Un appel à rassem­ble­ment et man­i­fes­ta­tion pour le dimanche 11 décem­bre à 15h30 devant le Con­sulat Turc à Lyon. Kedis­tan s’y joint.

LES FEMMES DE TURQUIE ET DU KURDISTAN
NE SONT PAS SEULES !

TÜRKİYE’DE ve KÜRDİSTAN’DE KADINLAR YALNIZ DEĞİLDİR !

Une sit­u­a­tion glob­ale qui tend vers tou­jours plus de répression…

Depuis la mise en échec de l’AKP aux élec­tions de juin 2015, l’Etat turc a décidé de men­er une répres­sion sanglante con­tre les pop­u­la­tions kur­des, alévies, arméni­ennes, l’ensemble des minorités et de crim­i­nalis­er toute autre oppo­si­tion : syn­di­cats, organ­i­sa­tions de gauche turques et kur­des, fémin­istes, LGBTI, démoc­rates, défenseurs des Droits de l’Homme, avocat.e.s, uni­ver­si­taires, jour­nal­istes. Dans ce con­texte, la ten­ta­tive de coup d’Etat du 15 juil­let 2016 est dev­enue un pré­texte à la mise en œuvre d’une répres­sion encore plus mas­sive et vio­lente. L’établissement de l’état d’urgence per­met désor­mais au Con­seil des min­istres de gou­vern­er par décret en sus­pen­dant l’obligation du respect de la Con­ven­tion européenne des droits de l’Homme. Au lende­main du 15 juil­let, 50 000 fonc­tion­naires ont été arrêté.e.s et plus de 11 301 enseignant.e.s ont été destitués.e.s de leurs fonctions.

Mais ce sont les pop­u­la­tions de l’est du pays, majori­taire­ment kur­des et alévies, qui sont les pre­mières cibles de cette vio­lence. Placées sous cou­vre-feu mil­i­taire durant plusieurs mois, de nom­breuses villes de l’Est ont été attaquées, incendiées et détru­ites, cau­sant la mort de civils et en pous­sant d’autres sur les routes. Dans un souci de faire taire l’opposition poli­tique au Kur­dis­tan, 28 mairies, dont 24 villes kur­des, ont été placées sous tutelle administrative.

… dont les femmes sont les pre­mières vic­times car elles occu­pent une place cen­trale dans l’opposition :

• Dou­ble­ment attaquées, les femmes kur­des, alévies et issues des minorités et des luttes LGBTI, sont pointées du doigt et vic­times d’une vio­lente répression.
• De nom­breuses femmes jour­nal­istes sont arrêtées car tra­vail­lant sur le Kur­dis­tan (Zehra Doğan de JINHA, Şer­min Soy­dan de DIHA), et accusées de terrorisme.
• Les femmes poli­tiques du HDP — Par­ti démoc­ra­tique des peu­ples, sont arrêtées et/ou démis­es de leurs fonc­tions comme la co-prési­dente Figen Yük­sek­dağ et les maires de Diyarbakır et Mardin (seule maire chrétienne).
• Les femmes artistes et intel­lectuelles sont égale­ment crim­i­nal­isées. Rap­pelons que la roman­cière turque Aslı Erdoğan a été arrêtée le 19 août dernier pour ses chroniques dans le jour­nal pro kurde, Özgür Gün­dem. Main­tenue en déten­tion, elle est actuelle­ment accusée de terrorisme.
• De nom­breuses avo­cates, uni­ver­si­taires, mil­i­tantes de gauche sont démis­es de leurs fonc­tions, arrêtées, par­fois même assassinées.

Lors de ces arresta­tions, et alors que la tor­ture s’in­ten­si­fie depuis l’extension de la péri­ode de garde à vue à 3 mois, les femmes sont très fréquem­ment men­acées de vio­ls lors des gardes à vues et durant leur péri­ode de déten­tion. On compte de nom­breuses vic­times d’a­gres­sions sex­uelles, de vio­ls, de tor­tures physiques et psy­chologiques touchant plus par­ti­c­ulière­ment les femmes des minorités.
Depuis 2014, Erdoğan s’attaque aux droits des femmes et des minorités et applique une con­cep­tion essen­tial­iste du rôle des femmes
Plus large­ment, c’est l’ensem­ble des femmes du pays qui sont impactées par cette répres­sion. Les déc­la­ra­tions misog­y­nes à répéti­tion d’Er­doğan légiti­ment les attaques faites à l’en­con­tre des femmes et ren­for­cent le sen­ti­ment d’im­punité des agresseurs.
• En novem­bre 2014, Erdoğan avait déclaré que le Plan­ning Famil­ial et la con­tra­cep­tion ne con­ve­naient pas aux familles musul­manes. Pour lui, l’a­vorte­ment est un “crime con­tre l’hu­man­ité” et le Plan­ning Famil­ial, une “trahi­son con­tre des généra­tions de Turcs”.
• A la suite de ses pro­pos, le prési­dent turc a exhorté les femmes de son pays à “avoir au moins 3 enfants” sans quoi, leurs vies seraient “incom­plètes”.
• Lors d’un dis­cours en marge d’un som­met sur la jus­tice et les femmes à Istan­bul, Erdoğan a estimé que les femmes ne pou­vaient pas être naturelle­ment égales aux hommes.

Entre son élec­tion en 2002 et l’an­née 2009, toutes les vio­lences con­tre les femmes ont aug­men­té de 1 400 % en Turquie. Et la ten­dance n’a fait que s’ag­graver avec le temps. Au cours de l’an­née 2014, au moins 294 femmes ont été tuées en Turquie. Rien qu’en jan­vi­er dernier, 27 ont per­du la vie, soit 20 % de plus que l’an­née précé­dente. Au moins trois femmes sont tuées par jours (5 406 femmes tuées entre 2002 et 2015. À chaque fois, l’a­gresseur fait par­tie de l’en­tourage direct ou indi­rect de la vic­time. Rap­pelons le fémini­cide d’Özge­can Aslan, la jeune étu­di­ante Alévie de 20 ans, vio­lée puis tuée à coups de barre de fer par le chauf­feur du minibus qui la rame­nait de l’u­ni­ver­sité. Son corps brûlé avait été retrou­vé dans une riv­ière de la ville de Tar­sus, dans le sud du pays, les mains coupées.

Le 18 novem­bre 2016, un pas de plus a été franchi, un pro­jet de loi visant à dépé­nalis­er les vio­ls sur mineur.e.s a été voté en pre­mière lec­ture. Ce pro­jet de loi visait à relâch­er les coupables d’abus sex­uels sur mineur.e.s à con­di­tion que l’agresseur épouse sa vic­time. Cette propo­si­tion de loi a provo­qué une lev­ée de boucliers en Turquie, où plus de 11 000 enfants ont été recon­nus vic­times de vio­lences sex­uelles en 2014. L’AKP vise par ce pro­jet de loi à la fois à légitimer le mariage religieux mais aus­si à libéralis­er et à légalis­er les vio­lences faites sur les mineur.e.s. Le gou­verne­ment a pour l’instant reculé devant la con­tes­ta­tion massive.

Depuis juil­let et sous pré­texte d’état d’urgence, le gou­verne­ment turc a ordon­né la fer­me­ture per­ma­nente de plus de 400 asso­ci­a­tions par­mi lesquelles de nom­breuses asso­ci­a­tions de défense des droits des femmes et des enfants : l’As­so­ci­a­tion Vie des Femmes à Adiya­man, l’As­so­ci­a­tion de Recherch­es Fémin­istes Anka, l’As­so­ci­a­tion Ker­messe de Sol­i­dar­ité des Femmes à Bur­sa, l’As­so­ci­a­tion des Femmes la Gazelle, l’As­so­ci­a­tion des Femmes l’Arc-en-ciel, la KJA, l’As­so­ci­a­tion le Toit des Femmes à Mus, l’As­so­ci­a­tion des Femmes Sélis, l’As­so­ci­a­tion des Femmes à Van. La poli­tique de l’AKP appelle à une vio­lence générale con­tre les femmes et leurs lib­ertés, la fer­me­ture d’as­so­ci­a­tions de défense des droits des femmes en est encore un exemple.

Les militant.e.s LGBTI sont égale­ment vic­times de cette atmo­sphère réac­tion­naire : rap­pelons l’as­sas­si­nat sauvage cet été de la mil­i­tante trans Hande Kad­er à Istan­bul. Mil­i­tante active de la cause LGBTI elle était dev­enue une fig­ure cen­trale de la com­mu­nauté après avoir fait face en juin 2015 à la police antiémeute qui ten­tait d’in­ter­dire la Gay Pride d’Is­tan­bul. Récem­ment, c’est Lev­ent Pişkin avo­cat des Droits de l’Homme et mil­i­tant LGBT qui a été arrêté puis relâché. Ce n’est pas la pre­mière fois que les mou­ve­ments LGBTI sont attaqués, en 2016, les autorités ont décidé de ne pas autoris­er la marche des Fiertés à Istan­bul pour la pre­mière fois depuis plus d’une décennie.

Nous, mil­i­tantes fémin­istes, syn­di­cats et organ­i­sa­tions de gauche dénonçons le silence com­plice de l’U­nion Européenne et du gou­verne­ment français face à la poli­tique réac­tion­naire et répres­sive menée par la Turquie.

Nous dénonçons égale­ment la coopéra­tion des ser­vices de police européens au tra­vers des opéra­tions poli­cières visant les militant.e.s de Turquie sur le sol européen. Rap­pelons que le 15 avril 2015, la jus­tice alle­mande a demandé et organ­isé l’ar­resta­tion de 10 mem­bres de la Con­fédéra­tion des Tra­vailleurs de Turquie en Europe (ATIK) et que lumière n’a tou­jours pas été faite sur le triple assas­si­nat des mil­i­tantes kur­des à Paris : Sakine Can­sız, Fidan Doğan et Ley­la Söylemez.

• Poli­tiques, jour­nal­istes, avo­cates, mil­i­tantes, artistes, femmes kur­des / alévies / arméni­ennes et des minorités, partout en Turquie et au Kur­dis­tan, des mil­liers de femmes résistent.
• Nous appelons à une sol­i­dar­ité immé­di­ate et inter­na­tionale avec toutes les femmes en lutte !
• Nous exi­geons la libéra­tion immé­di­ate des poli­tiques, intel­lectuelles, jour­nal­istes, académi­ci­ennes et avo­cates empris­on­nées ain­si que de tous les pris­on­niers politiques !
• Nous exi­geons la réou­ver­ture immé­di­ate des asso­ci­a­tions des droits des femmes, des enfants et des per­son­nes LGBTI !

Rassem­ble­ment
le dimanche 11 décembre

à 15h30 devant le Con­sulat Turc
87 rue de Sèze, 69006 Lyon

Des pris­es de parole seront faites et une lec­ture d’un texte d’Aslı Erdoğan sera faite par une comédienne.

Signataires :
Planning Familial, Femmes Egalité, Femmes Solidaire, Femmes en Lutte 69, Collectif Solidarité Pinar Selek Lyon, Collectif Lesbien Lyonnais, Lesbian and Gay Pride Lyon, Le Jardin des T, LDH Rhône, Agir pour l’Egalité, Maison de la Mésopotamie, Yeni Kadin Lyon, Charjoum, Association des Droits de l’Homme et de Pir Sultan Abdal de Annecy, Centre Culturel des Alévis de Lyon, Amitiés Kurdes Lyon et Rhône-Alpes, CGT Education, Solidaires Rhône, Sud éducation, FSU, CFDT, PCF, PG69, Ensemble !, Alternative Libertaire, NPA69, CGA Lyon.

Even­e­ment face­book ICI

lyon-rassemblement-appel-11-decembre

Image à la une : L’arrestation de la Co-prési­dente du DBP Seba­hat Tun­cel, à Diyarbakır.

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