La déter­mi­na­tion des asso­ci­a­tions fémin­istes a eu rai­son des autorités locales qui avaient dans un pre­mier temps inter­dit tout rassem­ble­ment à Diyarbakır pour raisons de sécu­rité. Comme un sym­bole, les nuages ont rapi­de­ment lais­sé place à un soleil écla­tant pour les 2 à 3000 per­son­nes qui se sont ren­dues à İst­as­yon Square. Jeunes et vieux, femmes et hommes, la foule danse et chante sur la musique tra­di­tion­nelle kurde en tapant du pied sur l’asphalte. Entre deux chan­sons, les femmes qui se suc­cè­dent au micro rap­pel­lent les droits inal­ién­ables des femmes, trop sou­vent bafoués en Turquie et ailleurs.

Cette célébra­tion uni­verselle à un goût par­ti­c­uli­er ici et la scène cul­turelle offre une tri­bune poli­tique trop rare ces derniers mois. L’occasion de s’adresser à un large pub­lic est trop belle pour être man­quée. Le référen­dum est rapi­de­ment abor­dé ain­si que l’enjeux de voir un nou­veau sul­tan appa­raître. Les « hayır ! » s’envolent dans le ciel bleu d’une afflu­ence toute acquise au rejet du plébiscite à venir. On par­le de la lib­erté et du com­bat à men­er pour la préserv­er. Les trop nom­breuses cama­rades incar­cérées ont leurs voix qui por­tent sur la scène et on y lit cer­tains de leurs mes­sages, écrit depuis leurs cel­lules. Notam­ment celui de Figen Yük­sek­dağ, co-prési­dente du Par­ti Démoc­ra­tique des Peu­ples (HDP), arrêtée en novem­bre dernier : « Les femmes détru­iront la dic­tature, le fas­cisme et cette per­cep­tion unique­ment mas­cu­line du monde. Ce ne sont pas de sim­ples mots en l’air, une pro­pa­gande fémin­iste sans fonde­ments. Les femmes sont les naturelles organ­isatri­ces du « Non ». Parce que nous savons que les femmes se sont con­stru­ites à tra­vers l’Histoire en dis­ant « Non ! ». Lorsque nous nous sommes opposées, nous avons tout à fait pu con­tin­uer à vivre. Nous devenons nous-mêmes des femmes libres lorsque que nous dis­ons « Non » à nos maris, à nos com­pagnons, à nos patrons et à l’Etat ; dès lors que nous refu­sons toute insti­tu­tion dom­inée par les hommes. En tant que femmes, ce que nous faisons le 8 mars est de répan­dre cette volon­té à tra­vers la résis­tance et le refus et ain­si con­stru­ire nos pro­pres alter­na­tives. En ce 8 mars, nous crions notre pou­voir, notre pou­voir du refus à ceux qui se pensent sou­verains, encore une fois, des mil­liers et des mil­lions de fois, à tra­vers les rues et les places nous crions : « Non ! Nous con­stru­irons une autre vie ! »

Texte intégral : Figen Yüksekdağ : les femmes disent “non”

La musique repart de plus belle, les artistes con­clu­ent le rassem­ble­ment d’une note plus légère. La foule se dis­perse avec slo­gans et bonne humeur, l’important dis­posi­tif sécu­ri­taire ne peu­vent les entamer. Quelques heures de joie rem­plies d’espoir sur une terre meur­trie qui ne vit pas vrai­ment en paix. On n’oublie pas le bal­let quo­ti­di­en des camions chargés de gra­vats qui étaient, il y a peu encore, des maisons de Sur. Et l’on pense à ceux qui vivent 70 kilo­mètres plus au nord, vers Lice, Hani et Genç. Plus per­son­ne n’y va, plus per­son­ne n’en sort, l’armée déploie ses mil­liers de sol­dats, ses blind­és et ses avions. En espérant ceux des femmes, c’est la guerre qui reprend ses droits.

* Appellation exacte du 8 mars en Turquie “Journée internationale (ou mondiale) des femmes” ou “des femmes travailleuses” pour certaines tendances.


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