Les Co-maires de (Amed) Diyarbakır Metropole, Gültan Kışanak et Fırat Anlı viennent d’être mis en garde à vue hier mardi 25 octobre. La contre mobilisation s’amplifie.
Gültan Kışanak a été arrêtée à l’aéroport de Diyarbakır et Fırat Anlı a été arrêté dans sa maison. Gültan venait de rentrer dans sa ville quand elle a été arrêtée à l’aéroport quittant à peine son audition par la Commission parlementaire d’enquêtes sur le 15 juillet, tentative de coup d’état, et sur l’influence des formations “secrètes” sur la politique à Ankara.
Les forces de police ont attaqué le bâtiment de la municipalité métropolitaine de Diyarbakır et ont perquisitionné les locaux. Les avocats qui se sont opposés à la décision ont signalé en vain que cette décision allait à l’encontre du droit pénal turc, Article n°119. (la municipalité est une entité juridique). La police a pourtant fouillé le bâtiment.
Depuis 23h00, les communications avec des correspondants dans différents endroits du Kurdistan turc sont très difficiles, et il semble que les communications soient empêchées en différents lieux. Les habitants se sont massés sur place hier soir, et quelques images circulent sur les réseaux sociaux et sites libres.
S’attaquer à la ville de Diyarbakır, dont aucun maire ne fut arrêté depuis les années 1980, et de plus à Gültan Kışanak, une des figures kurdes qui avait survécu aux tortures lors de ces événements, n’est pas anodin. Le faire en pleine visite d’un ministre des affaires étrangères français, n’est pas davantage une coïncidence. Le gouvernement AKP tenterait de mettre devant le fait accompli les autorités européennes, pour pouvoir passer à l’arrestation des députés HDP dont l’immunité parlementaire a été levée, et au premier rang desquels Selahattin Demirtaş, qu’il ne s’y prendrait pas autrement.
Le DBP (branche régional du HDP) appelle la population à se rassembler devant la mairie à 11h demain. Cet appel vaut pour tous les lieux du Bakur.
Dans la vidéo ci-dessous, Sebahat Tuncel, deputée HDP s’exprime : « C’est un scandale. Tu viens, tu mets la main sur ma mairie, tu arrêtes mes administrateur/trices et tu me dis de ne pas montrer de réaction ? Vous allez donner des comptes, tous ! »
#HDP MP puts up a good show protesting the detainment of HDP #Diyarbakir mayor. When #PKK recently murdered AKP politicians, HDP kept mum. pic.twitter.com/xeDNVv0O5H
— yurda budak (@yurdabudak) 25 octobre 2016
On ne peut s’empêcher de relier cette provocation à une très récente décision d’armer les “responsables” AKP pour leur auto-défense. Ce qui avait entraîné de la part du MHP (parti ultra nationaliste allié à Erdogan) une surenchère sécuritaire, celui-ci appelant les défenseurs de la Nation à acheter des armes… Ce climat, avec cette provocation, prélude à offensive d’arrestations de plus grande ampleur, a de quoi interroger sur la suite.
Chacun connaît l’extrême tension qui règne au Bakur, et le fait qu’une immense partie de la jeunesse kurde ne demande qu’à en découdre avec l’Etat turc.
Le contexte politique régional se prêterait parfaitement à une tentative d’en finir de la part du régime AKP, en plaçant le mouvement kurde devant un choix : résister pacifiquement et appeler à ne pas entrer en conflit frontal, ou appeler à dire ‘non’ sous toutes formes possibles, ce qui les ferait de fait identifier comme “séditieux soutien des terroristes”.
La journée de mercredi sera difficile et décisive pour l’appel à la Paix, d’autant que les populations sont lasses des destructions et des répressions, et se préparent à vivre le pire des hivers depuis les années 1990.
Marsilya’da Kürtler an itibariyle tepkilerini göstermek için parlamento önünde toplaniyor pic.twitter.com/RTey2a79Oj
— Cuma Tak (@CumaTak1978) 25 octobre 2016
Des réactions de soutien se produisent déjà en France et ailleurs. A Marseille, par exemple, ville parmi d’autres, des militants ont spontanément manifesté aux cris de “nous sommes tous PKK” dès hier soir.
L’agression colonialiste de l’Etat turc contre le Rojava syrien de ces derniers jours, liée à cette spirale qui ne peut que conduire à affrontements semble être un choix délibéré d’Erdogan de mettre le plus vite possible à exécution ses menaces “nous irons les chercher partout où il se trouvent” qui ne s’adressaient pas à Daech.
Difficile à cette heure d’avoir des compléments fiables sur la façon dont le gouvernement prépare la journée de demain.
La population kurde, elle, sera au rendez-vous, n’en doutons pas un instant. Elle l’est déjà dès cette nuit. Nous pourrions assister à un franchissement de ligne rouge de la part de l’Etat turc.
Ce mercredi est encore pour le Bakur, une journée de tous les dangers.
Mises à jour mercredi 26 :
Idris Baluken, vice-président du groupe HDP, a dans une déclaration solennelle, déclaré que les protestataires resteront désormais dans la rue jusqu’à ce que ces opérations de “génocide politique” cessent.
A Bursa, 10 personnes dont 4 femmes sont détenues à la suite d’un rassemblement de protestation que la police a dispersé.
AMED — La police a attaqué les employés de la municipalité métropolitaine, qui a protesté contre le raid sur la commune et n’ont pas pu entrer dans le bâtiment. Des centaines employés municipaux ont été battues. Le blocus de la police autour du bâtiment de la municipalité métropolitaine de Diyarbakır continue. Les employés municipaux ont eux refusé d’entrer dans le bâtiment en disant: «Nous ne travaillerons pas dans la municipalité où est la police . Les employés municipaux ont commencé à crier des slogans et la police a attaqué les centaines de personnes réunies. La protestation continue. La désinformation dans le reste du pays aussi.
Istanbul
Une des membres des Mères de la Paix, Güler Buğday, a déclaré “des politiques d’atrocité et d’annihilation sont imposées au peuple kurde…ils ne peuvent pas supporter l’existence du peuple kurde. Gültan Kisanak est non seulement une co-maire , mais elle défend les droits des femmes… nous ne pouvons plus accepter. Mon appel à toutes les femmes et les peuples : Toutes les personnes qui veulent des faits devraient venir voir ce qui se passe. ” Des protestations se préparent.