Le décret n° 686 du 7 févri­er 2017, prononce le licen­ciement, à nou­veau, de 4 464 employéEs du secteur pub­lic dont 2 585 dans l’é­d­u­ca­tion nationale, et 330 uni­ver­si­taires. Dans le lot, l’U­ni­ver­sité d’Ankara, voit 72 de ses enseignantEs et chercheurEs liquidéEs.

Trop c’est trop ! Uni­ver­si­taires, étu­di­antEs, syn­di­cats, et anciens diplôméEs, ont décidé de ne pas quit­ter leur cam­pus. Un appel à la mobil­i­sa­tion est lancé, aujour­d’hui 9 févri­er, sous le mot d’or­dre “Non ! Nous ne par­tons pas !” #Hayır­Git­miy­oruz.

Avec le dernier décret pub­lié le 7 févri­er dans le cadre de l’é­tat d’ur­gence, plus de 500 tra­vailleurs mem­bres d’E­git­im-Sen ont été liq­uidés. En tant que tra­vailleurs de l’en­seigne­ment à l’U­ni­ver­sité d’Ankara, nous ne res­terons pas dans le silence et nous n’at­ten­drons pas notre tour.
A l’é­tat d’ur­gence ? : NON !
Aux décrets ? : NON !
Aux liq­ui­da­tions ? : NON !.
NON, nous ne par­tons pas ! NON, nous ne par­tons pas ! NON, nous ne par­tons pas !

Si le quo­ti­di­en Cumhuriyet titrait en grandes let­tres sa Une d’hi­er “L’U­ni­ver­sité, c’est ter­miné !”. Ce n’est pas pour rien…

Vous trou­verez les détails ci-dessous. Mais com­mençons d’abord, avec cette vidéo qui date de ce matin 10 févri­er. L’in­ter­ven­tion poli­cière à l’université…

D’ailleurs l’im­age à la une, très par­lante, n’est qu’un instan­ta­née de l’in­ter­ven­tion, mon­trant l’E­tat polici­er piéti­nant les robes posées devant la porte par les uni­ver­si­taires empêchéEs d’ac­cès. Leur mes­sage de protes­ta­tion : “Gardez nos robes. Nous garderons nos universités.”

Ecoutez en turc ou lisez la tra­duc­tion de la mag­nifique inter­ven­tion que Mithat San­car, député du HDP (Mardin) avait fait le 8 févri­er, à l’Assem­blée Nationale. Mithat ne par­le pas depuis un sim­ple siège de député, car il est égale­ment auteur et uni­ver­si­taire à la fac­ulté de droit à l’U­ni­ver­sité d’Ankara.

Dans cette inter­ven­tion Mithat se réfère au “proces­sus du 28 févri­er”. Voici quelques repères pour mieux com­pren­dre ses propos :

Le “Coup d’Etat post-moderne” 
Le 28 février 1997, le Conseil de sécurité nationale adressait au gouvernement de coalition du leader islamiste Necmettin Erbakan une série d’injonctions lui demandant de respecter la laïcité. En réalité, ces injonctions lançaient un processus qui allait voir l’armée turque et ses principaux auxiliaires (la haute administration, la justice, la presse, le grand patronat, les partis politiques du système notamment) s’employer à déstabiliser le gouvernement Erbakan, obtenir sa démission et finalement en terminer par la dissolution du parti islamiste de la prospérité (Refah partisi).
Ce parti se reforma quelques années plus tard sous le nom de Parti de la justice et du développement (AKP). Actant son échec précédent, le nouveau parti, une fois revenu au pouvoir, s’emploiera dès lors à réduire durablement l’influence des militaires sur le pouvoir civil.
Et vous connaissez la suite…

[vidéo sup­primée]

Ici il y a des députéEs qui ont été vic­time d’in­jus­tices lors du “28 Févri­er”. Où est Maître Beşir ? Beşir Atalay ?

[Beşir Atalay : Professeur de l’université Atatürk, de l’université Marmara à l’University of Michigan. Recteur de l’université Kırıkkale, coordinateur du Centre des recherches sociaux à Ankara.]

Vous n’avez pas un seul mot Maître Beşir ? Quand vous avez été licen­cié tous ces démoc­rates ont pris posi­tion der­rière vous. Ils se sont opposés. J’é­tais un des pre­miers. Pourquoi vous ne dites pas un seul mot ?

Ahmet Gün­doğ­du, où es-tu ?

[Ahmet Gündoğdu : Enseignant et syndicaliste au Eğitim-Bir-Sen, ensuite Président Général de la confédération de syndicats Memur-Sen.]

Vous aviez pré­paré ce rap­port “Plus jamais”. (Il mon­tre le rap­port). “Plus jamais” c’é­tait pour vous, ou pour tout le monde ? “Plus Jamais” ! C’é­tait quoi ? Vous par­liez des liq­ui­da­tions du 28 février.

Com­bi­en d’u­ni­ver­si­taires ont été licen­ciés ? Cent-trente-neuf ! Cent-trente-neuf ! Et com­ment pou­vez-vous dire [aujour­d’hui] que ces gens [les uni­ver­si­taires licen­ciés par décret hier] ont soutenu le ter­ror­isme ? Avez-vous une seule preuve ? A l’époque, ils ont dit “Ceux là, ils vont détru­ire la République de Turquie” !

Je vois, Tal­ip est là-bas (il mon­tre), Tal­ip Küçük­can. Il aime bien racon­ter ses pro­pres sou­venirs du “28 févri­er”… d’une façon un peu dra­ma­tique. Et il a rai­son, parce qu’il a subi une injus­tice. Aujour­d’hui tu n’as pas un seul mot à dire, Talip ?…

[Talip Küçükcan : A enseigné la Sociologie de la religion à la faculté de Théologie, et la sociologie à la faculté de Sciences et Lettres, à l’Université de Marmara.]

Fat­ma Ben­li ! La vice-prési­dente de la Com­mis­sion des droits humains. Nous avons mené la lutte pour les droits de l’homme, ensem­ble. Les droits de l’hommes sont-ils des droits de l’homme, seule­ment quand ils vous ser­vent à vous ? Quand vous êtes vic­times, vous, les droits de l’homme exis­tent, mais quand ceux et celles que vous n’aimez pas, qui sont vos opposantEs sont vic­times d’in­jus­tice, non, les droits de l’homme ne marchent pas pour eux. Eux, ils sont des ter­ror­istes. Bah, on vous a qual­i­fiés de ter­ror­istes aus­si ! Ils ont même fait pire…

Des per­son­nes démoc­rates, hon­nêtes et qui ont de la con­science, ont osé s’op­pos­er à cette époque-là, con­tre ces injus­tices. Et une par­tie de ces per­son­nes ont été éloignées de l’U­ni­ver­sité aujour­d’hui. Maître Naci était à cette époque à l’U­ni­ver­sité, il le sait très bien. Dites, vous n’avez pas un seul mot, con­cer­nant ces per­son­nes ? Vous n’en avez pas ?

Con­tin­uons… Je vais lire les noms de nos Pro­fesseurs qui ont été jetéEs de la fac­ulté d’His­toire et de let­tres. Après on ver­ra qui est respectable, qui ne l’est pas…

Pertev Naili Boratav !

[Pertev Naili Boratav : Spécialiste du folklore populaire, chercheur en littérature populaire et folklore turc. A travaillé aux États-Unis, en Allemagne et en France. Dans les années 1940, il a dirigé la revue Yurt ve Dünya de Behice Boran. Il a fondé le département Turquie de l’université Stanford. Il a travaillé à Paris au CNRS jusqu’à son décès le 16 mars 1998. *Universitaire licencié en 1948 pour communisme, avec trois autres universitaires. Précurseur des recherches en littérature populaire turque, Pertev Naili Boratav a constitué des archives riches de 2 000 contes, 40 histoires populaires, jeux d’enfants, chants populaires, pièces de théâtres, chansons, histoires drôles et poèmes. Il a reçu des prix du CNRS.]

Le plus grand sci­en­tifique dans le domaine du folk­lore, en Turquie, même un des plus grands au monde. Il a été licen­cié dans cette péri­ode [28 févri­er]. Pourquoi ? A cause de ses opin­ions. Alors, qui a per­du ? A cette époque-là c’est la Turquie qui a per­du. Ensuite, ceux qui l’ont licen­cié sont passés pour des mépris­ables, Mais Pertev Naili Boratav a con­tin­ué son exis­tence comme un diamant…

Behice Boran !

[Behice Boran : Sociologie et femme politique. Présidente du parti ouvrier de Turquie. A quitté la Turquie après le coup d’Etat du 1980, déchue de la nationalité turque en 1981. Décédée en 1987 à Bruxelles, en exil. *Universitaire licenciée en 1948 pour communisme, avec trois autres universitaires.]

Oui, elle avait des opin­ions. Oui, elle était aus­si la prési­dente du Par­ti Ouvri­er… Et ? Ceux qui l’ont licen­ciéE, l’ont licen­ciéE pour ses opinions.

Niyazi Berkes, qui a don­né de nom­breuses œuvres dans divers domaines, et encore aujour­d’hui, source de créa­tion pour d’autre œuvres ! Son épouse, très respectable, uni­ver­si­taire Medi­ha Berkes. Ils ont été licen­ciéEs aussi.

[Niyazi Berkes : Scientifique, sociologue de Chypre. A enseigné a la Faculté de l’Histoire et de Lettres d’Ankara. *Universitaire licencié en 1948 pour communisme, avec trois autres universitaires dont son épouse.]

Il n’y aura rien que vous pou­vez dire la dessus.…

Mais écoutez moi les amiEs, ce qui se pra­tique [aujour­d’hui] a un nom clair. C’est du ter­ror­isme. Claire­ment et net­te­ment du ter­ror­isme. C’est une action d’in­tim­i­da­tion. L’ap­proche qui, sous cou­vert de lutte con­tre le ter­ror­isme, divise la société, qui déclare “enne­mie”, la moitié de la société, ne veut pas laiss­er sur son chemin, une seule per­son­ne qui s’op­pose. Il a mis dans sa tête de liq­uider touTEs les opposantEs. Ceux qui ont pra­tiqué cette méth­ode jusqu’à nos jours, ont-ils réus­si ? Le “28 févri­er” ne devait-il pas dur­er mille ans ? Aujour­d’hui, y a‑t-il quelqu’un qui peut défendre le “28 févri­er” ? Et ceux qui essayent aujour­d’hui de créer des “épopées” avec des his­toires [sou­venirs] de “28 févri­er” n’ont-ils pas une dette de con­science ? Si on ne s’op­pose pas d’une façon égal­i­taire con­tre toutes les injus­tices, si on ne fait que de s’op­pos­er à l’in­jus­tice qu’on subit soi même, ceci est de l’hypocrisie.

Ce qui se fait est un pil­lage de tra­vail et d’avenir. Le tra­vail de ces per­son­nes est volé. L’avenir de ce pays est volé.

Si ce qui se fait, est la liq­ui­da­tion des gens, en pré­tex­tant “l’ap­pel de la paix”, c’est de “la boucherie de colombe” ! Et ceci sont les mots de Tahsin Yücel [Poète], le titre d’un de ses poèmes.

Je fais appel depuis ici, à tous ces amiEs dont je suis fier d’être con­frère, tous mes étu­di­antEs dont je suis fier… (Son temps de parole ayant écoulé, il demande une minute supplémentaire.)

Ne vous soumet­tez jamais ! Ce règne de voleurs se ter­min­era. Aucun règne de voleurs, aucun ordre sans jus­tice, n’a pu per­dur­er, autant que la durée de vie qu’ils se sont don­nés, même pas un pour cent.

J’au­rais voulu que, les amiEs dans les rangs de l’AKP, qui ont vécu cela il n’y a pas longtemps, juste vingt ans, expri­ment cela, avant nous. Qu’ils se mon­trent et s’op­posent… Qu’ils dis­ent “nous n’ac­cep­tons pas !”

Ces per­son­nes démoc­rates, qui ont signé la péti­tion pour le foulard, pour qu’il puisse être porté libre­ment, n’ont pas signé pour défendre le foulard. Car il n’é­tait pas néces­saire de défendre le foulard absol­u­ment, il suff­i­sait d’ac­cepter que cela était un droit. Et c’est qu’ils ont fait.

Vous… Dites un mot, un seul mot d’ob­jec­tion. Une seule objec­tion, devant l’Histoire !
Que per­son­ne ne se plie. Ce règne se terminera.

Nous vous pro­posons une deux­ième vidéo, pub­liée en live sur les réseaux soci­aux. Elle a été enreg­istrée le 9 févri­er lors de la prise de parole du directeur adjoint de la Fac­ulté de Sci­ences poli­tiques à l’U­ni­ver­sité d’Ankara. Un “diplômé” réag­it à chaud aux “dis­cours” :

Pen­dant que le prési­dentEs des départe­ments prin­ci­paux sont ici… Vous avez rai­son Maître ! (il s’adresse au Directeur adjoint).

Alors que des gens qui sont inca­pables d’ex­pli­quer pourquoi notre Pro­fesseur Gürhan s’est fait éloign­er de l’U­ni­ver­sité, ses, entre guillemets, “col­lègues”, se sont mis près de son cer­cueil et ont fait des dis­cours. Il est tout à fait nor­mal que vous disiez des choses comme ça.

[Prof. Dr. Gürhan Fişek : considéré comme défenseur des travailleurs, pour ses travaux précurseurs concernant la sécurité de travail dont la carence fait de nombreuses victimes tous les ans en Turquie. “Maître Gürhan” est décédé le 14 janvier 2017, suite à un cancer.]

Dans cette école, tout en sachant que cette école arriverait sur le point où elle est aujour­d’hui, tout en le sachant… ceux qui ont avancé pas à pas, avec leurs petits cal­culs de pou­voir, tout en sachant que cette école arriverait à ce point, sont ici présents, il n’y a pas de prob­lème pour vous enten­dre dire des choses pareilles.

Alors que des uni­ver­si­taires se sont fait jeter de Sci­ence Po, ici, si per­son­ne n’a moufté, si la Cham­bre de hauts fonc­tion­naires n’a pas moufté, si nous les diplôméEs, et je dis hélas, avec honte, n’avons pas moufté, vous, vous avez rai­son de dire tout cela. Ce n’est pas votre faute. Ce n’est pas la faute du Directeur… C’est que nous avons lais­sé notre école dans vos mains.

Mais sachez que, ici, ce n’est pas juste un bâti­ment, juste une école. du moins, ça ne l’est pas pour nous. Regardez, en face de vous, il y a un diplômé. Sci­ence-Po n’est pas juste un bâti­ment, et pas que pour moi, c’est un lieu qui a une âme. Même ceux qui bradent cette âme à droite à gauche sont nom­breux, ceux qui sont soit dis­ant hauts fonc­tion­naires, nous allons pass­er cet esprit de sol­i­dar­ité dans la pra­tique d’une façon ou autre. Nous allons nous réap­pro­prier notre école, nos pro­fesseurEs, nos amiEs. Ce que vous ne pou­vez pas faire, nous allons le faire, Maître. Et un jour arrivera, nous allons deman­der des comptes pour tout cela, et nous allons graver sur les murs rem­plis de pho­tos de cette école, aus­si l’his­toire de ces jours-ci. Ces choses seront accrochées à côté de ces images qui sem­blent aujour­d’hui comme les sou­venirs du passé. Le jour vien­dra, elles seront accrochées. C’est tout.

Le fait de rester ici, et de vous écouter encore, n’a absol­u­ment aucun sens pour moi.… “Proces­sus”? Quel proces­sus ? Et puis quoi encore… (il tourne le dos et sort)

Par ailleurs le syn­di­cat des enseignants Eğitim-Sen a appelé à une mobilisation.

72 uni­ver­si­taires de l’U­ni­ver­sité d’Ankara sont licen­ciés par le décret n°686 du 7 février.

Avec ces derniers licen­ciements, au sein de l’U­ni­ver­sité d’Ankara, dans cer­tains cur­sus, les pro­grammes sont devenus impos­si­bles à pour­suiv­re. Désor­mais, les licen­ciements ne ciblent plus seule­ment le méti­er de nos col­lègues mais toute l’u­ni­ver­sité, et le droit d’é­tude de nos étu­di­antEs. Le Directeur Erkan Ibiş qui est le respon­s­able prin­ci­pal de ce tableau douloureux, noircit à la fois le passé de l’U­ni­ver­sité d’Ankara et son avenir.

Nous ne res­terons pas en silence devant cette agres­sion envers nos cama­rades, nos fac­ultés et étu­di­antEs. Nous n’al­lons pas quit­ter nos class­es, nos cam­pus et nos étu­di­antEs; pour lesquels nous avons investi nos années. Per­son­ne ne pour­ra nous arracher nos cama­rades ! A par­tir d’au­jour­d’hui, nous appelons tous nos étu­di­antEs, nos diplôméEs, nos amiEs à être uniEs avec nos cama­rades uni­ver­si­taires licen­ciés et à lutter.

AucunE de nos amiEs uni­ver­si­taire ne quit­tera son bureau et ne par­ti­ra. Nous appelons les foules à rem­plir ces bureaux pour tenir tête à ceux qui veu­lent les vider. Nous vous appelons à mul­ti­pli­er nos thés, nos échanges, et nos sou­venirs communs !

Ce soir, le 9 févri­er, à 18h, sur place de Sakarya, une con­férence de presse sera organ­isée, pour le sou­tien aux uni­ver­si­taires licen­ciéEs , avec KESK, DISK, TMMOB, TTB et les com­postantes d’Ankara de la Cham­bre des haut-fonc­tion­naires. Nous appelons toute l’opin­ion publique démoc­ra­tique à rem­plir les rues. Nous appelons à mul­ti­pli­er notre unité !

Non, nous ne par­tons pas ! Nous ne quit­tons pas les campus !

Le ven­dre­di 10 févri­er à 12h30, au Cam­pus de Cebe­ci, nous réalis­erons un Grand Rassemblement !

Nous serons présentEs, au cam­pus de Cebe­ci, avec nos amiEs uni­ver­si­taires de tous les uni­ver­sités d’Ankara, nos anciens diplôméEs, nos amiEs députéEs, pour nous appro­prier la passé et l’avenir de l’U­ni­ver­sité d’Ankara, qu’on veut anéantir.

Nous vous appelons à être par­mi nous., pour dire “Non, nous ne par­tons pas” et men­er notre lutte ensem­ble con­tre ceux qui veu­lent ren­voy­er nos amiEs de l’Université.

Venez, mul­ti­plions nos forces, notre sol­i­dar­ité, notre espoir, ensemble.

Eğitim-Sen Bureau des uni­ver­si­taires n°5 d’Ankara.


La suite : L’université, le savoir, désormais classés “terroristes”

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