On était sans nouvelles de Hurşit Külter depuis 133 jours. Il vient fort heureusement de refaire surface.
Hurşit, responsable du DBP (Parti des Régions Démocratiques) a fait aujourd’hui une déclaration à la presse à Kirkouk en Irak.
Dans une période où tous les habitants quittaient leur maison à Şırnak, sous couvre-feu, Hurşit avait refusé de quitter sa ville.
Le soir du 27 mai, Hurşit se trouvait à Şırnak, où les affrontements continuaient, et il avait envoyé un dernier message à sa famille le 28 mai par lequel il informait qu’ils étaient encerclés et dans lequel il disait « Il ne me reste pas beaucoup de temps. Saluez tout le monde. »
Le soir même, sur des comptes de Twitter liés aux forces spéciales, des photos de Hurşit ont été partagées. Ensuite, les partages ont été supprimés et les comptes en question ont été fermés.
Le 29 mai, malgré les démarche d’avocats, d’élus, ni la Direction de Sécurité de Şırnak, ni l’armée, n’ont admis la mise en garde à vue de Hurşit. Plus le temps passait, plus les soupçons sur le fait qu’il puisse avoir été massacré s’intensifiaient.
Sa disparition rappelait étrangement celles des années 90, pour lesquelles, les familles demandent encore des explications à l’Etat, telle que les Mères du Samedi, qui se sont d’ailleurs appropriées également le cas de Hurşit.
Hurşit a commencé sa conférence de presse, en remerciant toutes celles et ceux qui ont mené une lutte pour sa recherche et a demandé des excuses pour ne pas avoir pu refaire surface plus tôt.
Hurşit a précisé qu’il avait été en effet mis en garde à vue le 27 mai 2016 et qu’il a été retenu dans le sous-sol d’un immeuble pendant 13 jours, lors desquels il a subi des tortures psychologiques et physiques.
« Ils m’imposaient de devenir une balance. Ils ont voulu que je sorte et que je fasse des déclarations à l’encontre des résistances d’autonomie. Il s’agissait particulièrement du PÖH (Police spéciale). Pendant ma détention, les policiers parlaient entre eux, et disaient qu’ils allaient m’exécuter quand ils n’auraient plus besoin de moi ».
Hurşit explique qu’il a cherché les moyens de fuir et qu’il l’a fait dès qu’il a trouvé une possibilité.
« Quand j’ai quitté l’immeuble, ils ont remarqué mon absence. Ils ont voulu m’attraper, ou me tuer et me tirant dans le dos. Mais j’ai réussi à fuir. Je me suis caché dans la ville [en siège]. Je ne trouvais pas de moyen pour atteindre ma famille, ni les médias. Je me suis caché pendant 40, 45 jours dans des maisons évacuées. Ensuite je suis tombé sur des gens qui résistaient dans la ville, et j’ai pu quitter la zone avec leur aide. Je ne peux pas partager leur identité pour leur sécurité. Quand je suis venu ici, je n’ai dit à personne qui j’étais. C’est seulement une fois que je me suis senti réellement en sécurité que je fais maintenant cette déclaration. »
On ne peut dire “voilà qui finit bien”, car on se doute que la sécurité d’Hurşit Külter, tient aujourd’hui à la popularisation de son nom, et que la “sécurité” turque, sous état d’urgence, risque bien de le remettre en garde à vue, officiellement cette fois, si il se retrouve à sa portée, comme tant d’autres ces dernières semaines.