Le HDK publie dans un communiqué de presse, le texte de l’intervention de İdris Baluken, Vice-président du groupe HDP, faite à l’Assemblée de Turquie, à propos des exactions de Şırnak et de ses populations dans le dénuement.
Cet appel sera ignoré par la presse turque alliée, n’en doutons pas. Il est peu probable que l’Anadolu Agensı en relaie ne serait-ce qu’une seule ligne non plus. Alors, pour qu’il parvienne jusqu’à un public européen, il n’y a guère que les réseaux sociaux… et leurs partages d’informations.
Il y a un régime de souffrance et de mort innommable à Şırnak
Actuellement en Turquie, il y a l’état d’urgence sur 80 villes, et à Şırnak, un régime de souffrance et de mort auquel l’humanité ne peut donner un nom. Depuis 213 jours, c’est à dire plus de 7 mois, les habitants de Şırnak, ne peuvent mettre le pied à Şırnak. Depuis sept mois, nous nous trouvons face à un couvre-feu qui met en siège une ville et à un régime qui pille le centre ville au point de l’effacer de la carte.
Il existe à Şırnak une pratique qui empêche toutes les aides. C’est à dire que la mentalité qui brûle, qui détruit, qui pille, bloque la moindre aide destinée à Şırnak. Toutes les aides alimentaires et matérielle d’urgence envoyées vers la ville ont été confisquée sur ordres, par la Préfecture. Aucune organisation de société civile n’est autorisée à accéder à Şırnak.
De même, à cause de l’hiver qui se rapproche, le projet de construction d’un abri afin d’héberger les habitants de Şırnak survivant actuellement sous des tentes, dont le matériel est fourni par la société civile, le terrain par la Mairie, est empêché par le gouvernement AKP, sur l’ordre personnel d’Erdoğan. A savoir, un effort particulier est fait pour que les habitants de Şırnak passent l’hiver dehors, sous des tentes, dans le froid.
[Au gouvernement :] Il faut que vous nous donniez une réponse. Quel est votre projet sur Şırnak ? Quels sont vos travaux ? Dans quelles conditions les 400 familles qui sont à la rue, vont accueillir l’hiver ? Si vous ne nous autorisez pas à faire des travaux, quel projet avez-vous ? Vous devez nous expliquer tout cela. Nous savons pourquoi vous n’agissez pas. Car vous avez peur de l’image qui se dessinera, au cas où vous installeriez une ville container ou préfabriquée, ce qui mettra vos propres citoyens dans la position des réfugiés.
Nous vous avons fait de maints appels et nous les réitérons : si vous avez peur de cette image et c’est pour cela que vous ne faites rien, vous devez laisser faire la société civile, la population agir, pour que les habitants de Şırnak puisse passer l’hiver sous un toit.
L’ONU doit mettre les aides humanitaires en circuit dans les plus brefs délais.
A Şırnak, actuellement, il n’y a pas d’enseignement. L’enseignement est en état d’arrêt. Les problèmes des écoles, des enseignants traversent l’actualité [de la Turquie], mais à Şırnak il n’y a pas d’enseignement, il n’y a pas de lieux pour parler des problèmes de l’enseignement. 64 000 habitants de Şırnak, ne peuvent mettre le pied à Şırnak depuis sept mois. Dans aucune période de l’Histoire ce genre de pratiques n’a figuré jusqu’à aujourd’hui. Même Kenan Evren (Général du coup d’Etat du 1980) n’a fait cela. Ni le régime de Saddam, ni d’autres dictateurs les plus sanglants du Moyen-Orient n’ont provoqué ces souffrances. Vous versez des larmes de crocodile pour Alep. Vous dénoncez les destructions et vous revendiquez des aides pour Alep. Vous devriez tourner vos yeux vers Şırnak, avant de parler d’Alep. Ceux qui n’autorisent pas l’aide humanitaire à Şırnak, en lançant des appels pour Alep, mettent à la lumière de jour, leur propre hypocrisie.
Je voudrais faire appel à l’opinion publique sensibilisée de la Turquie : le gouvernement AKP, d’une façon consciente, veut déshumaniser Şırnak, et par conséquent déshumaniser Botan (Région comprenant Şırnak, Siirt, Hakkari). S’il avait le moindre sensibilité sur ce sujet, il aurait agi jusqu’à maintenant. Pour cette raison, nous n’avons aucune attente de la part de l’Etat. Il faut que tous les peuples de Turquie se lèvent au plus rapidement possible pour tendre la main à Şırnak.
Je voudrais aussi faire un appel à l’ONU. le gouvernement AKP applique, avec les moyens de l’Etat qu’il détient, un concept spécifique, à Şırnak. l’ONU devrait faire les mêmes appels d’aides humanitaires fait pour Alep, également pour Şırnak. [Au gouvernement :] Voyons voir, quand des aides humanitaires viendront par l’intermédiaire de l’ONU, vous seriez capable de les empêcher comme Assad, oui ou non ?
Hurşit Külter est aujourd’hui sain et sauf, grâce à nos campagnes [médiatiques]
Pour la réapparition de Hurşit Külter, nous ressentons non pas de la honte, mais de la fierté. Hurşit Külter est sain et sauf grâce aux campagnes que nous avons menées. Il a été arrêté par une structure de gang formée dans la région, mis en garde à vue d’une façon à ne pas entrer dans des registres officiels, et a subi de lourdes tortures pendant 13 jours. Hurşit Külter n’a pas pu être exécuté suite aux campagnes de soutien, ensuite il a réussi à se sauver, et après un voyage difficile, il a pu faire une déclaration publique que vous connaissez. Nous sommes honorés d’avoir entendu la voix de Hurşit, et non pas de trouver ses ossements. Nous regrettons de ne pas avoir pu sauver de cette façon, les 141 personnes massacrées à Cizre.
Une telle déclaration et un tel appel nous renforce dans la nécessité d’organiser par tous moyens une solidarité concrète pour les populations du Kurdistan. Et cela ne s’oppose pas à une solidarité pour Alep, comme hypocritement le fait l’AKP, qui défend des intérêts anti Assad qui n’ont rien non plus “d’humains”, mais relève de sa volonté d’y intervenir.
Ce sera aussi l’objet de l’initiative de Women In War, que nous soutenons et où nous seront présents.
Les fonds recueillis seront totalement destinés à un projet d’aide au Kurdistan.
« Le Kurdistan en Flammes » soirée de soutien • Paris 27/10
Image à la une : photo de Haber 7, prise en juin 2016, bien avant l’arrivée de l’hiver.