Figen Yük­sek­dağ Co-prési­dente et députée du HDP, a été arrêtée le 4 novem­bre. Accusée de “pro­pa­gande pour une organ­i­sa­tion ter­ror­iste”, elle com­para­is­sait une pre­mière fois devant le tri­bunal de Mersin le 20 décembre.

Figen était présente depuis la prison, par télé­com­mu­ni­ca­tion (SEGBIS). Il s’agis­sait de la pre­mière audi­ence du procès ouvert à son encon­tre pour son dis­cours pronon­cé à Mersin le 19 mars 2016, lors des célébra­tions du Newroz, la fête kurde célébrant le print­emps. Elle est pour­suiv­ie pour cer­tains con­tenus de ce discours.

Des civils sont morts

Figen, lors de sa défense a précisé :

Je suis accusée pour un dis­cours que j’ai pronon­cé dans une activ­ité de Newroz, que nous avions décidé de célébr­er en tant que par­ti. Je suis accusée d’avoir fait de la pro­pa­gande pour une organ­i­sa­tion ter­ror­iste, pour avoir dit dans le dis­cours que j’ai pronon­cé, que ‘je salu­ais depuis les lieux, celles et ceux qui résis­taient pour la lib­erté, à Cizre, à Sur, à Silopi et celles et ceux qui y étaient tombéEs Mar­tyrs.’ A l’époque où j’ai pronon­cé ce dis­cours, une tragédie se déroulait à Cizre, Sur et Silopi. Dans cette péri­ode, de nom­breuses per­son­nes civiles, y ont per­du la vie. Encore aujour­d’hui, les villes sont rasées. Tout le mécan­isme de vie est détru­it. Mais nous avons voulu dire stop. Nous ne voulions pas que cela se passe comme cela, pour tant des per­son­nes vivant dans ce pays. Et mon dis­cours était pronon­cé pour met­tre fin à tout cela.”

La Turquie est dans un chaos

Le pou­voir poli­tique fait couler le sang. Au point où la Turquie se trou­ve, la sit­u­a­tion poli­tique est a un niveau où on ne peut pas vivre avec des critères humains. Mes paroles ne sont pas indéfend­ables. Elles sont claires et nettes. J’ai salué touTEs les civilEs mas­sacréEs, du bébé de trois mois, jusqu’à Mère Tay­bet dont le corps est resté en attente au milieu de la rue durant une semaine. Ce que nous voulons encore aujour­d’hui, c’est que les gens puis­sent vivre libres. Ce que nous voulions à cette époque était aus­si cela. La Turquie est en ce moment dans un chaos. Aujour­d’hui encore, si on le souhaite, on peut sor­tir de ce chaos.”

Ceux qui ont commis des crimes contre l’humanité ont fait un coup d’Etat

J’u­tilise mon droit de révolte pour que les gens puis­sent vivre. Or, alors que nous n’avons même pas fait mal à une seule per­son­ne, des per­son­nes qui ont enlevé la vie de plusieurs autres par­lent en pub­lic. Ceux qui doivent être jugés, c’est eux. Ici, ceux qui ont com­mis des crimes con­tre l’hu­man­ité ont fait un coup d’E­tat. Parce que le compte des injus­tices ne leur est pas demandé. Tant qu’ils n’au­ront pas ren­du des comptes sur les injus­tices main­tenant, d’autres gangs appa­raitront demain. Nous ne croyons pas que les prob­lèmes peu­vent être réso­lus par la vio­lence, c’est pour cette rai­son que nous avons choisi la voie politique.”

Nous n’avons rien à perdre

Il y a aucun compte que ne ne pou­vons pas ren­dre sur ce que nous avons dit. Mais nous, nous ren­drons nos comptes seule­ment à notre peu­ple. Ces juge­ments sont des juge­ments faits sur des paroles de Pre­mier Min­istre, de Prési­dent de République. Nous n’avons rien à per­dre d’autre que ce que nous pou­vons per­dre poli­tique­ment. Et ces juge­ments vont être inscrits dans l’his­toire de la Turquie, comme des erreurs historiques.”

Le Tri­bunal a décidé de réu­nir ce dossier avec un autre qui con­cerne un autre dis­cours pronon­cé tou­jours à Mersin, dans une autre célébra­tion. Le procès a été reporté au 22 décembre.

Figen Yüksekdağ

Lors des célébra­tions de Newroz à Mersin. 19 mars 2016

L’audience suivante

Le 22 décem­bre, tou­jours par télé­com­mu­ni­ca­tion, Figen s’est à nou­veau exprimée.

Comme Sela­hat­tin Demir­taş égale­ment Co-prési­dent et député du HDP en prison, pré­ci­sait dans sa défense lors de son récent procès, Figen a rap­pelé, elle aus­si, qu’elle est tou­jours députée :

Le fait que le droit même d’ac­tiv­ité poli­tique devi­enne objet d’un procès sig­ni­fie la vio­la­tion des droits per­son­nels et de la démoc­ra­tie. Il est ques­tion d’une étrangeté tant du point de vue poli­tique que juridique.”

Ces juge­ments sont devenus des prob­lèmes inter­ro­geant la glob­al­ité de l’ac­tion poli­tique. Ce sont les con­séquences des régimes autori­taires, et du régime autori­taire qu’on essaye de con­stru­ire en Turquie. Le sys­tème juridique est aban­don­né à la pres­sion du pou­voir poli­tique, et le principe de la sépa­ra­tion des pou­voirs est brisé. La sup­pres­sion de la sépa­ra­tion des pou­voirs, c’est la sup­pres­sion de la Jus­tice indépen­dante. Ce jeu est orchestré par la main de l’au­torité politique.”

Le pouvoir n’a pas de réponse

Ils ne peu­vent pas répon­dre à nos paroles poli­tique­ment. C’est pour cette rai­son que cette voie a été choisi. Le pou­voir poli­tique a choisi cette voie, en util­isant sa majorité inique dans le par­lement. Le pou­voir qui n’a pas d’ar­gu­ments pour répon­dre, nous a poussé vers la jus­tice. Comme deux enfants qui se bagar­rent dans le quarti­er, le pou­voir poli­tique, avec une approche enfan­tine, essaye de résoudre le prob­lème qu’il ne peut résoudre par la poli­tique, par la jus­tice et en emprisonnant.”

C’est le peu­ple qui a le pou­voir de con­damn­er les poli­tiques. Il ne donne pas son vote pour dire que nous ne faisons pas notre tra­vail et il sanc­tionne. Pour un poli­tique il ne peux exis­ter de con­damna­tion plus impor­tante. Il n’est pas pos­si­ble de con­damn­er [les poli­tiques] cette façon [par voie de tri­bunal], ori­en­té par le pouvoir.”

Se taire serait immoral

A Cizre, a Sur, et dans plusieurs autres endroits, nous devons faire face aux souf­frances vécues. Nous avons regardé tout ce qui a été vécu, con­traire­ment au pou­voir poli­tique, par une autre fenêtre. Et nous avons dit ceci : Là-bas, ceux qui tenaient des armes, les ont util­isées con­tre le peu­ple, la pop­u­la­tion civile. Dans trois dif­férents sous-sols des per­son­nes ont été mas­sacrées sauvage­ment. Cela ne représente rien de me met­tre en prison, même si vous m’exé­cutiez, je dirai ces vérités. 

Ces per­son­nes ont été tuées sauvage­ment et ils étaient des civils. Des jeunes enfants ont été mas­sacrés. Des femmes âgées et des gens ont été mas­sacrés. Les pra­tiques des forces de sécu­rité en mis­sion dans la région n’ont pas été révélées. Ce sont des pra­tiques som­bres. Les corps de ces per­son­nes n’ont pas été don­nés à leur famille. Leurs corps ont été exposés nus. Pour moi, taire tout cela, face au pou­voir poli­tique serait la plus grande des immoral­ités. Je l’ai dit hier et je le dis aujour­d’hui. Même s’il s’ag­it d’une per­son­ne armée, dont le corps n’est pas don­né à sa famille ou exposé nu, cela ne fait aucune dif­férence. Bien évidem­ment que je deman­derais cela au pou­voir poli­tique. Ne pas le deman­der serait immoral.”

Après la défense de Figen, le Tri­bunal a à nou­veau reporté le procès au 28 févri­er prochain.


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