Voici les “chroniques de la révo­lu­tion kurde”, jour­nal présen­té par Ron­ahi TV chaque dimanche. Un retour sur la semaine du 12 au 18 févri­er 2017. Il s’agit de l’émission régulière en langue française, que vous trou­verez ici, chaque semaine, en parte­nar­i­at avec Kedistan.

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Les gros titres :

  • DERIK — Deux­ième Con­grès du Con­seil démoc­ra­tique de Syrie
  • COLÈRE DE L’EUPHRATE — encer­clement de Raqqa
  • ROJAVA — NORD DE LA SYRIE — Inva­sion de la Turquie
  • AFRIN — Les YPG répon­dent à l’a­gres­sion turque
  • POLICE TURQUE — De l’emploi pour DAESH
  • NORD DE LA SYRIE — Qu’en pensent les Arabes ?
  • BAKUR — KURDISTAN DU NORD — Nou­veau drame à Xerabê
  • TALATE ET XERABE — Nou­veaux crimes de guerre
  • XERABÊ — Syn­di­cats et organ­i­sa­tions veillent
  • A L’APPROCHE DU RÉFÉRENDUM — Les voix du “NON” en prison
  • VAN — Des cura­teurs pleins de zèle

DERIK
DEUXIÈME CONGRÈS DU CONSEIL DÉMOCRATIQUE DE SYRIE

Le deux­ième con­grès du MSD, le con­seil démoc­ra­tique de Syrie, a débuté ses travaux hier same­di. Les pro­jets de nation démoc­ra­tique et de république fédérale syri­enne sont sur les rails.

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Ilham Ehmed a été réélue à la co-prési­dence du con­seil démoc­ra­tique syrien, le MSD. Elle a d’abord dénon­cé cette oppo­si­tion qui a jusqu’à présent monop­o­lisé le titre d’opposition, en se posant comme les seuls représen­tants du peu­ple syrien. Cette oppo­si­tion porte, dit-elle, la respon­s­abil­ité de la per­ver­sion pro­gres­sive de la révo­lu­tion syrienne.

Pour l’avenir de la Syrie, il faut tout d’abord chang­er le nom du pays : que cela ne soit plus république arabe de Syrie, mais République fédérale de Syrie. Aujourd’hui, dit Ehmed, la nation démoc­ra­tique est dev­enue une option con­crète. « Ce n’est pas une fan­taisie détachée de toute réal­ité. Nous pro­té­geons nos valeurs nationales et nous met­tons en place un car­net de route pour sor­tir notre pays bien aimé, la Syrie, de cette crise. »

Rap­pelons que le MSD, le con­grès démoc­ra­tique de Syrie, est le bras poli­tique des Forces Démoc­ra­tiques Syri­ennes – les FDS ou QSD. Sous l’administration de ce con­grès, il y a main­tenant 33.739 km car­rés de ter­res, sur lesquelles vivent 19% de tous les Syriens.
Créé fin 2015 avec 103 délégués en prove­nance de toutes les com­posantes de la société syri­enne, le MSD réu­nit aus­si toutes les ten­dances politiques.
Un pro­jet de nou­velle con­sti­tu­tion pour la Syrie a déjà été pré­paré, des con­tacts avec les puis­sances inter­na­tionales et les autres représen­tants de l’opposition ont été établis.
Jusqu’à présent, la plu­part des Etats con­sid­èrent plutôt pos­i­tive­ment le pro­jet fédéral, mais ils n’ont pris aucune ini­tia­tive à cause de leurs dif­férents intérêts respectifs.
En atten­dant, le MSD s’est déjà imposé comme un parte­naire diplo­ma­tique incon­tourn­able auprès des dif­férents Etats qui gravi­tent autour de la ges­tion de la guerre en Syrie.

COLÈRE DE L’EUPHRATE
ENCERCLEMENT DE RAQQA

La ville de Raqqa, la cap­i­tale de Daesh en Syrie, est totale­ment encer­clée. Doré­na­vant, plus aucun sec­ours ne pour­ra par­venir au Daesh. Dans les vil­lages libérés, les habi­tants lais­sent éclater leur joie.

L’offensive des forces démoc­ra­tiques syri­enne pour expulser Daesh de la ville de Raqqa se pour­suit. Sur trois fronts, les com­bat­tants de la lib­erté pul­vérisent les défens­es du Daesh. Le but des opéra­tions de cette troisième phase des com­bats était de blo­quer la route qui relie Raqqa à Deir Azzor. C’est désor­mais chose faite depuis mercredi.

Tous les ponts qui enjam­bent l’Euphrate ont été bom­bardés. Il n’y a donc plus de ligne de rav­i­taille­ment pour le Daesh aujourd’hui. En 8 journées de com­bat, le bilan engrangé par les FDS dans le com­bat con­tre Daesh impres­sionne : 37 vil­lages et 102 hameaux ont été libérés, soit 1.664 km car­rés de ter­res. 49 mem­bres du Daesh ont été tués.
Et du côté des habi­tants, c’est la joie.

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Les habi­tants se pré­cip­i­tent pour aider les unités FDS, pour leur indi­quer les lieux de cachette des mem­bres de Daesh ain­si que les endroits qui ont été minés. Une fois les opéra­tions de démi­nage ter­minées, les com­bat­tants et les habi­tants frater­nisent autour de tass­es de thé.

La plu­part de ces vil­la­geois ont de la famille à Raqqa ou à Deir Azzor. Ils atten­dent donc avec impa­tience que ces deux villes au nord de l’Euphrate soient elles aus­si libérées.

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Dans tous les vil­lages libérés, c’est la même joie. Dans ce vil­lage, à Ciwês, Eli Al Assad, exprime son bon­heur : «  Je remer­cie, dit-il, les FDS qui nous ont libéré de la bar­barie du Daesh, et qui nous ont per­mis de ren­tr­er chez nous, dans notre vil­lage, après l’avoir libéré.
La vie sous Daesh était intolérable. Nous devions vivre sous leurs ténèbres. Les femmes ne pou­vaient pas facile­ment sor­tir de leurs maisons. Elles ne pou­vaient pas bouger. Mais main­tenant, c’est comme si nous renais­sions. Nous vivrons même mieux encore qu’avant »

*

Sig­nalons aus­si que de l’autre côté de la fron­tière, en Irak, le pre­mier min­istre Al-Aba­di a égale­ment annon­cé dimanche dernier que les opéra­tions de l’armée iraki­enne pour repren­dre l’est de la ville de Mossoul étaient lancées.

Quelques heures après l’annonce du pre­mier min­istre irakien, le com­man­dant des opéra­tions mil­i­aires pour la province de Ninive, Abd­ulemir Rashid Yaral­lah, annonçait que la police fédérale iraki­enne avait repris trois pre­miers vil­lages ain­si que la base mil­i­taire d’Eqrib, au sud-est de la ville.

NORD DE LA SYRIE- ROJAVA
INVASION DE LA TURQUIE

Les forces armées turques qui ont envahi le nord de la Syrie et le Roja­va con­tin­u­ent de bru­talis­er les pop­u­la­tions civiles. Semaine après semaine, les destruc­tions et les mas­sacres se suc­cè­dent dans la région de She­h­ba. Sur la fron­tière, les sol­dats turcs détru­isent les maisons et tuent les inno­cents qui passent à portée de leurs armes.

L’armée turque n’opère pas seule dans le nord de la Syrie. Elle a rassem­blé d’anciens élé­ments fanatisés de l’armée syri­enne libre qui opèrent notam­ment au sein de la brigade Sul­tan Murad. Ce sont donc ces ban­des armées qui ont bom­bardé dimanche passé la ville d’Arima, à 20 kilo­mètres de Minbij.

Les vil­lages syriens du can­ton d’Afrin ont égale­ment été pris pour cibles par les artilleurs turcs. Ayn Daqné, Beline et Maranez ont été soumis à des tiers de mortiers et de chars, des tirs qui ont couté la vie à trois com­bat­tants YPG. Plus tard dans la soirée de dimanche, c’étaient les ban­des armées qui s’en pre­naient avec de chars égale­ment aux villes de Cheikh Isa et de Til Rifaat.

Le lende­main, les artilleurs turcs pilon­naient une fois de plus la ville de Bab. 12 civils inno­cents y ont per­du la vie ; par­mi les vic­times, tous de la même famille Bethiş, il y a le petit Has­san Umer, 4 ans, le petit Muhamed Umer, 3 ans, un bébé de 7 mois, ain­si que deux autres enfants et trois cou­ples de jeunes par­ents. Le nom­bre de vic­times civiles depuis le début de l’invasion turque à Bab s’élève à 400.

Mar­di, depuis al ville de Marî, les forces turques ont lancé des mis­siles de type Katyusha sur la ville de Til Rifaat et de Sheikh Isa.

Lun­di, une nou­velle vague de réfugiés en prove­nance de Bab arrivait dans le can­ton d’Afrin. Par­mi les 2000 nou­veaux arrivants de lun­di, il y a aus­si des familles en prove­nance d’Irak ou de la ville de Raqqa.

*

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Près d‘Amudé, Qasim Shamsedin et son fils ont voulu aller tra­vailler dans leur champ, situé le long de la fron­tière. Pour ter­roris­er la pop­u­la­tion, les forces turques tirent sur tout ce qui bouge à portée de leurs fusils. Qasim, 45 ans, est aujourd’hui à l’hôpital avec son fils de 17 ans. L’état de san­té de Qasim est jugé sérieux.
Le long de la fron­tière, à 20 kilo­mètres à l’ouest de Gire Sipi, les forces turques sont entrées sur le sol syrien pour élever un mur de sépa­ra­tion entre le Kur­dis­tan du nord et le Kur­dis­tan de l’ouest.

Dans le vil­lage de Sileb Qer­an, les bull­doz­ers détru­isent ain­si les maisons qui se trou­vent sur le pas­sage du futur mur. Des tanks assurent la sécu­rité des bulldozers.

AFRIN
LES YPG RÉPONDENT À L’AGRESSION TURQUE

Con­sid­érant les innom­brables vio­la­tions du sol syrien, les nom­breux tirs sur des civils, et surtout le silence des grandes puis­sances devant le déni des règles du droit inter­na­tion­al, les unités YPG ont décidé de réa­gir lors de l’agression turque d’hier à hau­teur du can­ton d’Afrin.

A hau­teur du dis­trict de Bil­bilé, les sol­dats turcs ont ten­té hier soir encore de tra­vers­er la fron­tière à Girê Gir. Les unités de femmes YPJ et les unités YPgG ont répon­du à l’agression. Après avoir sen­ti la résis­tance des unités d’auto-défense, les sol­dats turcs sont repar­tis de leur côté de la frontière.

POLICE TURQUE
DE L’EMPLOI POUR DAESH

Pour assur­er les mis­sions de police dans les ter­ri­toires dévastés par leurs troupes, les autorités turques ont besoin de personnel.
Les nou­veaux policiers qui porteront l’uniforme turc en syrie sont des anciens de Daesh, du front al Nos­ra (Al-Qaï­da) et de la brigade Sul­tan Murad.

Les forces armées turques aiment engager des gens qui ont de l’expérience pour bru­talis­er les civils. Déjà, lors des sièges des villes du Kur­dis­tan du nord, nous vous avions sig­nalé ces policiers turcs qui ne par­laient qu’en arabe et qui se fai­saient appel­er les « lions d’Allah », les unités Esadul­lah, pen­dant qu’ils détru­i­saient ces villes.

Ces policiers arabes en Turquie prove­naient des rangs du Daesh. Ils occu­paient les villes du nord de la Syrie avant que les YPG ne les en chassent.

Actuelle­ment, en Syrie, les autorités turques ont encore besoin de per­son­nel : à nou­veau, l’Etat turc utilise les anciens de Daesh ou d’al Qai­da. Une police a donc été for­mée avec des volon­taires qui reçoivent 200 dol­lars. 400 de ces policiers ont déjà été envoyés à Jarablus, 250 à Raï et 300 à Azaz. La brigade sul­tan Murad est le réser­voir dans lequel les autorités turques vien­nent embauch­er leurs policiers. Et ceux qui con­stituent cette brigade sul­tan Murad sont pré­cisé­ment des anciens du Daesh ou d’al Nosra.

Ain­si, prenons par exem­ple les deux cousins Mustafa Ahmet Muste­vi et Isa Huseyin Muste­vi, qui sont aujourd’hui en poste à Raï. Les deux cousins, orig­i­naires du vil­lage de Karam Ezra, ont d’abord rejoint l’armée syri­enne libre. Ensuite, ils ont inté­gré les rangs de Daesh. Dans un troisième temps, quand la Turquie a eu besoin de pré­par­er son inva­sion de la Syrie, elle les a incor­porés dans la brigade Sul­tan Murad, et aujourd’hui, les voilà, policiers turcs à Rai.

NORD DE LA SYRIE
QU’EN PENSENT LES ARABES ?

Les habi­tants et les com­bat­tants arabo­phones du nord de la Syrie voient d’un très mau­vais les efforts de la Turquie pour entretenir les ban­des de fana­tiques qui ensanglantent le pays.

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Les com­bat­tants du liwa Siqûr al Şimal, une for­ma­tion arabe qui tra­vaille avec le con­seil mil­i­taire de Min­bij, ont réa­gi à la déc­la­ra­tion du prési­dent Erdo­gan qui pré­tendait qu’il se dirig­erait vers Minbij.

Kawa Min­bij, le com­man­dant de la for­ma­tion mil­i­taire, a rap­pelé qu’ils ne voulaient pas d’Erdogan. La Turquie et les ban­des qu’elle entre­tient n’ont pas le droit de ren­tr­er à Minbij.

Pour Kawa Min­bij, toutes les ban­des de l’armée syri­enne libre sont des voleurs. « Deman­dez aux gens, dit Kawa Min­bij, ce que ces pré­ten­dus com­bat­tants de l’armée syri­enne libre font. Ils pren­nent aux check points 3 à 400 dol­lars aux com­merçants qui assurent le rav­i­taille­ment de Min­bij. En plus de l’argent, ils volent les télé­phones. Il n’y a aucune human­ité chez eux. »

Refik Sel­l­um con­firme les pro­pos : « les habi­tants des vil­lages sous le con­trôle de ces ban­des armées se plaig­nent du vol sys­té­ma­tisé. En tant que com­bat­tants du con­seil mil­i­taire de Min­bij, affirme-t-il, nous pou­vons défendre notre pays et nous n’avons besoin de per­son­ne. Et si nous devions faire appel à quelqu’un, on sait à qui nous le ferions… »

*

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Et puis, 167 autres jeunes arabes ont décidé de suiv­re la for­ma­tion mil­i­taire à l’académie du mar­tyr Xebat, dans le can­ton de Ceziré. Ces 167 nou­veaux com­bat­tants ont choisi d’ inté­gr­er les unités YPG.

Le com­man­dant YPG Lok­man Derik a rap­pelé, lors de la céré­monie mil­i­taire qui clô­tu­rait la for­ma­tion, que les per­spec­tives de la pop­u­la­tion et celles de tous les peu­ples opprimés s’amélioraient au fur et à mesure des cycles de for­ma­tion qui se terminent.

BAKUR-KURDISTAN DU NORD
NOUVEAU DRAME À XERABÊ

Dans le Kur­dis­tan du nord, les vil­lages de Xer­abê et de Talate sont com­pléte­ment coupés du reste du monde. Les rares témoignages qui nous arrivent font état de scènes de tor­tures et de mas­sacres com­mis sur les habi­tants par les forces armées turques.

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Au loin, on entend des tirs d’artillerie sur le vil­lage de Xer­abê. Des fumées s’échappent des maisons incendiées. Les images, postées sur les réseaux soci­aux par les mem­bres des forces turques, témoignent de la bar­barie de ce qui se passe dans ces vil­lages soumis au couvre-feu.

Depuis le 10 févri­er, les habi­tants sont enfer­més de force chez eux. Ils n’ont pas le droit d’ouvrir ou de pass­er la tête par les fenêtres pour com­pren­dre ce qui se passe à côté de leur mai­son. Les ani­maux de ces paysans ont dû être aban­don­nés dans les champs ou dans les éta­bles, et faute de soins, ils ont tous péri.
Il n’y a main­tenant plus d’eau ni de nour­ri­t­ure et les vil­la­geois sont affamés.

Dans chaque mai­son, les policiers turcs mènent des raids, insul­tent et détru­isent. Plusieurs habi­tants ont été exé­cutés. A l’heure actuelle, on en compte déjà 3 avec cer­ti­tude. Et puis il y a tous les autres qui sont tor­turés, par­fois en public.

Les respon­s­ables mil­i­taires de l’attaque du vil­lage de Xer­abê sont ceux qui avaient déjà ensanglan­té les villes de Cizre, de Gev­er et de Sûr.

Il s’agit du général Ismail Bal­ibek, de la 2ème brigade de com­man­do de la gen­darmerie de Bor­no­va, et du colonel Ahmet Zafer Isçan, du com­man­de­ment de la gen­darmerie provin­ciale de Mardin.
Soulignons aus­si que le colonel Isçan est un proche du min­istre de l’intérieur, Suley­man Soylu.

Ce mer­cre­di, les forces turques lançaient l’assaut sur deux autres vil­lages proches de Xer­abê, les vil­lages de Talate et de Cibilgirav.
A Talate, on a d’abord vu les fumées des maisons incendiées et bom­bardées. Per­son­ne ne peut quit­ter sa mai­son, et les forces turques emmè­nent des otages.

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Sur ces images, on voir les bull­doz­ers abat­tre les maisons de Talate.
Toutes les lignes télé­phoniques ont été coupées, ain­si que l’eau et l’électricité. Les nou­velles qui parvi­en­nent des vil­lages assiégés arrivent donc au compte-goutte.
Jeu­di, les rap­ports reçus par les témoins présents à Talate fai­saient état de vio­lentes attaques des forces armées turques.

TALATE ET XERABÊ
NOUVEAUX CRIMES DE GUERRE

ronahi tvLa vio­lence des forces armées turques con­tre les vil­la­geois de Talate et de Xer­abê rap­pelle les jours noirs des années 80 et 90. On sait déjà qu’il y a eu trois morts et de nom­breux cas de torture.

Lun­di, trois corps décom­posés, pris en pho­to par les troupes turques, ont été trans­portés par héli­cop­tère jusqu’à la morgue de l’hôpital de Mardin. L’identité de ces trois vic­times n’est pas connue.
Cet homme de 57 ans, Abdi Aykut, a été pho­tographié à la police de Nusay­bin. Il a ensuite été emmené à l’hôpital, mais tous les doc­u­ments médi­caux qui le con­cer­nent ont été con­fisqués par les policiers turcs.
A l’heure qu’il est, il est hos­pi­tal­isé à Mardin.

Son épouse, Vetha, a pu expli­quer ce qu’elle sait de son mari. Il était seul au moment de l’agression des policiers turcs. Il était revenu dans son vil­lage pour y ven­dre deux vach­es quand il a été sur­pris par le cou­vre-feu ; il s’est alors ren­du chez sa sœur, mais quand les vivres ont com­mencé  à man­quer, il a estimé qu’il fal­lait ten­ter de réin­té­gr­er son domi­cile pour y chercher à manger.
Les policiers l’ont alors attrapé et l’ont vio­lem­ment bat­tu. Le vieil homme s’est évanoui et il est resté deux jours couché dans son jardin.
Les policiers sont alors revenus le chercher et l’ont emmené à l’hôpital. La mai­son du cou­ple a ensuite été incendiée.

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D’autres habi­tants de Xer­abê par­lent de scènes de tor­ture.

Rib­het Bay­han, qui a été retenu pen­dant 12 jours a pu par­ler aux reporters d’ANF.
Bay­han a assisté per­son­nelle­ment aux séances de tor­ture de son frère Sabri Bay­han et d’autres habi­tants, notam­ment de Şükrü Koçhan et du vieil Abdi Aykut.

Voici son témoignage :
« Les forces de l’Etat turc ont lancé une attaque très bru­tale, dont on souf­fert les vil­la­geois, surtout les femmes et les enfants. On nous insul­tait et on nous torturait.
Il n’y a pas de mot pour dire ce que nous avons vécu.
Nos enfants n’arrêtaient pas de pleurer.
Après trois jours de siège, les maisons ont été perqui­si­tion­nées et 13 per­son­nes dont moi-même, ont été arrêtées. D’autres arresta­tions ont encore eu lieu par la suite ;
Tous les otages ont été enfer­més dans une cel­lule froide. On a été tor­turé physique­ment et insultés. Je peux témoign­er des tor­tures infligées à mon frère Sabri ain­si qu’à un autre habi­tant, Şükrü Koçhan. »

Le vieil Aykut a été tor­turé sous ses yeux jusqu’à ce qu’il s’évanouisse.

XERABÊ
SYNDICATS ET ORGANISATIONS VEILLENT

Deux délé­ga­tions se sont ren­dues vers le vil­lage de Xer­abê ; la pre­mière est com­posée de représen­tants poli­tiques des par­tis DBP et HDP, ain­si que de mem­bres du DTK, le con­grès pour une société démocratique.

La deux­ième délé­ga­tion est com­posée de représen­tants des syn­di­cats et d’organisations non gouvernementales.

Il y a là les représen­tants du syn­di­cat TTB, le syn­di­cat du secteur de la san­té, du KESK, la con­fédéra­tion des syn­di­cats des employés du secteur pub­lic, le Tüm Bel-sen, le syn­di­cat de la munic­i­pal­ité et des employés de l’administration locale.

Par­mi les représen­tants poli­tiques, il y a la co-prési­dente du DTK, Ley­la Güven, les députés du HDP Erol Dora, Ziya Pir, Acar Basaran.
Tous les respon­s­ables poli­tiques et syn­di­caux ont été blo­qués par des sol­dats à 15 kilo­mètres de l’entrée du village.

A L’APPROCHE DU RÉFÉRENDUM
LES VOIX DU « NON » EN PRISON

Ronahi TV ALi Baris KurtLe référen­dum du 16 avril approche. Il s’agira pour les électeurs de Turquie d’approuver les change­ments apportés à la con­sti­tu­tion, des change­ments qui per­me­t­tront au prési­dent actuel de se main­tenir au pou­voir et de ren­forcer son autorité.

Pour pré­par­er le référen­dum, le prési­dent Erdo­gan dis­pose déjà du sou­tien ent­hou­si­aste de la presse turque sur laque­lle il exerce son con­trôle. Quant aux jour­nal­istes qui échap­pent à son con­trôle, ils sont arrêtés et con­damnés à des peines de prison.

Ain­si d’Ali Baris Kurt, qui est reporter pour l’agence de presse ANF. La deux­ième haute cour crim­inelle d‘Ankara vient de le con­damn­er ce ven­dre­di à 2 ans et 4 mois de prison.

*

La pop­u­la­tion qui pour­rait mal vot­er est plongée dans l’effroi de la guerre civile. Quant aux députés du par­ti HDP, le par­ti du « non » au change­ment de con­sti­tu­tion, ils sont enfermés.

Le vice-prési­dent du par­ti, Idris Baluken avait déjà été enfer­mé puis relâché le 30 jan­vi­er. Après avoir été relâché, il a été hos­pi­tal­isé à Ankara. Dès sa sor­tie de l’hôpital, les policiers l’ont récupéré pour le recon­duire en prison. Les pro­cureurs ont req­uis con­tre Baluken 18 années d’emprisonnement pour le tra­vail mené dans le cadre de son man­dat politique.

Sela­hat­tin Demir­tas, le co-prési­dent du Hdp, a été jugé et con­damné à 5 mois de prison ce mar­di par la deux­ième cour crim­inelle de Dogubeyaz­it. Les autorités judi­ci­aires lui reprochent d’avoir humil­ié la nation turque, l’Etat et les insti­tu­tions de l’Etat.
Figen Yük­sekdag, la co-prési­dente du par­ti, a elle été radiée du par­lement ce mardi.

Pour le HDP, il s’agit d’une poli­tique du Fait accom­pli. L’AKP et Erdo­gan con­sid­èrent toutes les façons de con­tourn­er les lois, de manière à assoir un Etat de non-droit après le référendum.
La révo­ca­tion de la députée Figen Yük­sekdag n’est qu’une ten­ta­tive de plus selon le com­mu­niqué du par­ti, pour intimider le par­ti Hdp et la population.

VAN
DES CURATEURS PLEINS DE ZÈLE

Ronahi TV

pho­to ©ANF

A Van, toutes les munic­i­pal­ités ont été con­fisquées. Des cura­teurs à la sol­de du pou­voir cen­tral rem­pla­cent les élus.
Licen­ciements en mass­es, mesures sym­bol­iques con­tre le plurilin­guisme, décon­struc­tion des pro­jets soci­aux. Rien n’est épargné aux habi­tants de Van. Cette semaine, les policiers ont van­dal­isé le cimetière cen­tral d’Ipekyolu et la munic­i­pal­ité a sup­primé le ser­vice des bus spé­ci­aux pour femmes.

Ces femmes tra­vail­laient pour les trans­ports publics de la ville de Van ; con­sid­érant qu’il était plus con­fort­able pour les femmes de dis­pos­er de leurs pro­pres moyens de trans­port, les élus locaux avaient lancé une cam­pagne de con­duc­tri­ces de bus, une cam­pagne appelée « les oiseaux aux ailes mauves » Les cura­teurs ont placé les con­duc­tri­ces dans d’autres ser­vices. Laconique­ment, ils se jus­ti­fient en dis­ant : « pourquoi employ­er des femmes con­duc­tri­ces ? Il n’y a pas besoin de cela »

Plus grave, tou­jours à Van, les policiers ont van­dal­isé le cimetière de Yeni, au cen­tre de la ville. Dans ce cimetière repo­saient des com­bat­tants de la guéril­la. Leurs tombes étaient gar­nies des couleurs rouge, jaune et vert, les couleurs du Kur­dis­tan. Tous les dra­peaux aux trois couleurs ont été rassem­blés et brûlés, et sur les mar­bres des tombes, les policiers ont tagué T.C., pour République de Turquie.