Le leader du PKK, et l’inspirateur du mouvement kurde, Abdullah Öcalan est toujours détenu sur l’île prison d’İmralı. Aucune nouvelle n’a pu être prise d’Öcalan depuis 5 avril 2015. Les possibilités de rencontres sont empêchées par le régime Erdogan depuis 5 ans avec ses avocats, et, depuis plus d’un an avec sa famille et les délégations. Les Kurdes et leurs soutiens sont de fait inquiets pour sa vie. Et les inquiétudes se sont intensifiées après la tentative de coup d’Etat du 15 juillet.
Une campagne revendiquant la « Liberté pour Öcalan », à minima la possibilité de contact avec ses proches et ses avocats, a été appuyée par des rassemblements, marches, manifestations et a trouvé un prolongement initié par des groupes de soutien qui ont entamé une grève de la faim en Turquie, et dans différents pays où la diaspora kurde est fortement présente.
L’appel à la grève de la faim illimitée a été lancé le 31 août par le HDP (Parti Démocratique des Peuples), le DBP (Parti Démocratique des Régions) le DTK (Congrès pour une société démocratique), le HDK (Congrès Démocratique des Peuples) et le KJA (Congrès des Femmes Libres).
Selahattin Demirtaş a également relayé cet appel le 4 septembre, lors de son discours depuis le rassemblement annuel de Cologne en Allemagne.
A Amed (Diyarbakır), les grévistes entament aujourd’hui leur 4ème jour. La grève a commencé le 5 septembre, avec la participation de 50 volontaires, dont Sebahat Tuncel (Co-présidente du DBP), Leyla Güven (Co-présidente du DTK), Ceylan Bağrıyanık de la commission d’ İmralı, Les députéEs du DHP Ferhat Encü, Selma Irmak et Dilek Öcalan. Bekir Kaya, Co-maire du Van, Gülcihan Şimşek membre du DBP-PM, Les avocatEs d’Öcalan Ebru Günay et Cengiz Çiçek, ainsi que la comédienne Berfin Emektar et Zeynel Doğan, réalisateur et comédien. De nombreuses organisations politiques, corporatives et de société civile, artistes, intellectuels rendent chaque jour aux grévistes de faim des visites de soutien.
A Strasbourg, la grève de la faim, débutée le 23 août au foyer de l’église de la Très-Sainte-Trinité, revendique elle aussi une “reprise du contact avec Öcalan”, ainsi que l’attribution d’un statut au Sinjar. Fikret İgrek, Peşimam Ekrem Deniz, Bozo Bacini, Beşir Ezidi et Bedirxan Kahraman, faisant partie du Conseil des Yézidis de Sinjar en exil, y participent. Fikret İgrek, le président du Conseil a précisé que dans le cas où la revendication de prise de contact ne trouverait pas de réponse, de nombreux Kurdes yézidis souhaitaient rejoindre la grève de la faim.
Par ailleurs la visite d’observation du CPT (Le Comité anti-torture du Conseil de l’Europe) effectuée en fin août, dans les prisons de Turquie n’a pas intégré la prison d’İmralı, malgré les demandes préalables, et les lettres des Co-présidents du HDP adressée à Gnatovsky, président de ce conseil. Pourtant, cette visite était très attendue par le peuple kurde. L’absence de visite a encouragé les contestations des grévistes. Öztürk Türkdoğan, Président général du IHD (Association des droits de l’homme), Ümit Efe, représentant de TIHV (Fondation des droits de l’homme de Turquie) et la combattante des droits de l’homme, la juriste Eren Keskin ont fait part de leurs considérations à l’agence d’information ANF.
Eren Keskin, a souligné que le traitement particulier appliqué sur Öcalan est à la fois contraire au Droit intérieur turc et aux conventions internationales, en précisant : « La vie et la santé d’Öcalan ont une importance capitale aux yeux du peuple kurde et le fait que le commandant de la prison d’İmralı, où des conflits armés ont été constatés dans la nuit de la tentative de coup d’Etat, soit arrêté, approfondit les inquiétudes ». Eren a jouté : « Pour nous les défenseurs des droits humains, une grève de faim est le dernier moyen de lutte, mais les inquiétudes sur les possibilités d’avoir un résultat par des voix démocratiques ont tellement augmenté qu’une décision de grève de la faim a été prise. »
Cette revendication, et ce moyen de la défendre, quand on connaît l“attachement et la reconnaissance du mouvement kurde envers leur leader Öcalan, et au delà “l’admiration” que lui voue l’immense majorité des Kurdes, est en effet un moyen d’éviter le pire, sur un point de tension supplémentaire, après les couvre feux, les massacres et les destructions. Une grande partie de la jeunesse kurde, que ce soit au Kurdistan turc, ou dans les quartiers des métropoles, embraserait le pays si un “malheur” survenait. A l’inverse, le régime AKP exerce un chantage à la Paix, en maintenant le silence autour du leader politique.
Le régime a engagé des forces militaires en Syrie, pour imposer sa fameuse zone tampon, et déstabiliser le Rojava… Il aurait en ce moment, après le coup d’état manqué et les purges, une difficulté à faire face à deux fronts… Mais soyons en sûrs, la Paix est en jeu, non seulement pour une demande de retour aux “négociations”, mais à propos des “signes de vie pour Öcalan.
Le reste de la Turquie, et la presse aux ordres, aurait bien tort de continuer à diffuser des sarcasmes à propos de cette forme d’action, comme elle le fait en ce moment. Mais peut être préfère-t-elle la guerre, comme leurs dirigeants nationalistes bigots ?