Après l’attentat à la bombe de Kayseri d’aujourd’hui, suivi de l’attaque par les ultra-nationalistes de locaux du HDP, ces attaques ciblant le parti d’opposition, ses responsables, membres et soutiens s’étendent sur plusieurs villes en Turquie.
Ce n’est bien sûr pas la première fois que cela arrive, nous en avions eu l’exemple en 2015. Mais il est important de faire la différence, puisque les éluEs, militants, dirigeants, soutiens sont déjà en grand nombre en prison, et que les “foules” ont montré leur pouvoir de nuisance et de mort lors de l’après putsch de juillet, et la façon dont elles étaient manipulables par le pouvoir AKP.
Cette situation, pour le moment de saccages et destructions, peut dégénérer en lynchages, même si les dirigeants ultra-nationalistes pour l’instant ne poussent pas davantage les feux. Le gouvernement a lui, fait procéder à des arrestations… côté HDP.
A Kırşehir, une opération policière a été effectuée simultanément sur les locaux du HDP et résidences et lieu de travail des membres et responsables du parti. 22 membres ont été arrêtés, des documents ont été emportés. Les médias pro-régime servent l’info comme d’habitude, en copier-coller du Anadolu Agency, la voix de son maître, comme ceci : “De nombreux documents concernant le PKK ont été trouvés lors des perquisitions” et en précisant “les responsables soupçonnés d’avoir organisé des réunions illégales ont été arrêtés.”
Je meurs ou je tue…
Cette vidéo fait le tour des réseaux sociaux et est reprise par les médias. Un homme fait son “dernier discours” sur la route, allant vers les locaux du HDP, quelque part, rejoindre le rassemblement.
https://youtu.be/V0bJ74xl5B8—
Voici une traduction fidèle des propos.
- As-salam alaykum. Nous n’allons pas rester à la maison et prendre soin de notre confort. Après cette heure, qu’il arrive peu et prou ce qui doit arriver. En ce moment, je vais vers les locaux du HDP. Ce que Allah m’offre… Peut être que quelques connards, quelques pseudo humains de sang altéré (Kurdes, Alevis, Arméniens, Juifs… sans doute) me croiseront Inch’Allah.
(Voix off )
— Inch Allah…
- J’y vais, en prenant compte de cela. J’ai embrassé mes deux enfants. Si je meurs, que tout le monde pardonne mes ???(formulation traditionnelle) et si je tue, eh bien, il n’y a rien à faire. A l’heure qu’il est, que la Patrie soit bénie. Que la Patrie soit bénie. Que la Patrie soit bénie. Je ne trouve pas d’autres mots à dire à part cela. Je ne fais pas non plus de la provocation si Allah veut bien. A côté de moi, il y a Oguzhan Kartal, que j’aime comme un frère.
(L’homme fait le loup avec ses doigts, le signe des nationalistes)
— C’est pour la mort. Il n’y a pas de soucis.
- C’est à dire, nous allons le faire, il n’y a rien à faire. A partir de cette heure là, que personne ne me dise je suis membre du MHP, je suis “ülkücü” (appellation pour les ultra nationalistes, littéralement : idéaliste), je suis ceci, je suis cela. Que tout le monde reste confortablement. On n’est pas de ceux qui trainent leur cul dans des Mado, dans Özsüt (cafés). Nous aussi, il faut qu’on sache descendre dans les rues. Nous saurons nous aussi être un Kayseri [à la hauteur comme à Kayseri]. Avec la permission d’Allah, nous y allons. J’invite mes amis qui veulent venir, devant l’immeuble du HDP. Et je présente mes excuses à mon président de ‘foyer’ (les organisations locales du MHP). Je ne suis peut être pas lié à l’organisation, mais je suis sous leur ordre. En arrêtant cette vidéo, je voudrais finir mes paroles comme ceci : Je ne suis pas provocateur, je ne suis pas provocateur. Que vous soyez confié à Allah.
Le HDP appelle à la prudence
Le HDP a déclaré par un communiqué que les locaux du parti ont été attaqués dans plusieurs villes, telles que İstanbul, dans les quartiers Beykoz, Bayrampaşa, Eyüp, Beylikdüzü, Bağcılar, Üsküdar, Kartal, ainsi que Erzincan, Ankara, Çanakkale, Kocaeli Darıca…
“Le fait que les autorités ne répondent pas nos appels, démontre par qui les assaillants sont protégés et encouragés. Ceux qui ne prennent pas de précautions pour empêcher ces attaques, ouvrent la porte à ces provocations. Nous remercions le peuple qui s’approprie son parti et ne perd pas sa détermination, malgré ces attaques, et nous envoyons ce message de solidarité et de soutien à nos responsables locaux en les invitants à être prudents.”
Dégats matériels, ambiance électrique
Quartier Kartal à Istanbul : Dégâts matériels.
Beylikdüzü, Istanbul : Explosion.
Esenyurt, Istanbul : Tirs sur l’immeuble.
Erzincan centre : Le panneau d’enseigne arraché et détruit, drapeau turc accroché à la place…
Izmir, Bornova : Un groupe d’une vingtaine de personnes ont attaqué les locaux avec des bâtons, et forcé la porte.
Bursa, Yıldırım : Les locaux sont incendiés, local en grade partie détruit.
Çanakkale : Vitres caillassées par un groupe de 4, 5 personnes.
Darıca, Kocaeli : Tirs sur l’immeuble, vitres cassées.
A Yozgat aussi, un groupe d’ultranationalistes étaient en chemin, pour “casser du HDP”. C’est seulement en arrivant au centre ville, qu’ils se sont rendus compte que le HDP n’avait pas de local dans leur ville… Ils se sont donc dispersés.
Üsküdar Istanbul :
“Allahu ekber, şehitler ölmez” sloganlarıyla #HDP Üsküdar İlçe Örgütü önüne yürüyorlar. pic.twitter.com/GvBw2DoMgJ
— Sibel Yükler (@sipesipik) 17 décembre 2016
Bağcılar, Istanbul :
Bir grup ırkçı İstanbul’da tekbirlerle Bağcılar HDP binasına saldırıyor düzenleniyor ilk görüntüler… pic.twitter.com/iHBUJXyMcs
— metinyoksu (@metinyoksu) 17 décembre 2016