Voici les “chroniques de la révo­lu­tion kurde”, présen­tées par Ron­ahi TV. Un retour sur la semaine du 10 décem­bre au 17 décem­bre 2016. Il s’agit de l’émission régulière en langue française, que vous trou­verez ici, chaque semaine.

Vidéo et texte en français

 

Les gros titres :

  • OPÉRATION «  COLÈRE DE L’EUPHRATE » • Vers RAQQA
  • STADE VODAFONE D’ISTANBUL • Vio­lentes explosions
  • PURGES DANS LES MILIEUX POLITIQUES • Des cen­taines de nou­velles arrestations
  • PRISONS TURQUES • Le règne de l’arbitraire
  • TURQUIE • 400 crimes d’E­tat en 2016
  • RÉSISTER • Les HPG à l’action
  • MOBILISATIONS EN EUROPE • Man­i­fes­ta­tions
  • MARAŞ • 38 ans après le massacre

OPÉRATION «  COLÈRE DE L’EUPHRATE »
VERS RAQQA

Les com­bat­tants des forces démoc­ra­tiques syri­ennes pour­suiv­ent leur pro­gres­sion vers la ville de Raqqa, la cap­i­tale du Daesh en Syrie. De nom­breux vil­lages ont été libérés cette semaine. Les com­bat­tants de la lib­erté sont main­tenant à moins de 50 kilo­mètres de la ville.

L’objectif des forces démoc­ra­tiques syri­ennes est de pren­dre la ville de Raqqa depuis l’ouest, en par­tant du can­ton de Tichrine. Au nord de la ville de Raqqa, de vastes éten­dues avaient déjà été repris­es au Daesh, et 24 vil­lages avaient été libérés lors de la pre­mière phase de l’opération colère de l’Euphrate.

Sur le front de l’ouest de la vile, les com­bat­tants de la lib­erté procè­dent de la même manière que lors de l’attaque sur le nord de la ville : deux corps d’armée pénètrent dans les lignes de Daesh à une trentaine de kilo­mètres l’un de l’autre, ce qui per­met de tenir dans une tenaille tous les vil­lages occupés avant que l’arrière du front ne se referme sur le Daesh.

Les deux bras de cette pince qui s’abat sur le Daesh sont par­tis des vil­lages de Ker­duşa et de Kirdiriyé. La tech­nique mil­i­taire est payante : Des dizaines de mem­bres du Daesh ont été tués pen­dant les com­bats. La ville de Raqqa est main­tenant à moins de 50 kilomètres.

STADE VODAFONE D’ISTANBUL
VIOLENTES EXPLOSIONS

La nuit de same­di à dimanche dernier, une dou­ble explo­sion sec­ouait le quarti­er du stade de foot­ball Voda­fone are­na d’Istanbul. Ces explo­sions ont été revendiquées par les fau­cons de la lib­erté du Kur­dis­tan, les TAK.

L’attaque d’Istanbul a visé des effec­tifs policiers qui se trou­vaient aux abor­ds du stade. Aux pre­miers décomptes, il y avait 38 per­son­nes tuées et une cen­taine de blessés.

Selon le com­mu­niqué du TAK, les deux explo­sions visaient les policiers. Le peu­ple turc, dit le com­mu­niqué, n’est pas une cible de leurs frappes. Cepen­dant, il est impos­si­ble que l’on puisse s’attendre à vivre con­fort­able­ment en Turquie tant que le régime de l’AKP con­tin­uera à tor­tur­er des mères, à expos­er quo­ti­di­en­nement les cadavres de jeunes filles et d’enfants. Pour le TAK, le seul respon­s­able de ce chaos, c’est le régime de l’AKP.

Le com­mu­niqué du TAK par­le d’une cen­taine de policiers tués. Les réac­tions poli­tiques ne se sont pas fait attendre.

Dès le lende­main, le par­ti HDP réagis­sait en con­damnant fer­me­ment cette attaque. Le par­ti HDP a d’ailleurs présen­té ses con­doléances aux familles des vic­times avec lesquelles il partage la douleur.

Et Depuis sa prison, le prési­dent du HDP, Sela­hat­tin Demir­taş, a égale­ment réa­gi. Pour Demir­tas, les prob­lèmes ne peu­vent se régler qu’à tra­vers une poli­tique démoc­ra­tique. Mais il tient le par­ti AKP pour le respon­s­able poli­tique de cette dou­ble attaque à l’explosif. Pour Demir­tas, l’AKP dirige le pays, et il doit ren­dre des comptes non seule­ment devant la pop­u­la­tion mais aus­si dans l’enceinte par­lemen­taire pour ces attaques.

Quant à la respon­s­abil­ité du par­ti HDP, Sela­hat­tin Demir­taş a affir­mé que les mem­bres de son par­ti démis­sion­neraient immé­di­ate­ment s’il y avait une quel­conque preuve qu’il y ait un lien entre le par­ti et les agisse­ments du TAK. Une preuve qui pour­rait aisé­ment être mise sur la table, dit Demir­taş, puisque la police pré­tend avoir mis aux arrêts les respon­s­ables de la dou­ble explosion.

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PURGES DANS LES MILIEUX POLITIQUES
DES CENTAINES DE NOUVELLES ARRESTATIONS

Cette semaine, les autorités turques ont procédé à l’arrestation de cen­taines de respon­s­ables poli­tiques des par­tis DBP et HDP. 904 respon­s­ables du par­ti DBP et 400 respon­s­ables du HDP ont été enfer­més depuis ce 8 décembre.

904 respon­s­ables du par­ti DBP ont été arrêtés cette semaine. 242 d’entre eux ont déjà été empris­on­nés, et les 662 autres atten­dent tou­jours d’être fixés sur leur sort en déten­tion préven­tive. Depuis le pre­mier novem­bre, on en est déjà à 3105 arresta­tions dans les milieux du par­ti DBP.

Il y a par­mi les per­son­nes arrêtées une soix­an­taine de co-bourgmestres, ce qui a per­mis au gou­verne­ment de pren­dre le con­trôle de 41 munic­i­pal­ités où le par­ti DBP avait pris les rênes du pou­voir par la voie des urnes.

Du côté du par­ti HDP, il y a eu depuis le coup d’état réus­si d’Erdogan en juil­let 2015, 8432 arresta­tions et 2360 condamnations.

Depuis le 12 de ce mois, on en est déjà à 400 arresta­tions dans les rangs du par­ti HDP.

Les bâti­ments du par­ti HDP ont égale­ment été attaqués cette semaine par les raids policiers à Istan­bul, à Ayva­lik, à Edremit, et à Eskişe­hir. Des mil­i­tants nation­al­istes ont égale­ment pris part à la curée et ont attaqué spon­tané­ment les bureaux du Yalo­va, de Büyükçek­mece, d’Iskenderun, de Konya, d’Adalar, de Balike­sir et de Kay­seri depuis le 11 décembre.

Par­mi les per­son­nes arrêtées de cette semaine, il y a Çaglar Demirel, la prési­dente du groupe par­lemen­taire HDP à la cham­bre. Les pro­cureurs récla­ment à son encon­tre une peine de 23 ans de prison.

Des man­dats d’arrêts sont égale­ment lancés à l’encontre des députés HDP Osman Bay­demir, Dirayet Taşdemir, Sel­man Irmak, Ahmet Yildirim, Ali­can Önlü et Nadir Yildirim.

Les per­son­nes qui ne sont pas élues ni même mem­bres d’un par­ti mais qui man­i­fes­tent con­tre ces purges sont égale­ment empris­on­nées. 12 étu­di­ants de l’université de Mun­zur ont été arrêtés mar­di. 8 d’entre eux ont déjà été envoyés à la prison d’Elazig pen­dant que leurs qua­tre cama­rades sont tou­jours retenus dans les locaux de la police de Dersim.

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PRISONS TURQUES
LE RÈGNE DE L’ARBITRAIRE

Les pris­ons turques regor­gent d’élus, de respon­s­ables poli­tiques et de journalistes.

Pour toutes ces per­son­nes empris­on­nées, c’est le règne de l’arbitraire. Les règles élé­men­taires d’un état de droit y sont totale­ment absentes.

Retour sur qua­tre pris­on­niers emblé­ma­tiques, les coprési­dents du HDP, Sela­hat­tin Demir­taş et Figen Yük­sekdag, le co-bourgmestre de la métro­pole de Mardin, Ahmet Türk et le théoricien de la cause kurde, Abdul­lah Öcalan.

Same­di passé, Sela­hat­tin Demir­taş, le co-prési­dent du par­ti HDP, a été vic­time de trou­bles car­diaques. Bien que ses prob­lèmes de san­té soient con­nus des autorités péni­ten­ti­aires, il ne reçoit aucun soin.

Figen Yük­sekdag, la co-prési­dente du par­ti, retenue à la prison de Kandi­ra depuis le 4 novem­bre, est retenue seule dans une cel­lule de trois per­son­nes. Les cel­lules voisines ont été égale­ment vidées afin de laiss­er la détenue dans le plus com­plet isolement.

Le juge d’application des peines, à qui une demande de ces­sa­tion de ces mesures d’isolement a été intro­duite, n’y voit nulle vio­la­tion des lois ou des traités internationaux.

Yük­sekdag n’a pas non plus la pos­si­bil­ité de recevoir des vis­ites, ni de con­vers­er 9 heures par semaine avec une dizaine de codétenues, comme la loi en Turquie le prévoit pourtant.

Ses entre­tiens avec ses avo­cats sont enreg­istrés et un garde se tient en per­ma­nence à leurs côtés.

Ahmet Türk, le co-bourgmestre de la métro­pole de Mardin, est enfer­mé la prison de Silivri depuis trois semaines ; Il refuse de se ren­dre menot­té à l’hôpital. Son épouse, Mülkiye Türk, a expliqué lors d’une inter­view qu’il con­sid­érait n’être pas un voleur ou un assas­sin. C’est un homme poli­tique qui résiste avec dig­nité. Vu son âge, il ne peut pas de s’échapper. Ce port injus­ti­fié  des menottes sert juste à bris­er la dig­nité du co-bourgmestre de la métropole.

Et pour­tant, Mr Türk souf­fre lui aus­si de sérieux prob­lèmes de san­té, à l’estomac, au cœur et au foie.

Enfin, le sort de Mr Öcalan n’est guère envi­able non plus. En isole­ment dans sa prison de l’île d’Imrali depuis 18 ans, il n’a plus non plus la pos­si­bil­ité de ren­con­tr­er ni ses proches ni sa famille. Il a juste eu la pos­si­bil­ité d’une vis­ite de son frère quand 50 respon­s­ables poli­tiques kur­des avaient entamé une grève de la faim au fin­ish. Depuis, Mr Ocalan est de nou­veau en isole­ment com­plet et per­son­ne n’a plus de nou­velles de lui.

Il faut cepen­dant soulign­er l’incurie du CPT, le comité européen pour la préven­tion de la tor­ture ; La Cour européenne des droits de l’homme a dès 2004 con­fir­mé que la sit­u­a­tion péni­ten­ti­aire de Mr Öcalan s’apparentait à de la tor­ture, mais le Cpt a jugé bon de s’en tenir aux déc­la­ra­tions des respon­s­ables de l’Etat turc pour ne pas ren­dre une vis­ite à l’île prison d’Imrali. Le CPT a le droit de vis­iter n’importe quelle prison s’en en deman­der l’autorisation, mais ils restent aveu­gles et sourds à la sit­u­a­tion du leader kurde. Par con­tre, mi-sep­tem­bre, ils avaient été en Turquie vis­iter les pris­on­niers du mou­ve­ment Gülen, en évi­tant soigneuse­ment d’aller là où les autorités leur affir­ment que tout va bien.

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TURQUIE
400 CRIMES D’ETAT EN 2016

C’est un rap­port de l’association IHD, l’association turques des droits de l’homme, qui l’affirme, il y a eu en 2016 plus de 400 per­son­nes qui ont été assas­s­inées par les policiers ou par les mil­i­taires turcs.

Un doc­u­ment de ser­vice des forces de l’armée de terre turque du 30 juil­let 2015 pré­cise que les sol­dats ne doivent pas hésiter à utilis­er leurs armes lors de l’interrogation de per­son­nes sus­pectes. Le doc­u­ment stip­ule que les sol­dats ne seront pas poursuivis.

La porte est donc ouverte. Grâce à cette impunité, les sol­dats se per­me­t­tent même d’exhiber leurs crimes sur les réseaux soci­aux, et en par­ti­c­uli­er les corps mutilés des com­bat­tantes de la guérilla.

400 crimes d’état en une seule année ! Il y avait eu Sêvê Demir, Pak­ize Nayir et Fat­ma Uyar, le 4 janvier.

Il y a eu l’exécution de ces treize vil­la­geois à Dara, un vil­lage proche de Yuk­seko­va, la nuit du 10 avril.

Et toutes ces per­son­nes arrêtées et puis assas­s­inées, comme Fer­di Yildirim, Zilan Kurt, Reber Yamaç, Cen­giz Erdem.

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Les autorités turques ne se con­tentent pas de tuer sur leur pro­pre ter­ri­toire. L’Europe devient leur ter­rain de chasse.

Il y avait eu l’assassinat, en jan­vi­er 2013, des trois mil­i­tantes de la cause kurde, Sakine Can­siz, Ley­la Söyle­mez et Fidan Dogan.

Tout sem­ble prêt pour que les ser­vices secrets turcs recom­men­cent à tuer sur le sol européen.

A Ham­bourg, en Alle­magne, Mehmet Fatih Sayan, un espi­on turc ren­seignait le MIT, les ser­vices secrets, sur les activ­ités de citoyens kur­des d’Allemagne. Se faisant pass­er pour un reporter de Denge TV, l’espion avait été démasqué par les jour­nal­istes du jour­nal Yeni Özgür Poli­ti­ka. Il rassem­blait des doc­u­ments pour pré­par­er des assas­si­nats par le biais d’une équipe de tueurs turcs en place dans la ville de Brême. Sayan a été arrêté ven­dre­di par la police alle­mande. Ses notes ont per­mis de savoir que les co-prési­dents du Kon­gra-gel, Ramzi Ker­tal et du KCDK‑E, Yük­sel Koç, étaient par­ti­c­ulière­ment suiv­is de près par le MIT.

RÉSISTER
LES HPG À L’ACTION

Les unités kur­des de la guéril­la mènent des opéra­tions con­tre les forces répres­sives de la police et de l’armée turque. Cette semaine, la guéril­la a abat­tu un avion bom­bardier de type F‑16 qui reve­nait d’une mis­sion de guerre.

L’unité HPG Mar­tyr Azad Far­qin a abat­tu un avion F‑16 qui avait décol­lé de l’aéroport mil­i­taire d’Amed pour bom­barder des zones kur­des. L’avion est tombé en flammes à 19h30 ce lun­di. L’unité de la guéril­la qui a mené l’attaque est ensuite ren­trée vers sa base.

Les médias turcs ont affir­mé que e l’avion était tombé lors d’un vol d’entrainement.

Les témoignages recueil­lis sur place par l’agence ANF font état de tirs intens­es avant que l’avion ne se déchire en deux dans les airs. Les deux pilotes ont pu s’extraire de leur appareil grâce à leurs para­chutes. L’un des deux pilotes, une femme, a été recueil­lie par des vil­la­geois de Çarik­li, tan­dis que l’autre pilote, un homme, a paniqué quand les vil­la­geois sont venus à son sec­ours. Il les a main­tenus à dis­tance avec son arme et a atten­du que la police vienne le rechercher.

Un quart d’heure après le crash, les vil­lages étaient entourés par plus de 70 véhicules blindés.

Ce same­di, un bus trans­portant des com­man­dos spé­ciale­ment entrainés a aus­si été souf­flé par une explo­sion. Le car pas­sait à prox­im­ité du cam­pus de l’université d’Erciyes.

Le com­mu­niqué des forces armées turques a annon­cé la mort de 13 sol­dats. 48 autres sol­dats ont été blessés. Pour l’instant, il n’y a pas encore eu de revendication.

MOBILISATION EN EUROPE
MANIFESTATIONS

De nom­breuses man­i­fes­ta­tions ont encore eu lieu cette semaine en Europe. En Alle­magne, mais aus­si en France et en Suisse.

C’est à Genève, en Suisse, qu’une man­i­fes­ta­tion organ­isée à l’occasion de la journée des droits de l’homme, le 10 décem­bre, a rassem­blé des intel­lectuels suiss­es, des respon­s­ables poli­tiques et des citoyens kur­des, tous déter­minés à con­damn­er le régime répres­sif du prési­dent de Turquie, Recep Tayyip Erdogan.

Car­lo Som­maru­ga, du par­ti social­iste suisse, a affir­mé que l’on n’accepterait jamais l’emprisonnement des élus du HDP. Erdo­gan, a‑t-il dit, Ter­rorise tous les cer­cles démoc­ra­tiques en igno­rant les fon­da­men­taux de la justice.

Ueli Leuen­berg­er, du par­ti des verts, a rap­pelé que les Droits de l’homme ne changent pas en fonc­tion du pays. Ces droits appar­ti­en­nent à quiconque habite sur cette planète et il est de la respon­s­abil­ité de tous ceux qui recon­nais­sent ces droits d’agir quand ces droits sont bafoués. C’est pourquoi l’ancien chef du groupe des verts en Suisse a rap­pelé que tant son pays que l’Europe devait pren­dre des mesures con­tre la dic­tature d’Erdogan, immédiatement.

Et puis, il y avait aus­si Jean Ziegler, cet intel­lectuel et homme poli­tique qui a été rap­por­teur spé­cial des Nations Unies sur le droit à l’alimentation. Pour Ziegler, se bat­tre con­tre Erdo­gan, c’est défendre les valeurs de l’humanité. Face à celui qu’il décrit comme un affamé du pou­voir, Ziegler estime aus­si que tous les peu­ples du monde, le gou­verne­ment fédéral suisse, les nations Unies et le con­seil de l’Europe doivent se mon­tr­er sol­idaires du peu­ple kurde et se bat­tre con­tre Erdogan.

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A Lyon, le même jour, une autre man­i­fes­ta­tion organ­isée par 28 organ­i­sa­tions de femmes s’est tenue en face du Con­sulat de Turquie. Ces femmes dénonçaient l’emprisonnement des intel­lectuelles, des jour­nal­istes et des écrivaines comme Asli Erdo­gan et Necmiye Alpay.

A Mar­seille, Des man­i­fes­tants se sont ren­dus en face du bâti­ment du gou­verneur pour deman­der à ce que jus­tice soit faite con­cer­nant le triple assas­si­nat de Paris en 2013.

Fidan Dogan, Ley­la Söyle­mez et Sakine Can­siz avaient été assas­s­inées par un cer­tain Ömer Güney, com­man­dité par les ser­vices secrets turcs. L’assassin n’en dira mal­heureuse­ment jamais plus sur les com­man­di­taires qui l’avaient envoyé assas­sin­er les trois femmes : il est mort hier same­di dans sa prison de Paris. Les caus­es de sa mort sont tou­jours inconnues.

En Alle­magne, d’autres man­i­fes­ta­tions ont encore eu lieu cette semaine à Biele­feld, à Ham­bourg, des man­i­fes­ta­tions qui dénon­cent l’emprisonnement d’Abdullah Öcalan.

MARAŞ
38 ANS APRÈS LE MASSACRE…

Ce 19 décem­bre, cela fai­sait 38 ans exacte­ment qu’avait eu lieu le mas­sacre de Maraş. Sous le cou­vert du secret d’Etat, aucun respon­s­able n’a jamais été traduit en jus­tice. 150 per­son­nes ont été mas­sacrées par les loups gris et par des islamistes manip­ulés par la CIA. Pen­dant une semaine com­plète, du 19 au 26 décem­bre 1978, une chas­se aux Kur­des alévis a eu lieu dans la ville de Maraş. 150 per­son­nes y ont été froide­ment massacrées.

A Maraş, une ville à 75% peu­plée de Kur­des alévis, les tueries ont provo­qué l’exode de 80% des alévis. Ce mas­sacre avait été per­pétré tout juste un mois après que le mou­ve­ment kurde pour la lib­erté eût posé ses fon­da­tions. Il s’agissait alors de lancer un mes­sage à cette com­mu­nauté alévie qui soute­nait les mou­ve­ments révo­lu­tion­naires à tra­vers le pays. Selon les rap­ports, le mas­sacre a été plan­i­fié par 4 agents du MIT, les ser­vices secrets turcs, ain­si que par un agent de la CIA, Alexan­der Peck, qui s’était ren­du dans la ville juste avant le mas­sacre. Des respon­s­ables du par­ti MHP, des hommes d’affaires et de grands pro­prié­taires ter­riens avaient égale­ment été impliqués. Et puis, il y avait aus­si la bande de Susurluk, où on retrou­vait Abdul­lah Çatli et Haluk Kir­ci, tous pro­tégés par le secret d’Etat.

Le bourgmestre de Maraş était lui aus­si impliqué dans le mas­sacre. Et en 1991, le dossier judi­ci­aire a finale­ment per­mis l’inculpation de 804 par­tic­i­pants à la tuerie, qui ont tous reçu des peines de prison. Les 68 plus grands respon­s­ables par con­tre échap­paient aux autorités judi­ci­aires. Par la suite, tous ceux qui avaient reçu des peines de prison ont été libérés suite à l’Acte Anti-ter­ror­iste d’avril 1991, passé par Turgut Özalp, le prési­dent d’alors de la République turque.