Voici les “chroniques de la révo­lu­tion kurde”, présen­tées par Ron­ahi TV. Un retour sur la quin­zaine du 5 au 11 févri­er 2017. Il s’agit de l’émission régulière en langue française, que vous trou­verez ici, chaque semaine.

Vous pou­vez égale­ment vision­ner séparé­ment les quelques vidéos inclus­es dans le texte com­plet du journal.

Vidéo complète du journal francophone et textes en français

Gros titres

  • RAQQA — Pour­suite des opéra­tions militaires
  • OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE » — Les civils réin­tè­grent leurs vil­lages libérés.
  • APRÈS BAB… — Nou­velles vio­lences à Afrin et dans la région de Shehba
  • DE LUXEMBOURG À STRASBOURG — Lib­erté pour Öcalan
  • DE MANNHEIM À STRASBOURG — Un statut pour Kurdistan
  • DE MARSEILLE À SULEYMANIEH — Une mobil­i­sa­tion sans précédent
  • STRASBOURG — 242 semaines de vig­ile ininterrompues
  • BAB — Témoignages de réfugiés
  • TURQUIE — Un référen­dum contesté
  • RÉFÉRENDUM CONSTITUTIONNEL DU 16 AVRIL — Le corps élec­toral menacé
  • MANIFESTATION DE STRASBOURG — Un statut pour le Kur­dis­tan & Lib­erté pour Öcalan

RAQQA
POURSUITE DES OPÉRATIONS MILITAIRES

L’étau se resserre autour de la ville de Raqqa. Les forces démoc­ra­tiques syri­ennes ne sont plus qu’à une grosse dizaine de kilo­mètres de la ville. La cap­i­tale du Daesh est main­tenant presque totale­ment coupée du reste du monde.

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Ser­van Der­weş est un com­bat­tant du con­seil mil­i­taire de Min­bij. Il se bat avec les unités des FDS pour repren­dre la ville de Raqqa. Il explique que « des mil­liers de jeunes arabes en prove­nance des zones libérées ont rejoint les FDS. Ser­van explique que les habi­tants par­ticipent de façon remar­quable à la lutte. Les gens qui subis­sent encore les atroc­ités du Daesh pla­cent de grands espoirs en nous, dit-il .Notre objec­tif pour la troisième phase des opéra­tions, c’est d’élargir les cer­cles autour de Daesh et de couper toutes les routes qui mènent à Raqqa. Les forces inter­na­tionales qui com­bat­tent Daesh nous four­nissent aus­si un appui aérien et terrestre. »

*

Dimanche dernier, les FDS ont d’abord repris les hameaux de Dux­an, d’Abu Natali et de Had.
Pen­dant la nuit, les com­bat­tants repre­naient lors des com­bats Bir Saïd. Au petit matin, lors des opéra­tions de net­toy­age, il y avait 17 corps de mem­bres de Daesh aban­don­nés sur le sol.

Lun­di, c’était le vil­lage de Mishrafa qui était encer­clé, et repris au Daesh lors de com­bats de nuit.
Mar­di, l’une des deux colonnes des FDS entourait Abu Susa, tan­dis que l’autre colonne se bat­tait à hau­teur du vil­lage de Mizela, à 20 km au nord de la ville de Raqqa. Abu Susa a été libéré en quelques heures.

Mer­cre­di matin, Daesh lançait un assaut depuis le bar­rage de Tabqa, et ten­tait de repren­dre Suwey­diyê. L’offensive a été repoussée. Au nord-est de Raqqa, le vil­lage de Mile­han était assiégé par les FDS. Rap­pelons que Suwey­diyê avait été libéré le 22 jan­vi­er ; il y avait eu au décompte 85 morts du Daesh dans les com­bats qui avaient per­mis sa libération.

Jeu­di, c’était le vil­lage de Senine qui était libéré. Dans ce vil­lage, les FDS ont dû enlever plusieurs cen­taines de mines qui avaient été placées par le Daesh.

Ven­dre­di, le vil­lage de Mizela était enfin repris. Les com­bats pour repren­dre Mizela ont donc duré trois jours.

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La journée de ven­dre­di, les FDS ont fait face à 8 attaques sui­cide de kamikazes de Daesh por­tant des vestes rem­plies d’explosifs. Aucune de ces attaques sui­cides n’aura fait de vic­time. Sur ces images, on voit l’un de ces kamikazes qui explose, suff­isam­ment loin des com­bat­tants de la lib­erté repliés der­rière leur véhicule blindé.

Quand les FDS auront coupé l’autoroute qui va de Deir Azzor à Alep, à une dizaine de kilo­mètres de leurs posi­tions actuelles, Le Daesh sera totale­ment asphyx­ié à Raqqa, sans aucun con­tact avec le reste de ses bastions.
Et hier same­di, les FDS repre­naient les silos à blés de Raqqa. Ces silos sont à 9 km du cen­tre de la ville.

OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE »
LES CIVILS RÉINTÈGRENT LEURS VILLAGES LIBÉRÉS

Dès que les com­bats se ter­mi­nent, les FDS doivent sécuris­er les lieux et enlever les nom­breuses mines aban­don­nées par le Daesh. Les habi­tants sont ensuite amenés à rejoin­dre immé­di­ate­ment leurs maisons.

Bir­dux­ane a été le pre­mier vil­lage à être libéré lors de la troisième phase de l’opération »colère de l’Euphrate ». Dès lun­di, les habi­tants ont pu rejoin­dre leur vil­lage. Comme l’explique un des jeunes du vil­lage, Daesh a placé des mines partout dans le vil­lage il y a deux mois, avec pour objec­tif de faire un mas­sacre par­mi les civils.

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Mar­di, dans le vil­lage de Ber Fawaz, un véhicule piégé de Daesh voulait se jeter sur un groupe de femmes et d’enfants qui fuyaient. Comme on le voit sur ces images, les com­bat­tants de la lib­erté sont arrivés à détru­ire le véhicule à temps et à sauver le groupe de civils. Les com­bat­tants des FDS ont alors plongé sous les tirs du Daesh pour met­tre le groupe à l’abri. Un homme a cepen­dant été blessé. Il a été soigné avant d’être envoyé avec les autres per­son­nes du groupe vers une zone sécurisée.

APRÈS BAB…
… NOUVELLES VIOLENCES À AFRIN ET DANS LA RÉGION DE SHEHBA

L’armée turque cherche donc à se désen­gager de la région de Bab. Par dépit, elle a com­mencé dès le lende­main de l’attaque de la colline de Sheikh Aqil a bom­bardé de nom­breux vil­lages de la région de She­h­ba, des vil­lages tenus par le Jaysh al Thuwar, une for­ma­tion arabe qui tra­vaille pour les forces démoc­ra­tiques syriennes.

Les vil­lages bom­bardés par les forces turques dans la région de She­h­ba sont ceux de Cican, Til Ziwan, Til Mediq, et Til Sehir. Tous ces vil­lages sont sous la pro­tec­tion du Jaysh al Thuwar, l’armée des révolutionnaires.

Dans toute la région de She­h­ba, et jusqu’à la ville d’Idlib, on observe que la Turquie tente de repren­dre son influ­ence sur les groupes de rebelles fanatisés.

De nom­breux postes mil­i­taires se con­stru­isent et 2300 nou­veaux sol­dats y ont été mis en poste.
C’est ain­si que 6 mil­lions de dol­lars ont été investis pour trans­former l’hôpital d’Azaz en base mil­i­taire. Des héli­ports sont con­stru­its entre Dabiq et Ershab.

80 mem­bres des forces spé­ciales turques, accom­pa­g­nés de 5 tanks, ont été emmenés à Til Cib­rin, pour repren­dre les posi­tions du Jaysh al Thuwar entre Ayn Deqne et Exterin.

A Exterin, les travaux d’aménagement d’une autre base ont été immé­di­ate­ment mis à l’arrêt après un bom­barde­ment de l’aviation du régime syrien.

Tous ces développe­ments indiquent donc que l’objectif mil­i­taire de la Turquie se déplace de Bab vers la région de She­h­ba et vers le can­ton d’Afrin.

Lun­di soir, à 19h15, les forces turques bom­bar­daient depuis la région d’Azaz les vil­lages de Mer­e­naz et de Filan al Qadi pen­dant que les ban­des armées qui suiv­ent les forces turques ten­taient de pénétr­er dans le can­ton. Cette attaque a été repoussée par les unités d’auto-défense kur­des, les YPG et les YPJ. De nom­breux mem­bres des ban­des armées ont été tués lors de l’assaut.

Lun­di, les autorités can­tonales d’Afrin ont donc encore inter­pel­lé les Nations Unies pour dénon­cer l’occupation turque et le mépris man­i­feste de toutes les règles inter­na­tionales et des chartes édic­tées par l’ONU.

Ce n’est pas la pre­mière fois, dit le com­mu­niqué adressé aux Nations Unies, que l’Etat turc adopte une telle atti­tude, en plus des pos­es de mines et du meurtre de civils inno­cents le long de la frontière.

DE LUXEMBOURG À STRASBOURG
LIBERTE POUR OCALAN

Le 1er févri­er, une marche inter­na­tionale, réu­nis­sant 70 per­son­nes en prove­nance de toute l’Europe et de l’Amérique, est par­tie de la ville de Lux­em­bourg jusqu’à Stras­bourg. 10 journées de marche à tra­vers villes et champs, sous la pluie et sous le vent, à deman­der un statut pour le Kur­dis­tan. 265 kilo­mètres parcourus…

Les 70 inter­na­tion­al­istes sont orig­i­naires de Bel­gique, des Pays-Bas, d’Espagne, du pays basque et de Cat­a­logne, de Suisse, du Por­tu­gal, du Brésil ou encore d’Argentine. Par idéal, ils ont ral­lié les deux villes européennes, Lux­em­bourg et Stras­bourg, pour con­sci­en­tis­er les pop­u­la­tions et les élus locaux à l’injustice qui sévit dans le Kur­dis­tan occupé par les forces armées turques. Les man­i­fes­tants dénon­cent l’emprisonnement de l’artisan de la paix au Kur­dis­tan, Abdul­lah Ocalan, et ils récla­ment un statut offi­ciel pour le Kurdistan.

Sous la pluie, sous les attaques de fas­cistes turcs et mal­gré les vex­a­tions de la police française, ils ont porté leur mes­sage de paix et de fra­ter­nité entre les peuples.

A Was­selonne ou à Sav­erne, des nation­al­istes por­tant le dra­peau turc les ont agressés. C’est à coups de gaz lacry­mogènes que les policiers auront dû faire détaler les provocateurs.

Mais à Mar­mouti­er, la police et la gen­darmerie française ont exigé que les man­i­fes­tants remet­tent trois des leurs aux forces de l’ordre, sous peine d’interdire la marche. Pour finir, les man­i­fes­tants ont pu pour­suiv­re leur chemin, tous ensembles.

Ils sont enfin arrivés à Stras­bourg, ven­dre­di peu avant 16H00. Prêts à par­ticiper à la grande man­i­fes­ta­tion d’hier, same­di. La police française s’est mon­trée plus com­préhen­sive à Stras­bourg, où elle a assuré une pro­tec­tion adéquate aux marcheurs men­acés par les nation­al­istes turcs.

DE MANNHEIM À STRASBOURG
UN STATUT POUR LE KURDISTAN

Une deux­ième grande marche des­tinée à ral­li­er la ville de Stras­bourg est par­tie d’Allemagne, depuis la ville de Mannheim. Cette deux­ième grande marche a démar­ré dimanche dernier, et elle a égale­ment rejoint la cap­i­tale européenne, dev­enue hier pen­dant 24 heures la cap­i­tale du Kurdistan.

Mannheim, Hock­en­heim, Bruch­sal… autant de villes tra­ver­sées par les man­i­fes­tants kur­des orig­i­naires d’Allemagne. Mais à Bruch­sal, des nation­al­istes turcs ont à nou­veau usé de vio­lences con­tre les marcheurs. Avec des chiens, des groupes s’affirmant ottomans ont ten­té de bris­er l’élan des par­tic­i­pants. Et quand la police alle­mande est arrivée, elle a agressé un groupe de 20 marcheurs, les menaçant de ses armes. Per­son­ne n’a été blessé.

Les marcheurs ont ensuite pour­suiv­is leur chemin, encadrés par 200 policiers alle­mands, 3 chevaux, des dizaines de véhicules de police, jusqu’à Karlsruhe.

Sur la page Face­book de l’association turque « UETD Karl­sruhe », des par­ti­sans du prési­dent Erdo­gan ont men­acé d’attaquer les man­i­fes­tants à Ras­tatt. Les policiers alle­mands ont pris les men­aces au sérieux et ont pris des mesures préven­tives de sécurité.

Finale­ment, après avoir ren­con­tré les dif­férentes autorités locales tout au long de leur marche, les man­i­fes­tants par­tis de Mannheim ont égale­ment rejoint la ville de Stras­bourg pour la grande man­i­fes­ta­tion de ce samedi.

DE MARSEILLE À SULEYMANIEH
UNE MOBILISATION SANS PRÉCÉDENT

A Rennes et à Nantes, à Mar­seille et à 4000 kilo­mètres de là, à Suley­manieh, dans le Kur­dis­tan du sud, d’autres marcheurs ont porté leurs reven­di­ca­tions et leurs exi­gences de jus­tice : jus­tice pour Abdul­lah Ocalan, un statut pour le Kurdistan.

En sou­venir de la date du 15 févri­er 1998, date de l’arrestation d’Abdullah Ocalan au Kenya par les ser­vices secrets turcs, améri­cains et israéliens, les man­i­fes­tants kur­des ont man­i­festé sur la place du com­merce, à Nantes et ont organ­isé une marche à Rennes.

Une dou­ble demande ani­mait les man­i­fes­tants kur­des et les nom­breux français qui les accom­pa­g­naient : « lib­erté pour Ocalan, un statut pour le Kurdistan».

Une marche de trois jours est égale­ment par­tie de la ville de Mar­tigues, dans le sud de la France, pour rejoin­dre la ville de Marseille.

Dans cette marche, 150 mil­i­tants por­tent les exi­gences de jus­tice et le mes­sage de paix d’Ocalan.

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Et au Başur, le Kur­dis­tan du sud, le vent de la lib­erté et de la jus­tice souf­fle aussi.
Ven­dre­di, une marche, la toute pre­mière organ­isée au Kur­dis­tan du sud, est par­tie de la ville de Suley­manieh pour rejoin­dre la ville de Hewler.

Menée par le mou­ve­ment de la jeunesse libre du Kur­dis­tan, par l’organisation des jeunes femmes, et par le mou­ve­ment de la jeunesse du Roja­va, les marcheurs dénon­cent la con­spir­a­tion du 15 févri­er qui a entrainé l’arrestation d’Ocalan. Une arresta­tion qui défie, dis­ent-ils, la morale, les lois et les valeurs humaines.

Les marcheurs du Başur dénon­cent aus­si la Cour Européenne des Droits de l’Homme et le Comité pour la Préven­tion de la Tor­ture pour leur coupable indul­gence envers la Turquie dans le cadre du dossier de l’enfermement d’Ocalan sur l’ile-prison d’Imrali.

Cette marche se ter­min­era à Hewler, après 5 journées de protes­ta­tions qui mèneront les jeunes Kur­des par Çemçe­mal et Kirkuk.

STRASBOURG
242 SEMAINES DE VIGILE ININTERROMPUES

Le 25 juin 2012, un comité de vig­i­lance plan­tait sa tente devant les bâti­ments du con­seil de l’Europe à Stras­bourg. Les vig­iles entendaient dénon­cer l’enfermement du leader kurde Abdul­lah Ocalan. 242 semaines plus tard, les vig­iles sont tou­jours là, rap­pelant jour après jour à l’Europe ses devoirs envers se pro­pres principes.

Depuis le 25 juin 2012, les comités de vig­i­lance se relaient devant les locaux européens dans le quarti­er stras­bour­geois de Robertsau.

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Cete semaine, c’est Resmiye Aslan, du cen­tre kurde pour la démoc­ra­tie d’Ulm, qui a repris la vig­ile avec trois de ses amis.

Elle explique que le peu­ple kurde n’a jamais plié jusqu’à présent, et qu’il ne met­tra pas le genou à terre dans le futur non plus. Aslan appelle toutes les mères kur­des à pour­suiv­re leur lutte jusqu’à ce qu’Ocalan recou­vre la liberté.

7 jours par semaine, les vig­iles sont devant les bâti­ments de l’Europe. C’est après 242 semaines la plus longue man­i­fes­ta­tion inin­ter­rompue des Kur­des. Les principes de la philoso­phie et du pro­jet poli­tique d’Ocalan y sont expliqués, et depuis ces 242 semaines, ce sont des foules de gens que les vig­iles ont pu sen­si­bilis­er, qu’elles tra­vail­lent dans le milieu européen de Stras­bourg ou que ce soient de sim­ples touristes.

BAB
TÉMOIGNAGES DE RÉFUGIÉS

Les habi­tants de Bab fuient en masse leurs villes et vil­lages dévastés par les bombes turques. Ils ont deux lieux sécurisés où se ren­dre : le can­ton kurde d’Afrin ou la ville de Min­bij. Les jour­nal­istes de l’agence Hawar les ont rencontrés.

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Pour des raisons de sécu­rité, et parce que leurs familles sont tou­jours men­acées, les habi­tants de Bab par­lent sous cou­vert d’anonymat.

Pour eux, la bataille qui se joue entre l’armée d’occupation turque et les envahisseurs du Daesh n’est qu’un jeu. Les deux par­ties parta­gent le même objec­tif : vider la zone de toute sa population.

La vie sous l’occupation de ces ban­des de mer­ce­naires est un enfer. Destruc­tions, inhu­man­ité, mas­sacres : les mer­ce­naires mènent une guerre psy­chologique con­tre les habitants.

L’armée d’occupation turque affirme-t-il, est cen­sée vis­er le Daesh, mais elle s’en prend aux civils. Per­son­ne à Bab n’ose élever la voix, de peur des représailles.

Les réfugiés de Bab implorent les organ­i­sa­tions de défense des droits de l’homme et les puis­sances démoc­ra­tiques à inter­venir pour met­tre un terme à l’occupation de l’armée turque et aux crimes du daesh con­tre les civils.

TURQUIE
UN RÉFÉRENDUM CONTESTÉ

C’est Vic­tor Hugo qui, sous Napoléon III, énonçait les trois règles de valid­ité d’un référendum.
1° Lib­erté de l’information
2° Lib­erté du choix de l’électeur
3° Absence de fraudes au dépouillement.

A l’heure qu’il est, le référen­dum con­sti­tu­tion­nel du 16 avril est déjà totale­ment dépourvu de toute légitim­ité au regard des deux pre­mières conditions :

La vague de répres­sion con­tre les élus du par­ti HDP, le par­ti qui mène la cam­pagne du NON au référen­dum con­sti­tu­tion­nel d’avril, sont sous pres­sion : On compte en effet en une année et demi 9000 arresta­tions dans les rangs du par­ti HDP. Députés, cadres et sym­pa­thisants vivent dans l’attente immi­nente d’une arresta­tion. 2500 mem­bres du par­ti ont été con­damnés et empris­on­nés. Ahmet Yildirim, député de Mus, explique que si cela avait dû frap­per n’importe quel autre par­ti, ce par­ti n’aurait même pas été capa­ble de garder ses bureaux ouverts. Mais comme il l’analyse, le HDP n’est pas qu’un par­ti, c’est un mou­ve­ment pop­u­laire ; le HDP est un arbre qui prend sa force dans ses racines. Au plus on taille dans l’arbre, au plus il devient fort.

Et puis, la lib­erté des poli­tiques qui s’opposent au change­ment de con­sti­tu­tion n’est pas plus garantie que celle de ceux qui infor­ment la pop­u­la­tion : comme le rap­pelle Reporters Sans Fron­tières, « la dérive autori­taire du prési­dent Erdo­gan se man­i­feste notam­ment par des attaques mas­sives con­tre la lib­erté de la presse. Quand ce n’est pas pour “insulte au prési­dent de la République”, c’est pour “ter­ror­isme” que les jour­nal­istes sont traînés par cen­taines devant la jus­tice. L’autocensure pro­gresse, les autorités blo­quent de nom­breux sites d’information et édictent des inter­dic­tions de pub­li­er sur cer­tains sujets » et la Turquie de se train­er à la 151ème place du classe­ment de l’association RSF de l’année 2016.

Et en ce qui con­cerne la lib­erté de l’électeur, il nous faut rap­pel­er avec la députée Aycan Irmez la men­ace qui plane sur les villes qui ne voteraient pas dans le sens souhaité par le président.

RÉFÉRENDUM CONSTITUTIONNEL DU 16 AVRIL
LE CORPS ÉLECTORAL MENACÉ

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Ain­si de Sir­nak, qui avait mas­sive­ment voté pour le par­ti HDP, et qui n’est plus aujourd’hui qu’une masse de décom­bres. 60% de la ville a déjà été totale­ment rasée, et les travaux de destruc­tion se poursuivent.

En revenant dans sa ville, la députée a eu l’impression de n’avoir jamais eu de mai­son là, qu’il n’y avait plus rien à quoi rat­tach­er ses sou­venirs. L’Etat veut détru­ire tout ce qui appar­tient au passé.

Le gou­verneur de Şir­nak empêche aus­si que l’aide ne pénètre dans la ville. Un entre­pôt où était stocké de la nour­ri­t­ure a été con­fisqué par les sol­dats il y a 3 semaines et le respon­s­able de l’entrepôt emprisonné.

Le mes­sage envoyé aux électeurs du référen­dum est clair : votez comme l’attend le pou­voir si vous ne voulez pas que nous détru­i­sions vos villes !

Là où on ne détru­it pas encore les villes, les cura­teurs nom­més par le pou­voir pour rem­plac­er les co-bourgmestres légitime­ment élus et empris­on­nés licen­cient en masse les tra­vailleurs : A Akd­eniz, près de Mardin 50 employés vien­nent de se faire licenci­er ce lundi.

A Van, le nou­veau cura­teur nom­mé par l’Etat, Mustafa Yalçin, a licen­cié 59 employés munic­i­paux le pre­mier jour de son entrée en fonc­tion. La semaine précé­dente, 96 policiers de van avaient eux aus­si per­du leur emploi.

Mais pour les tra­vailleurs licen­ciés, tout espoir n’est pas per­du : Galip Ensar­i­oglu, député AKP de Diyarbakir, pro­pose aux tra­vailleurs ayant per­du leur emploi de se faire pho­togra­phi­er en ten­ant avec eux les bul­letins du « oui » au change­ment de con­sti­tu­tion s’ils veu­lent retrou­ver leur emploi.

Le frère de Galip Ensar­i­oglu, Cihan Ensar­i­oglu, a même ouvert un bureau de com­mu­ni­ca­tion juste à côté de l’hôpital de Kayap­inar, à Amed, pour mieux informer les électeurs sur les pos­si­bil­ités qui leur sont offertes s’ils veu­lent un jour pou­voir retravailler.

Les autorités AKP savent aus­si se mon­tr­er généreuses avec l’argent des col­lec­tiv­ités : 6000 pièces d’or ont été achetées avec le bud­get de la munic­i­pal­ité de Kayap­inar pour faire la tournée des nou­velles mamans, et leur offrir avec les bons vœux et l’or, de bons con­seils pour le référen­dum d’avril.

MANIFESTATION DE STRASBOURG
UN STATUT POUR LE KURDISTAN – LIBERTÉ POUR OCALAN

La man­i­fes­ta­tion de Stras­bourg d’hier same­di, a rassem­blé 20.000 per­son­nes. C’était aus­si le terme et l’objectif de la marche de 270 kilo­mètres des mil­i­tants de la paix.

Un grand souf­fle d’espoir a réchauf­fé la foule.

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Le cortège s’est ébran­lé depuis la gare de Stras­bourg après avoir observé une minute de silence en l’honneur des héros trop tôt dis­parus de la révo­lu­tion menée au Kurdistan.

Sarah Mar­cha, l’une des 70 mil­i­tantes de l’équipe des marcheurs, a rap­pelé le sens de son engage­ment. Le sys­tème de l’Etat-nation, le fas­cisme de l’oppression des femmes et le nation­al­isme se sont dévelop­pés con­tre les valeurs com­munes et les intérêts des peu­ples. La révo­lu­tion du Roja­va, c’est la mise en place d’un rêve ; celui d’un monde juste et paci­fique pour l’humanité.

*

Remzi Ker­tal, du Kon­gra-gel, a promis la fin du fas­cisme d’Erdogan pour le print­emps qui vient. L’autre objec­tif, c’est la libéra­tion d’Abdullah Ocalan pour cette année 2017.

*

Quant à Cemil Bayik, du KCK, il a pointé le fait que la moder­nité cap­i­tal­iste se nour­rit de nation­al­ismes, de chaos et de crises. Ni les soci­aux-démoc­rates ni les libéraux n’ont de solu­tion ; et de pro­pos­er une démoc­ra­tie rad­i­cale, un social­isme démoc­ra­tique qui puisse être une solu­tion aux prob­lèmes de notre monde, un social­isme démoc­ra­tique tel qu’il a été for­mulé par Abdul­lah Ocalan.
Cemil Bayik a prévenu : 2017 sera une année de résis­tance acharnée con­tre le colo­nial­isme et le fascisme.