La sit­u­a­tion dans les pris­ons turques, pour les pris­on­niers poli­tiques, devient encore plus dif­fi­cile depuis mi 2015, et la répres­sion a franchi un seuil sup­plé­men­taire depuis le coup d’E­tat, et la mise en place de l’é­tat d’urgence.

La tor­ture, physique ou morale, a refait son appari­tion ici ou là à plus grande échelle, et notam­ment à l’en­con­tre des femmes, dans la péri­ode récente.

Pour illus­tr­er nos pro­pos, voici les tra­duc­tion d’ex­traits d’ar­ti­cles de l’a­gence JINHA

ISTANBUL

Les avo­cats du “Bureau des Juristes du Peu­ple” (HHB — Halkın Hukuk Büro­su) ont déclaré que les femmes détenues qui ont été exilées à la prison fer­mée de Silivri No.9 pour femmes, ont été soumis­es à la tor­ture par les gardes. Ils ont sig­nalé l’in­ci­dent au directeur. La réponse fut : “Nos gar­di­ens sont des hommes, nous ne sommes pas en charge de cela.”

La vio­la­tion du droit dans les pris­ons, à l’en­con­tre des pris­on­niers poli­tiques a recom­mencé avec l’é­tat d’ur­gence déclaré après la ten­ta­tive de coup d’E­tat du 15 Juillet.

Après les allé­ga­tions de tor­ture dans la prison de Şakran à İzmir, les détenues de la prison de Silivri affir­ment qu’elles ont été soumis­es à des tor­tures par les gardes égale­ment. Le HHB con­firme que les femmes détenues qui ont été exilés de la prison de femmes fer­mée de Bakırköy vers la prison de Silivri No.9, ont été égale­ment soumis­es à la torture.

Selon la déc­la­ra­tion du HHB, leur cliente Sev­can Adıguzel a subi des vio­lences pour avoir crié des slo­gans. La déc­la­ra­tion dit : “Ils lui ont frap­pé la tête con­tre le mur, dans l’in­ter­valle, notre cliente a saigné du nez. Ils ont com­primé ses seins. Notre cliente a été soumise à tor­ture et har­cèle­ment. Les gardes ont même util­isé des aigu­illes con­tre notre cliente quand ces vio­lences ont eu lieu dans la cel­lule.”

La déc­la­ra­tion pré­cise que leur autre cliente, Kübra Sün­netçi a égale­ment été soumise à la tor­ture dans la même prison.

Les avo­cats du HHB ont sig­nalé la tor­ture au directeur. Le directeur a répon­du aux avo­cats : “Dites-leur de ne pas résis­ter. Cette prison est pour les hommes et nos gar­di­ens sont des hommes. Nous ne sommes pas respon­s­ables des événe­ments à venir.”

La déc­la­ra­tion note qu’il y a des témoins et des rap­ports médi­co-légistes pour con­firmer la tor­ture dans la prison.

AMED

Xece Yaman, de TUHAD-FED (Fédéra­tion de sol­i­dar­ité et d’u­nions de familles de pris­on­niers), informe que les détenuEs organ­isent une grève de la faim col­lec­tive ou indi­vidu­elle con­tre la tor­ture et la pres­sion dans les pris­ons. Des cen­taines de détenuEs ont aus­si du faire face à l’isole­ment dans l’an­née récente, con­tra­dic­toire­ment avec d’autres, placéEs en cel­lules sur­chargées à l’ex­trême. Il invite à se lever et se mobilis­er en sou­tien pour les détenus.

Pres­sions psy­chologiques, tor­ture et isole­ment ont com­mencé à être pra­tiqué con­tre les pris­on­niers du PKK et PAJK (Par­tiya Azadiya Jinên Kur­dis­tan), dès après les attaques et la répres­sion vers le Kur­dis­tan turc depuis 2015.

torture cellule femmes prison bakirkoyEn 24 heures le cou­vre-feu avait été imposé à Şır­nak (depuis le 14 Mars). Les détenuEs dans les pris­ons de type T de Şır­nak avaient lancé une grève de la faim con­tre les pra­tiques dans la prison, grève de la faim col­lec­tive ou individuelle.

Xece a déclaré que les détenuEs font tou­jours face à l’op­pres­sion, les peines et les traite­ments arbi­traires dans la prison. L’E­tat a com­mencé à se retourn­er de plus en plus con­tre les détenuEs, avec le con­cept de la guerre menée, en par­ti­c­uli­er l’an­née dernière. Il est men­tion­né dans la déc­la­ra­tion que la moin­dres des deman­des des détenuEs dérangeait l’ad­min­is­tra­tion péni­ten­ti­aire et que cer­tainEs ont été con­fron­téEs à l’isole­ment pen­dant un an, pra­tique illégale.

Xece a souligné que l’op­pres­sion con­tre les pris­on­niers du PKK et PAJK a con­tin­ué d’aug­menter après la ten­ta­tive de coup d’ Etat du 15 Juil­let : “On dirait que la ten­ta­tive de coup n’a pas été organ­isée par FETÖ (Organ­i­sa­tion Fethul­lah Gülen) puisqu’ils ont aug­men­té la pres­sion sur d’autres pris­on­niers poli­tiques après la ten­ta­tive de coup d’E­tat. Les vis­ites et les appels télé­phoniques ont été lim­ités et les let­tres ne sont pas don­nées à beau­coup de pris­on­niers. Main­tenant, les pris­on­niers poli­tiques dans de nom­breuses pris­ons ont lancé une grève de la faim con­tre ces pra­tiques. La grève de la faim des pris­on­niers dans ces con­di­tions dif­fi­ciles, alors qu’ils ne sont pas en bonne san­té nous inquiète. Les gens devraient être con­scients qu’ils faut défendre les pris­on­niers “.

(Beri­tan Canöz­er / Jinha)

Vous l’au­rez remar­qué, la réponse du directeur de la prison de Silivri pue le sex­isme. Excuser la tor­ture sous état d’ur­gence par un trop plein de testostérone, il fal­lait le faire. A quand les excus­es pour les viols ?

Alors qu’un décret avait fait libér­er nom­bre de pris­on­niers de “droit com­mun” après le coup d’E­tat, les geôles ont été ré-occupées par des pris­on­nierEs poli­tiques sup­plé­men­taires, arrêtéEs en grand nom­bre. L’op­po­si­tion démoc­ra­tique et le mou­ve­ment kurde sont en pre­mière ligne, effet d’aubaine au milieu des arresta­tions des soit dis­ant FETÖ.

Il y a eu aus­si la vague des intel­lectuels, jour­nal­istes, puis ces jours derniers des respon­s­ables et des élus. 180 ont été arrêtés dans les villes de Turquie et du Kur­dis­tan dans les sept derniers jours. La majorité d’en­tre eux sont du HDP et DBP (Régions Par­ti démoc­ra­tique), des co-prési­dents provin­ci­aux et de dis­trict. Beau­coup visent entres autres, le sys­tème de co-prési­dence un homme, une femme, que le régime AKP ne tolère pas. (la sus­pen­sion des maires et co-maires et leur rem­place­ment par des admin­is­tra­teurs d’é­tat AKP suit la même logique).

Cette recrude­s­cence de la vio­lence à l’in­térieur des pris­ons con­tre les pris­on­nierEs poli­tiques n’est pas le fait isolé de gar­di­ens ou de respon­s­ables locaux. Même avec l’af­faib­lisse­ment con­sid­érable par les purges, des rouages admin­is­trat­ifs de l’E­tat, cette poli­tique répres­sive est “jus­ti­fiée” d’en haut, et validée par l’idéolo­gie qui pré­side à l’é­tat d’ur­gence. “Il faut mater l’en­ne­mi de l’in­térieur, qui se place hors de l’u­nité nationale”.

Que le patri­ar­cat donne là dedans sa pleine mesure ne peut éton­ner. Ce qui est remar­quable, c’est la com­bat­iv­ité de ces femmes, dou­ble­ment réprimées là aus­si, en prison.

Cette sit­u­a­tion nous ren­force dans l’idée qu’il faut établir un sou­tien sous divers­es formes, en tis­sant des liens au tra­vers des bar­reaux, et cela de façon sys­té­ma­tisée, et pas seule­ment der­rière quelques “per­son­nal­ités”, même si cela per­met de par­ler de toutes et tous.

Cela nous ren­force aus­si dans ce que nous écriv­ions à pro­pos des uni­ver­si­taires, en élar­gis­sant à l’ensem­ble de la résis­tance directe­ment men­acée en Turquie. Dévelop­per des échanges, des invi­ta­tions, des par­rainages, serait une action con­crète pour l’avenir.

Enfin, con­cer­nant les dan­gers qui pèsent prin­ci­pale­ment sur les femmes (mais pas que, les LGBTI en savent quelque chose), une vig­i­lance s’im­pose, afin que la dénon­ci­a­tion d’a­gres­sions et de vio­lences sex­uelles soit immé­di­ate et trou­ve ses reten­tisse­ments en Europe.

Il y a ici dans les pays européens, des asso­ci­a­tions, des organ­i­sa­tions de société civile, des mil­i­tantEs des droits de l’homme, des syn­di­cats, dont c’est le devoir de s’emparer de ces questions.

Le cas des pris­on­nierEs poli­tiques en Turquie devrait aus­si devenir une préoc­cu­pa­tion majeure.

Et pour l’escalade, notam­ment à l’en­con­tre des femmes, lire ICI les développe­ments récents et les cas avérés.


Eng­lish: “Tor­ture is back, and in women’s pris­ons” Click to read

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