Comme nous l’avons annon­cé rapi­de­ment sur la page Face­book et le Tweet­er de Kedis­tan cet après midi, à peine la bonne nou­velle tombée, Zehra Doğan com­para­î­tra libre pour son procès le 23 févri­er et vient de sor­tir de sa prison après 4 mois et demi d’incarcération.

Rap­pelons qu’elle avait été arrêtée le 21 juil­let dernier, puis après un sim­u­lacre d’ex­a­m­en de dossier, jetée en prison, à Mardin, en attente de pas­sage devant un juge, pour fix­er la date du procès.

Zehra était une des rares jour­nal­istes qui tra­vail­laient à Nusay­bin, même pen­dant la longue péri­ode de cou­vre-feu (agence JINHA). Elle avait été arrêtée sur une ter­rasse de café dans la com­mune de Yenişe­hir, alors qu’elle était accom­pa­g­née de Mazlum Kavak, con­seiller d’un député du HDP. Les policiers avaient fourni un “témoignage” dis­ant qu’on l’avait vue tra­vailler en com­pag­nie de Bilal Gün­dem, un de ses col­lègues jour­nal­iste, récem­ment arrêté lui aus­si. Cela avait suf­fi au tri­bunal pour décider que Zehra devait être mise der­rière les bar­reaux, sous “sus­pi­cion de fuite pos­si­ble”, pour être jugée ultérieure­ment comme “mem­bre d’organisation illé­gale “, au titre de la loi “antiter­ror­iste”, appliquée avec dili­gence sous l’é­tat d’urgence.

L’émotion sus­citée par sa mise en garde à vue s’était répan­due sur les réseaux soci­aux. Vous aviez été des mil­liers à partager, réa­gir pour dénon­cer cet enfer­me­ment, deman­der l’annulation des accu­sa­tions men­songères, et per­me­t­tre sa libéra­tion rapide.

Nous devons soulign­er l’ab­sence de réac­tion ici, de la grande presse, à l’é­gard d’une con­soeur, qui nous a un peu mis en colère. Il aura fal­lu de vrais arti­cles dans la presse régionale en Bre­tagne, autour du fes­ti­val de Douarnenez, où elle était invitée avant son arresta­tion, et devint de fait l’in­vitée d’hon­neur, pour que quelques entre­filets parais­sent ensuite. L’at­ten­tion était tournée alors vers de “plus grands”…

Cha­cun, lors de ce fes­ti­val de ciné­ma, con­sacré cette année aux “Peu­ples de Turquie”, avait pu voir égale­ment ses dessins, qui fig­u­raient d’ailleurs dans l’ac­cu­sa­tion. Nous en avions pub­lié un cer­tain nom­bre, réal­isés durant les sièges de 2015, ain­si que d’autres, qu’elles nous avait fait par­venir de la prison. Celles et ceux qui vis­iteront l’expo­si­tion organ­isée par l’as­so­ci­a­tion France Kur­dis­tan du 3 au 16 jan­vi­er à l’E­space Niemey­er-Paris, pour­ront d’ailleurs les voir exposés.

Zehra, incor­ri­gi­ble, n’a pour­tant pas été très “sage” en prison, au grand dam de ses geôliers.
Elle a tout sim­ple­ment con­tin­ué à dessin­er et à écrire. Un Özgür Gün­dem man­u­scrit de prison a même “éclos” durant ces moments.

Nous avions par l’in­ter­mé­di­aire de son com­pagnon quelques nou­velles, et c’est ain­si que nous avions fait appel à nos lec­tri­ces et lecteurs pour envoy­er des cartes postales sol­idaires. Vous avez été nom­breux à pren­dre la plume, et sans doute avez-vous con­tribué à faire savoir qu’un sou­tien exis­tait ailleurs, qui ne lâcherait pas Zehra. Là encore, nous avions cepen­dant espéré un relai plus con­séquent, y com­pris sur les réseaux soci­aux où d’au­cunEs ont boudé cet appel et ces cartes sol­idaires, les trou­vant sans doute dérisoires et peu “poli­tiques”. Nous espérons quand même que celles et ceux-là se réjouiront d’une libéra­tion pro­vi­soire, et con­stateront que le sou­tien organ­isé peut avoir autant d’im­por­tance que les dénon­ci­a­tions rageuses à touts vents sans lendemains.

Je con­firme en tant que son avo­cate, l’in­fo est bonne. Zehra Dogan est libérée.”

La libéra­tion est dev­enue effec­tive. Mais l’ac­cu­sa­tion per­siste, et le procès a été fixé au 23 févri­er 2017. Durant le temps qui s’é­coulera, Zehra sera soumise cer­taine­ment à une sur­veil­lance et une restric­tion de déplace­ment, tout comme à un inter­dit professionnel.

Je vais con­tin­uer à faire mon tra­vail de jour­nal­iste, même si mon agence JINHA est fermée.”

Nous espérons pou­voir vous en dire davan­tage très prochainement.

Et il faut soulign­er que les chefs d’ac­cu­sa­tion qui pèsent sur Zehra sont très proches de ceux qui acca­blent Aslı Erdoğan, pour laque­lle le Pro­cureur a demandé la per­pé­tu­ité réelle, et qui passera devant un juge le 29 décembre.

Encore davan­tage que pour Zehra, qui fut “oubliée” parce que Kurde sur la pre­mière liste européenne de juil­let des “jour­nal­istes inquiétés ou empris­on­nés” , une mobil­i­sa­tion se développe autour de la fig­ure emblé­ma­tique d’Asli Erdo­gan. Souhaitons que la déci­sion “judi­ci­aire” d’au­jour­d’hui con­cer­nant Zehra annonce quelques reculs pour la suite, du fait de l’éveil de con­sciences ici et des portes-voix qu’ils empruntent.

Bon, bonne nou­velle, mais ne vous arrêtez pas en si bon chemin, il y a tou­jours une bonne rai­son pour faire par­venir des cartes postales aux otages en prison, et même d’ailleurs en sou­tien, pour celles et ceux qui sont pro­vi­soire­ment libérés en attente de procès.

Souhaitons toutes et tous à Zehra de vivre ces jours de lib­erté avec grand bonheur.

Zehra Doğan

Zehra Doğan entre ses avo­catEs, Şiraz Baran et Aslı Pasinli


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