Les sup­port­ers d’Amedspor nous ont ser­rés dans leurs bras. Oui, nous sommes des traitres à la patrie. Il aurait fal­lu plutôt que nous les atten­dions sur le trot­toir d’en face pour les caillasser ?”

Voilà les pro­pos plutôt intel­li­gents d’un groupe de sup­port­ers de Zongul­dak, « Ultras Elmas » qui s’est ren­du à Diyarbakir (Amed) pour le match d’Amedspor.

Comme Amed­spor, le club de joueurs kur­des, est déclaré « ter­ror­iste » comme pour beau­coup de choses, rien que parce que kurde… Le groupe « Ultras Elmas » a été déclaré à son tour par d’autres sup­port­ers comme « traitres à la patrie ».

Ahmet Akar le leader du groupe de sup­port­ers a pub­lié ce texte sur son Facebook :

OUI, NOUS SOMMES DES TRAITRES A LA PATRIE

Hier, au petit matin, quand vous dormiez encore pro­fondé­ment dans vos lits chauds, en groupe d’amoureux de Zongul­dak, nous avons quit­té cette ville avec nos “uni­formes”. Nous avions une chose dans la tête ; mon­tr­er aux joueurs de notre équipe quand ils arrivent sur le ter­rain à 1300km de chez eux, qu’ils ne sont pas seuls.

Oui, nous sommes des traitres à la patrie. Nous auri­ons du con­tin­uer à dormir comme vous. Avec les pre­mières lumières du jour notre avion est par­ti d’Ankara vers Diyarbakir. Et en atter­ris­sant à Diyarbakir, un groupe de sup­port­ers de Amed­so­por nous a accueil­li avec leurs sourires qui ne se fanent jamais.

Oui nous sommes des traitres à la patrie. Nous n’avons pas refusé les mains que ces gens nous tendaient, nous les avons ser­rées. Nous avons pris le salut de Dieu.
Ils ont même porté nos sacs et pan­car­tes. Ils avaient prévu un car, pour nous. Pas un seul n’est mon­té dedans, avant qu’on y prenne place. Ils nous ont mon­té à bord et ont pris enfin des places restés vides.

Au moment des sépa­ra­tions. Nous avons pris un bus, cette fois, c’est frère Ramadan, prési­dent de l’association [des sup­port­ers] qui nous a empêché de pay­er les bil­lets. Il s’est même énervé quand on a insisté. Tous les amis sup­port­ers qui nous ont emmenés au bus nous a dit un par un au revoir en nous ser­rant dans les bras. Ces embras­sades n’étaient pas des fauss­es embras­sades comme si on s’était ren­con­trés dans la rue, mais plutôt comme on dit au revoir à ses amis, sa famille qui par­tent loin. Ils nous ont enlacés très fort.

Oui, nous sommes des traitres à la patrie. Nous auri­ons sans doute du les repass­er en dis­ant « Ça ne va pas non ? »

Je fais appel à mes anciens amis qui nous ont déclaré traitres à la patrie, parce qu’ici nous avons dis­cuté avec ses gens, mangé leur pain, bu leur thé : Diyarbakir est là bas, ces gens sont là bas. C’est facile de vous acharn­er sur vos claviers. Allez‑y, jetez leur des pier­res, cassez leur la tête. Pillez leurs mag­a­sins. Réqui­si­tion­nez leurs voitures. Nous, nous n’avons pas fait cela et nous sommes devenus“traitres à la patrie”. Allez là bas, faites le, vous, et sauvez la patrie. Mais juste une remar­que, même quand vous leur lancerez des pier­res, eux, ils vont con­tin­uer à vous tapot­er le dos.

Je ne sais pas qui lira ce texte jusqu’au bout des lignes. Je m’en fiche de ce que vous pensez. Je ne suis même pas sur que vous soyez capa­bles de penser… J’ai eu l’occasion de com­pren­dre qu’un groupe de per­son­nes que je croy­ais des humains, ne le sont pas.

zonguldakspor

Sans com­men­taires… Ce coup de gueule se suf­fit à lui-même.

Et pour com­pléter, une autre his­toire de bal­lon


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