L’état d’urgence a encore frappé… 10 chaînes de télévision dont certaines kurdophones ont été fermées par décret. Les chaines ont été retirées du satellite Türksat, sans aucun avertissement préalable.
L’émission des chaînes Jiyan TV, Zarok TV, Hayatın Sesi TV, TV 10 et Van TV entre autres, a cessé autour de 20h locale. Voilà les résultats de l’application du décret-loi n ° 668 qui a été délivré par l’application de l’état d’urgence.
LISTE COMPLETE :
IMC TV, Hayat TV, Özgür Gün TV, Van TV, Van Genç TV, TV 10, Jiyan TV, Azadi TV, Zarok TV, Denge TV, Mezopotamya TV, Birlik Medya TV.
Rengin Radio, Özgür Radyo, Ses Radyo, Radyo Karacadag, Özgür Günes, Yön Radyo, Patnos FM, Dünya Radyo.
Certaines chaines continuent à émettre via Internet, comme Hayatın Sesi.
Quant à Zarok TV, comme son nom indique, (Zarok : ‘enfant’ en kurde) c’était une télé qui émettait des dessins animés en kurde.
Les schtroumpfs, Garfield, Bob l’éponge, deviennent peut être membres d’organisation terroriste rien qu’en parlant kurde ? Ou alors Dora l’exploratrice passerait-elle des messages subliminaux ?
Les directions des chaînes déclarent qu’elles n’ont pas été prévenues de la suppression de leur transmission via le satellite, mais quand elles ont contacté l’autorité audiovisuelle, on leur a répondu que la décision avait été prise par décret. Elles annoncent qu’elles vont faire toutes les démarches nécessaires pour contester.
Signalons aussi que les forces de police ont attaqué Radyo Dünya qui diffuse à partir de la province d’Adana.
Ce raid est intervenu aussitôt après la suspension, hier, par le Conseil des 10 chaînes de télévision en ligne. Dans les heures qui ont suivi l’information, le nombre de médias fermés était monté à 20, dont 12 chaînes de télé. On apprend aussi que Eutelsat veut fermer la chaine de télévision kurde Med Nûçe à la demande du gouvernement turc…
Une campagne de soutien a commencé spontanément sur les réseaux sociaux avec le hashtag #HayatınSesiSusturulamaz (« La voix de la vie » ne peut pas être tue)
Artistes, journalistes, politiques, militants ou simples internautes apportent leur soutien aux chaines victimes de “censure par décret”.
Quand on avait dit “La révolution ne passera pas à la télé”…
L’état d’urgence, entériné par le Parlement turc, avec la quasi totalité des votants, ors les députés du HDP, dont l’immunité parlementaire a été aussi suspendue, rappelons le, par les mêmes députés, kémalistes compris, permet désormais au gouvernement Erdogan et à l’AKP de pleins pouvoirs sur toutes les décisions, et pas seulement pour la police, l’armée ou la justice.
Les “purges” dans tous les secteurs, et de façon extrêmement forte dans le secteur de l’éducation, ont été et sont permises ainsi. La suspension des maires de 28 localités, dont 24 kurdes, et leur remplacement par des administrateurs liés à l’AKP, sans souci des votes antérieurs, les arrestations et gardez à vue de 30 jours… tout procède de cet état d’urgence, de fait plébiscité aussi par l’union “nationale-liste” acceptée en août, après le putsch manqué.
La fermeture de chaînes de télévision intervient donc dans cet ensemble de mesures de la désormais démocrature turque.
Ajout du 29 septembre :
Appels à manifester “contre l’état d’urgence” en Turquie.
Un rendez vous pour un rassemblement sur la place à Galatasaray à 18h00 est annoncé pour ce soir jeudi 29 septembre pour Istanbul. Le thème principal en est “pour défendre le droit de s’informer du Peuple”
Image à la une :
“Jin, jîyan, azadî !” : Femme, vie, liberté !