Le 5 jan­vi­er, 1128 uni­ver­si­taires, “Uni­ver­si­taires pour la Paix” (Barış İçin Akademisyen­ler ou BAK) avaient signé et pub­lié un texte appelant à la paix, sous le titre “Nous ne serons pas com­plices de ce crime”. Très rapi­de­ment, ces uni­ver­si­taires avaient été pris pour cible par l’E­tat : gardes-à-vue, arresta­tions, licen­ciements, se sont poursuivis.

Dès les pre­mières semaines, devant la réac­tion du régime, divers groupes et mem­bres de la société civile avaient apporté leur sou­tien aux uni­ver­si­taires. (Vous pou­vez trou­ver un topo sur divers sou­tiens ici, liens inclus). Ces groupes et col­lec­tifs s’é­taient organ­isés sou­vent selon leur secteur ou par cor­po­ra­tion, telles que les archi­tectes, édi­teurs, jour­nal­istes, pho­tographes ou encore cinéastes. Ce sont ces derniers qui sont main­tenant dans la ligne de mire.

La Direc­tion de la Sécu­rité de la Pré­fec­ture d’Is­tan­bul, a ouvert une enquête con­cer­nant les 443 per­son­nes, actives dans le secteur du ciné­ma qui avaient soutenu les uni­ver­si­taires signataires.

Une note, signée de la main du Directeur de la Sécu­rité d’Is­tan­bul Hay­dar Özdemir, a été envoyée au syn­di­cat des comé­di­ens. Le syn­di­cat est prié, par ce cour­ri­er, de fournir aux autorités, les infor­ma­tions d’i­den­tités et les coor­don­nées des per­son­nes dont les noms sont listés et informe comme ceci :

Une enquête a été entamée “pour apolo­gie de crime et de crim­inels”, à l’en­con­tre de 433 per­son­nes déclarées comme tra­vail­lant dans le secteur du ciné­ma, qui ont pub­lié un com­mu­niqué pour soutenir les per­son­nes qui [eux mêmes] avaient pub­lié un com­mu­niqué dont le thème et le con­tenu con­stituent un délit et qu’alors, une enquête pour­suiv­ait son cours, sous le n° 2016/5734 pour “pro­pa­gande pour organ­i­sa­tion ter­ror­iste” à l’en­con­tre de 1128 sus­pects ayant pub­lié ce soit dis­ant appel, sou­tenant les négo­ci­a­tions de paix.

Dans un lan­gage moins ampoulé, c’est tout sim­ple­ment une enquête à l’en­con­tre de 433 femmes et hommes de ciné­ma qui ont soutenu les 1128 uni­ver­si­taires qui sont pour­suiv­is pour avoir soutenu la Paix. A qui est le tour ?

Kedis­tan relayait le 17 jan­vi­er 2016, dans l’ar­ti­cle inti­t­ulé “Com­ment ampli­fi­er l’exigence de paix au Kur­dis­tan turc ?” :

Fort heureuse­ment les sou­tiens se mul­ti­plient à l’époque : 

Un gou­verne­ment européen va-t-il demain répon­dre aux exi­gences du gou­verne­ment AKP et nous pour­suiv­re aus­si pour “apolo­gie du ter­ror­isme”, comme la Bel­gique a répon­du en plaçant pour les mêmes motifs en garde à vue Maxime Aza­di, un jour­nal­iste kurde en Belgique ?

Depuis, après le putsch raté que l’on sait, après la pour­suite des mas­sacres et destruc­tions au Bakur, après l’ir­rup­tion de l’ar­mée turque en Syrie, accom­pa­g­née de sup­plétifs, après les grandes purges, l’u­nion nationale et l’é­tat d’ur­gence, la polar­i­sa­tion est telle, que la peur et la haine gag­nent plus que la solidarité.

Et comme les pays européens ne font que défendre leurs fron­tières face aux réfugiés, et pra­tiquent la poli­tique de l’autruche, on peut crain­dre que la résistible ascen­sion d’Er­do­gan accom­pa­gne celle des pop­ulismes iden­ti­taires et nation­al­istes européens.

Alors, amis cinéastes européens, vous dresserez vous demain lorsqu’ils vien­dront chercher les 443 ?


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