Cette réu­nion avait des allures d’événement his­torique. Des volon­taires par­tis au Roja­va venus de toute l’Eu­rope se sont rassem­blés à l’in­vi­ta­tion des Kur­des syriens.

Ils venaient d’I­tal­ie, de France, de Bel­gique, d’Es­pagne, de Hol­lande, du Roy­aume-Uni, de Pologne, de Suède, de Norvège et d’Autriche.

De nom­breux par­cours très dif­férents les uns des autres avaient amené ces volon­taires étrangers à se ren­dre au Rojava.

Tan­tôt d’an­ciens mil­i­taires venus com­bat­tre Daech, puis une fois sur place, séduits par le sys­tème mul­ti­eth­nique et égal­i­taire du Roja­va, tan­tôt des antifas­cistes con­va­in­cus de soutenir là une révo­lu­tion assiégée pas les dji­hadistes, assim­ilé à des fas­cistes, de Daech. D’autres sim­ple­ment parce qu’ils ont voulu soutenir et se ren­dre utiles pour une cause qu’ils trou­vaient juste. On pou­vait compter aus­si sur quelques “aven­turi­ers”.

Les volon­taires présents avaient des pro­fils très dif­férents, tout comme le rôle qu’ils ont joué sur place. Cer­tains étaient des com­bat­tants, d’autres ont aidé pour apporter des soins aux blessés, d’autres se sont engagés dans la société civile, ou encore des activistes sont allés soutenir pour mieux informer sur la révo­lu­tion au Roja­va lors de leur retour au pays.

Les Kur­des avaient mis les moyens pour cette réu­nion, qui s’est tenue dans un lieu dis­cret et reculé aux alen­tours de Brux­elles. D’im­por­tants respon­s­ables étaient présents comme Saleh Mus­lim, coprési­dent du PYD (Par­ti de l’U­nion Démoc­ra­tique, prin­ci­pal par­ti poli­tique du Roja­va et branche du PKK syrien). Les mesures de sécu­rité étaient élevées pour cette ren­con­tre. Plusieurs bénév­oles avaient été dépêchés sur place pour aider à ce que l’or­gan­i­sa­tion soit parfaite.

La pre­mière par­tie des dis­cus­sion fut dirigée sur les cri­tiques et les prob­lèmes que les volon­taires avaient ren­con­trés sur place. Ils nous ont dit : « vous pou­vez dire tout ce que vous pensez ». Les volon­taires n’ont donc pas hésité à par­ler des prob­lèmes vécus sur place. Notam­ment dans l’or­gan­i­sa­tion, le manque de moyens et de suivi, la sen­sa­tion par­fois d’isole­ment face aux prob­lèmes ren­con­trés, les poten­tiels inex­ploités… Tous les volon­taires ont été sur­pris par la capac­ité d’é­coute des respon­s­ables kur­des présents qui ont été atten­tifs aux cri­tiques. Beau­coup n’avaient jamais observé cela : une organ­i­sa­tion qui recherche à faire une réelle auto-cri­tique, avec de véri­ta­bles dis­cus­sions sus­citées autour d’elle.

Après cet exer­ci­ce, une pause vit les dis­cus­sions entre volon­taires com­mencer dans un grand nom­bre de langues. Ce fut l’oc­ca­sion de ren­con­tr­er des per­son­nal­ités comme Mac­er Gif­ford, un anglais d’Ox­ford des célèbres “médi­cals units”. Il est par­ti au Roja­va pour com­bat­tre dans les rangs des YPG (Unité de défense du peu­ple) con­tre Daech en lais­sant der­rière lui un emploi pres­tigieux. Par la suite, il con­sta­ta les grands prob­lèmes du sys­tème de soins et de l’en­cadrement des blessés sur place. Il fut l’un des ini­ti­a­teurs des “med­icals units” qui ont for­mé des cen­taines de com­bat­tants aux pre­miers soins. Cette action a prob­a­ble­ment per­mis de sauver beau­coup de vies. J’avais moi même con­staté les nom­breux déboires du sys­tème de san­té et le manque ter­ri­ble de for­ma­tion médicale.

On a pu aus­si crois­er Melis­sa. Autrichi­enne d’o­rig­ine kurde, elle était par­tie dans le Shen­gal pour aider les Kur­des Yézidis, minorité païenne. Après la ten­ta­tive de géno­cide par Daech et les très nom­breux mas­sacres, ain­si que l’esclavage sex­uel imposé aux femmes Yézidis, elle était venue en aide à ce Peu­ple qui vit dans des con­di­tions très dif­fi­ciles d’ex­ode, de pau­vreté et d’hygiène.

Il y avait aus­si d’an­ciens com­bat­tants comme Gabar et chték. Anciens de la légion étrangère, ils étaient par­tis ensem­ble com­bat­tre Daech au Roja­va. L’un comme infir­mi­er, l’autre comme com­bat­tant de pre­mière ligne dans un batail­lon d’as­saut de cadro.1Ils sont revenus trans­for­més du Roja­va. Gabar, revenu blessé du front, dit qu’il est tombé amoureux de ce pays. Çek pense pour sa part que le Roja­va est un sys­tème qui mérite d’être ten­té et qui est le seul poten­tielle­ment fiable de la région.

Il y avait aus­si Des­ti­na Aza­di, une femme polon­aise, mère au foy­er de qua­tre enfants, qui déci­da de par­tir du jour au lende­main com­bat­tre Daech au Roja­va. Elle était con­nue pour poster de nom­breuses pho­tos sur les réseaux soci­aux qui per­me­t­taient d’at­tir­er l’at­ten­tion sur la révo­lu­tion du Rojava.

Puis la réu­nion a repris. Après les cri­tiques, une série de solu­tions ont été dis­cutées et de quelle manière on pou­vait faire évoluer les choses sur le ter­rain. Les anciens légion­naires ont souligné que : « si les hommes des YPG pou­vaient être comme les YPJ, la guerre serait gag­née. Elles sont beau­coup plus organ­isées, ont une meilleur hygiène de vie et sont plus dis­ci­plinées entre elles ». Venant d’an­ciens mil­i­taires de car­rière au milieu réputé vir­iliste, ces pro­pos ne sont pas tombés dans l’or­eille d’un sourd…

Un des ital­iens a souligné le car­ac­tère révo­lu­tion­naire et impor­tant du Roja­va dans le monde, lutte qu’ils ont com­paré à celle des zap­atistes. Elle était pour les Kur­des dans la lignée de leurs décen­nies de lutte pour leur éman­ci­pa­tion. Le Roja­va est directe­ment le résul­tat de la réori­en­ta­tion poli­tique du PKK vers un pro­jet plus démoc­ra­tique et libertaire.

Il deve­nait comme naturel dans la dis­cus­sion, que la ques­tion de la manière dont les volon­taires allaient aider le Roja­va, main­tenant de retour ici, là bas ou depuis l’Eu­rope, était à con­stru­ire. Nous avons par la suite abor­dé les projets.

Com­ment pou­vait-on inter­peller nos gou­verne­ments avec l’idée que les volon­taires par­tis sur place ques­tion­nent les choix de nos dirigeants poli­tiques notam­ment lorsqu’ils ne dis­ent rien des bom­barde­ments de la Turquie sur le Rojava ?

Puis vint l’or­gan­i­sa­tion du “Kobané day” pour le 1er Novem­bre. Les actions prévues par les uns et les autres, savoir com­ment nous y par­ticiper­ons pour com­mé­mor­er le sac­ri­fice de la ville mar­tyre et de ses combattants.

Les français ont pro­posé aus­si de créer une organ­i­sa­tion com­mune en Europe et au Roja­va pour mieux guider les volon­taires sur place avec la créa­tion d’un office, mais aus­si pour garder les liens d’ami­tiés et de sol­i­dar­ité. Que ce revenu blessé au front ne soit pas délais­sé, ou encore con­tin­uer le com­bat ensem­ble en Europe, pour organ­is­er le sou­tien au Roja­va. La propo­si­tion de coor­di­na­tion a reçu un bon écho.
Après cette journée fati­gante et émou­vante nous nous sommes promis de nous revoir d’i­ci quelques mois pour con­tin­uer le com­bat et met­tre en œuvre plus con­crète­ment ces projets.

Les volon­taires


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