Voici les “chroniques de la révolution kurde”, journal présenté par Ronahi TV chaque dimanche. Un retour sur la semaine du 12 au 18 février 2017. Il s’agit de l’émission régulière en langue française, que vous trouverez ici, chaque semaine, en partenariat avec Kedistan.
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Les gros titres :
- DERIK — Deuxième Congrès du Conseil démocratique de Syrie
- COLÈRE DE L’EUPHRATE — encerclement de Raqqa
- ROJAVA — NORD DE LA SYRIE — Invasion de la Turquie
- AFRIN — Les YPG répondent à l’agression turque
- POLICE TURQUE — De l’emploi pour DAESH
- NORD DE LA SYRIE — Qu’en pensent les Arabes ?
- BAKUR — KURDISTAN DU NORD — Nouveau drame à Xerabê
- TALATE ET XERABE — Nouveaux crimes de guerre
- XERABÊ — Syndicats et organisations veillent
- A L’APPROCHE DU RÉFÉRENDUM — Les voix du “NON” en prison
- VAN — Des curateurs pleins de zèle
DERIK
DEUXIÈME CONGRÈS DU CONSEIL DÉMOCRATIQUE DE SYRIE
Le deuxième congrès du MSD, le conseil démocratique de Syrie, a débuté ses travaux hier samedi. Les projets de nation démocratique et de république fédérale syrienne sont sur les rails.
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Ilham Ehmed a été réélue à la co-présidence du conseil démocratique syrien, le MSD. Elle a d’abord dénoncé cette opposition qui a jusqu’à présent monopolisé le titre d’opposition, en se posant comme les seuls représentants du peuple syrien. Cette opposition porte, dit-elle, la responsabilité de la perversion progressive de la révolution syrienne.
Pour l’avenir de la Syrie, il faut tout d’abord changer le nom du pays : que cela ne soit plus république arabe de Syrie, mais République fédérale de Syrie. Aujourd’hui, dit Ehmed, la nation démocratique est devenue une option concrète. « Ce n’est pas une fantaisie détachée de toute réalité. Nous protégeons nos valeurs nationales et nous mettons en place un carnet de route pour sortir notre pays bien aimé, la Syrie, de cette crise. »
Rappelons que le MSD, le congrès démocratique de Syrie, est le bras politique des Forces Démocratiques Syriennes – les FDS ou QSD. Sous l’administration de ce congrès, il y a maintenant 33.739 km carrés de terres, sur lesquelles vivent 19% de tous les Syriens.
Créé fin 2015 avec 103 délégués en provenance de toutes les composantes de la société syrienne, le MSD réunit aussi toutes les tendances politiques.
Un projet de nouvelle constitution pour la Syrie a déjà été préparé, des contacts avec les puissances internationales et les autres représentants de l’opposition ont été établis.
Jusqu’à présent, la plupart des Etats considèrent plutôt positivement le projet fédéral, mais ils n’ont pris aucune initiative à cause de leurs différents intérêts respectifs.
En attendant, le MSD s’est déjà imposé comme un partenaire diplomatique incontournable auprès des différents Etats qui gravitent autour de la gestion de la guerre en Syrie.
COLÈRE DE L’EUPHRATE
ENCERCLEMENT DE RAQQA
La ville de Raqqa, la capitale de Daesh en Syrie, est totalement encerclée. Dorénavant, plus aucun secours ne pourra parvenir au Daesh. Dans les villages libérés, les habitants laissent éclater leur joie.
L’offensive des forces démocratiques syrienne pour expulser Daesh de la ville de Raqqa se poursuit. Sur trois fronts, les combattants de la liberté pulvérisent les défenses du Daesh. Le but des opérations de cette troisième phase des combats était de bloquer la route qui relie Raqqa à Deir Azzor. C’est désormais chose faite depuis mercredi.
Tous les ponts qui enjambent l’Euphrate ont été bombardés. Il n’y a donc plus de ligne de ravitaillement pour le Daesh aujourd’hui. En 8 journées de combat, le bilan engrangé par les FDS dans le combat contre Daesh impressionne : 37 villages et 102 hameaux ont été libérés, soit 1.664 km carrés de terres. 49 membres du Daesh ont été tués.
Et du côté des habitants, c’est la joie.
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Les habitants se précipitent pour aider les unités FDS, pour leur indiquer les lieux de cachette des membres de Daesh ainsi que les endroits qui ont été minés. Une fois les opérations de déminage terminées, les combattants et les habitants fraternisent autour de tasses de thé.
La plupart de ces villageois ont de la famille à Raqqa ou à Deir Azzor. Ils attendent donc avec impatience que ces deux villes au nord de l’Euphrate soient elles aussi libérées.
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Dans tous les villages libérés, c’est la même joie. Dans ce village, à Ciwês, Eli Al Assad, exprime son bonheur : « Je remercie, dit-il, les FDS qui nous ont libéré de la barbarie du Daesh, et qui nous ont permis de rentrer chez nous, dans notre village, après l’avoir libéré.
La vie sous Daesh était intolérable. Nous devions vivre sous leurs ténèbres. Les femmes ne pouvaient pas facilement sortir de leurs maisons. Elles ne pouvaient pas bouger. Mais maintenant, c’est comme si nous renaissions. Nous vivrons même mieux encore qu’avant »
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Signalons aussi que de l’autre côté de la frontière, en Irak, le premier ministre Al-Abadi a également annoncé dimanche dernier que les opérations de l’armée irakienne pour reprendre l’est de la ville de Mossoul étaient lancées.
Quelques heures après l’annonce du premier ministre irakien, le commandant des opérations miliaires pour la province de Ninive, Abdulemir Rashid Yarallah, annonçait que la police fédérale irakienne avait repris trois premiers villages ainsi que la base militaire d’Eqrib, au sud-est de la ville.
NORD DE LA SYRIE- ROJAVA
INVASION DE LA TURQUIE
Les forces armées turques qui ont envahi le nord de la Syrie et le Rojava continuent de brutaliser les populations civiles. Semaine après semaine, les destructions et les massacres se succèdent dans la région de Shehba. Sur la frontière, les soldats turcs détruisent les maisons et tuent les innocents qui passent à portée de leurs armes.
L’armée turque n’opère pas seule dans le nord de la Syrie. Elle a rassemblé d’anciens éléments fanatisés de l’armée syrienne libre qui opèrent notamment au sein de la brigade Sultan Murad. Ce sont donc ces bandes armées qui ont bombardé dimanche passé la ville d’Arima, à 20 kilomètres de Minbij.
Les villages syriens du canton d’Afrin ont également été pris pour cibles par les artilleurs turcs. Ayn Daqné, Beline et Maranez ont été soumis à des tiers de mortiers et de chars, des tirs qui ont couté la vie à trois combattants YPG. Plus tard dans la soirée de dimanche, c’étaient les bandes armées qui s’en prenaient avec de chars également aux villes de Cheikh Isa et de Til Rifaat.
Le lendemain, les artilleurs turcs pilonnaient une fois de plus la ville de Bab. 12 civils innocents y ont perdu la vie ; parmi les victimes, tous de la même famille Bethiş, il y a le petit Hassan Umer, 4 ans, le petit Muhamed Umer, 3 ans, un bébé de 7 mois, ainsi que deux autres enfants et trois couples de jeunes parents. Le nombre de victimes civiles depuis le début de l’invasion turque à Bab s’élève à 400.
Mardi, depuis al ville de Marî, les forces turques ont lancé des missiles de type Katyusha sur la ville de Til Rifaat et de Sheikh Isa.
Lundi, une nouvelle vague de réfugiés en provenance de Bab arrivait dans le canton d’Afrin. Parmi les 2000 nouveaux arrivants de lundi, il y a aussi des familles en provenance d’Irak ou de la ville de Raqqa.
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Près d‘Amudé, Qasim Shamsedin et son fils ont voulu aller travailler dans leur champ, situé le long de la frontière. Pour terroriser la population, les forces turques tirent sur tout ce qui bouge à portée de leurs fusils. Qasim, 45 ans, est aujourd’hui à l’hôpital avec son fils de 17 ans. L’état de santé de Qasim est jugé sérieux.
Le long de la frontière, à 20 kilomètres à l’ouest de Gire Sipi, les forces turques sont entrées sur le sol syrien pour élever un mur de séparation entre le Kurdistan du nord et le Kurdistan de l’ouest.
Dans le village de Sileb Qeran, les bulldozers détruisent ainsi les maisons qui se trouvent sur le passage du futur mur. Des tanks assurent la sécurité des bulldozers.
AFRIN
LES YPG RÉPONDENT À L’AGRESSION TURQUE
Considérant les innombrables violations du sol syrien, les nombreux tirs sur des civils, et surtout le silence des grandes puissances devant le déni des règles du droit international, les unités YPG ont décidé de réagir lors de l’agression turque d’hier à hauteur du canton d’Afrin.
A hauteur du district de Bilbilé, les soldats turcs ont tenté hier soir encore de traverser la frontière à Girê Gir. Les unités de femmes YPJ et les unités YPgG ont répondu à l’agression. Après avoir senti la résistance des unités d’auto-défense, les soldats turcs sont repartis de leur côté de la frontière.
POLICE TURQUE
DE L’EMPLOI POUR DAESH
Pour assurer les missions de police dans les territoires dévastés par leurs troupes, les autorités turques ont besoin de personnel.
Les nouveaux policiers qui porteront l’uniforme turc en syrie sont des anciens de Daesh, du front al Nosra (Al-Qaïda) et de la brigade Sultan Murad.
Les forces armées turques aiment engager des gens qui ont de l’expérience pour brutaliser les civils. Déjà, lors des sièges des villes du Kurdistan du nord, nous vous avions signalé ces policiers turcs qui ne parlaient qu’en arabe et qui se faisaient appeler les « lions d’Allah », les unités Esadullah, pendant qu’ils détruisaient ces villes.
Ces policiers arabes en Turquie provenaient des rangs du Daesh. Ils occupaient les villes du nord de la Syrie avant que les YPG ne les en chassent.
Actuellement, en Syrie, les autorités turques ont encore besoin de personnel : à nouveau, l’Etat turc utilise les anciens de Daesh ou d’al Qaida. Une police a donc été formée avec des volontaires qui reçoivent 200 dollars. 400 de ces policiers ont déjà été envoyés à Jarablus, 250 à Raï et 300 à Azaz. La brigade sultan Murad est le réservoir dans lequel les autorités turques viennent embaucher leurs policiers. Et ceux qui constituent cette brigade sultan Murad sont précisément des anciens du Daesh ou d’al Nosra.
Ainsi, prenons par exemple les deux cousins Mustafa Ahmet Mustevi et Isa Huseyin Mustevi, qui sont aujourd’hui en poste à Raï. Les deux cousins, originaires du village de Karam Ezra, ont d’abord rejoint l’armée syrienne libre. Ensuite, ils ont intégré les rangs de Daesh. Dans un troisième temps, quand la Turquie a eu besoin de préparer son invasion de la Syrie, elle les a incorporés dans la brigade Sultan Murad, et aujourd’hui, les voilà, policiers turcs à Rai.
NORD DE LA SYRIE
QU’EN PENSENT LES ARABES ?
Les habitants et les combattants arabophones du nord de la Syrie voient d’un très mauvais les efforts de la Turquie pour entretenir les bandes de fanatiques qui ensanglantent le pays.
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Les combattants du liwa Siqûr al Şimal, une formation arabe qui travaille avec le conseil militaire de Minbij, ont réagi à la déclaration du président Erdogan qui prétendait qu’il se dirigerait vers Minbij.
Kawa Minbij, le commandant de la formation militaire, a rappelé qu’ils ne voulaient pas d’Erdogan. La Turquie et les bandes qu’elle entretient n’ont pas le droit de rentrer à Minbij.
Pour Kawa Minbij, toutes les bandes de l’armée syrienne libre sont des voleurs. « Demandez aux gens, dit Kawa Minbij, ce que ces prétendus combattants de l’armée syrienne libre font. Ils prennent aux check points 3 à 400 dollars aux commerçants qui assurent le ravitaillement de Minbij. En plus de l’argent, ils volent les téléphones. Il n’y a aucune humanité chez eux. »
Refik Sellum confirme les propos : « les habitants des villages sous le contrôle de ces bandes armées se plaignent du vol systématisé. En tant que combattants du conseil militaire de Minbij, affirme-t-il, nous pouvons défendre notre pays et nous n’avons besoin de personne. Et si nous devions faire appel à quelqu’un, on sait à qui nous le ferions… »
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Et puis, 167 autres jeunes arabes ont décidé de suivre la formation militaire à l’académie du martyr Xebat, dans le canton de Ceziré. Ces 167 nouveaux combattants ont choisi d’ intégrer les unités YPG.
Le commandant YPG Lokman Derik a rappelé, lors de la cérémonie militaire qui clôturait la formation, que les perspectives de la population et celles de tous les peuples opprimés s’amélioraient au fur et à mesure des cycles de formation qui se terminent.
BAKUR-KURDISTAN DU NORD
NOUVEAU DRAME À XERABÊ
Dans le Kurdistan du nord, les villages de Xerabê et de Talate sont complétement coupés du reste du monde. Les rares témoignages qui nous arrivent font état de scènes de tortures et de massacres commis sur les habitants par les forces armées turques.
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Au loin, on entend des tirs d’artillerie sur le village de Xerabê. Des fumées s’échappent des maisons incendiées. Les images, postées sur les réseaux sociaux par les membres des forces turques, témoignent de la barbarie de ce qui se passe dans ces villages soumis au couvre-feu.
Depuis le 10 février, les habitants sont enfermés de force chez eux. Ils n’ont pas le droit d’ouvrir ou de passer la tête par les fenêtres pour comprendre ce qui se passe à côté de leur maison. Les animaux de ces paysans ont dû être abandonnés dans les champs ou dans les étables, et faute de soins, ils ont tous péri.
Il n’y a maintenant plus d’eau ni de nourriture et les villageois sont affamés.
Dans chaque maison, les policiers turcs mènent des raids, insultent et détruisent. Plusieurs habitants ont été exécutés. A l’heure actuelle, on en compte déjà 3 avec certitude. Et puis il y a tous les autres qui sont torturés, parfois en public.
Les responsables militaires de l’attaque du village de Xerabê sont ceux qui avaient déjà ensanglanté les villes de Cizre, de Gever et de Sûr.
Il s’agit du général Ismail Balibek, de la 2ème brigade de commando de la gendarmerie de Bornova, et du colonel Ahmet Zafer Isçan, du commandement de la gendarmerie provinciale de Mardin.
Soulignons aussi que le colonel Isçan est un proche du ministre de l’intérieur, Suleyman Soylu.
Ce mercredi, les forces turques lançaient l’assaut sur deux autres villages proches de Xerabê, les villages de Talate et de Cibilgirav.
A Talate, on a d’abord vu les fumées des maisons incendiées et bombardées. Personne ne peut quitter sa maison, et les forces turques emmènent des otages.
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Sur ces images, on voir les bulldozers abattre les maisons de Talate.
Toutes les lignes téléphoniques ont été coupées, ainsi que l’eau et l’électricité. Les nouvelles qui parviennent des villages assiégés arrivent donc au compte-goutte.
Jeudi, les rapports reçus par les témoins présents à Talate faisaient état de violentes attaques des forces armées turques.
TALATE ET XERABÊ
NOUVEAUX CRIMES DE GUERRE
La violence des forces armées turques contre les villageois de Talate et de Xerabê rappelle les jours noirs des années 80 et 90. On sait déjà qu’il y a eu trois morts et de nombreux cas de torture.
Lundi, trois corps décomposés, pris en photo par les troupes turques, ont été transportés par hélicoptère jusqu’à la morgue de l’hôpital de Mardin. L’identité de ces trois victimes n’est pas connue.
Cet homme de 57 ans, Abdi Aykut, a été photographié à la police de Nusaybin. Il a ensuite été emmené à l’hôpital, mais tous les documents médicaux qui le concernent ont été confisqués par les policiers turcs.
A l’heure qu’il est, il est hospitalisé à Mardin.
Son épouse, Vetha, a pu expliquer ce qu’elle sait de son mari. Il était seul au moment de l’agression des policiers turcs. Il était revenu dans son village pour y vendre deux vaches quand il a été surpris par le couvre-feu ; il s’est alors rendu chez sa sœur, mais quand les vivres ont commencé à manquer, il a estimé qu’il fallait tenter de réintégrer son domicile pour y chercher à manger.
Les policiers l’ont alors attrapé et l’ont violemment battu. Le vieil homme s’est évanoui et il est resté deux jours couché dans son jardin.
Les policiers sont alors revenus le chercher et l’ont emmené à l’hôpital. La maison du couple a ensuite été incendiée.
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D’autres habitants de Xerabê parlent de scènes de torture.
Ribhet Bayhan, qui a été retenu pendant 12 jours a pu parler aux reporters d’ANF.
Bayhan a assisté personnellement aux séances de torture de son frère Sabri Bayhan et d’autres habitants, notamment de Şükrü Koçhan et du vieil Abdi Aykut.
Voici son témoignage :
« Les forces de l’Etat turc ont lancé une attaque très brutale, dont on souffert les villageois, surtout les femmes et les enfants. On nous insultait et on nous torturait.
Il n’y a pas de mot pour dire ce que nous avons vécu.
Nos enfants n’arrêtaient pas de pleurer.
Après trois jours de siège, les maisons ont été perquisitionnées et 13 personnes dont moi-même, ont été arrêtées. D’autres arrestations ont encore eu lieu par la suite ;
Tous les otages ont été enfermés dans une cellule froide. On a été torturé physiquement et insultés. Je peux témoigner des tortures infligées à mon frère Sabri ainsi qu’à un autre habitant, Şükrü Koçhan. »
Le vieil Aykut a été torturé sous ses yeux jusqu’à ce qu’il s’évanouisse.
XERABÊ
SYNDICATS ET ORGANISATIONS VEILLENT
Deux délégations se sont rendues vers le village de Xerabê ; la première est composée de représentants politiques des partis DBP et HDP, ainsi que de membres du DTK, le congrès pour une société démocratique.
La deuxième délégation est composée de représentants des syndicats et d’organisations non gouvernementales.
Il y a là les représentants du syndicat TTB, le syndicat du secteur de la santé, du KESK, la confédération des syndicats des employés du secteur public, le Tüm Bel-sen, le syndicat de la municipalité et des employés de l’administration locale.
Parmi les représentants politiques, il y a la co-présidente du DTK, Leyla Güven, les députés du HDP Erol Dora, Ziya Pir, Acar Basaran.
Tous les responsables politiques et syndicaux ont été bloqués par des soldats à 15 kilomètres de l’entrée du village.
A L’APPROCHE DU RÉFÉRENDUM
LES VOIX DU « NON » EN PRISON
Le référendum du 16 avril approche. Il s’agira pour les électeurs de Turquie d’approuver les changements apportés à la constitution, des changements qui permettront au président actuel de se maintenir au pouvoir et de renforcer son autorité.
Pour préparer le référendum, le président Erdogan dispose déjà du soutien enthousiaste de la presse turque sur laquelle il exerce son contrôle. Quant aux journalistes qui échappent à son contrôle, ils sont arrêtés et condamnés à des peines de prison.
Ainsi d’Ali Baris Kurt, qui est reporter pour l’agence de presse ANF. La deuxième haute cour criminelle d‘Ankara vient de le condamner ce vendredi à 2 ans et 4 mois de prison.
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La population qui pourrait mal voter est plongée dans l’effroi de la guerre civile. Quant aux députés du parti HDP, le parti du « non » au changement de constitution, ils sont enfermés.
Le vice-président du parti, Idris Baluken avait déjà été enfermé puis relâché le 30 janvier. Après avoir été relâché, il a été hospitalisé à Ankara. Dès sa sortie de l’hôpital, les policiers l’ont récupéré pour le reconduire en prison. Les procureurs ont requis contre Baluken 18 années d’emprisonnement pour le travail mené dans le cadre de son mandat politique.
Selahattin Demirtas, le co-président du Hdp, a été jugé et condamné à 5 mois de prison ce mardi par la deuxième cour criminelle de Dogubeyazit. Les autorités judiciaires lui reprochent d’avoir humilié la nation turque, l’Etat et les institutions de l’Etat.
Figen Yüksekdag, la co-présidente du parti, a elle été radiée du parlement ce mardi.
Pour le HDP, il s’agit d’une politique du Fait accompli. L’AKP et Erdogan considèrent toutes les façons de contourner les lois, de manière à assoir un Etat de non-droit après le référendum.
La révocation de la députée Figen Yüksekdag n’est qu’une tentative de plus selon le communiqué du parti, pour intimider le parti Hdp et la population.
VAN
DES CURATEURS PLEINS DE ZÈLE
A Van, toutes les municipalités ont été confisquées. Des curateurs à la solde du pouvoir central remplacent les élus.
Licenciements en masses, mesures symboliques contre le plurilinguisme, déconstruction des projets sociaux. Rien n’est épargné aux habitants de Van. Cette semaine, les policiers ont vandalisé le cimetière central d’Ipekyolu et la municipalité a supprimé le service des bus spéciaux pour femmes.
Ces femmes travaillaient pour les transports publics de la ville de Van ; considérant qu’il était plus confortable pour les femmes de disposer de leurs propres moyens de transport, les élus locaux avaient lancé une campagne de conductrices de bus, une campagne appelée « les oiseaux aux ailes mauves » Les curateurs ont placé les conductrices dans d’autres services. Laconiquement, ils se justifient en disant : « pourquoi employer des femmes conductrices ? Il n’y a pas besoin de cela »
Plus grave, toujours à Van, les policiers ont vandalisé le cimetière de Yeni, au centre de la ville. Dans ce cimetière reposaient des combattants de la guérilla. Leurs tombes étaient garnies des couleurs rouge, jaune et vert, les couleurs du Kurdistan. Tous les drapeaux aux trois couleurs ont été rassemblés et brûlés, et sur les marbres des tombes, les policiers ont tagué T.C., pour République de Turquie.