Voici les “chroniques de la révolution kurde”, présentées par Ronahi TV. Un retour sur la semaine du 1er au 7 janvier 2017. Il s’agit de l’émission régulière en langue française, que vous trouverez ici, chaque semaine.
Vidéo et texte en français
Gros titres :
- OPÉRATION COLÈRE DE L’EUPHRATE : Ouverture d’une troisième ligne de front
- SYRIE DU NORD : Nouveaux crimes de l’armée turque
- SYRIE DU NORD : Nouvelle vague de réfugiés
- PENDANT LA GUERRE… les enfants vont à l’école
- ILHAM EHMED : Assemblée démocratique syrienne — Analyse de la Révolution kurde.
- LE REINA – ISTANBUL : Attaque du Daesh — arrestations
- MURAT KARAYILAN — PKK : Analyse de la Révolution kurde
- TURQUIE : Etat d’urgence permanent
- VAN : Que font les curateurs ?
- BAKUR — KURDISTAN DU NORD : Réfugiés ézidis, nouveau drame
- AMED : Quartier Sûr, le projet Tolède
- FRANCE — TURQUIE : Manifestations
OPÉRATION COLÈRE DE L’EUPHRATE
OUVERTURE D’UNE TROISIÈME LIGNE DE FRONT
Les forces démocratiques syriennes poursuivent leur offensive contre Daesh. L’ objectif est de libérer la ville de Raqqa. Une nouvelle ligne de front a été ouverte… Dorénavant, trois colonnes armées convergent vers Raqqa.
Ce premier janvier, une troisième colonne armée des forces démocratiques syriennes a commencé à percer les positions du Daesh au nord-ouest de la ville de Raqqa, depuis le village de Tal Seman, situé juste au sud de la ville d’Ayn Issa.
La deuxième colonne a mené des combats trois jours durant pour reprendre la ville de Mahmudi, où une centaine de mines ont déjà été neutralisées.
Puis, mardi, une contre-offensive du Daesh a eu lieu à hauteur de Jaber, là où se trouve la première colonne, celle qui perce depuis le front sud, aux bords de l’Euphrate. Trois jours durant, les combats ont fait rage, jusqu’à ce jeudi. Après avoir repoussé l’offensive, les FDS ont comptabilisé 49 membres de Daesh tués.
[vsw id=“OnxzJB8jrgE” source=“youtube” width=“640” height=“344” autoplay=“no”]
Poursuivant le Daesh, les combattants des FDS ont repris le site du château de Jaber, où ils auront encore mis un terme à la carrière de 22 membres du Daesh.
Les FDS se rapprochent toujours plus de Raqqa : ils n’ont plus que 30 kilomètres à parcourir avant de pénétrer dans la ville.
**
[vsw id=“KF007ic8COI” source=“youtube” width=“640” height=“344” autoplay=“no”]
Muhammad Abo Adel est le commandant des bataillons du Shams al Shamal, soleil du nord, des bataillons qui participent avec 150 combattants au sein des FDS à la libération de Raqqa.
Pour ce commandant, ses combattants insistent pour participer aux opérations militaires contre le Daesh. Ils sont nés dans ces villages à l’ouest de Raqqa, et ils veulent sauver leurs proches et leurs parents de la tyrannie du Daesh.
Muhammad Abo Adel conclut son interview en affirmant qu’il est prêt avec ses hommes à libérer toute la Syrie des mercenaires du Daesh.
**
Malgré ces bonnes nouvelles du front, il y a des combattants qui tombent sous les balles du Daesh, et parmi eux, deux combattants des brigades internationales du Rojava ; il s’agit du combattant anglais Ryan Lock, surnommé Berxwedan Givara, et du combattant canadien Antonio Tassoned, surnommé Agir Ararat. Ce combattant est resté à son poste jusqu’à sa dernière balle en combattant le Daesh.
Pour les combattants des unités YPG, l’honneur de ces deux hommes qui ont consacré leur vie à la fraternité entre les peuples est un symbole et un exemple.
SYRIE DU NORD
NOUVEAUX CRIMES DE L’ARMÉE TURQUE
L’armée turque a encore bombardé cette semaine les villages autour de Kobani. Des soldats turcs ont aussi essayé de s’infiltrer au Rojava. Et dans la région de Shehba, les bombardements de l’armée turque tuent des familles entières.
La nuit du 30 au 31 décembre, les forces armées turques ont agressé à l’arme lourde les villages de Girbenav, de Koran, de Carikli et de Qeremox. Le village de Qeremox et celui de Gire Sor ont encore subi une agression ce vendredi.
Mardi soir, trois hélicoptères turcs venaient bombarder le village de Tahunê, au sud de la ville de Çilaxa.
Au même moment, mais à hauteur du village de Zorava, près de Tirbispiyé, des soldats turcs tentaient de traverser la frontière. Il y a eu un cours engagement au cours duquel un de ces soldats turcs a été tué.
*
A côté de ces attaques visant à provoquer une réaction des unités YPG sur la frontière, il y a les frappes dramatiques des villages de la région de Shehba, près de la ville de Bab et à hauteur de la ville de Minbij.
Mardi, une nouvelle frappe aérienne turque tuait 11 civils et en blessait d’autre, parmi lesquels de nombreux enfants qui ont été gravement brûlés lors des explosions. Il y a deux familles qui ont été anéanties, avec moins deux enfants, les frères Muhammad et Ahmad Hamsho.
[vsw id=“s‑G3fWH87_c” source=“youtube” width=“640” height=“344” autoplay=“no”]
Plus à l’est, toujours ce mardi, près de la ville de Minbij, à Arima, une autre frappe aérienne turque a aussi tué deux civils et en a blessé 15 autres.
*
[vsw id=“DITNQfLtrdw” source=“youtube” width=“640” height=“344” autoplay=“no”]
Le conseil civil de la ville de Minbij a dénoncé le massacre d’Arima. Salih Mohamed, son représentant, déplore que les forces d’occupation turques commettent tous les jours des crimes en se servant du prétexte de la guerre contre la terreur, et personne n’en parle. Il en appelle donc aux organisations internationales de défense des droits de l’homme à ne pas rester silencieuses face aux massacres commis par l’armée turque au nord de la Syrie.
SYRIE DU NORD
NOUVELLE VAGUE DE RÉFUGIÉS
L’invasion turque dans le nord de la syrie a provoqué des vagues massives de réfugiés. Les civils essaient de se mettre à l’abri. Beaucoup se rendent dans le canton d’Afrin ou dans la ville de Minbij.
[vsw id=“Fu34PC_kYhs” source=“youtube” width=“640” height=“344” autoplay=“no”]
Ayat Abdul Hakeem Shahoud est une réfugiée en provenance de la ville de Bab. Avec des milliers d’autres personnes de sa ville, elle a dû fuir les violences de l’armée turque. Pendant un bombardement de l’aviation turque, sa maison s’est écroulée sur elle et sa famille. Avec une jambe cassée, il lui a fallu marcher 13 heures durant pour arriver à Minbij, où elle est enfin en sécurité avec sa famille.
Ils sont 7 à vivre dans une seule pièce, chez un habitant qui a accepté de les héberger provisoirement. Elle a besoin d’un abri et de soins pour sa jambe.
Sa belle-sœur, Rouaa Sabag, était inquiète pour les trois enfants. Maintenant qu’ils sont Minbij, elle croit qu’ils n’ont plus à redouter les bombardements. Pourtant, samedi dernier, deux femmes du quartier de Sebai Bahrat, à Minbij, ont été blessées par des tirs turcs.
Ces femmes ont besoin d’aide. Mais le Rojava est sous embargo.
Lundi, 850 nouveaux réfugiés sont arrivés aux portes du canton kurde d’Afrin, au village de Qatma. Ils ont été logés au camp Rober et au camp Al Shahba.
Ces réfugiés proviennent surtout des villes de Raqqa, de Jarablus, de Palmyre et de la région d’Abu Kemal.
PENDANT LA GUERRE…
…LES ENFANTS VONT À L’ÉCOLE
Dans le canton kurde d’Afrin, la commission chargée de l’enseignement prépare de nouveaux programmes scolaires. Ces programmes sont davantage conformes aux attentes de la population. Et ils répondent aux objectifs de la révolution au Rojava. Les cours de musique sont également mis à l’honneur.
Un nouveau manuel de musique a été édité par les autorités du canton d’Afrin. Ce manuel reprend les anciennes traditions musicales kurdes pour préparer les générations de demain à faire le lien avec leur passé et leur culture.
Ali al Issa, l’un des contributeurs à ce projet d’éducation musicale, explique que 21.000 exemplaires du manuel ont été commandés, mais qu’il n’y en a au final que la moitié de disponible, suite aux difficultés causées par l’embargo.
Les professeurs de musique du canton disposent tous du manuel. Ils pourront amener les élèves et les étudiants à la rencontre d’artistes kurdes qui ont marqué leur art, comme Abdurrahman Omar, surnommé Bave Salah.
[vsw id=“Pg03vgl6CIU” source=“youtube” width=“640” height=“344” autoplay=“no”]
A Afrin, deux fois par semaine, tous les élèves auront un cours de musique.
Dans les écoles secondaires d’Afrin, les étudiants auront aussi des cours de jinéologie. Jin, cela veut dire « femme ». La jinéologie est cette discipline nouvelle qui se consacre à la femme, à son histoire, à l’histoire de son oppression, à l’idéologie du machisme. En classe de jinéologie, les étudiants apprennent comment la créativité des femmes était mise en valeur dans les communautés naturelles, comment elles ont mis sur pied les premières bases de l’éthique, comment elles ont joué un rôle moteur lors de la révolution agraire. On y parle des premières déesses. On y explique ce qu’est le mouvement de libération des femmes, et comment elles peuvent se débarrasser de la mentalité machiste.
1626 étudiantes du canton d’Afrin suivent ces cours de jinéologie, et parmi elles, 200 étudiantes arabes.
Comme le dit Berivan Mohamed, elles ont dû se battre pour avoir un cours qui dise la vérité sur l’histoire des femmes, pour que les femmes en sachent plus sur elles-mêmes, et qu’elles aient davantage confiance en elles. En ayant plus confiance en elles, dit Berivan, elles auront encore plus de force pour se libérer.
Emine Cawis, une étudiante arabe, explique que grâce à ce cours de jinéologie, le rôle significatif des femmes est enfin mis en valeur, et cela doit permettre une forme de renaissance dans toute la communauté.
ILHAM EHMED — ASSEMBLÉE DÉMOCRATIQUE SYRIENNE
ANALYSE DE LA RÉVOLUTION KURDE
Ilham Ehmed est la co-présidente de l’assemblée démocratique syrienne. Elle s’est rendue à Kirkuk dans le Kurdistan du sud. Et elle a fait le point sur la situation actuelle au Rojava.
[vsw id=“ehRdVMCRJ1k” source=“youtube” width=“640” height=“344” autoplay=“no”]
Ilham Ehmed a expliqué lors de son déplacement au Tevgera azadi de Kirkuk, le mouvement pour la liberté de Kirkuk, en Irak, que le régime syrien ne perçoit la crise que traverse le pays que comme un problème imposé depuis l’extérieur et ce, depuis le début de la révolution syrienne. Mais pour la co-présidente de l’assemblée démocratique, si le peuple s’est levé, c’est parce que le régime ne voulait pas accepter la volonté de changement social. Et puis, les groupes terroristes ont utilisé ce conflit pour eux-mêmes. Mais la demande de changement de ces groupes était moins une demande de changement de régime qu’une demande de remplacement de ceux qui sont à sa tête. Et donc, ces différents groupes se sont combattus les uns les autres. Par contre, au Rojava, explique Ilham Ehmed, il y avait dès le début un projet.
Ce projet s’est concrétisé dans la fédération du nord de la Syrie. Mais voilà que l’Etat turc n’a plus eu qu’un seul objectif : supprimer les acquis des Kurdes. La Turquie a donc tout fait pour mettre les YPG et le parti PYD sur la liste des organisations terroristes. Puis, elle a attaqué le Rojava. Les attaques sur la région de Shehba visaient à s’en prendre au canton d’Afrin. Mais en dépit de tout le soutien qu’ont pu apporter sur place les différentes bandes d’assassins fanatisés qui accompagnent les forces turques, la Turquie n’y a connu que des défaites. Elle s’est alors tournée vers Bab, mais elle n’y engrange pas plus de résultats no plus.
Maintenant, La Turquie utilisent le Daesh comme une excuse pour envahir la Syrie, mais le but véritable de la Turquie, c’est de dissoudre la fédération de la Syrie du nord.
LE REINA — ISTANBUL
ATTAQUE DU DAESH — ARRESTATIONS
La nuit du nouvel an, 39 personnes ont été tuées dans une discothèque d’Istanbul, le Reina. La fusillade a été revendiquée par Daesh. Les auteurs de cette attaque courent toujours. En revanche, les manifestants socialistes qui ont dénoncé les responsabilités politiques dans cette tuerie ont été arrêtés.
Peu après l’attentat, la police turque arrêtait 14 personnes. Des journalistes, comme Isminaz Temel, de l’agence de presse ETHA, trois avocats du bureau des avocats opprimés, Sezin Uçar, Gülhan Kaya et Diren Karabag, ainsi que des membres du parti socialiste des opprimés, l’ESP et du SGDF, la fédération des associations de la jeunesse socialiste.
Dès le lendemain, les deux associations socialistes et les représentants du parti HDP dénonçaient ces arrestations devant les portes du tribunal de Çaglayan. Parmi les clameurs des manifestants, on entendait : « les assassins sont libres, les manifestants sont enfermés. »
Gülsüm Agaoglu du comité central du parti HDP, a estimé que les massacres se normalisaient. Pour Deniz Bakir, qui s’exprimait pour l’agence ETHA, les massacres qui se produisent en Turquie depuis deux ans s’insèrent dans la mise en place dans le pays de la dictature d’un seul homme.
MURAT KARAYILAN — PKK
ANALYSE DE LA RÉVOLUTION KURDE
Signalons aussi que Murat Karayilan, du PKK, a fait un lien entre l’attentat dans la discothèque d’Istanbul et la ville de Bab. On sait que la Turquie a toujours soutenu Daesh et le front al Nosra pour combattre le mouvement kurde. Pour y parvenir, la Turquie s’est même éloignée de l’OTAN pour se rapprocher de la Russie.
Aujourd’hui, la Turquie se sert d’événements comme l’attentat d’Istanbul pour dire qu’elle est attaquée par Daesh. Jusqu’à présent, Daesh n’avait jamais attaqué la Turquie. Mais depuis le mouvement de l’armée turque sur Bab, Daesh semble avoir pris ses distances avec son allié. Jusqu’à présent, Daesh remettait sagement ses villes du nord de la Syrie aux militaires turcs. Mais cet accord n’était valable que jusqu’à la ville d’Exterin, et pas plus loin. Selon Murat Karayilan, c’est à Bab que le conflit entre Daesh et la Turquie est né.
TURQUIE
ETAT D’URGENCE PERMANENT
L’Etat d’urgence qui a été décrété en Turquie est une nouvelle fois prolongé de trois mois. Le parlement turc vient de prendre cette décision, ce qui permet au Président Erdogan de renforcer son régime de plus en plus dictatorial.
Les mesures que l’Etat d’urgence implique sont nombreuses et variées.
Il y a d’abord l’emprisonnement des élus et des journalistes. De nouvelles opérations de police ont mené cette semaine à l’arrestation de dizaines de responsables politiques de l’opposition. Ce vendredi, à Aydin, dix personnes ont été arrêtées, dont les administrateurs provinciaux du parti HDP. A Adiyaman, 6 autres personnes ont été arrêtées mardi. Vendredi, trois d’entre elles étaient envoyées à la prison de type E de la ville.
A Elazığ, 15 personnes, dont des co-présidents provinciaux du HDP (Ayfer Yilmaz) ou des administrateurs de district du DBP (Nihat Akdemir) ont été arrêtées ce vendredi également.
A Urfa, la situation est pire encore : Le co-bourgmestre élu de Viranşehir, Emrullah Cin, était retenu dans un hall sportif depuis le 12 décembre avec 185 autre personnes arrêtées.
Tabassé par la police qui voulait « s’entretenir avec lui », il a été privé de soins pour éviter que l’hôpital ne rédige un rapport sur ses blessures. Un autre élu retenu dans ce centre de torture d’Urfa, Haci Bazo Yilmaz, député co-bourgmestre de la municipalité d’Halfeti, a connu deux attaques cardiaques liées aux conditions affreuses dans lesquelles les personnes arrêtées sont gardées.
Emrullah Cin a finalement rencontré ses juges ce vendredi : il a été envoyé avec 30 autres personnes du groupe de 65 qui comparaissaient ce jour- là à la prison d’Urfa.
Toujours dans la foulée du coup d’Etat d’Erdogan et de cet état d’urgence, il y a encore eu la fermeture de l’institut kurde d’Istanbul samedi dernier. Cette fermeture a été annoncée par le ministère de l’intérieur dans le cadre de l’article 11 de l’Etat d’urgence . 94 autres associations sont également visées par cet article et par ces fermetures.
L’association « justice pour Roboski, paix sur la terre », une association fondée par les familles des victimes du massacre de Roboski, a ainsi été fermée sur ordre du ministre de l’intérieur. Les administrateurs de cette association qui se battaient pour qu’enfin les responsables de la tragédie de Roboski soient déférés devant leurs juges sont comme toujours accusés d’activités terroristes.
VAN
QUE FONT LES CURATEURS ?
On en a déjà souvent parlé : les élus du parti DBP ont été remplacés dans plusieurs villes par des curateurs. Que font ces curateurs qui travaillent pour l’AKP ? Quels changements de politique ont-ils décidé ? Pour le savoir, nous sommes allés dans la région de Van.
La municipalité de Van, c’était un co-bourgmestre, Besir Kaya, aujourd’hui sous les verrous. C’était aussi une politique tournée vers l’émancipation des femmes. Il y avait à Van un centre municipal pour les femmes, un bureau spécial pour la lutte contre les violences faites aux femmes et puis aussi un système de transport en commun gratuit pour les femmes.
A Van, il y a surtout un conseil des femmes. Mais le curateur Ibrahim Taşyapan est passé par là : au conseil des femmes, il a nommé ce vendredi un homme. Et toutes les réalisations mentionnées ci-avant ont été supprimées.
Dans le district d’Erçis, toujours à Van, Şirin Yaşar, le gouverneur qui fait maintenant office de curateur, a résumé dans un changement symbolique toute la portée de l’œuvre des curateurs :
La municipalité DBP avait créé un vignoble, qui avait été ouvert le 1 avril 2015. Ce vignoble commémorait le génocide des Arméniens un siècle plus tôt. Sur le fronton du vignoble, un mot dans les trois langues turque, arménienne et kurde : le mot « paix ». Ce mot a disparu dans ses versions kurdes et arméniennes avec l’arrivée du curateur.
BAKUR — KURDISTAN DU NORD
RÉFUGIÉS ÉZIDIS — NOUVEAU DRAME
Les ézidis de Sengal vivent un nouveau drame. Il y a 3 ans, ils avaient fui les massacres commis par Daesh. Beaucoup s’étaient réfugiés au Kurdistan du nord, à Amed. Aujourd’hui, le curateur de la ville a fermé leur camp, et les Ezidis ont été déportés vers des camps gérés par l’AKP. Ces camps sont réputés pour être des lieux de recrutement du Daesh.
Les réfugiés de Sengal qui avaient trouvé refuge à Amed, la capitale du Kurdistan du nord, en Turquie, vivaient dans le camp de réfugiés de Fidanlik. Ils étaient pris en charge par les autorités municipales et par la population. Médecins sans frontières soignait ces Ézidis qui avaient survécu au génocide. Des psychologues travaillant pour des ONG internationales s’occupaient également des réfugiés ayant subi des traumatismes.
Et puis, les élus de Yenisehir ont été emprisonnés et remplacés par un curateur, Mehmet Güzel.
Une fois en place, ce curateur a décidé de fermer le camp de réfugiés de Fidanlik et de renvoyer tous ses occupants vers des camps AFAD, à Nuseybin et à Mydiat, des camps gérés par les autorités d’Ankara. Ces camps AFAD sont depuis leur création au centre de toutes les discussions : viols, abus sexuels, quartiers généraux pour le Daesh qui y loge, s’y entraine et recrute.
Pour faire partir les réfugiés ézidis, le curateur a eu recours à plusieurs manœuvres : interdiction a été faite aux employés de la municipalité de se rendre dans le camp, on a menacé de couper l’eau et l’électricité, on a fait des promesses de départ vers l’Europe, on a posé de barbelés partout autour du camp, le camp a été entouré de gendarmes. Et puis, finalement, ce vendredi, les tentes ont été démontées et les 1250 réfugiés ont été expulsés.
Rappelons aussi que les réfugiés ézidis n’ont jamais eu de statut légal de réfugié en Turquie.
AMED — QUARTIER DE SÛR
LE PROJET TOLÈDE
Sûr, c’est le quartier historique de la ville d’Amed, également connue sous le nom turc de Diyarbakir. Aujourd’hui, Sûr est un quartier détruit. Les forces turques ont rasé des églises et des mosquées historiques, de même que des bâtiments vieux de 300 ans. La Turquie tente de justifier ce crime en faisant une comparaison avec la ville de Tolède qui avait été reconstruite après la guerre d’Espagne.
[vsw id=“Sc5qV_U3eXM” source=“youtube” width=“640” height=“344” autoplay=“no”]
Le 28 novembre 2015, le bâtonnier de la ville d’Amed, Tahir Elçi, est assassiné devant l’un des monuments historiques de sa ville. Plusieurs témoins ont confirmé que ce meurtre avait été organisé par les forces de l’ordre turc.
Juste après son assassinat, le couvre-feu était déclaré sur le quartier de Sûr. Ce sera le début d’une de ces vagues atroces de violence qui ont secoué le Kurdistan du nord. Des centaines de victimes, des milliers de maisons détruites. Et aujourd’hui encore, les destructions de maisons continuent.
Sur les images satellite, on dénombre 1300 maisons détruites rien que pour la zone de Hasirli.
Mais les premiers ministres et les ministres de l’AKP répètent en chœur qu’ils feront de Sûr une nouvelle Tolède, que tout sera reconstruit ; mais ce 28 décembre, les projets du nouveau Sûr ont été dévoilés.
Une compagnie proche du gouvernement, BHA planning, s’occupera des travaux. Il s’agira de concrétiser la destruction totale de Sûr, d’y percer des larges routes là où il n’y avait que des ruelles. L’objectif est sécuritaire : permettre aux 6 nouveaux postes militaires qui encadreront Sûr de communiquer entre eux.
La co-présidente de la chambre des architectes de Diyarbakir, Busra Sadak, a évalué le nouveau projet.
Elle explique que les routes prévues se feront sans tenir compte des bâtiments cadastrés. Grâce à l’etat d’urgence, les délais légaux qui encadrent la publicité de tels plans a été ramenée à 15 jours. C’est beaucoup trop peu pour mobiliser les propriétaires et les habitants de Sûr et mener une action concertée.
Or, les familles de Sûr ne veulent en aucun cas vivre à proximité de postes militaires. Les gens veulent simplement retourner vivre dans leurs anciens quartiers, là où ils vivaient.
Pour Sadak, le projet ignore totalement les résidents de Sûr. Il supprimera la richesse structurelle de ce quartier historique.
FRANCE — TURQUIE
MANIFESTATIONS
Vous le savez, l’homme qui a assassiné le 9 janvier 2013 à Paris trois militantes kurdes s’appelait Omer Güney. L’enquête menait directement en Turquie, dans les bureaux des services secrets. Mais la justice française a retardé la tenue du procès, et le principal suspect est mort en prison…
Sakine Cansiz, Leyla Söylemez et Fidan Dogan avaient toutes trois été tuées de trois balles tirées à bout portant dans la tête par Ömer Güney, un tueur qui avait reçu ses instructions du MIT, les services secrets de Turquie. Ömer Güney est mort à 34 ans à l’hôpital de la Salpetrière à Paris, son procès n’aura donc pas lieu.
[vsw id=“Ne7vFdd5h8s” source=“youtube” width=“640” height=“344” autoplay=“no”]
A travers toute l’Europe, des manifestations ont dénoncé devant les consulats de France la complicité de la République française avec le gouvernement turc qui dépêche des assassins sur le territoire français.
A Berlin, des panneaux brandis par les manifestants résumaient le sentiment général : La France a sacrifié la Loi à Erdogan.
A Frankfort, à Hanau, à Zurich, à Bruxelles, à Copenhague, à Marseille et à rennes, les manifestants ont dénoncé le silence de la France et les assassinats politiques qui se commettent sur son territoire.
*
*
Rappelons aussi qu’en Belgique, le journaliste Maxime Azadi, qui suit de près ce procès et qui se trouvait ici en compagnie de Fidan Dogan, a été arrêté ce 15 décembre par les autorités belges, sur mandat d’Interpol émis par la Turquie. Maxime Azadi a finalement été relâché 13 jours plus tard, mais son sort n’a toujours pas été fixé par le juge belge de Turnhout.