Müj­gan Ekin, mil­i­tante fémin­iste, présen­ta­trice et pro­duc­trice de la chaîne kurde Özgür Gün, et mem­bre du Con­seil Munic­i­pal de Sur, quarti­er his­torique de Diyarbakır récem­ment rasé, avait “dis­paru” après sa mise en garde-à-vue à Ankara le 24 novembre.

Son père Esat Ekin, a annon­cé aujour­d’hui, lors d’une con­férence de presse organ­isée dans les locaux du IHD (Asso­ci­a­tion des Droits Humain) que Müj­gan a été libérée après avoir subi des tor­tures pen­dant 48 jours, à Jerablus.

Müj­gan, libérée curieuse­ment à Jer­ablus, ville sous con­trôle de l’ar­mée turque, a réus­si à con­tac­ter sa famille par télé­phone, le 11 décem­bre. La famille a pu de nou­veau con­tac­ter Müj­gan, pour con­firmer sa libéra­tion, seule­ment le 25 décembre.

Vous le savez, nous avions appris que Müj­gan avait été enlevée le 24 novem­bre à Ankara, devant les caméras de sécu­rité et des témoins. Le Pro­cureur de la République avait été sol­lic­ité sans aucun résul­tat. On nous a fait savoir, qu’elle a été relâchée à Jer­ablus, après avoir été tor­turée par la police pen­dant 48 jours”.

Son père a trans­mis le mes­sage de Müj­gan en soulig­nant que la plus grande rai­son de sa libéra­tion est le fait que son cas ait été relayé par cer­tains médias et les réseaux soci­aux, et qu’elle ait été soutenue par les organ­i­sa­tions de société civile et par le peu­ple. “Si le peu­ple ne m’avait pas soutenue, vous retrou­ver­iez mon cadavre. Je vous remercie.”

Le Co-prési­dent du IHD Öztürk Türk­doğan en rap­pelant les dis­pari­tions de Hurşit Kül­ter, Taşkın Yasak, et les polémiques qui avaient suivi leur réap­pari­tion a ajouté :

Je ne veux pas entr­er dans des polémiques. Nous ne pou­vons qu’être heureux de ne pas con­stater des cas de dis­pari­tion sous garde-à-vue dans ce pays. Les cas de Hurşit Kül­ter, Taşkın Yasak et Müj­gan Ekin ont démon­tré que des garde-à-vue non enreg­istrées se déroulent. Sur ce sujet, le gou­verne­ment doit pren­dre des dis­po­si­tions et faire des enquêtes effi­caces car il s’ag­it là des crimes d’état”.

En effet, lors de ces libéra­tions, plutôt que s’en réjouir, cer­tains avaient ques­tion­né sur le “pourquoi” de ces libéra­tions, comme si la règle était pour toutE mil­i­tantE qui se respecterait la mort en “mar­tyr”. Le Co Prési­dent du HDP a voulu célébr­er la vie et sa libéra­tion, plutôt que céder au culte “des morts en héros” sous la tor­ture, qui a la vie dure.

Öztürk a égale­ment souligné que le sort de cen­taines de per­son­nes restait encore incon­nu à ce jour.

Nous deman­dons les nou­velles de ces dis­paruEs tous les samedis depuis des années. Notre lutte con­tin­uera tant que la Turquie ne rem­pli­ra pas ses engage­ments inter­na­tionaux et que le sort de ces per­son­nes dis­parues aura été clar­i­fié et les auteurs traduits devant les tribunaux.”

La famille de Müj­gan souligne à juste rai­son l’im­por­tance juste­ment, d’or­gan­is­er des sol­i­dar­ités pour faire libér­er les “otages” et les vic­times de dis­pari­tion en garde à vue, en faisant con­naître leurs noms, leurs vis­ages, leur vie, le plus large­ment pos­si­ble. Et cela n’est pas val­able que pour la Turquie, comme le démon­tre l’im­por­tance des pub­li­ca­tions sur les réseaux soci­aux. Elles pro­lon­gent une habi­tude qui s’é­tait instal­lée dans les années 1980, puis 90 en Turquie de “crier son nom” le plus fort pos­si­ble et le plus de fois pos­si­ble lors des arresta­tions devant témoins.

Toutes les cam­pagnes de sou­tien ont donc leur importance.

Les lettres qu’on envoie aux pris­on­nierEs otages, même avec la cen­sure, témoignent de sou­tiens extérieurs et font entr­er une flamme à l’in­térieur des geôles. Les péti­tions, les partages sur les réseaux soci­aux, l’étab­lisse­ment de “listes” d’o­tages, les tours de veille devant les pris­ons, sont égale­ment autant de démarch­es de four­mis qui peu­vent sauver des vies ou con­tribuer à faire libér­er des pris­on­nierEs, même sous le pire des régimes.

Nous l’écriv­ions déjà pour Hurşit Kül­ter, si l’on con­sid­ère qu’unE défenseurE des droits humains est plus utile pour la com­mu­nauté humaine, vivantE, plutôt que représen­téE mortE dans un cadre en bois, on se doit de tout faire pour arracher des libéra­tions, ou obtenir des nou­velles de “dis­paruEs”.


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