Notre jeunesse perd nos belles valeurs de démocratie, turques, nationales, et républicaines, et a fort besoin qu’on les lui rappelle avec force, loin de ses enseignements d’université et de leurs professeurs ignares et obscurs.
Depuis que la cérémonie quotidienne du salut aux valeurs qui fondent notre turcité dès le plus jeune âge a été assouplie, on constate chez nos jeunes une dérive que seule une bonne leçon de “démocratie” pourrait corriger. Faire entrer plus souvent la police à l’université et en exclure les “élites enseignantes” devrait faire revenir l’ordre et l’ignorance, propices au grands projets présidentiels de 2023.
Les purges par décrets vont “assainir” la Turquie et la débarrasser de l’apprentissage de ces savoirs inutiles que sont l’histoire, les sciences humaines, le droit, la littérature… et bien d’autres. On va paraît-il garder pour l’instant l’économie libérale et le management, avec un mix de religiosité et de “révolution nationale”.
Comment la Turquie a‑t-elle pu survivre avec tous ces savoirs qui ne peuvent aboutir chez nos jeunes qu’à des Gezi et troubler leurs esprits fragiles ? Comment a‑t-on pu s’éloigner à ce point des “valeurs” qui faisaient qu’un jeune “soldat” partait massacrer du Kurde à l’Est avec le sentiment d’effectuer son passage initiatique à l’âge adulte, mûr enfin pour la grande Turquie indivisible ?
Comment a‑t-on pu ignorer à ce point l’importance de notre religion nationale et de sa nécessaire pratique quotidienne, religion majoritaire inscrite depuis toujours dans notre belle constitution laïque…
Heureusement qu’Erdoğan est là pour nous rappeler toutes ces valeurs du père fondateur, et pour poursuivre son oeuvre nationale, dans le monde troublé qui est le nôtre.
Je n’irai pas quand même jusqu’à celle-là, qui dans un meeting en 2015, criait qu’elle serait, s’il le faut, “un poil de son cul”. Faut pas exagérer.
Oui, plutôt NON, vous l’avez deviné, me voilà un peu remontée par cette campagne de référendum où le Président préside toujours aux purges, aux licenciements, aux arrestations, à ses petites et grandes affaires sous l’état d’urgence. Et remontée aussi par celles et ceux qui maintenant se réveillent pour dire NON, alors qu’ils n’ont cessé de dire OUI depuis plus d’un an.
Mieux vaut tard que jamais, et je leur pardonne volontiers leurs “erreurs” : voter la levée d’immunité parlementaire des députés du HDP, voter la refonte de la loi “terrorisme”, appeler à l’union nationale avec l’AKP après le putsch manqué… Quelques broutilles à oublier, pour enfin pouvoir dire NON ensemble.
Mais, peut être aussi dire NON à ce qui nous a amené là, depuis les années 1980, 1990, et bien avant… du temps où les bigots nationalistes n’étaient pas encore au pouvoir, mais où le mépris du petit peuple par les élites battait son plein, sous l’oeil attentif des militaires républicains, garants du drapeau.
Parce que mon NON, il est valable pour tous. Et il est bien temps de constater que la guerre du tous contre tous qui préside à l’unité nationale de la Turquie, ces belles “valeurs”, nous ont mené au chaos et ne font que permettre à des cliques de pouvoir de se succéder les unes aux autres, chacune à sa manière, du militarisme au populisme religieux. De l’autoritarisme militaire au totalitarisme civil…
Ben NON, je ne fais pas d’un coup dans le politique sérieux ou le discours anarchiste… Je cherche juste à dire un NON qui aurait la force d’un “BASTA la Turquie nationaliste”… Parce que le bonnet du Mustafa, y en a basta aussi…
C’est ma façon à moi de faire ma purge. HAYIR, parce que mon ordre ancien n’était pas mieux que le nouveau.
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Image à la une : Professeur de Droit Cenk Yiğiter molesté, lors de l’intervention policière à l’Université d’Ankara.