Adana est ville et province du Sud de la Turquie. La ville aurait été fondée par les Hittites au 15 ème siècle av. J.C. La ville a vu passer de nombreuses civilisations différentes, les guerres ou encore les catastrophes. Elle est située à près de 120 km de la frontière Syrienne et à 55 km de la mer Méditerranée
Son pont de pierre reste parmi les meilleurs vestige de la ville. Il date de l’époque romaine (sous le règne de l’empereur romain Hadrien), et a été restauré plusieurs fois. Certaines arches sont encore d’origine. Il est le symbole de la ville multi-millénaire.
Sur le vieux continent, on connaît mieux le nom par sa gastronomie et en particulier par l’appellation “Adana Kebab”. On ne peut malheureusement le déguster que sur les rives du Seyhan, par un soleil couchant. On sent l’odeur de l’agneau et du veau mélangés. C’est sûr, ce n’est pas du “vieux blin”, dont le goût est souvent relevé et prononcé.
Les bonnes effluves du paprika en train de griller avec ses touches de coriandre modifient l’atmosphère, la rend plus chaleureuse. On peut le manger dans un sandwich ou dans une assiette avec des tomates, du fromage et de la salade, tout dépend de vos goûts. Le fameux şalgam suyu, un jus de carotte violette avec des navets, des betteraves rouges, de la farine et des poids chiche correspondra parfaitement pour accompagner le plat.
La question historique ou la question culinaire ne peut pourtant nous détourner de l’actualité récente au sein de la ville.
Le 24 novembre, un véhicule piégé a explosé devant la Préfecture d’Adana. L’administration d’Erdoğan nous a parlé d’une femme kamikaze.
Le bilan fut de deux morts et trente-trois blessés. L’attentat n’a pas été revendiqué spécifiquement au moment où l’article est écrit. Pour ne pas déroger aux habitudes, l’ensemble des images concernant l’attentat ont été bloquées par le pouvoir en place. Il en va de même pour les informations qui ne se résument finalement qu’à des dépêches des agences de presse. Dans le contexte, des différentes opérations post-coup d’état du 15 juillet 2016, le régime d’Erdoğan a bien sûr pointé du doigt le PKK, bien que la région ne soit pas situé dans le Bakur. La question de Daesh, dont la porosité avec le régime et les administrations locales soulève toujours autant de questions se pose aussi.
À proximité, se trouve la “Incirlik Air Base”, une base militaire aérienne servant notamment aux opérations de l’OTAN. Les pistes servent notamment pour les avions bombardant les positions stratégiques de Daesh.
Le consulat des États-Unis d’Amérique à Adana, à travers le “Department of State, Bureau of Consular Affairs” avait avertit à propos des ressortissants américains d’un risque imminent d’attentat dans la ville d’Adana :
Credible threats of potential terrorist activity targeting U.S.-branded hotels in Adana, Turkey. Exercise caution pic.twitter.com/rKl8iOvId9
— Travel — State Dept (@TravelGov) 26 septembre 2016
Le communiqué affirmait :
Le consulat général des États-Unis d’Amérique de la ville d’Adana a obtenu des informations spécifiques et crédibles pointant une potentielle activité terroristes visant les hôtels que fréquentent les citoyens américains.
La personne ayant été témoin de l’explosion avait été arrêtée par les forces de l’ordre en vue d’être interrogée. Pas de suites crédibles encore aujourd’hui dans ce qui reste “d’information” en Turquie.
Dans une logique tout à fait propre au pouvoir, le gendre d’Erdogan a déclaré que l’attentat était le fruit d’une conspiration internationale visant à affaiblir la Turquie :
Je m’adresse non pas aux sous-traitants, mais à ceux qui les utilisent contre nous: aucune de ces attaques ne nous intimidera
Pendant ce temps-là, la Turquie brûle toujours, les arrestations sont massives, le climat politique ne s’améliore pas.
Il ne reste plus guère de touristes à s’aventurer là, pour y déguster le fameux Kebab.