Comme les médias l’ont annon­cé, l’in­ter­ven­tion de l’État turc à Jer­ablus est un tour­nant dans la guerre. C’est poli­tique­ment un fait grave, mais cela par­ticipe de la fuite en avant de l’État turc depuis la reprise du con­flit à l’Été de 2015 avec le PKK (Par­ti Des Tra­vailleurs du Kurdistan).

Partie 1
Erdoğan est en difficulté

Erdoğan a la vie dure depuis un an. D’abord il a fal­lu refaire vot­er les électeurs, en trichant, en Novem­bre 2015 pour retrou­ver une majorité par­lemen­taire. Puis les attaques du PKK se sont inten­si­fiées. Plusieurs grandes villes à majorité kurde ont échap­pé à son con­trôle pen­dant plusieurs mois comme Cizre 60 000 habi­tants, Şır­nak 60 000 habi­tants et Nusay­bin 100 000 habi­tants. L’ar­mée turc n’a réus­si qu’a repren­dre ces villes qu’après d’âpres com­pli­ca­tions où la déci­sion pure et sim­ple de ras­er les villes a été prise pour les repren­dre. En réponse, le PKK a mul­ti­plié les attaques meur­trières envers les con­vois blind­és et atten­tats à la voiture piégée con­tre les com­mis­sari­ats. Empêtré dans un con­flit de trois décen­nies avec la guéril­la kurde, l’é­conomie est en berne.

Les atten­tats de Daech ont fait une mau­vaise pub à l’étranger. Le tourisme est en chute libre, alors qu’il s’ag­it d’un secteur impor­tant de l’é­conomie. La crois­sance ne dépasse plus les 2% depuis longtemps. Le chô­mage explose à plus de 10% offi­cielle­ment. De plus, le PKK a fait « sauter » cer­tains des pipelines pas­sant en Turquie et au Kur­dis­tan irakien. Les dif­fi­cultés se sont ren­for­cées égale­ment depuis qu’Er­doğan a fait abat­tre un chas­seur russe. Pou­tine lui avait imposé un embar­go assez lourd.

D’un point de vue diplo­ma­tique, Les puis­sances occi­den­tales sont agacées par la Turquie. Son chan­tage sur les réfugiés et la con­trepar­tie à plusieurs mil­liards d’eu­ros pour que la Turquie les reti­en­nent a été mal perçu. Sans par­ler des améri­cains qui ont retiré leur boucli­er antimis­sile à la fron­tière syri­enne. Par la suite, ils décidèrent de retir­er leurs bombes nucléaires de Turquie, de peur que le pays ne som­bre dans le chaos et qu’elles ne tombent entre de mau­vais­es mains. L’ex­cuse offi­cielle fut de dire que ce déplace­ment d’o­gives était nor­male­ment déjà prévu. De plus, ces derniers n’ap­pré­cient pas l’an­i­mosité d’Er­doğan envers les kur­des syriens.

En Syrie, le con­flit s’éternise. Les finance­ment des rebelles pèsent lourd sur la Turquie en dif­fi­culté économique. Les résul­tats sur le ter­rain sont peu sat­is­faisants. C’est une véri­ta­ble guerre d’usure épuisante pour tout le monde. Mais surtout, les Kur­des syriens pro­gressent à toutes vitesse et sont sur le point de réu­ni­fi­er leurs cantons.

Puis survient le « mir­a­cle » pour Erdoğan : le coup d’État du 15 Juil­let. Une ten­ta­tive de coup d’État d’une par­tie de l’ar­mée est « déjoué » avec suc­cès. Il peut ain­si purg­er l’État et la société sous pré­texte de vagues liens entretenus avec la con­frérie Gülen. La lev­ée de l’im­mu­nité par­lemen­taire des députés du Par­ti pro-kurde du HDP n’avait déjà été qu’une formalité.Tous les autres par­tis sou­ti­en­nent la poli­tique d’après Putsch d’Er­doğan. Que ce soit les fas­cistes du MHP, liés aux loup gris, ou encore les kémal­istes laïcs du CHP, tous sont ren­trés ou ren­trent dans le rang ! Et comme tout cela ne suff­i­sait pas, le pre­mier à l’avoir appelé au télé­phone le soir du putsch est Pou­tine, qui a dit à Erdoğan, « de bien vouloir rat­trap­er le coup », si il s’excusait. Ce qui fut fait.

L'armée turque pose dans ville de Nusaybin rasée

L’ar­mée turque pose dans ville de Nusay­bin rasée

 

Partie 2
Erdoğan rencontre Poutine

Erdoğan savait que Pou­tine était en dif­fi­culté. En effet depuis la crise et la guerre en Ukraine il était dans un sacré bour­bier. Les occi­den­taux lui met­taient la pres­sion et récla­maient qu’il rende la Crimée à l’Ukraine. La Russie se retrou­vait sous blo­cus économique et sa crois­sance s’é­tait trans­for­mée en décrois­sance for­cée. L’ap­port d’armes aux rebelles ukrainiens avait plom­bé son bud­get. Ce dernier craig­nait égale­ment forte­ment un retour des dji­hadistes étrangers de Syrie dans leur Cau­case natale.

La Syrie était pour Pou­tine un véri­ta­ble prob­lème égale­ment. La Russie a four­nit des armes d’une valeur de plusieurs dizaines de mil­liard de dol­lars au régime syrien sans savoir s’il pour­rait pay­er un jour la fac­ture. Les bom­barde­ments russ­es en Syrie ont fait pro­gress­er les troupes de son « ami » Bachar El-Assad, mais pas suff­isam­ment pour obtenir une vic­toire déci­sive. En se regar­dant dans cette sit­u­a­tion miroir, Erdoğan avait tout de même une carte solide dans sa poche. En effet, à Alep les groupes de rebelles qu’il sou­tient avaient infligés une défaite au régime syrien. Cinq généraux ont été tués avec des cen­taines de leurs sol­dats dans une offen­sive pour lever le siège d’Alep qui a abouti. Les troupes de l’ar­mée arabe syri­enne butaient sur les défens­es rebelles. En effet, Erdoğan les avait très lour­de­ment équipés pour réus­sir leur offen­sive. Mais Erdoğan et Pou­tine ont un point com­mun, ils n’ai­ment pas la mon­tée en puis­sance des Kur­des dans le nord syrien. Ces derniers men­a­cent forte­ment les troupes syri­ennes postées dans le gou­ver­norat d’Has­saké et imposent de plus en plus leurs revendications.

Après les ren­con­tres devant les caméras, Pou­tine et Erdoğan ont eu un échange qui devait ressem­bler à cela : La Russie et la Turquie renouent leurs liens économiques pour soulager les deux économies en déroute, mais la Russie impose à Erdoğan de ressus­citer un pro­jet pharaonique de pipeline pas­sant par la Mer Noire. De plus, Erdoğan ralen­ti­ra son aide aux rebelles syriens sur Alep pour soulager l’ar­mée syri­enne, puis relâchera la pres­sion sur Bachar El-Assad en ne deman­dant plus son départ immé­di­at. En échange, Pou­tine accepte et con­va­inc le régime et les Iraniens d’une inter­ven­tion mil­i­taire lim­itée de l’ar­mée turc soutenue par des sup­plétifs syriens à Jer­ablus. L’ob­jec­tif est de blo­quer l’expansion kurde et la liai­son frontal­ière de leur ter­ri­toire de Kobané à Afrin.

Heureux Erdoğan, qui s’en alla le cœur léger de cette ren­con­tre. Ce dernier n’a pour­tant pas prêté atten­tion aux rires que fai­saient les russ­es, en partant.

Partie 3
Erdoğan intervient à Jerablus

L’ar­mée turque n’est pas con­nue pour faire dans la den­telle. Dès le pre­mier jour d’in­ter­ven­tion elle tue 48 civils à Jer­ablus et réus­sit à faire fuir presque l’ensemble des quelques mil­liers habi­tants de la ville dans les zones sous con­trôle kurde. Les dji­hadistes qu’elle a recruté pour l’of­fen­sive n’ont pas trop eu à se bat­tre pour pren­dre la ville, qui tombe en moins de quelques heures. En effet, Daech avait évac­ué la ville et lais­sé quelques rares explosifs. Inhab­ituel pour une organ­i­sa­tion qui est con­nu pour se bat­tre jusqu’à la mort dans des villes stratégiques comme à Fal­lu­jah ou Man­bij. Vis­i­ble­ment les ser­vices secrets turcs avaient négo­cié le retrait des troupes de Daech de cette ville stratégique.

Bachar El-Assad con­damne molle­ment l’of­fen­sive, les puis­sances européennes aver­tis­sent rapi­de­ment la Turquie de se con­cen­tr­er sur Daech plutôt que sur les kur­des. L’I­ran laisse faire, même si elle finit par con­damn­er quelques jours plus tard l’in­ter­ven­tion. Au début, les déc­la­ra­tions des offi­ciels améri­cains appel­lent en même temps à soutenir la FDS, Forces Démoc­ra­tiques syri­ennes, et les forces turques, qui vont pas tarder à s’affronter.

Rapi­de­ment les FDS, avec le con­seil mil­i­taire de Jer­ablus, com­posé de com­bat­tants orig­i­naires de la ville, inter­vi­en­nent pour con­tenir l’a­vancée turque. En réponse, ils subis­sent de lourds bom­barde­ments et sont repoussés der­rière la fleuve du Sajur. L’of­fen­sive fait des dizaines de morts par­mi les civils dus à l’a­gres­siv­ité des attaques aéri­ennes turques. Un offi­ciel améri­cain qual­i­fie les com­bats d’ « inac­cept­a­bles » et obtient un arrêt des com­bats, tem­po­raire. La Turquie envoie de jour de plus en plus de chars. En atten­dant le régime pro­gresse de nou­veau à Alep et reprend des posi­tions aux rebelles au sud-ouest de la ville.

Les FDS sont for­cés à la course pour­suite pour rejoin­dre les deux can­tons de Kobané et d’E­frin. Depuis Efrin, bom­bardé par l’ar­tillerie turque, les FDS lan­cent une offen­sive sur Daech et font reculer les djihadistes.

Le monde occi­den­tal est aujour­d’hui divisé sur l’of­fen­sive turc qui est à la fois un pili­er de l’OTAN dans la région, et un enne­mi féroce des Kur­des et de leur coali­tion des FDS.

Analyse

Pou­tine vient de jouer un coup de maître. En effet, en plus d’avoir obtenu de nom­breux avan­tages de la part d’Er­doğan, il vient de jeter la Turquie, un vieil adver­saire, dans l’en­fer syrien. Erdoğan s’est lais­sé emporter par son obses­sion, la lutte con­tre les kur­des. Pourquoi La Russie et ses alliés sont-ils prob­a­ble­ment les gag­nants à court, moyen et même long terme ?

Sur le plan économique c’est évi­dent. Avec la réou­ver­ture des rela­tion entre les deux pays, le retour du grand pro­jet de pipeline pro­posé pour tra­vers­er par la mer noire, cela per­met d’éviter l’Ukraine et la Pologne et d’être moins dépen­dant de ces pays hos­tiles, pour la livrai­son de gaz à l’Eu­rope de l’Ouest.

D’un point de vue diplo­ma­tique, il a divisé les occi­den­taux et leurs rap­ports aux Kur­des, cer­tains étant plus pour leur défense et d’autres davan­tage pour soutenir la Turquie. L’op­po­si­tion islamiste est mêlée à cette affaire, et en interne, ils se sont dis­putés à cause du départ de cer­tains de leurs com­bat­tants sur du front d’Alep vers le front de Jer­ablus. De plus, cette inter­ven­tion à vite viré aux mas­sacres de civils, ce qui donne une image exécrable de la Turquie et de ses alliés, faisant oubli­er les bom­barde­ments russes.

Les européens ont forte­ment cri­tiqué l’in­ter­ven­tion turque après coup. La Turquie va se retrou­ver de plus en plus affaib­lie dans les négo­ci­a­tions. La Russie à réus­si l’ex­ploit de faire d’une pierre trois coups con­tre trois adver­saires du régime : les Kur­des, les islamistes syriens et la Turquie. En désta­bil­isant les rela­tions à l’in­térieur de ces trois acteurs et en les jetant les uns con­tre les autres c’est un coup de maître. Mieux, les améri­cains sem­blent divisés entre les pro-turcs et les pro-kur­des . En effet, la CIA et les poli­tiques améri­cains appa­raî­traient plus proches des intérêts turcs et le pen­tagone, de celui des Kur­des. D’un point de vue pure­ment mil­i­taire, le pen­tagone ne voit pas d’autres issues qu’un sou­tien aux Kur­des « pour vain­cre Daech ». La Turquie ayant soutenu active­ment Daech pen­dant des années, le Pen­tagone serait très hos­tile à une inter­ven­tion mil­i­taire turque, et donc de l’OTAN, en Syrie. Le Pen­tagone est, rap­pelons-le, trau­ma­tisé par l’ex­péri­ence d’Irak.

D’un point de vue mil­i­taire, c’est pour­tant là où le coup est le plus fort. Le front d’Alep se retrou­ve soulagé à un moment cru­cial où le régime peine pro­fondé­ment à avancer après sa défaite. Il se retrou­ve soulagé de trois manières. Par le nom­bre de com­bat­tants à vain­cre, par une diminu­tion d’un apport en armes, et le trans­fert d’une par­tie des com­bat­tants et du matériel vers Jer­ablus. En effet, depuis l’ac­cord, les troupes rebelles ont reculé à Alep.
Ensuite, l’af­fron­te­ment entre Turquie et mil­ices islamistes con­tre les Kur­des et leurs alliés sera durable. Il va de ce fait, affaib­lir deux adver­saires qui n’at­ten­dent que de s’en­tre-tuer sous le regard médusé des occi­den­taux, et qui eux mêmes vont se divis­er entre aban­don des Kur­des et sou­tien à la Turquie. Même si pour le moment la Turquie a un clair avan­tage pour ce qui est des jeux d’alliances.

Plusieurs ques­tions se posent main­tenant pour Poutine.
Par exem­ple, com­ment dégager cette armée de L’OTAN de la Syrie le moment venu ?
La réponse est très sim­ple. Une fois que les les FDS auront été affaib­lis et que les occi­den­taux les auront (peut-être) lâchés, voire divisés, la Russie n’aura qu’à leur don­ner des armes anti-chars ATGM et activ­er son sys­tème anti-aérien S4004 qui équiv­aut à inter­dit tout vol d’avion hos­tile sur 400 KM de ray­on autour d’Alep. Cette arme stratégique est déci­sive. Une fois de plus la Russie et ses alliés ne peut qu’être gag­nante, sur le dos de la Turquie. Si les Kurde gag­nent, elle pour­ra tou­jours impos­er plus facile­ment ses con­di­tions après des com­bat dif­fi­ciles avec la Turquie.
Pou­tine a donc renou­velé son jeu de cartes et fait un tirage gagnant.

Pour la Turquie, cela s’avère plus com­pliqué. En effet, elle s’est jetée à corps per­du dans le con­flit syrien alors qu’elle est en pleine crise. Les purges ont affaib­li son appareil d’E­tat. Elles ont limogé, arrêté ou mis en retraite for­cée près de la moitié de son État-major. Le putsch venant prin­ci­pale­ment d’of­ficiers de l’ar­mée de l’air, cette dernière est amputée de nom­breux pilotes. Erdoğan inter­vient avec une armée affaib­lie et de façon plus isolée qu’autre­fois. En effet, les Améri­cains ont retiré leur boucli­er antimis­sile dirigé vers la Syrie. Dernière­ment, ils ont même com­mencé à déplac­er leur arse­nal nucléaire entre­posé sur la base Incir­lik vers la Roumanie, comme je l’indi­quais précédem­ment, par crainte d’une guerre civile en Turquie.

Tout porte à croire que les Etats-unis s’éloignent de la Turquie qu’ils con­sid­èrent comme de plus en plus imprévis­i­ble. Cette inter­ven­tion récente et en cours ren­force cette défiance.

De plus, le PKK pro­gresse sur son pro­pre ter­ri­toire à la faveur de l’affaiblissement de l’ar­mée et cette inter­ven­tion va jeter dans les bras du PKK encore plus de Kur­des du fait de l’im­pop­u­lar­ité qu’elle va créer au Kur­dis­tan de Turquie. De l’aveu même de l’ar­mée, elle n’a jamais eu autant de pertes face à l’insurrection kurde, depuis le début du con­flit vieux de trois décennies.

La dan­gerosité de l’in­ter­ven­tion était déjà perçu par l’E­tat major turque lui-même avant le putsch et les change­ments à la tête de l’État major il y a un an. Le chef d’E­tat major précé­dant, Necdet Özel, expli­quait à son époque que le plus dif­fi­cile serait de se retir­er, et qu’il était con­tre, entre autres pour cette rai­son. Cela, c’é­tait il y a un an. L’ar­mée turque a depuis prob­a­ble­ment accep­té cette incur­sion sous la con­trainte, dans le con­texte de post coup d’État.

Cette inter­ven­tion à haut risque ressem­ble plus à un acte de dés­espoir. La Turquie poussée à l’a­bat­toir par son obses­sion de tou­jours : les Kurdes.

Les Kur­des se retrou­vent pour­tant dans une mau­vaise pos­ture, car ils sont directe­ment men­acés par l’ar­mée turque. Mais ils pour­raient pour­tant sor­tir mil­i­taire­ment gag­nants de cette épreuve.

En effet, les sup­plétifs islamistes recrutés par l’ar­mée turque sont de piètres com­bat­tants face aux kur­des con­tre lesquels il per­dent presque toutes leurs batailles. De plus, le con­tin­gent turc restera lim­ité pour le moment, (même si des ren­forts en chars dans la zone ont été achem­inés dans une deux­ième phase) car il est peu prob­a­ble que la Russie autorise longtemps une armée de l’OTAN à envahir mas­sive­ment le nord de la Syrie. Cela peut même rapi­de­ment se retourn­er con­tre la Turquie et ses alliés si les FDS enreg­is­traient des vic­toires militaires.

A court terme, il est prob­a­ble que les États-Unis ména­gent suff­isam­ment les FDS pour les laiss­er tran­quilles, le temps d’en finir avec Daech, même si l’op­tion de les divis­er est tentante.

La Turquie va prob­a­ble­ment instau­r­er une petite zone sous son con­trôle, sur une bande de 15 KM de pro­fondeur à par­tir de la fron­tière, et les Kur­des reli­er leur can­ton autour d’un cor­ri­dor insta­ble.

Les événe­ments décideront par la suite si les FDS seront en bonne posi­tion ou non pour repouss­er l’in­va­sion turque.

En tout cas, ils ne seront prob­a­ble­ment pas les din­dons de la farce de Poutine…

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