frances que la terre ait jamais connue.

Ne dites surtout pas que « eux aus­si nous ont tués ». Il faut vrai­ment avoir honte de le dire. Quel est le rap­port entre un maquis­ard à la fron­tière russe et une femme arméni­enne de Bur­sa, un vieil­lard d’Adana, un bébé de Sivas… En dehors d’être Arménien?

Les union­istes ont per­pétré un géno­cide impi­toy­able. Très impitoyable.

Arrêtez-vous un instant… S’il vous plait, arrêtez-vous un instant. Et, réfléchissez…

Une nuit tran­quille alors que vous êtes chez vous, la porte sonne et on vous emmène de force. La porte de votre mai­son reste ouverte. Vous vous retrou­vez en route.

On vous fait tra­vers­er des routes mon­tag­neuses au milieu de la nuit. On vous fait marcher par groupe, des groupes nom­breux, fatigués, dis­per­sés… Juste à côté de vous, une vielle femme tombe soudain épuisée. On frappe sa tête avec la crosse d’un fusil. Elle reste là-bas accroupie. On cogne aux rochers son petit fils qui pleure.

Croyez-vous que ce sont des légendes ?

Est-ce que vous con­nais­sez le Teşkilat‑ı Mah­susa? L’horrible organ­i­sa­tion des Unionistes?

Est-ce qu’on a jamais vio­lé votre femme sous vos regards? Est-ce qu’on a jamais poignardé le torse de votre mari sous vos yeux? Est-ce qu’on vous a jamais enlevé et emmené en vous traî­nant au milieu de la nuit, alors que vous étiez en train de dîn­er avec votre famille, unique­ment parce que vous êtes Turc ?

Des cen­taines de mil­liers de per­son­nes ont subi ces choses-là unique­ment parce qu’ils étaient Arméniens.

Il n’y avait aucune autre rai­son pour qu’ils soient assas­s­inés, à part le fait d’être Arménien.

Nous avons la voix de notre conscience.

Va-t-on défendre les Union­istes et le Teşkilat‑ı Mah­susa unique­ment parce que nous sommes de la même race qu’eux, ou bien va-t-on pleur­er la mort d’un nour­ris­son d’une autre race ? Savez-vous com­bi­en d’Arméniens ont été plaqués aux rochers et fusil­lés ? Beau­coup trop.

Unique­ment par ce qu’ils étaient Arméniens.

On les a noyés dans les riv­ières. Ils ont été passés à la baïon­nette, après qu’ils soient tombés de fatigue. Ils ont pil­lé les biens des Arméniens qu’ils avaient assassinés.

Pensez à cette bru potelée à l’accent doux, pensez à cette joyeuse femme arméni­enne, pensez à ce maître tailleur de pierre avec des mains robustes comme les pier­res qu’il taille… Un jeune homme arménien amoureux… Une petite jeune femme bien frag­ile… Pensez à tout cela… Et, imag­inez tous ces gens au milieu de la nuit sur les mon­tagnes. Affamés, fatigués, mis­érables et seuls. Cou­verts de poux. Malades. Ils savent qu’ils sont emmenés vers la mort. On les fait marcher vers leur pro­pre mort. Et on les assas­sine. Des cen­taines de mil­liers d’êtres humains. Des cen­taines de mil­liers d’êtres humains.

Leur “race” a‑t-elle vrai­ment de l’importance ?

Imag­inez qu’on arrache votre mari de votre poitrine et qu’on le colle à un mur… Imag­inez qu’on arrache votre femme de vos bras et qu’on l’emmène der­rière un rocher. Cela ne vous attriste vrai­ment pas, parce qu’ils étaient Arméniens?

Met­tez-vous à leur place un instant, un tout petit instant. Imag­inez cet instant, ce dés­espoir. Sol­licitez la pro­fondeur de votre âme pour com­pren­dre ce que cela peut vouloir dire que l’assassinat de votre bien-aimé. Vous allez ignor­er les souf­frances de ces per­son­nes parce que vous êtes Turc ?

Les Union­istes ont beau­coup péché. Ils ont tué beau­coup d’hommes. Ils ont élim­iné une “race”. Et nous, pen­dant des années, nous avons inter­dit aux proches de ces gens de pleur­er leurs morts, nous leur avons même inter­dit de dire une élégie pour leur bien-aimé disparu.

Même une élégie était de trop.

On nous a men­ti sans cesse. Ils nous ont dit “ce sont eux qui nous ont assas­s­inés”. A la fron­tière russe, il y avait des maquis­ards arméniens qui ont tué des Turcs musul­mans et ils ont tué aus­si. Eux aus­si étaient violents.

Mais quel est le rap­port entre ces maquis­ards à la fron­tière russe et les femmes, les nour­ris­sons, les hommes, les vieil­lards de Malatya, de Bur­sa, de Sivas, de Marach, d’Adana ?

Les Union­istes les ont tués unique­ment parce qu’ils étaient Arméniens.

Ensuite nous nous sommes fâchés avec les petits enfants de ceux que nous avions assas­s­inés car ils voulaient par­ler de ’ces jours-là’. Ne voudriez-vous pas hurler si on avait tué vos grands-mères, vos mères, vos pères ? Ne vous sen­tiriez-vous pas redev­ables envers eux?

Lais­sez tomber les Union­istes, les assas­sins, les tireurs des organ­i­sa­tions secrètes.

Vous n’êtes pas proches de ces gens-là, vous êtes proches de ceux qui ont été assassinés.

Vous êtes des être humains.

Et, main­tenant nous allons dans “leur” pays. Mais en est-on capa­ble… Au sou­venir des vieux jours, si on pou­vait avoir un peu de larmes aux yeux et si on pou­vait mur­mur­er ‘par­don­nez-nous’ …

Peut-être cela nous enlèverait-t-il un poids lourd de notre dos, peut-être que l’esprit d’un vieil Arménien mous­tachu va-t-il sourire pour un court instant de là où tout le monde va un jour, de là où nous allons tous partir.

Ahmet Altan

Taraf – 06 09 2008 (tra­duc­tion française Col­lec­tif Van) — titre orig­i­nal : Ah Ahparik (Oh mon petit frère)

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Ah Ahparik

Ne zaman Erme­nil­er­le ilgili bir yazı yaza­cak olsam, tuhaf bir şek­ilde elim insanın içi­ni acı­tan müzik parçaların­dan birine uzanıyor.
Keskin bir keman sesi ya da boğuk ve hüzün­lü bir duduk din­le­mek istiy­o­rum Bu ülkede bunun söyle­nilmesin­den hoşlanılmıy­or biliy­o­rum ama yeryüzünün en büyük acıların­dan biri­ni çek­til­er. Sakın “onlar da bizi öldürdü” demeyin. Bunu söyle­mek gerçek­ten ayıp.
Rus sınırın­da­ki Ermeni çete­cil­er­le Bursa“daki Ermeni kadının, Adana“daki yaşlı adamın, Sivas“taki bebeğin ne ilgisi var…Ermeni olmak­tan baş­ka? İtt­ih­atçılar insaf­sız bir soykırım gerçek­leştirdil­er. Çok insaf­sız. Bir an durun… Durun ne olur bir an. Ve, düşünün…Bir gece evinizde otu­ruy­or­sunuz, kapınız çalınıy­or ve sizi zor­la alıp götürüy­or­lar. Evinizin kapısı öyle açık kalıyor.Yollara düşüyorsunuz.
Gece­yarıları dağınık ve yorgun kal­a­balık­lar halinde dağ yol­ların­dan geçiriy­or­lar sizi.Yanıbaşınızda ihti­yar bir kadın­cağız çöküveriy­or. Dipçik­le vuruy­or­lar başı­na. Öyle kıvrılıp kalıy­or. Ağlayan toru­nunu kay­alara çarpıy­or­lar. Masal mı sanıy­or­sunuz bunları?

Siz Teşkilat‑ı Mahsusa“yı biliy­or musunuz?
İtt­ih­atçıların o korkunç örgütünü?
Hiç yanınız­da karınızın ırzı­na geçtil­er mi?
Hiç kocanızı göğsün­den vurup öldürdüler mi gözünüzün önünde?
Bir gece evinizde otu­rup ail­eni­zle yemek yerken sizi sırf Türk­sünüz diye yer­lerde sürükley­erek götürdüler mi?

Sırf Ermeni olduk­ları için yüz bin­lerce insana böyle yaptılar.
Ermeni olmaların­dan baş­ka hiçbir neden yok­tu öldürülmeleri için.
Bir vic­danımız var bizim.
Aynı kan­dan geliy­oruz diye katil­leri, İtt­ih­atçıları, Teşkilat‑ı Mahsusa“yı mı tuta­cağız yok­sa baş­ka bir ırk­tan bir bebeğin ölümüne mi ağlayacağız?
Ne çok Ermeni“yi kay­alık­lara yapıştırıp kurşu­na dizdil­er biliy­or musunuz?
Sırf Ermeni olduk­ları için. Nehirlerde boğdular.
Yorulup yere yıkıldığı için süngüledil­er. Öldürdük­leri Erme­ni­lerin mal­larını mülk­leri­ni yağ­mal­adılar. Tatlı şiveli tombul bir Ermeni gelin­i­ni, şakacı, koyu kara gözlü bir Ermeni dudusunu, koca elleri yont­tuğu taşlar gibi kabar­mış yaşlı bir taş ustasını düşünün… Âşık bir Ermeni çocuğunu… Çıtkırıldım bir Ermeni hanımını… Düşünün bunları…Ve, bun­ları bir gece­yarısı bir dağ yol­un­da düşünün.
Açlar, yorgun­lar, sefiller ve yal­nı­zlar. Bitlen­mişler. Hasta­lan­mışlar. Ölüme doğru götürüldük­leri­ni biliy­or­lar. Ölüm­ler­ine yürütüy­or­lar onları. Ve, öldürüyorlar.

Yüz bin­lerce insan.
Yüz bin­lerce insan. Irk­ları önem­li mi gerçek­ten? Kocanızı göğsünüz­den çekip alarak bir duvara dayadık­larını düşünün… Karınızı kol­unuz­dan koparıp bir kayanın arkası­na götürdük­leri­ni düşünün.
Başları­na bun­lar gelen insan­lar için, onlar Ermeniy­di diye hiç üzülmez misiniz gerçekten?
Bir an, bir kısacık an ken­di­nizi onların yer­ine koyun. O anı, o çare­si­zliği hissedin. Sevdiğiniz insanın öldürülmesinin ne demek olduğunu anla­mak için bir içinizi yok­layın. Türk olduğu­muz için insan­ların çek­miş olduk­ları acıları görmez­den mi gele­ceğiz İtt­ih­atçılar çok günah işledil­er. Çok insan öldürdüler. Bir soyu kırıp geçirdil­er. Ve, biz yıl­lar­ca öldürülen bu insan­ların yakın­ları­na, sevdik­leri için bir ağıt yak­mayı bile yasak­ladık. Bir ağıtı bile çok gördük. Bize hep yalan söyledil­er. “Onlar da bizi öldürdü” dedil­er. Rus sınırın­da Müs­lü­man Türkleri öldüren Ermeni çete­cil­er vardı ve öldürdüler. Onlar da vahşiydi.
Ama Malatya’­da­ki, Bur­sa’­da­ki, Sivas’­ta­ki, Maraş’­ta­ki, Adana“daki kadın­ların, bebek­lerin, erkek­lerin, ihti­yarların ne alakası var Rus sınırın­da­ki çete­cil­er­le? İtt­ih­atçılar, onları sırf Ermeni olduk­ları için öldürdüler. Son­ra da öldürdük­ler­im­izin torun­ları­na kızdık, “o gün­ler­den” söz etmek istiy­or­lar diye.
Sizin annean­n­enizi, babaan­n­enizi, ann­enizi, babanızı öldürsel­er­di, bunu haykır­mak iste­mez miy­di­niz? Ken­di­nizi onlara borçlu his­set­mez miy­di­niz? Boşverin İtt­ih­atçıları, katil­leri, gizli teşk­i­latın kan­lı silahşör­leri­ni. Siz onlara değil, siz öldürülen­lere yakın­sınız. İns­ans­ınız siz. Ve, şim­di “onların” ülke­sine gidiy­oruz. Bilmem becere­bilir miy­iz ama… O eski gün­lerin ansı­na biraz biz­im de göz­ler­im­iz yaşarsa ve “affedin” diye mırıl­dansak… Bel­ki de hep­imizin sırtın­dan ağır bir yük kalka­cak, bel­ki de pos bıyık­lı yaşlı bir Ermeninin hay­ali, herkesin git­tiği, hep­imizin gide­ceği yerde bir anlığı­na kısacık gülümseyecek.

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