Voici les “chroniques de la révo­lu­tion kurde”, présen­tées par Ron­ahi TV, pour la semaine du 22 au 29 octo­bre 2016. C’est une émis­sion régulière en langue française, que vous trou­verez aus­si ici chaque semaine.

Vidéo et texte en français

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RÉGION DE SHEHBA — SYRIE DU NORD
CONTRE-OFFENSIVE DES FORCES RÉVOLUTIONNAIRES

Dans la région de She­h­ba, à l’est du can­ton d’Afrin, les Forces révo­lu­tion­naires ont blo­qué l’avancée de l’armée turque et des ban­des armées rad­i­cal­isées qu’elle traine à sa suite.

Bom­barde­ments de vil­lages, armes chim­iques, rien n’est épargné aux habi­tants vic­times de l’invasion turque.

Lun­di soir, les forces armées turques ont attaqué avec des mortiers et des roquettes Katyusha le vil­lage d’Hesiyé et le bar­rage de She­h­ba. Le lende­main, l’agression se pour­suiv­ait sur le vil­lage stratégique d’Um al Hosh.

Dans le vil­lage de Till Midiq, au sud-est du bar­rage de She­h­ba, les groupes rad­i­cal­isés qui accom­pa­g­nent l’armée turque ont util­isé des armes chim­iques con­tre les forces révo­lu­tion­naires. Et pour­tant, le vil­lage a fini par être libéré de ses agresseurs ce mercredi.

A peine libéré, les sol­dats turcs ont bom­bardé Till Midiq ain­si que plusieurs autres vil­lages, ceux de Hosh, de Şex Isa, Hesiyé, Um Qura, et Herbel.

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Ces vio­lentes attaques sur des régions où vivent encore de nom­breux civils provo­quent une nou­velle vague migra­toire. Les réfugiés con­tin­u­ent d’affluer vers le can­ton d’Afrin, au camp She­h­ba. Toutes ces per­son­nes déplacées sont dés­espéré­ment en manque de nour­ri­t­ure, de médica­ments, de tentes, et de vête­ments chauds. Une fois de plus, les autorités de can­ton lan­cent un appel d’urgence auprès des asso­ci­a­tions inter­na­tionales : Il faut absol­u­ment que le blo­cus imposé par la Turquie soit levé et qu’enfin, toutes ces per­son­nes fuyant l’invasion de leurs ter­res puis­sent être secourues.

ROJAVA-TURQUIE
AGRESSIONS TOUT AU LONG DE LA FRONTIÈRE

Le long de la fron­tière qui bor­de le nord de la Syrie et le Roja­va, l’armée turque masse des troupes et déploie des tanks. Les civils qui ten­tent de pass­er sont tués, et les posi­tions des com­bat­tants YPG visées avec des armes lourdes.

Eli Temi, 18 ans, ten­tait de pass­er la fron­tière qui relie le Kur­dis­tan de l’ouest, le Roja­va, au Kur­dis­tan du nord, situé sur le sol turc. Il a été aperçu par les sol­dats turcs qui l’ont assassiné.

Dans le vil­lage frontal­ier de Sor­ka, dans le can­ton d’Afrin, les forces armées turques ont tra­ver­sé la fron­tière pour con­stru­ire un grand mur dans la nuit de jeu­di. Les habi­tants sont alors arrivés en masse pour man­i­fester con­tre cette intru­sion. Ils ont été accueil­lis par les canons à eau et par des tirs de gaz lacry­mogènes pour les faire fuir.

Une ving­taine de per­son­nes ont été blessées lors de cette agression.

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Dans le vil­lage de Dêr Belot, les vil­la­geois ont assisté au pas­sage de 20 camions d’armes en prove­nance de la base mil­i­taire turque Bokol­maz, à des­ti­na­tion des ban­des armées rad­i­cal­isées ultra vio­lentes, Fatah al Sham et Ahrar al Sham.

Pour ten­ter d’empêcher les vil­la­geois de regarder de trop près la livrai­son des armes, les mil­i­taires turcs ont tiré en l’air pour les faire fuir.

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Ces livraisons d’armes ali­mentent aus­si les dif­férents groupes armés que la Turquie envoie se bat­tre dans la région d’Alep et de Bab. Par­mi ces ban­des de l’opération « Boucli­er de l’Euphrate », citons la brigade Nured­din al Zen­ki, dont les mem­bres tor­tu­raient puis décap­i­taient, en riant, le petit Abdul­lah Issa de douze ans. C’était au mois de juil­let, à Alep.

RAQQA
PRÉPARATIFS MILITAIRES POUR LA LIBÉRATION

Daesh pos­sède deux cap­i­tales, l’une en Irak, à Mossoul, l’autre en Syrie, à Raqqa. La bataille de Mossoul est déjà engagée et celle de Raqqa ne devrait pas tarder, c’est en tout cas ce qu’a annon­cé Aldar Xelil, du TEV­dem, le mou­ve­ment qui fédère les com­munes libres du Rojava.

Aldar Xelil a recon­nu qu’un accord avait été con­clu entre les Forces de la coali­tion menée par les Etats-Unis et les Forces démoc­ra­tiques syri­ennes. Dans un pre­mier temps, les forces démoc­ra­tiques syri­ennes vont encer­cler la ville de Raqqa, et dans un deux­ième temps, les com­posantes arabes des FDS iront, sans les unités YPG, libér­er la ville, une ville arabe.

Les autorités mil­i­taires améri­caines ont égale­ment fait savoir que cette opéra­tion de libéra­tion de la ville de Raqqa se mèn­erait exclu­sive­ment en comp­tant sur des forces syri­ennes au sol, enten­dez les FDS. Cela sig­ni­fie que la présence de la Turquie n’est pas souhaitée, en dépit des deman­des formelles et répétées du prési­dent Erdo­gan d’y envoy­er ses troupes d’occupation.

BAKUR-KURDISTAN DU NORD
ARRESTATION DES MAIRES D’AMED

La nou­velle a fait l’effet d’une bombe, ce mar­di. Les deux co-bourgmestres de la ville d’Amed, Firat Anli et Gul­tan Kişanak, ont été arrêtés par les unités anti-ter­ror­istes de la police. La pop­u­la­tion est révoltée, un mou­ve­ment de grève s’est immé­di­ate­ment enclenché et de grandes man­i­fes­ta­tions ont lieu tous les jours.
Amed, c’est la plus grande métro­pole du Kur­dis­tan du nord, avec presque deux mil­lions d’habitants. Egale­ment con­nue sous son nom turquifié de Diyarbakir, la ville a une impor­tance sym­bol­ique et affec­tive dans tout le Kurdistan.

C’est ce sym­bole que le régime de l’AKP a voulu frap­per ce mar­di en empris­on­nant ses deux co-bourgmestres. Le par­ti HDP a tout de suite cri­tiqué cette déci­sion qu’il juge pro­fondé­ment arbi­traire et illé­gale. Les charges retenues con­tre les deux co-bourgmestres sont totale­ment fab­riquées de toutes pièces. En fait, les autorités turques reprochent à Madame Kişanak d’avoir pronon­cé un dis­cours au con­grès du DTK, le Con­grès pour une Société Démoc­ra­tique, en juil­let 2011. Lors de ce con­grès, il avait été ques­tion de l’autonomie démoc­ra­tique, et madame Kişanak est donc accusée par le pro­cureur de Diyarbakir, Kamil Erkut Güre, de ten­ter de sépar­er une par­tie du pays qui se trou­ve sous la sou­veraineté de l’Etat.

On reproche aus­si à madame Kişanak d’avoir pronon­cé un autre dis­cours lors de la fête de Newroz, là où des mil­lions de per­son­nes se ren­con­trent. Ce dis­cours con­stituerait selon les autorités judi­ci­aires la preuve d’un crime.

Enfin, on reproche aux deux co-bourgmestres d’avoir mis à la dis­po­si­tion de familles de com­bat­tants dis­parus du PKK des véhicules munic­i­paux le jour de leurs funérailles.

Madame Kişanak a été arrêtée à l’aéroport de Diyarbakir, alors qu’elle reve­nait d’Ankara où elle s’était exprimée devant la com­mis­sion d’enquête con­sacrée au coup d’Etat du 15 juillet.

Elle avait dit aux com­mis­saires qu’ils feraient un bon boulot s’ils enquê­taient sur les munic­i­pal­ités gérées par l’AKP où l’on avait, juste avant le coup, dis­tribué de l’argent, de la terre et où le soir du coup d’Etat, on pré­parait de la soupe.

Gul­tan Kişanak avait déjà con­nu les don­jons de la tor­ture, lors du coup d’Etat du général Kenan Evren, le 12 sep­tem­bre 1980.

ARRESTATIONS DES CO-BOURGMESTRES À AMED
RÉACTIONS

Des cen­taines de per­son­nes se sont réu­nies devant les locaux de la munic­i­pal­ité d’Amed pour dénon­cer l’arrestation de leurs co-bourgmestres.
Dès mer­cre­di, Inter­net a été coupé dans tout le Kur­dis­tan du nord. Il s’agit pour les autorités turques de ten­ter de réduire les protes­ta­tions suite à l’arrestation des deux co-bourgmestres.

Le per­son­nel de la munic­i­pal­ité a débrayé. De nom­breux respon­s­ables de ser­vices munic­i­paux ont d’ailleurs égale­ment été arrêtés lors des protestations.
Les bus munic­i­paux sont à l’arrêt, les éboueurs ne col­lectent plus les déchets.

Dans plusieurs grandes villes du pays, à Ankara, à Adana, à Mersin, à Sir­nak, à Bur­sa, à Istan­bul, Izmir et Van, des man­i­fes­tants ont protesté con­tre ces déci­sions arbitraires.

Devant les bâti­ments de la munic­i­pal­ité d’Amed, les man­i­fes­tants ont été vio­lem­ment chargés par la police. Des députés du HDP, Fer­hat Ençu, Çaglar Demirel, Ley­la Bir­lik ou Sel­ma Irmak, ont voulu empêch­er les attaques de la police : ils ont tous été frap­pés par les policiers.

Des témoins rap­por­tent que le respon­s­able de la police a d’ailleurs dit à ses hommes d’également arrêter les députés.

Felek­nas Uca, anci­enne députée européenne et aujourd’hui députée du HDP à Amed, a été tirée sur le sol lors de l’attaque des forces de police.

Ayla Akat Ata, la porte-parole de l’association de femmes KJAs­tar, a elle aus­si été arrêtée devant le bâti­ment de la munic­i­pal­ité. Les locaux de son organ­i­sa­tion ont ensuite été perquisitionnés.

Le co-prési­dent du HDP, Sela­hat­tin Demir­taş, a pris la parole devant les man­i­fes­tants réu­nis à Amed : il répond de ses bourgmestres : s’il y avait eu quoi que ce soit à leur reprocher, du vol, une mau­vaise ges­tion, le par­ti HDP aurait été le pre­mier à les punir.

Et de dénon­cer encore la con­fis­ca­tion des médias en Turquie : il y a bien des jour­nal­istes qui cou­vrent ces évène­ments, dit Demir­taş, mais aucun cen­tre d’information n’osera relay­er ces infor­ma­tions, par crainte de déplaire au Palais du prési­dent Erdogan.

Fed­er­i­ca Mogheri­ni, la haute représen­tante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et Johannes Hahn, com­mis­saire chargé des négo­ci­a­tions d’élargissement de l’Union, ont remis un com­mu­niqué con­cer­nant les arresta­tions d’Amed : Ils dis­ent recon­naître la men­ace grave que fait peser le PKK sur les ser­vices de sécu­rité turcs, un PKK égale­ment recon­nu comme une organ­i­sa­tion ter­ror­iste par l’Europe, mais ils deman­dent à la Turquie de respecter l’Etat de droit, les procé­dures légales et les lib­ertés fon­da­men­tales, toutes oblig­a­tions aux­quelles la Turquie a souscrit en posant sa can­di­da­ture pour l’adhésion à l’Union européenne.

KURDISTAN DU NORD-ŞIRNAK
LA POLICE FAIT FUIR LES RÉFUGIÉS

A Şir­nak, les habi­tants de la ville détru­ite avaient trou­vé un refuge dans des tentes à prox­im­ité de leurs anciens foy­ers. Les gen­darmes turcs sont venus les déloger avec des bull­doz­ers. Un campe­ment a même été la cible d’une attaque d’un héli­cop­tère de l’armée.

Sir­nak, c’est une ville détru­ite à 80% par les opéra­tions mil­i­taires de l’armée turque. 7.000 maisons détru­ites à ce jour, et les bull­doz­ers con­tin­u­ent de détru­ire ce qui avait sub­sisté des com­bats. Nous vous le révélions la semaine dernière, les démolis­seurs sont payés avec le pil­lage des habi­ta­tions qu’ils détruisent.

Mais les habi­tants refusent de quit­ter leurs ter­res. Instal­lés sur des ter­rains à prox­im­ité de la ville, sous des tentes, ils ont été som­més de quit­ter les lieux. Un héli­cop­tère de l’armée est même venu tir­er sur les campe­ments pour faire fuir les familles vivant dans des tentes près du du vil­lage de Dereler.

Dans un autre campe­ment, les mil­i­taires sont arrivés avec des camions blind­és et des bull­doz­ers. Les refuges de toile et de bois des habi­tants de Şir­nak ont été rasés. 41 familles se sont ain­si retrou­vées privées de tout abri, sans qu’aucune solu­tion alter­na­tive ne leur soit proposée.

Quand les réfugiés refu­saient de quit­ter leurs tentes, les mil­i­taires leur dis­aient : « ou bien vous quit­tez votre tente, ou bien nous vous brûlons avec ».

Mar­di, Hiş­yar Özsoy, le respon­s­able du HDP en charge des rela­tions inter­na­tionales, a donc envoyé un cour­ri­er au prési­dent du par­lement européen, Mar­tin Schulz, à Mr Thor­b­jorn, le secré­taire général du con­seil de l’Europe, au com­mis­saire Hahn, à la représen­tante de l’Union européenne pour les affaires étrangères Fed­er­i­ca Mogheri­ni, ain­si qu’au rap­por­teur de l’Union européenne pour la Turquie, Kati Piri.

Hiş­yar Özsoy dénonce tous les efforts entre­pris par les autorités turques pour empêch­er les Sir­takis de sur­vivre, même en dehors des zones placées sous couvre-feux.
Il dénonce les tirs d’hélicoptère sur les tentes du vil­lage de Derel­er, il dénonce le raid sur le camp de Kumçati, où se trou­vaient 5.000 réfugiés şirnakis.

Il dénonce le fait que sur les 69.000 habi­tants de Şir­nak, il n’y en ait plus aujourd’hui que 4.000, tous les autres ayant été déportés en masses.

Il dénonce que le direc­toire général de la gen­darmerie ait fait de Şir­nak une zone d’entrainement pour les troupes. Au cours des deux mois d’entrainements mil­i­taires à Şir­nak, les quartiers qui avaient résisté au siège de l’armée ont tous été éven­trés, démolis.

Il dénonce l’impunité totale de tous les respon­s­ables de la destruc­tion de la ville, ain­si que le refus du gou­verne­ment de Turquie de rem­plir ses oblig­a­tions humanitaires.

Il dénonce les pro­pos des gen­darmes à Kumçati, ce mar­di, qui ont dit aux 5.000 habi­tants des tentes qu’ils devaient aller aus­si loin que l’Irak, si nécessaire.

HUMAN RIGHTS WATCH
NOUVEAU RAPPORT SUR LA TURQUIE

L’association Human rights Watch vient de ren­tr­er un nou­veau rap­port sur la Turquie, un rap­port inti­t­ulé : « Turquie, Carte blanche : Sus­pen­sion des garanties con­tre la tor­ture con­séc­u­tive au coup d’État en Turquie ».

Voici quelques extraits de ce dernier rap­port de l’organisation Human rights watch, « En sup­p­ri­mant les garanties con­tre la tor­ture, le gou­verne­ment turc a en fait don­né carte blanche aux organ­ismes chargés de l’application des lois pour tor­tur­er et mal­traiter des détenus de manière dis­cré­tion­naire », a déclaré Hugh Williamson, directeur de la divi­sion Europe et Asie cen­trale à Human Rights Watch. « La déci­sion des autorités de reporter une vis­ite en Turquie du Rap­por­teur spé­cial des Nations Unies sur la tor­ture jette de sérieux doutes sur la volon­té des autorités d’empêcher la tor­ture et les mau­vais traitements.

Les décrets d’é­tat d’ur­gence éten­dent la durée légale de la garde à vue par la police sans inter­ven­tion judi­ci­aire de qua­tre jours à 30 jours, dénient aux per­son­nes en garde à vue l’ac­cès à des avo­cats pen­dant une péri­ode pou­vant aller jusqu’à cinq jours et restreignent leur pos­si­bil­ité de choisir un avo­cat, ain­si que leur droit à la con­fi­den­tial­ité de leurs entre­tiens avec leurs avocats.

Tout ceci se déroule dans un cli­mat général­isé de peur dans lequel les avo­cats, les détenus, les mil­i­tants des droits humains, le per­son­nel médi­cal et les spé­cial­istes de médecine légale ont déclaré à Human Rights Watch qu’ils s’in­quié­taient de la pos­si­bil­ité d’être les prochaines vic­times de la gigan­tesque purge menée par le gou­verne­ment con­tre les par­ti­sans pré­ten­dus du coup d’É­tat. Ces peurs ne sont pas infondées.

13 dossiers instru­its par HRW con­ti­en­nent des allé­ga­tions de recours à des méth­odes allant de la mise dans des posi­tions stres­santes et la pri­va­tion de som­meil aux vio­lents pas­sages à tabac, aux sévices sex­uels et aux men­aces de viol. »

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Et si les séances de tor­tures se mul­ti­plient dans les pris­ons, les rues du Bakur ne sont pas plus sûres au pas­sage des forces de l’ordre turc.

A Cizre, dans le dis­trict de Şir­nak, le petit Hakan Sarak, 5 ans, jouait dans la rue, ce mar­di. Un véhicule de police est arrivé et a écrasé l’enfant. D’après les témoignages recueil­lis sur place, quand les par­ents ont demandé aux policiers pourquoi ils avaient tué leur petit, ceux-ci leur ont répon­du : « Si vous lais­sez vos enfants dans la rue, nous les tuerons ».

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Quant à Iyeç Çakir, 25 ans, il est aus­si décédé des suites de ses blessures ce mar­di. D’après les policiers, il aurait refusé d’obtempérer à une injonc­tion sur la route ce 27 sep­tem­bre. Il a alors été abattu.

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Et hier, à Sir­nak tou­jours, Belkis Katar, une jeune femme enceinte de 34 ans était assise sur le pas de sa porte. Les gen­darmes sta­tion­nés au poste de Ikizce ont tiré au hasard. Elle a reçu une balle en pleine poitrine.

KURDISTAN DU SUD- BAŞUR
VILLE DE KIRKUK

Ven­dre­di dernier, Daesh attaquait la ville de Kirkuk, dans le Kur­dis­tan du sud, en Irak. Les com­bats sont ter­minés, mais il y a eu de nom­breuses vic­times. On compte 30 morts par­mi les civils et les pesh­mer­ga qui sont arrivés pour con­tenir les agresseurs.

L’attaque du Daesh sur la ville de Kirkuk avait deux objec­tifs : per­me­t­tre au Daesh de faire diver­sion par rap­port à l‘opération de libéra­tion de la ville de Mossoul, et per­me­t­tre à la Turquie de se défauss­er de l’interdiction qui lui est faite de par­ticiper aux opéra­tions mil­i­taires sur le sol irakien.

Bedirnews, un site arabo­phone, a d’ailleurs relaté qu’un mem­bre de Daesh cap­turé vivant a affir­mé que c’est à bord d’un héli­cop­tère de l’Etat turc que lui et ses com­pagnons de Daesh avaient été emmenés à prox­im­ité de la ville de Kirkuk, dans le vil­lage de Seretepe.

Le co-prési­dent du Tevgera Aza­di, Mihemed Abdul­lah, a aus­si fait le lien entre l’attaque de Kirkuk et le pro­jet turc con­cer­nant la province de Mossoul, un pro­jet qui vise à domin­er la province et à con­trôler l’entièreté du Kurdistan.

Des détache­ments des forces kur­des de la guéril­la, les HPG ain­si que les unités féminines, les YJAs­tar, sont venus à l’appel des pesh­mer­ga de Kirkuk pour aider à con­tenir l’attaque du Daesh.

Le gou­verneur de Kirkuk, Necmed­din Ker­im, a fait le bilan de l’attaque : 30 morts et une cen­taine de blessés par­mi les défenseurs de Kirkuk, et 74 mem­bres du daesh tués.

Et ce jeu­di, alors que les com­bats étaient ter­minés, les policiers asay­ish qui sécurisent les dis­tricts de Kirkuk sont encore tombés sur 5 autres mem­bres du daesh qui se cachaient dans un vil­lage proche de Lay­lan. Lors du com­bat qui s’en est suivi, 5 autres mem­bres du Daesh ont encore été tués, por­tant le bilan à 79 mem­bres de Daesh morts sur l’assaut avorté de Kirkuk.

BATAILLE DE MOSSUL
PLUS DE 900 MEMBRES DU DAESH TUÉS

La bataille de Mossoul fait rage : il s’agit de libér­er cette grande ville qui avait été cap­turée par le Daesh en juin 2014. Les avions de la coali­tion sou­ti­en­nent les forces armées iraki­ennes, aidées des mil­ices chi­ites et les pesh­mer­ga kurdes.

Selon un rap­port émanant du com­man­de­ment cen­tral des forces améri­caines, 900 mil­i­tants du Daesh auraient été tués jusqu’à présent dans les attaques menées pour libér­er la ville de Mossoul.

Dimanche dernier, c’est tout le dis­trict de Ham­daniyé, au nord de Mossoul, qui a été libéré. Ce dis­trict était surtout habité par des chrétiens.

Tou­jours au nord, les pesh­mer­ga ont pris le con­trôle de la route qui va de Bashika à Mossoul. Le sud du dis­trict de Bashika est surtout habité par des Ezidis.

Depuis la Turquie, le pre­mier min­istre Benali Yildirim expli­quait à des jour­nal­istes que les forces turques étaient engagées con­tre le Daesh à Mossoul, en sou­tien aux peshmerga.

Immé­di­ate­ment, le porte-parole des forces iraki­ennes a remis les choses au clair : il n’y a aucun élé­ment turc qui soit impliqué dans la bataille de Mossul.

Lun­di, la ville de Bertilla était reprise au Daesh. Bertilla, c’est une ville à 20 km au nord-est de Mossoul, où vivent surtout des chré­tiens et des Ezidis.

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Fuyant les com­bats, de nom­breuses colonnes de réfugiés ten­tent de trou­ver leur chemin. Selon les esti­ma­tions des Nations Unies, ils seraient déjà plus de 10.000 sur les routes de l’exil.

MINBIJ
MAISON DE LA FEMME

Après avoir vécu sous le règne du Daesh, les femmes de Min­bij repren­nent leur sort en main : une mai­son de la Femme ouvri­ra très prochaine­ment. On y for­mera les femmes à la reven­di­ca­tion de leurs droits.

A Min­bij, où les femmes ont vécu sous l’oppression du Daesh, on revient de loin. Et le con­seil civ­il de la ville s’est posé les bonnes questions :
Com­ment faire en sorte que les femmes de Min­bij puis­sent met­tre en place une société sol­idaire et totale­ment égal­i­taire entre hommes et femmes ?

Com­ment pouss­er les femmes à revendi­quer dans l’espace social ce qui leur revient de droit, com­ment peu­vent-elles par­ticiper pleine­ment à l’exercice du pou­voir dans le cadre d’une démoc­ra­tie directe ?

Pour répon­dre à ces ques­tions, la ville de Min­bij va ouvrir dans les jours qui vien­nent la mai­son de la Femme, une mai­son qui les poussera à s’associer, à trou­ver des solu­tions aux prob­lèmes qui les affectent, et à con­stru­ire avec les hommes une société libre et démocratique.

PRIX SAKHAROV
DEUX RESCAPÉES ÉZIDIES LAURÉATES DU PRIX 2016

Le par­lement européen remet­tra cette année le prix Sakharov à deux jeunes femmes ézi­dies, Nadia Murad Basee et Lamia Haji Bashar, deux jeunes femmes qui ont pu échap­per aux griffes du Daesh en Irak. Un prix qui rap­pelle la tragédie vécue par le peu­ple ézi­di lors de l’abandon de la ville de Sen­gal par les pesh­mer­ga du gou­verne­ment région­al kurde d’Irak en aout 2014.

Comme le rap­pelle le com­mu­niqué du par­lement européen, « c’est le 3 août 2014 que l’EI mas­sacre tous les hommes de Kocho, le vil­lage natal de Lamiya Aji Bachar et de Nadia Mourad, à Sen­gal. Après le mas­sacre, les femmes et les enfants sont réduits en esclavage: toutes les jeunes femmes, dont Lamiya, Nadia et leurs sœurs, sont enlevées, ven­dues et reven­dues plusieurs fois, et util­isées comme esclaves sexuelles.

Lors du mas­sacre de Kocho, Nadia perd six de ses frères et sa mère, laque­lle est assas­s­inée en même temps que 80 autres femmes âgées aux­quelles n’est accordée aucune valeur sex­uelle. Lamiya ain­si que ses six sœurs servi­ront égale­ment d’esclaves sex­uelles. Elle sera ven­due à cinq repris­es par­mi les com­bat­tants et for­cée de fab­ri­quer des bombes et des cein­tures d’ex­plosifs à Mossoul, après l’exé­cu­tion de ses frères et de son père par l’EI.

En novem­bre 2014, Nadia parvien­dra à s’échap­per avec l’aide de voisins qui la fer­ont sor­tir dis­crète­ment de la zone con­trôlée par l’EI, ce qui lui per­me­t­tra de se ren­dre dans un camp de réfugiés au nord de l’I­raq, puis de rejoin­dre l’Alle­magne. Un an plus tard, en décem­bre 2015, elle prend la parole devant la toute pre­mière ses­sion du Con­seil de sécu­rité de l’ONU sur la traite des êtres humains.

Lamiya Aji Bachar essaiera de s’échap­per à plusieurs repris­es avant d’y par­venir finale­ment en avril avec l’aide de sa famille, qui paie des passeurs locaux. Alors qu’elle s’ap­proche de la fron­tière kurde et court en direc­tion du ter­ri­toire con­trôlé par le gou­verne­ment iraquien dans l’e­spoir d’échap­per aux com­bat­tants de l’EI qui la pour­chas­sent, une mine antiper­son­nel explose et tue deux de ses con­nais­sances. Elle-même est blessée et perd presque la vue. Heureuse­ment, elle parvien­dra à s’échap­per et pour­ra ain­si être envoyée en Alle­magne pour y recevoir des soins, pays où elle retrou­vera ses frères et sœurs sur­vivants. Depuis son rétab­lisse­ment, Lamiya se mobilise en faisant con­naître la sit­u­a­tion de la com­mu­nauté ézi­die et con­tin­ue d’aider les femmes et les enfants qui ont été vic­times d’esclavage et d’a­troc­ités aux mains de l’EI. »