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Nous présentons deux magnifiques planches de BD de l’artiste italien Gianluca Costantini dont la devise est “Everything is art, everything is political” (Tout est Art, tout est politique)… Gianluca, en collaboration avec des journalistes, a produit plusieurs planches de “journalisme graphique”, notamment sur la Turquie.
Gianluca Costantini est un dessinateur, un artiste visuel. Il est né en 1971 à Ravenna. Il enseigne l’art de la bande dessinée à l’Académie des Beaux Arts de Bologne. Ses oeuvres ont été exposées dans plusieurs musées et galeries, comme la Galerie Lazarides à Londres en 2009, au Salon du dessin contemporain, au Carrousel du Louvre, à Paris en 2010, à Dox Centre d’Art Contemporain , au Musée de l’humour graphique Diogenes Taborda à Buenos Aires en 2014…
En Italie, son pays, ses dessins ont été exposés aux côtés des œuvres d’Alighiero Boetti au Musée d’Art Contemporain de Lissone en 2013, ou pour d’importantes installations et projets thématiques à la galerie D406 de Modène, au Centro Arti Opificio Siri à Terni.
En tant que journaliste graphique, en 2009, il a donné une conférence au Centre Arts Electronic à Linz et a participé en 2015, au Festival des Droits de l’Homme à Lugano.
Avec lui, le dessin peut devenir une performance, dans un dialogue magique avec différentes histoires et langues, comme les performances produites avec Hanif Kureshi au Teatro Alighieri à Ravenna, ou encore avec Emidio Clementi, le chanteur, bassiste et avec Massimo Volume à Modène.
Gianluca a tout un rayon sur le peuple kurde et les résistances en Turquie, entre autres, et des planches de soutiens et actions aussi bien pour Alep, que Keywan Karimi ou encore Chelsea Manning…
Notons avec sourire, que son blog avait été censuré par le gouvernement turc au mois de juin dernier.
Gianluca coopère aussi avec Alberto Tetta, journaliste et scénariste freelance, qui vit depuis dix ans en Turquie à Istanbul. Et Francesca Tosarelli, photojournaliste, camerawoman et directrice de crossmedia.
Gianluca Costantini | gianlucacostantini.com | Twitter @channeldraw
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PLANCHE 1
L’ivresse nationaliste qui a submergé Istanbul après la prise de pouvoir a pris fin, et la ville s’est réveillée avec le retour d’une apparente normalité.
C’est Erdoğan qui a laissé les hommes de son ex-ami Fetullah Gülen s’infiltrer à tous les niveaux de l’Etat, qui les a laissé devenir assez forts pour penser renverser le pouvoir par la force, mais ses supporters l’ont rapidement oublié.
La foule qui remplissait les rues pendant des semaines, comme l’a ordonné le président Erdoğan dans la nuit du coup d’état, a cédé la place aux rares touristes et aux habitants qui n’ont pas peur du risque de nouveaux attentats.
»> Aslı Erdoğan
Ecrivain de renommée internationale. Arrêtée lors d’une descente de la police à son domicile le 17 août. Et en en prison dans l’attente du jugement. Accusée de “propagande terroriste” pour ses éditoriaux publiés dans le journal pro-kurde Özgür Gündem.
Et aussi pour rappeler que quelques uns sont restés à l’intérieur.
»> Necmiye Alpay
Linguiste et traductrice septuagénaire. Toujours en faveur des négociations avec les combattants kurdes du PKK. Déjà été arrêtée sur ordre de la junte complotiste après le coup d’état en 1980, et encore en prison depuis le mois dernier. Qualifiée par les juges de “membre d’une organisation terroriste”.
»> Ahmet Altan
Journaliste gênant, fondateur de Taraf, un petit journal qui, depuis 2007, dénonce courageusement les crimes de l’armée turque intouchable. Au cours des 25 années passés, à plusieurs reprises, il a été licencié et jugé pour ses prises de position contre le nationalisme et pour la reconnaissance du génocide arménien. En septembre, a été arrêté avec lui son frère, l’écrivain Mehmet Altan, avec l’accusation d’avoir envoyé des “messages subliminaux pour le putsch” la nuit du coup d’état, pendant un “talk show” sur une radio locale.
Au prétexte de lutter contre les putschistes, la purge a balayé le pays et la hache de la répression supprime toutes les voix critiques.
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PLANCHE 2
»>Zana Kaya
Directeur et rédacteur en chef du journal Özgür Gündem, voix du mouvement kurde en Turquie. Arrêté après que les juges aient décidé de fermer le journal. Özgür Gündem est le dernier d’une longue série de journaux kurdes visés par les autorités turques. Sous l’accusation de “propagande terroriste”.
»> Inan Kızılkaya
Ecrivains de gauche, militants pour les droits de l’homme, journalistes, militants kurdes sont emprisonnés, et le peu d’espaces de liberté restants sont fermés les uns après les autres au nom d’une hypothétique “lutte contre les terroristes”.
Dans le silence des médias manipulés qui, à quelques exceptions près, reproduisent le discours officiel depuis le jour du putsch, Erdoğan a traîné le pays, déjà marqué par un conflit sanglant avec les combattants du PKK, dans le bourbier syrien.
»> Selahattin Demirtaş
Figen Yüksekdağ et Selahattin Demirtaş, co-présidents du Parti démocratique des peuples (HDP), ont été arrêtés ensemble avec huit autres députés de leur parti le 03 novembre. En mai le parlement a levé leur immunité parlementaire. Sont accusés de propagande terroriste. Le HDP, une coalition de la gauche turque et kurde, troisième force au Parlement, a toujours été en faveur des négociations, a été impliqué dans le processus de paix entre les combattantEs kurdes du PKK et le gouvernement turc d’Ankara qui a échoué il y a un an.
»> Figen Yüksekdağ
Mais dans un calme éphémère, la vie a repris son cours, dans la mégalopole du Bosphore, lentement, on recommence à respirer.
Du moins, pour l’instant…
Jusqu’à ce qu’un choc plus puissant, un nouvel attentat force l’opinion publique internationale à tourner son regard vers la Turquie qui, inexorablement, glisse en silence vers le régime…