Voici les “chroniques de la révolution kurde”, présentées par Ronahi TV. Un retour sur la quinzaine du 5 au 11 février 2017. Il s’agit de l’émission régulière en langue française, que vous trouverez ici, chaque semaine.
Vous pouvez également visionner séparément les quelques vidéos incluses dans le texte complet du journal.
Vidéo complète du journal francophone et textes en français
Gros titres
- RAQQA — Poursuite des opérations militaires
- OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE » — Les civils réintègrent leurs villages libérés.
- APRÈS BAB… — Nouvelles violences à Afrin et dans la région de Shehba
- DE LUXEMBOURG À STRASBOURG — Liberté pour Öcalan
- DE MANNHEIM À STRASBOURG — Un statut pour Kurdistan
- DE MARSEILLE À SULEYMANIEH — Une mobilisation sans précédent
- STRASBOURG — 242 semaines de vigile ininterrompues
- BAB — Témoignages de réfugiés
- TURQUIE — Un référendum contesté
- RÉFÉRENDUM CONSTITUTIONNEL DU 16 AVRIL — Le corps électoral menacé
- MANIFESTATION DE STRASBOURG — Un statut pour le Kurdistan & Liberté pour Öcalan
RAQQA
POURSUITE DES OPÉRATIONS MILITAIRES
L’étau se resserre autour de la ville de Raqqa. Les forces démocratiques syriennes ne sont plus qu’à une grosse dizaine de kilomètres de la ville. La capitale du Daesh est maintenant presque totalement coupée du reste du monde.
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Servan Derweş est un combattant du conseil militaire de Minbij. Il se bat avec les unités des FDS pour reprendre la ville de Raqqa. Il explique que « des milliers de jeunes arabes en provenance des zones libérées ont rejoint les FDS. Servan explique que les habitants participent de façon remarquable à la lutte. Les gens qui subissent encore les atrocités du Daesh placent de grands espoirs en nous, dit-il .Notre objectif pour la troisième phase des opérations, c’est d’élargir les cercles autour de Daesh et de couper toutes les routes qui mènent à Raqqa. Les forces internationales qui combattent Daesh nous fournissent aussi un appui aérien et terrestre. »
*
Dimanche dernier, les FDS ont d’abord repris les hameaux de Duxan, d’Abu Natali et de Had.
Pendant la nuit, les combattants reprenaient lors des combats Bir Saïd. Au petit matin, lors des opérations de nettoyage, il y avait 17 corps de membres de Daesh abandonnés sur le sol.
Lundi, c’était le village de Mishrafa qui était encerclé, et repris au Daesh lors de combats de nuit.
Mardi, l’une des deux colonnes des FDS entourait Abu Susa, tandis que l’autre colonne se battait à hauteur du village de Mizela, à 20 km au nord de la ville de Raqqa. Abu Susa a été libéré en quelques heures.
Mercredi matin, Daesh lançait un assaut depuis le barrage de Tabqa, et tentait de reprendre Suweydiyê. L’offensive a été repoussée. Au nord-est de Raqqa, le village de Milehan était assiégé par les FDS. Rappelons que Suweydiyê avait été libéré le 22 janvier ; il y avait eu au décompte 85 morts du Daesh dans les combats qui avaient permis sa libération.
Jeudi, c’était le village de Senine qui était libéré. Dans ce village, les FDS ont dû enlever plusieurs centaines de mines qui avaient été placées par le Daesh.
Vendredi, le village de Mizela était enfin repris. Les combats pour reprendre Mizela ont donc duré trois jours.
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La journée de vendredi, les FDS ont fait face à 8 attaques suicide de kamikazes de Daesh portant des vestes remplies d’explosifs. Aucune de ces attaques suicides n’aura fait de victime. Sur ces images, on voit l’un de ces kamikazes qui explose, suffisamment loin des combattants de la liberté repliés derrière leur véhicule blindé.
Quand les FDS auront coupé l’autoroute qui va de Deir Azzor à Alep, à une dizaine de kilomètres de leurs positions actuelles, Le Daesh sera totalement asphyxié à Raqqa, sans aucun contact avec le reste de ses bastions.
Et hier samedi, les FDS reprenaient les silos à blés de Raqqa. Ces silos sont à 9 km du centre de la ville.
OPÉRATION « COLÈRE DE L’EUPHRATE »
LES CIVILS RÉINTÈGRENT LEURS VILLAGES LIBÉRÉS
Dès que les combats se terminent, les FDS doivent sécuriser les lieux et enlever les nombreuses mines abandonnées par le Daesh. Les habitants sont ensuite amenés à rejoindre immédiatement leurs maisons.
Birduxane a été le premier village à être libéré lors de la troisième phase de l’opération »colère de l’Euphrate ». Dès lundi, les habitants ont pu rejoindre leur village. Comme l’explique un des jeunes du village, Daesh a placé des mines partout dans le village il y a deux mois, avec pour objectif de faire un massacre parmi les civils.
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Mardi, dans le village de Ber Fawaz, un véhicule piégé de Daesh voulait se jeter sur un groupe de femmes et d’enfants qui fuyaient. Comme on le voit sur ces images, les combattants de la liberté sont arrivés à détruire le véhicule à temps et à sauver le groupe de civils. Les combattants des FDS ont alors plongé sous les tirs du Daesh pour mettre le groupe à l’abri. Un homme a cependant été blessé. Il a été soigné avant d’être envoyé avec les autres personnes du groupe vers une zone sécurisée.
APRÈS BAB…
… NOUVELLES VIOLENCES À AFRIN ET DANS LA RÉGION DE SHEHBA
L’armée turque cherche donc à se désengager de la région de Bab. Par dépit, elle a commencé dès le lendemain de l’attaque de la colline de Sheikh Aqil a bombardé de nombreux villages de la région de Shehba, des villages tenus par le Jaysh al Thuwar, une formation arabe qui travaille pour les forces démocratiques syriennes.
Les villages bombardés par les forces turques dans la région de Shehba sont ceux de Cican, Til Ziwan, Til Mediq, et Til Sehir. Tous ces villages sont sous la protection du Jaysh al Thuwar, l’armée des révolutionnaires.
Dans toute la région de Shehba, et jusqu’à la ville d’Idlib, on observe que la Turquie tente de reprendre son influence sur les groupes de rebelles fanatisés.
De nombreux postes militaires se construisent et 2300 nouveaux soldats y ont été mis en poste.
C’est ainsi que 6 millions de dollars ont été investis pour transformer l’hôpital d’Azaz en base militaire. Des héliports sont construits entre Dabiq et Ershab.
80 membres des forces spéciales turques, accompagnés de 5 tanks, ont été emmenés à Til Cibrin, pour reprendre les positions du Jaysh al Thuwar entre Ayn Deqne et Exterin.
A Exterin, les travaux d’aménagement d’une autre base ont été immédiatement mis à l’arrêt après un bombardement de l’aviation du régime syrien.
Tous ces développements indiquent donc que l’objectif militaire de la Turquie se déplace de Bab vers la région de Shehba et vers le canton d’Afrin.
Lundi soir, à 19h15, les forces turques bombardaient depuis la région d’Azaz les villages de Merenaz et de Filan al Qadi pendant que les bandes armées qui suivent les forces turques tentaient de pénétrer dans le canton. Cette attaque a été repoussée par les unités d’auto-défense kurdes, les YPG et les YPJ. De nombreux membres des bandes armées ont été tués lors de l’assaut.
Lundi, les autorités cantonales d’Afrin ont donc encore interpellé les Nations Unies pour dénoncer l’occupation turque et le mépris manifeste de toutes les règles internationales et des chartes édictées par l’ONU.
Ce n’est pas la première fois, dit le communiqué adressé aux Nations Unies, que l’Etat turc adopte une telle attitude, en plus des poses de mines et du meurtre de civils innocents le long de la frontière.
DE LUXEMBOURG À STRASBOURG
LIBERTE POUR OCALAN
Le 1er février, une marche internationale, réunissant 70 personnes en provenance de toute l’Europe et de l’Amérique, est partie de la ville de Luxembourg jusqu’à Strasbourg. 10 journées de marche à travers villes et champs, sous la pluie et sous le vent, à demander un statut pour le Kurdistan. 265 kilomètres parcourus…
Les 70 internationalistes sont originaires de Belgique, des Pays-Bas, d’Espagne, du pays basque et de Catalogne, de Suisse, du Portugal, du Brésil ou encore d’Argentine. Par idéal, ils ont rallié les deux villes européennes, Luxembourg et Strasbourg, pour conscientiser les populations et les élus locaux à l’injustice qui sévit dans le Kurdistan occupé par les forces armées turques. Les manifestants dénoncent l’emprisonnement de l’artisan de la paix au Kurdistan, Abdullah Ocalan, et ils réclament un statut officiel pour le Kurdistan.
Sous la pluie, sous les attaques de fascistes turcs et malgré les vexations de la police française, ils ont porté leur message de paix et de fraternité entre les peuples.
A Wasselonne ou à Saverne, des nationalistes portant le drapeau turc les ont agressés. C’est à coups de gaz lacrymogènes que les policiers auront dû faire détaler les provocateurs.
Mais à Marmoutier, la police et la gendarmerie française ont exigé que les manifestants remettent trois des leurs aux forces de l’ordre, sous peine d’interdire la marche. Pour finir, les manifestants ont pu poursuivre leur chemin, tous ensembles.
Ils sont enfin arrivés à Strasbourg, vendredi peu avant 16H00. Prêts à participer à la grande manifestation d’hier, samedi. La police française s’est montrée plus compréhensive à Strasbourg, où elle a assuré une protection adéquate aux marcheurs menacés par les nationalistes turcs.
DE MANNHEIM À STRASBOURG
UN STATUT POUR LE KURDISTAN
Une deuxième grande marche destinée à rallier la ville de Strasbourg est partie d’Allemagne, depuis la ville de Mannheim. Cette deuxième grande marche a démarré dimanche dernier, et elle a également rejoint la capitale européenne, devenue hier pendant 24 heures la capitale du Kurdistan.
Mannheim, Hockenheim, Bruchsal… autant de villes traversées par les manifestants kurdes originaires d’Allemagne. Mais à Bruchsal, des nationalistes turcs ont à nouveau usé de violences contre les marcheurs. Avec des chiens, des groupes s’affirmant ottomans ont tenté de briser l’élan des participants. Et quand la police allemande est arrivée, elle a agressé un groupe de 20 marcheurs, les menaçant de ses armes. Personne n’a été blessé.
Les marcheurs ont ensuite poursuivis leur chemin, encadrés par 200 policiers allemands, 3 chevaux, des dizaines de véhicules de police, jusqu’à Karlsruhe.
Sur la page Facebook de l’association turque « UETD Karlsruhe », des partisans du président Erdogan ont menacé d’attaquer les manifestants à Rastatt. Les policiers allemands ont pris les menaces au sérieux et ont pris des mesures préventives de sécurité.
Finalement, après avoir rencontré les différentes autorités locales tout au long de leur marche, les manifestants partis de Mannheim ont également rejoint la ville de Strasbourg pour la grande manifestation de ce samedi.
DE MARSEILLE À SULEYMANIEH
UNE MOBILISATION SANS PRÉCÉDENT
A Rennes et à Nantes, à Marseille et à 4000 kilomètres de là, à Suleymanieh, dans le Kurdistan du sud, d’autres marcheurs ont porté leurs revendications et leurs exigences de justice : justice pour Abdullah Ocalan, un statut pour le Kurdistan.
En souvenir de la date du 15 février 1998, date de l’arrestation d’Abdullah Ocalan au Kenya par les services secrets turcs, américains et israéliens, les manifestants kurdes ont manifesté sur la place du commerce, à Nantes et ont organisé une marche à Rennes.
Une double demande animait les manifestants kurdes et les nombreux français qui les accompagnaient : « liberté pour Ocalan, un statut pour le Kurdistan».
Une marche de trois jours est également partie de la ville de Martigues, dans le sud de la France, pour rejoindre la ville de Marseille.
Dans cette marche, 150 militants portent les exigences de justice et le message de paix d’Ocalan.
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Et au Başur, le Kurdistan du sud, le vent de la liberté et de la justice souffle aussi.
Vendredi, une marche, la toute première organisée au Kurdistan du sud, est partie de la ville de Suleymanieh pour rejoindre la ville de Hewler.
Menée par le mouvement de la jeunesse libre du Kurdistan, par l’organisation des jeunes femmes, et par le mouvement de la jeunesse du Rojava, les marcheurs dénoncent la conspiration du 15 février qui a entrainé l’arrestation d’Ocalan. Une arrestation qui défie, disent-ils, la morale, les lois et les valeurs humaines.
Les marcheurs du Başur dénoncent aussi la Cour Européenne des Droits de l’Homme et le Comité pour la Prévention de la Torture pour leur coupable indulgence envers la Turquie dans le cadre du dossier de l’enfermement d’Ocalan sur l’ile-prison d’Imrali.
Cette marche se terminera à Hewler, après 5 journées de protestations qui mèneront les jeunes Kurdes par Çemçemal et Kirkuk.
STRASBOURG
242 SEMAINES DE VIGILE ININTERROMPUES
Le 25 juin 2012, un comité de vigilance plantait sa tente devant les bâtiments du conseil de l’Europe à Strasbourg. Les vigiles entendaient dénoncer l’enfermement du leader kurde Abdullah Ocalan. 242 semaines plus tard, les vigiles sont toujours là, rappelant jour après jour à l’Europe ses devoirs envers se propres principes.
Depuis le 25 juin 2012, les comités de vigilance se relaient devant les locaux européens dans le quartier strasbourgeois de Robertsau.
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Cete semaine, c’est Resmiye Aslan, du centre kurde pour la démocratie d’Ulm, qui a repris la vigile avec trois de ses amis.
Elle explique que le peuple kurde n’a jamais plié jusqu’à présent, et qu’il ne mettra pas le genou à terre dans le futur non plus. Aslan appelle toutes les mères kurdes à poursuivre leur lutte jusqu’à ce qu’Ocalan recouvre la liberté.
7 jours par semaine, les vigiles sont devant les bâtiments de l’Europe. C’est après 242 semaines la plus longue manifestation ininterrompue des Kurdes. Les principes de la philosophie et du projet politique d’Ocalan y sont expliqués, et depuis ces 242 semaines, ce sont des foules de gens que les vigiles ont pu sensibiliser, qu’elles travaillent dans le milieu européen de Strasbourg ou que ce soient de simples touristes.
BAB
TÉMOIGNAGES DE RÉFUGIÉS
Les habitants de Bab fuient en masse leurs villes et villages dévastés par les bombes turques. Ils ont deux lieux sécurisés où se rendre : le canton kurde d’Afrin ou la ville de Minbij. Les journalistes de l’agence Hawar les ont rencontrés.
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Pour des raisons de sécurité, et parce que leurs familles sont toujours menacées, les habitants de Bab parlent sous couvert d’anonymat.
Pour eux, la bataille qui se joue entre l’armée d’occupation turque et les envahisseurs du Daesh n’est qu’un jeu. Les deux parties partagent le même objectif : vider la zone de toute sa population.
La vie sous l’occupation de ces bandes de mercenaires est un enfer. Destructions, inhumanité, massacres : les mercenaires mènent une guerre psychologique contre les habitants.
L’armée d’occupation turque affirme-t-il, est censée viser le Daesh, mais elle s’en prend aux civils. Personne à Bab n’ose élever la voix, de peur des représailles.
Les réfugiés de Bab implorent les organisations de défense des droits de l’homme et les puissances démocratiques à intervenir pour mettre un terme à l’occupation de l’armée turque et aux crimes du daesh contre les civils.
TURQUIE
UN RÉFÉRENDUM CONTESTÉ
C’est Victor Hugo qui, sous Napoléon III, énonçait les trois règles de validité d’un référendum.
1° Liberté de l’information
2° Liberté du choix de l’électeur
3° Absence de fraudes au dépouillement.
A l’heure qu’il est, le référendum constitutionnel du 16 avril est déjà totalement dépourvu de toute légitimité au regard des deux premières conditions :
La vague de répression contre les élus du parti HDP, le parti qui mène la campagne du NON au référendum constitutionnel d’avril, sont sous pression : On compte en effet en une année et demi 9000 arrestations dans les rangs du parti HDP. Députés, cadres et sympathisants vivent dans l’attente imminente d’une arrestation. 2500 membres du parti ont été condamnés et emprisonnés. Ahmet Yildirim, député de Mus, explique que si cela avait dû frapper n’importe quel autre parti, ce parti n’aurait même pas été capable de garder ses bureaux ouverts. Mais comme il l’analyse, le HDP n’est pas qu’un parti, c’est un mouvement populaire ; le HDP est un arbre qui prend sa force dans ses racines. Au plus on taille dans l’arbre, au plus il devient fort.
Et puis, la liberté des politiques qui s’opposent au changement de constitution n’est pas plus garantie que celle de ceux qui informent la population : comme le rappelle Reporters Sans Frontières, « la dérive autoritaire du président Erdogan se manifeste notamment par des attaques massives contre la liberté de la presse. Quand ce n’est pas pour “insulte au président de la République”, c’est pour “terrorisme” que les journalistes sont traînés par centaines devant la justice. L’autocensure progresse, les autorités bloquent de nombreux sites d’information et édictent des interdictions de publier sur certains sujets » et la Turquie de se trainer à la 151ème place du classement de l’association RSF de l’année 2016.
Et en ce qui concerne la liberté de l’électeur, il nous faut rappeler avec la députée Aycan Irmez la menace qui plane sur les villes qui ne voteraient pas dans le sens souhaité par le président.
RÉFÉRENDUM CONSTITUTIONNEL DU 16 AVRIL
LE CORPS ÉLECTORAL MENACÉ
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Ainsi de Sirnak, qui avait massivement voté pour le parti HDP, et qui n’est plus aujourd’hui qu’une masse de décombres. 60% de la ville a déjà été totalement rasée, et les travaux de destruction se poursuivent.
En revenant dans sa ville, la députée a eu l’impression de n’avoir jamais eu de maison là, qu’il n’y avait plus rien à quoi rattacher ses souvenirs. L’Etat veut détruire tout ce qui appartient au passé.
Le gouverneur de Şirnak empêche aussi que l’aide ne pénètre dans la ville. Un entrepôt où était stocké de la nourriture a été confisqué par les soldats il y a 3 semaines et le responsable de l’entrepôt emprisonné.
Le message envoyé aux électeurs du référendum est clair : votez comme l’attend le pouvoir si vous ne voulez pas que nous détruisions vos villes !
Là où on ne détruit pas encore les villes, les curateurs nommés par le pouvoir pour remplacer les co-bourgmestres légitimement élus et emprisonnés licencient en masse les travailleurs : A Akdeniz, près de Mardin 50 employés viennent de se faire licencier ce lundi.
A Van, le nouveau curateur nommé par l’Etat, Mustafa Yalçin, a licencié 59 employés municipaux le premier jour de son entrée en fonction. La semaine précédente, 96 policiers de van avaient eux aussi perdu leur emploi.
Mais pour les travailleurs licenciés, tout espoir n’est pas perdu : Galip Ensarioglu, député AKP de Diyarbakir, propose aux travailleurs ayant perdu leur emploi de se faire photographier en tenant avec eux les bulletins du « oui » au changement de constitution s’ils veulent retrouver leur emploi.
Le frère de Galip Ensarioglu, Cihan Ensarioglu, a même ouvert un bureau de communication juste à côté de l’hôpital de Kayapinar, à Amed, pour mieux informer les électeurs sur les possibilités qui leur sont offertes s’ils veulent un jour pouvoir retravailler.
Les autorités AKP savent aussi se montrer généreuses avec l’argent des collectivités : 6000 pièces d’or ont été achetées avec le budget de la municipalité de Kayapinar pour faire la tournée des nouvelles mamans, et leur offrir avec les bons vœux et l’or, de bons conseils pour le référendum d’avril.
MANIFESTATION DE STRASBOURG
UN STATUT POUR LE KURDISTAN – LIBERTÉ POUR OCALAN
La manifestation de Strasbourg d’hier samedi, a rassemblé 20.000 personnes. C’était aussi le terme et l’objectif de la marche de 270 kilomètres des militants de la paix.
Un grand souffle d’espoir a réchauffé la foule.
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Le cortège s’est ébranlé depuis la gare de Strasbourg après avoir observé une minute de silence en l’honneur des héros trop tôt disparus de la révolution menée au Kurdistan.
Sarah Marcha, l’une des 70 militantes de l’équipe des marcheurs, a rappelé le sens de son engagement. Le système de l’Etat-nation, le fascisme de l’oppression des femmes et le nationalisme se sont développés contre les valeurs communes et les intérêts des peuples. La révolution du Rojava, c’est la mise en place d’un rêve ; celui d’un monde juste et pacifique pour l’humanité.
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Remzi Kertal, du Kongra-gel, a promis la fin du fascisme d’Erdogan pour le printemps qui vient. L’autre objectif, c’est la libération d’Abdullah Ocalan pour cette année 2017.
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Quant à Cemil Bayik, du KCK, il a pointé le fait que la modernité capitaliste se nourrit de nationalismes, de chaos et de crises. Ni les sociaux-démocrates ni les libéraux n’ont de solution ; et de proposer une démocratie radicale, un socialisme démocratique qui puisse être une solution aux problèmes de notre monde, un socialisme démocratique tel qu’il a été formulé par Abdullah Ocalan.
Cemil Bayik a prévenu : 2017 sera une année de résistance acharnée contre le colonialisme et le fascisme.