EDITO
Décembre. L’hiver s’installe, doucement, implacablement. Malheureusement, ce mois-ci encore, le flot de mauvaises nouvelles poursuit son cours, et le froid signifie aussi un durcissement des conditions de vie pour celles et ceux qui continuent de résister.
Alors que nous entendons parler dans les médias des horreurs du massacre des civil.e.s à Alep, qui ont lieu parce que les Syrien.ne.s se sont soulevé.e.s contre leur régime sans que ni l’ONU ni l’Europe ne lèvent le petit doigt, d’autres massacres qui seront sans doute beaucoup moins médiatisés puisque perpétrés par la Turquie, le grand allié anti-migrant.e.s de l’Europe, sont à craindre au Rojava et au Bakûr.
Les arrestations de membres du HDP et du DBP se poursuivent, les conditions d’isolement des leaders emprisonné.e.s le mois dernier se durcissent, les discours haineux et misogynes du pouvoir sont de plus en plus assumés, tandis que les habitant.e.s des villes détruites par l’armée les mois passés, reconnaissent à peine leurs maisons. Nous publions ce mois-ci le témoignage de l’un d’entre eux.
Au Rojhilat, les nouvelles, éparses, ne sont pas meilleures, et rapportent que les disparitions de civil.e.s kurdes en pleine rue continuent.
Difficile de garder espoir, et pourtant… Les Kurdes nous montrent à chaque instant que même au plus profond de la nuit, la résistance et la rage révolutionnaire sont encore possibles, et qu’au milieu des bombes et de la répression, l’amour de la liberté soulève des montagnes. C’est ce qui ressort de manière très sensible des textes de Dilar Dirik, dont nous publions (encore!) deux écrits ce mois-ci, l’un sur la guerre d’Erdoğan envers les femmes qui résistent, et l’autre qui est un compte-rendu de voyage au Rojava.
Il y a aussi Özgür Gündem – un des journaux fermés par le gouvernement – qui signe sa deuxième publication depuis la prison.
Au royaume capitaliste kurde qu’est le Kurdistan irakien, la grogne populaire gagne également du terrain contre le gouvernement Barzani et ses pétrodollars qu’il garde pour lui et ses proches.
Du côté de l’Europe, des voix s’élèvent ici et là parmi les élu.e.s de gauche pour afficher leur soutien au HDP. Pas sûr que cela suffise, mais c’est un premier pas. Il faut dire que la diaspora kurde intensifie les actions de protestation afin de se faire entendre.
Certes, c’est l’hiver, certes, tout va mal, mais les graines sont là, elles ont même déjà germé, et qui peut dire ce que le printemps fera éclore ?
SOMMAIRE
- Edito p. 2
- La destruction de Şırnak p. 3
- Le Rojava : oser imaginer [partie 2] p. 6
- L’indépendance pour les Kurdes d’Irak ? p. 10
- Shengal, nouvelle base pour le PKK ? p. 12
- KODAR : un front démocratique p. 14
- En Iran, la lutte kurde dans l’ombre p. 15
- L’abus sur les mineur.e.s légalisé par mariage p. 17
- La guerre d’Erdoğan contre les femmes p. 19
- Messages de lutte pour le 25 novembre p. 21
- Attaques contre les intérêts turcs en Europe p. 22
- Glossaire & agenda p. 24
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Nous voudrions, en publiant ce bulletin Merhaba Hevalno, mettre en mots et en acte notre solidarité avec les mouvements de résistance au Kurdistan.
Ce bulletin mensuel autour de l’actualité du Kurdistan est notamment rédigé depuis la ZAD de NDDL, mais pas seulement ! Un certain nombre de camarades de Toulouse, Marseille, Angers, Lyon et d’ailleurs y participent…
Pour nous contacter : actukurdistan[at]riseup.net
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