Aslı Erdoğan et Necmiye Alpay sont en prison, avec d’autres collaborateurs/trices du jour­nal Özgür Gün­dem, depuis août 2016, mois de la fer­me­ture et du déman­tèle­ment du jour­nal, après perqui­si­tions et saccages. Cette sit­u­a­tion d’at­taques durait déjà depuis juin.

Rap­pelons qu’un pro­cureur, au titre de plusieurs arti­cles de la loi dite “anti-ter­ror­iste”, récla­mait la per­pé­tu­ité alour­die (prison à vie) à leur encontre.
Cette loi, votée au Par­lement turc, fonc­tionne de façon con­tin­ue sous l’é­tat d’ur­gence, voté lui aus­si par la grande majorité du Par­lement et accep­té par l’op­po­si­tion dite laïque, HDP exclu (leurs députés, élus, respon­s­ables et sou­tiens en subis­sent les con­séquences directes) dans le cadre d’une “unité nationale pour la défense de la démoc­ra­tie” après le putsch man­qué de juil­let.

Les appli­ca­tions de ces lois et de ces mesures d’ur­gence, s’il était encore besoin de démon­tr­er leur car­ac­tère inique, vien­nent aujour­d’hui de créer une sit­u­a­tion de con­fu­sion, con­cer­nant une étape de procé­dure, dans l’in­struc­tion du dossier con­cer­nant l’équipe d’Özgür Gün­dem (ain­si qu’Aslı Erdoğan et Necmiye Alpay, liées dans cette “affaire”).
En effet, aujour­d’hui 23 novem­bre, après que des juges aient orale­ment com­mu­niqué les atten­dus sur les chefs d’ac­cu­sa­tion, (comme la procé­dure le demandait après la propo­si­tion de peine de prison à vie du pro­cureur), une agence de presse présente, a annon­cé la libéra­tion, cer­tains chefs d’ac­cu­sa­tion ayant été abandonnés.

La logique juridique eut en effet voulu qu’un pronon­cé de libéra­tion sur un des chefs d’ac­cu­sa­tion “atteinte à l’in­tégrité de l’E­tat”, (selon arti­cle 302), puisse autoris­er une libéra­tion en attente du procès pour les accu­sa­tions restantes (intel­li­gence avec groupe ter­ror­iste, art.314). Les “juges” sous influ­ence n’ont vis­i­ble­ment pas inter­prété la loi avec bien­veil­lance et en ont décidé autrement.

Ce soir, les sou­tiens nom­breux réu­nis devant la prison à Istan­bul, ne le seront pas pour une « libéra­tion », mais bien pour une man­i­fes­ta­tion de protes­ta­tion de plus.

En Europe, la nou­velle de la « libéra­tion » s’é­tait répan­due comme traînée de poudre.

Et on peut s’é­ton­ner qu’une “libéra­tion” de per­son­nes, dont si peu avaient annon­cé l’in­car­céra­tion avant, fasse l’ob­jet d’une telle réac­tion inverse. Seules les rédac­tions liées aux mag­a­zines cul­turels et lit­téraire avaient claire­ment et de façon « engagée » relayé les appels aupar­a­vant. Nous atten­dons les démen­tis et, nous l’e­spérons, cette fois, une mobil­i­sa­tion et une infor­ma­tion plus con­séquentes sur la réal­ité de ces arresta­tions, empris­on­nements, deman­des de peines de prison à vie, qui con­cer­nent des mil­liers de pris­on­nierEs poli­tiques en Turquie.

Cette “fausse joie”, n’en dou­tons pas, le gou­verne­ment AKP va en tir­er les fruits, puisqu’on a là une “fausse infor­ma­tion”, même involon­taire, volon­taire­ment dis­tribuée ensuite en copiés col­lés, sans que ses pro­pres médias n’aient eu à le faire.

Pour être plus posi­tifs, nous dirons que “pen­dant le pataques”,  la mobil­i­sa­tion con­tin­ue pour­tant plus que jamais.

Elle se pour­suit et se ren­force d’abord en Turquie même. Les mou­ve­ments et col­lec­tifs de sou­tiens trans-nationaux ont aujour­d’hui aus­si franchi un cap dans les liens qu’ils entrete­naient avec la mobil­i­sa­tion sur place, du fait même de cette “fausse nou­velle”, et des con­tacts tis­sés pour la démen­tir. (nous en avons nous même été vic­times). C’est un effet inat­ten­du. Désor­mais, une mobil­i­sa­tion épaulera davan­tage l’autre.

Des ini­tia­tives trans-nationales très nom­breuses étaient déjà prévues, et n’en serons que plus urgentes, par des “col­lec­tifs” très divers qui agis­sent pour mobilis­er, informer, con­va­in­cre. Après l’Alle­magne, des écrivainEs, édi­teurs, amiEs, se sont regroupés pour des ini­tia­tives que nous vous annon­cerons au fur et à mesure. Nous croyons savoir qu’en Bel­gique, en Suisse… et ailleurs, des amiEs d’Aslı ce mouvement.

Les “lec­tures”, hom­mages, pub­li­ca­tion d’ex­traits.… et démarch­es con­crètes vont se pour­suiv­re et s’in­ten­si­fi­er. Elles se coor­don­neront sans doute davan­tage, pour devenir “vis­i­bles”…

Ici, ce sou­tien peut être rejoint sur les réseaux soci­aux pour le moment, via cette adresse. Vous y trou­verez toutes les infor­ma­tions. Nous les met­trons pour les plus impor­tantes, régulière­ment dans la rubrique “sou­tiens” et l’a­gen­da du site. Nous avions pris un engage­ment, jusqu’à la libéra­tion des pre­mierEs pris­on­nierEs poli­tiques : faire tout notre pos­si­ble pour relay­er cette cam­pagne, comme toutes les autres, et nous y inclure, en quit­tant le clavier…

Pour notre part, nous pub­lierons à par­tir de demain des tra­duc­tions des arti­cles de presse d’Aslı Erdoğan que nous avons traduit récem­ment, et qui éclairent à la fois l’en­gage­ment d’Aslı et de toutEs les autres, et nous inci­tons tous les “sup­ports d’in­for­ma­tion” à le faire également.

La pre­mière semaine de décem­bre sera une réponse à cette “douche froide”, infligée aujour­d’hui à toutes celles et tous ceux qui mili­tent pour la libéra­tion de tous les pris­on­nierEs poli­tiques en Turquie, pour toutes celles et tous ceux mobil­isés. Rejoignez donc ce sur­saut qui se fait jour.

Et pour con­clure sur une bonne nou­velle, véri­fiée celle-là, Şer­min Soy­dan, jour­nal­iste de DIHA, a, elle, été libérée sous con­trôle. La prochaine audi­ence sera pour elle le 13 jan­vi­er 2017.

Une dernière remar­que, et de taille : le gou­verne­ment AKP a bâti et révisé sa loi “anti-ter­ror­iste” autour d’une mise en accu­sa­tion bien sûr liée au PKK, qual­i­fié égale­ment de “diviseur de la Nation turque”, et incrim­iné comme por­tant atteinte à “l’in­tégrité de la Turquie”, fait “ter­ror­iste” au plus haut point. Toute arresta­tion aujour­d’hui, dont les atten­dus sont ceux là, et non les liens avec “l’or­gan­i­sa­tion par­al­lèle FETÖ”, utilisent cet arti­cle de loi, dont l’E­tat turc use et abuse, surtout sous état d’ur­gence. Le gou­verne­ment AKP ne peut donc que se réjouir du main­tien inter­na­tion­al du PKK sur les listes offi­cielles des organ­i­sa­tions qual­i­fiées de “ter­ror­istes”. Ce main­tien devient de plus en plus une com­plic­ité tacite avec la répres­sion qui sévit en Turquie.

Quand on con­state les atten­dus récents d’un tri­bunal belge, dis­ant explicite­ment qu’on ne peut qual­i­fi­er juridique­ment de “ter­ror­iste” une organ­i­sa­tion poli­tique qui a pris les armes dans le cadre d’un con­flit armé pour se défendre, on se ques­tionne totale­ment sur la via­bil­ité de cette liste, et son car­ac­tère de “com­pro­mis” poli­tique avec Erdogan.

Il est plus que temps que toute la presse alter­na­tive, et au delà les jour­nal­istes de médias, se joignent à ce com­bat pour la défense des con­tre pou­voirs, la lib­erté d’ex­pres­sion, et la libéra­tion de toutes les per­son­nes incrim­inées pour avoir dit, écrit, soutenu les vérités à ne pas révéler sur la nature du régime en Turquie.

Ajout du 24 novem­bre : Necmiye Alpay  devait avoir com­mu­ni­ca­tion d’un autre ren­du de jus­tice, con­cer­nant son “rôle” comme rédac­trice en chef d’Özgür Gün­dem, qu’elle fut un moment, lorsque des jour­nal­istes et intel­lectuels avaient décidés par sou­tien, de l’être à tour de rôle. Un report au 14 févri­er a été décidé.

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