Umut Fırat Süvar­i­oğulları, devenu mal­gré son empris­on­nement un des auteurs du jour­nal anar­chiste Mey­dan, incar­céré depuis 23 ans, est en grève de la faim depuis le 9 novem­bre 2016.

Umut n’a pas passé ces longues années car­cérales dans l’i­n­ac­tion. Les pris­ons sont aus­si des lieux de résis­tance et de luttes. Il n’en est pas à sa pre­mière grève de la faim, ni à son pre­mier acte de résis­tance. Il a mené plusieurs actions, notam­ment con­tre les con­di­tions de vie des pris­ons et le traite­ment inhu­main des pris­on­niers, ain­si que con­tre le manque de soins pour les détenuEs malades.

Empris­on­né pour un dossier con­cer­nant le PKK, Umut se définit pour­tant aujour­d’hui comme anar­chiste révolutionnaire.

Avec cette dernière grève de la faim Umut pointe l’E­tat comme respon­s­able du proces­sus sanglant dans lequel les pop­u­la­tions sont entrainées et dénonce l’é­tat d’urgence.

Umut a entamé dans un pre­mier temps une grève de la faim pour une durée déter­minée. Après une pause, il l’a reprise de plus belle, pour un temps indéter­miné cette fois. Nous nous ques­tion­nons sur son état de san­té, déjà frag­ile, car il souf­fre d’ary­th­mie car­diaque et d’hy­per­ten­sion, sans oubli­er l’in­ter­ven­tion d’an­gio­plas­tie qu’il a subie en 2014. La com­mu­ni­ca­tion avec Umut est dif­fi­cile, la direc­tion de la prison bloque tout pas­sage d’in­for­ma­tion et cour­ri­ers, méth­ode habituelle, lors des actions de résistance…

La grève de la faim d’U­mut trou­ve cepen­dant un sou­tien transnational…

Nous salu­ons à notre tour, la lutte de ce cama­rade et lui don­nons la parole :

Alors que dans le pays où je vis, des villes ont été bom­bardées et détru­ites par les chars; alors que la colère et la tristesse ressen­ties pour des cen­taines de femmes et d’hommes, jeunes, agéEs, enfants, tuéEs, blesséEs, dérac­inéEs; alors que nous gar­dons encore vives les images de célébra­tions mon­trant les auteurs de toute cette vio­lence présen­tés comme des héros et récom­pen­sés de médailles; lorsque que le 15 juil­let, les mêmes chars et avions qui ont détru­it les villes et tué les civils, ont pris cette fois comme cibles Istan­bul et Ankara; les héros d’hi­er, ont été déclarés en une nuit, des traitres. Des mil­liers de per­son­nes ont été jetées dans les pris­ons, des dizaines de mil­liers ont été relevés de leur fonctions.

La pra­tique de “coup d’E­tat con­tre coup d’E­tat”, qui n’est autre chose qu’un reflet de la lutte pour le pou­voir au som­met de l’E­tat, a mis à la lumière de jour, le sale vis­age de l’Etat.

Les gangs, con­fréries, sectes struc­turées dans l’E­tat, dans toute sa bureau­cratie, de son armée à sa police, de son Tri­bunal Con­sti­tu­tion­nel à la Cour suprême, de ses soit dis­ant indépen­dants juges à ses pro­cureurs, sont devenus vis­i­bles. Leurs rela­tions avec le gou­verne­ment raciste, nation­al­iste, inté­griste, sec­taire, qui est au pou­voir depuis 15 ans et qui utilise ces gangs à coup d’al­liances pour ses pro­pres fins, ont été déchiffrées.

Bien que le régime soit lui-même le respon­s­able de tout ce qui se passe, il a com­mencé a organ­is­er son pro­pre coup d’E­tat, et pour ren­dre son pou­voir pérenne, a attribué des cura­teurs, aux entre­pris­es pour chang­er le cap­i­tal de main, aux jour­naux et médias pour chang­er les idées, aux mairies et par­tis pour chang­er de poli­tique, a aug­men­té l’op­pres­sion sur l’op­po­si­tion pop­u­laire afin de l’anéan­tir. Le régime, en dirigeant le pays à coups de décrets, en trainant dans son sil­lon, les mass­es qu’il manip­ule par coups de trompette, seul pour son pou­voir, ses ambi­tions et ses folies, est en train de trans­former toute la région en un bain de sang.

En tant qu’être humain, un anar­chiste révo­lu­tion­naire, un objecteur de con­science, et une per­son­ne qui a passé 23 ans dans la cel­lule éclairée d’une geôle obscure, je désigne comme respon­s­able de tout ce dont je suis témoin : la struc­ture de pou­voir cap­i­tal­iste, étatiste, nation­al­iste, religieux, sec­taire et patri­ar­cal, et tous les autres élé­ments appar­tenant à cette struc­ture. J’en­tame donc, une grève de la faim, pour attir­er l’at­ten­tion sur tout ce qui s’est passé et se passera, pour met­tre l’ac­cent sur le fait qu’il est néces­saire d’in­ven­ter de nou­velles formes de lutte, d’or­gan­is­er l’op­po­si­tion pop­u­laire, ain­si, pour exprimer ma prise de posi­tion poli­tique, con­science et morale.
9.11.2016
Umut Fırat

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Actions de sou­tien, en Grèce, en Irlande…

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Con­cer­nant des reven­di­ca­tions immé­di­ates, sur les amélio­ra­tions du car­céral, Umut demande égale­ment le trans­fert des pris­on­niers détenus en cel­lule d’isole­ment vers les quartiers com­muns. Il attire l’at­ten­tion sur juste­ment les con­di­tions car­cérales, à savoir, le fait que 20 pris­on­niers soient logés dans des dor­toirs prévus pour 14, qu’ils soient for­cés à dormir sur des mate­las déchi­quetés et tachés de sang, et qu’ils subis­sent fouilles, pres­sion et tor­tures psy­chologiques et physiques.

Ajout du 5 février :

La grève de la faim d’U­mut s’est ter­minée par une vic­toire sur ses reven­di­ca­tions con­cer­nant le quo­ti­di­en de la prison. La Direc­tion  a accep­té les reven­di­ca­tions présen­tées, il a donc mis fin à sa grève au 55ème jour et remer­cie toutes celles et ceux qui ont été solidaires.


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