La vague d’arrestation des députéEs HDP, restéEs sans immunité parlementaire, (depuis le vote, antérieur au putsch manqué de juillet, majoritaire au Parlement, avec l’accord du CHP), vient de commencer ce soir.
Selahattin Demirtaş, Figen Yüksekdağ, Ferhat Encü, Leyla Birlik, Ziya Pir, Mehmet Ali Aslan, Selma Irmak, Nursel Aydogan, Sırrı Süreyya Önder, Gülser Yıldırım, Abdullah Zeydan… sont en état d’arrestation et la liste va s’allonger dans la nuit.
Le Ministère annonce de son côté l’arrestation de Selahattin Demirtaş, Figen Yüksekdağ, et les députéEs, Sırrı Süreyya Önder, Ziya Pir, Ferhat Encü, Leyla Birlik, Selma Irmak, Nursel Aydoğan, Gülser Yıldırım, İdris Baluken, Abdullah Zeydan.
Le coup d’état civil se poursuit.
Le siège central du HDP a été investi par les forces de police.
.@HDPgenelmerkezi on #Periscope: HDP Genel Merkezi basılıyor https://t.co/jAZ4QRLdAP
— Leyla Altunkaya (@AltunkayaLeyl) 3 novembre 2016
Sur les réseaux sociaux la haine anti-kurde se déchaîne.
Le Porte parole du HDP Ayhan Bilgen a fait une première déclaration à ANF :
Pourquoi le coup d’état du 15 juillet était un ‘cadeau du ciel’ s’est éclairci encore une fois. Nul ne peut qualifier cette opération effectuée en une nuit, de “jugement indépendant”. C’est directement la continuité d’un coup d’état, en forme d’opération politique.
Ayhan Bilgen a lancé un appel au peuple “à montrer sa réaction démocratique” :
“La reaction démocratique qui sera montrée, définira la suite de ce processus.”
Quatre autres députéEs de plus seraient sur la liste d’arrestations, mais étant à l’étranger Faysal Sarıyıldız et Tuğba Hezer n’ont pas pu être arrêtéEs. İmam Taşçı, Nihat Akdoğan sont actuellement recherchés.
La démocrature turque prend ce soir le risque d’un affrontement global, et veut pousser l’ensemble de l’opposition démocratique et les forces de paix vers le chaos, ou l’acceptation d’un “génocide politique”.
A 3h00 du matin, première apparition d’une info en bandeau sur une seule des chaînes d’infos en continu, signalée comme dépêche d’agence. On y lit de façon lapidaire “arrestation de dirigeants pro-kurdes en Turquie (agence)”.… Et pourtant, juste avant, une présentatrice pantin nous parlait en direct en langue hachée “des faubourgs de Mossoul”.
Premières manifestations annoncées :
Rassemblements ce vendredi 11h à BRUXELLES Place du Luxembourg, et à 17h, place de la Bourse à Bordeaux.
Pour demain samedi 5 : 87, Rue De Sèze 69006 à Lyon ‑14h00 devant le Consulat Général de Turquie . A Marseille, métro castelane à 14h… A Paris, manifestion à 15h au départ de Republique, à Mulhouse à 11h30, Place des Victoires (fontaine) …
En complément, ce communiqué du HDP Europe, envoyé aujourd’hui vendredi :
Après avoir ciblé un grand nombre de représentants municipaux kurdes, le régime de l’AKP a commencé une rafle, hier tard dans la nuit, contre les députés du HDP: les policiers ont d’abord fait une descente dans les maisons des co-présidents du HDP Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, et ont ensuite procédé à l’arrestation des députés Sirri Sureyya Onder, Nursel Aydogan, Ferhat Encu, Gulser Yildirim, Leyla Birlik, Ziya Pir, Abdullah Zeydan, Idris Baluken, et Imam Tascier.
Le gouvernement turc de l’AKP et son président Erdogan sont en train d’imposer un agenda extrêmement autoritaire aux Peuples de la Turquie. En se servant du coup d’Etat du 15 juillet dernier comme une opportunité pour consolider son règne, Erdogan s’est fixé comme objectif d’écarter chacune des voix d’opposition dans le pays, et a pris particulièrement comme cible notre formation politique le HDP, qui avait empêché à deux reprises l’AKP de rassembler le nombre de sièges parlementaires nécessaires pour procéder aux changements constitutionnels nécessaires afin d’instaurer un système présidentiel. L’objectif du gouvernement à présent est de paralyser notre parti avant que ne se tienne un référendum possible sur le système présidentiel ou des élections anticipées en 2017, de peur que le HDP ne le bloque de nouveau dans les urnes.
Des milliers de dirigeants de notre parti, de maires élus et membres de Conseils municipaux affiliés au HDP et à notre parti frère, le DBP, ont été incarcérés suite à des accusations sans fondements depuis notre victoire électorale du 07juin 2015 et particulièrement depuis le coup d’Etat manqué du 15 juillet dernier.
Avec la mise en application des mesures d’Etat d’urgence post-coup d’Etat, Erdogan a contribué à polariser d’avantage la société et à approfondir les conflits sectaires et ethniques dans le but de consolider la formation de l’alliance entre les réactionnaires ultra-nationalistes de l’extrême droite et les islamistes, alliance projetée immédiatement après le coup d’Etat manqué et considérée comme la garantie la plus fiable pour atteindre l’objectif du « Système présidentiel à la turc », ou de dictature totale. Ce système nuirait non seulement aux minorités, aux femmes et aux classes défavorisées, mais déstabiliserait la région, particulièrement l’Irak et la Syrie, et provoquera de grands défis en terme de sécurité, réfugiés et d’économie.
Il n’existe plus de liberté d’expressions ni de la presse, pas de liberté académique, ni de système judiciaire équitable et indépendant dans le pays. Avec les décrets gouvernementaux, plus de 170 agences de presses critiques envers le gouvernement ont été interdits. Les médias kurdes et alévis ont été anéantis, 30 maires kurdes démocratiquement élus se trouvent actuellement en prison et 70 d’entre eux ont été destitués jusqu’à présent. Plus de 130 journalistes sont en prison, dont des intellectuels et auteurs de renommée internationale, des dizaines de milliers de professeurs et académiciens ont été suspendus, plus de 80000 fonctionnaires ont été démis de leurs fonctions, et 40000 personnes sont toujours en prison.
Nous appelons tous les progressistes et démocrates à se mobiliser pour protester contre le génocide politique mené par l’Etat turc et son président Erdogan. Nous estimons qu’il est temps de dénoncer ce crime contre l’humanité commis sous les yeux indifférents du monde et de l’Europe.
La représentation du HDP en Europe.
Pour un petit rappel historique :
Rappelons qu’en 1994, les députéEs du DEP (Parti de la démocratie), Leyla Zana, Hatip Dicle, Mahmut Alınak, Selim Sadak, Sırrı Sakık, Orhan Doğan, Zübeyir Aydar et Ahmet Türk après la levée de leur immunité avaient été sortiEs du Parlement par la force et arrêtéEs. Quatre d’entre eux, Hatip Dicle, Leyla Zana, Orhan Dogan et Selim Sadak avaient été condamnéEs par la suite à 15 ans de prison. Ce n’était pas sous Erdogan… Süleyman Demirel était alors le Président de la République (AP-Parti de la Justice) et le Premier Ministre était Tansu Çiller (DYP, Parti de la juste voie).
Image à la une : Les éluEs HDP après le vote pour la levée de leur immunité.