Je me détache dif­fi­cile­ment de l’ambiance chaleureuse et riche du fes­ti­val de films de Douarnenez et je redescends vers le port. J’y retrou­ve Bülent et Delil, (film Kur­dis­tan Kur­dis­tan) attablés dans un café face à la mer. Cette pause café cool, est un moment idéal pour entamer une interview.

Depuis ma ren­con­tre avec le film Kur­dis­tan Kur­dis­tan sur l’écran, son réal­isa­teur Bülent Gündüz et son per­son­nage prin­ci­pal Delil Dila­nar, un an s’est écoulé. Et durant cet espace de temps, “Kur­dis­tan Kur­dis­tan” a reçu de nom­breux prix. Nous avions réus­si à nous ren­con­tr­er déjà, avec Bülent, mais il a fal­lu atten­dre Douarnenez pour con­naître Delil…

Delil Dila­nar est un deng­bêj. Comme la tra­di­tion deng­bêj est l’essence même de ce film, et sera aus­si au coeur de cet arti­cle, je tiens à don­ner une petite expli­ca­tion, avant de pass­er la parole aux artistes…

En kurde « deng » veut dire « son »  et « bêj » veut dire « dire ». Le deng­bêj est donc celui qui dit des mots avec har­monie, celui qui donne de la vie aux sons. Tra­di­tion­nelle­ment le deng­bêj qui vit en se déplaçant d’un vil­lage à l’autre, est un pré­cieux véhicule de la lit­téra­ture orale kurde. Il « dit » des épopées, des his­toires, des « kılam » (parole, prose, poème…) et chante des « stran » (chan­son). La plus grande par­tie des deng­bêj utilisent la voix nue, peu d’entre eux accom­pa­g­nent leur voix par le son des instru­ments comme « erbane » (daf) ou « bılur » (un sorte de, kawala ou flûte). Le deng­bêj abor­de un éven­tail de thé­ma­tiques très large, de l’héroïsme à l’injustice, de la beauté du print­emps aux bon­heurs, amour et plaisir, mais aus­si aux souffrances.


Naz : Bülent, le jour­nal­isme était ton ancien méti­er. Allez, con­frère, et si c’était toi qui posais les ques­tions, qu’en penses-tu ?

Bülent rigole, et remet sa cas­quette de jour­nal­iste sur le champ…

Bülent : Delil, cette année la 39ème édi­tion du fes­ti­val de ciné­ma de Douarnenez se déroule. Comme tu sais, ce fes­ti­val offre un espace d’expression à des minorités qui ont des dif­fi­cultés à se faire enten­dre dans leur pays. Tu as eu une expéri­ence d’exil de près de vingt ans. Tu trou­ves la pos­si­bil­ité de pren­dre la parole, dans un envi­ron­nement où les minorités de Turquie se réu­nis­sent, qui prend compte les expéri­ences poli­tiques des Kur­des en Turquie et dans le monde. Tu es un Kurde de Turquie et ton espace d’expression s’ouvre, non pas sur tes ter­res mais en Europe, dans la dias­po­ra. Quels sen­ti­ments cela éveille en toi ?

Delil : Depuis une semaine, nous voyons com­ment les intel­lectuels, artistes, démoc­rates, qui parta­gent nos idées, et qui met­tent les peu­ples au pre­mier plan, peu­vent s’exprimer libre­ment et con­fort­able­ment. Le monde de nos utopies est quelque chose comme cela. Les gens sont telle­ment chaleureux et sincères… Il y a un partage incroy­able et nous vivons dedans. Nous parta­geons les maisons, nous par­lons et chan­tons jusqu’à pas d’heure, dans la langue que nous voulons. Tout le monde est extrême­ment respectueux. Je lie cela, au fait que nous sommes en Bre­tagne. Le peu­ple bre­ton, ayant vécu les mêmes expéri­ences que d’autres peu­ples opprimés comme le nôtre, et tra­ver­sé les mêmes dif­fi­cultés, nous com­prend très bien. Nous nous sen­tons donc avec eux, sere­ins et libres et nous nous com­por­tons libre­ment. Après avoir décou­vert cette ambiance, je pense que tous les ans, nous devons créer l’occasion de par­ticiper à ce fes­ti­val, non pas en tant qu’invités, mais fes­ti­va­liers, pour apporter nos petits grains. C’est Bülent qui m’avait par­lé de ce fes­ti­val, et il m’avait dit que c’était un fes­ti­val très pré­cieux où les gens ont la lib­erté totale d’expression. Notre com­bat est en vérité, bien cela. Pourquoi nous ne pou­vons pas nous rassem­bler, Kur­des, Arméniens, Arabes… et partager tout de la même manière ? Où est le prob­lème ? C’est nous qui sommes virés, c’est nous qui payons les plus gros prix… Je ne par­le pas du peu­ple dom­i­nant, ni de sys­tème, pourquoi nous, les peu­ples opprimés, n’arrivons pas à être ensem­ble et créer une telle atmo­sphère entre nous, et lut­ter ensem­ble ? Tout ce que j’observe ici, éveille ce genre de ques­tion­nements en moi.

En Turquie, il y a un problème de confiance en soi.

Bülent : Il est ques­tion, de l’image d’un ‘peu­ple mono­type’ qui nous est imposée aujourd’hui en Turquie, une image qui trans­forme les dif­férences, appar­te­nances eth­niques, religieuses, en une pho­bie. Et nous obser­vons ici, que toutes ces dif­férences sont perçues comme une richesse… Si on pou­vait vivre cette osmose dans notre pays, pour­rions-nous dépass­er cette vision de ‘peu­ple monotype’ ?

Delil : Absol­u­ment. C’est exacte­ment ce que j’essaye de dire. Pour moi, au fond des raisons qui nous emmè­nent sur le point où nous sommes en Turquie, il y a un prob­lème de con­fi­ance en soi. Quand je regarde la Turquie, je vois ceci : Les Kur­des, n’ont pas de prob­lèmes avec leur langue, leur cul­ture. Nous n’avons pas eu de prob­lèmes avec les croy­ances non plus, jusqu’aujourd’hui. Nous n’avons jamais eu de prob­lèmes avec les Arméniens, Alévis, Yézidis, sun­nites, ou d’autres peu­ples et d’autres croy­ances. En vérité il y a un prob­lème, dans la phase de la nais­sance de la turcité après les Ottomans, dans le pro­jet de créer de zéro, un nou­veau peu­ple. Ils sont arrivés au Moyen-Ori­ent, ils ont con­quis des ter­res partout, ils veu­lent s’approprier tout. Il y a comme une peur, de don­ner ce qui revient au Grec, à l’Arménien, au Kurde. C’est comme s’il a peur de lui même « Qu’est-ce que je pos­sède ? » dit-il, « Qu’avais-je jusqu’aujourd’hui, que vais-je dire aux autres ? ». Le prob­lème est là. D’où venez-vous ? Quelles sont vos richess­es ? Faites des recherch­es, remon­tez dans votre his­toire. Vous aus­si, vous avez votre langue, votre cul­ture, ils ne dis­paraitront pas en accep­tant les richess­es des autres peu­ples. Le prob­lème est cela. Nous respec­tons votre cul­ture. Nous atten­dons, naturelle­ment votre respect.

Naz : Au bout du compte, tout ne revient-il pas à la néces­sité que les peu­ples puis­sent vivre ensem­ble, dans un envi­ron­nement démocratique ?

Delil : Tout à fait. Aujourd’hui, en Turquie, celles et ceux qui mènent le plus grand com­bat démoc­ra­tique sont les Kur­des. Dans la tête des gens, les Kur­des font la guerre, deman­dent avec insis­tance des ter­res qui leur appar­tiendraient. Nous n’avons pas de prob­lèmes de ter­res. Nous vivons aujourd’hui, en Europe, en Amérique, un peu partout au monde, et nous arrivons à nous exprimer libre­ment. Aujourd’hui, en Europe, les fron­tières sont sup­primées. Je voudrais que toutes les fron­tières soient abolies sur le monde, et que les gens puis­sent vivre à l’endroit où ils se sen­tent bien, par­lent et vivent libre­ment. Le prob­lème n’est pas une par­celle de terre. Mais, exploite les êtres humains, retiens les sous-pres­sions, tues-les et après quand ils résis­tent, tu dis « Ils veu­lent divis­er le pays »

Nous avons pris conscience de nos richesses culturelles dans l’exil.

Bülent : Delil, nous te con­nais­sons via les médias kur­des, tu es un artiste aimé et tu es une per­son­ne engagée. Tu fais de très belles choses, en faisant vivre les paroles et la musique de la tra­di­tion de deng­bêj, par­fois d’ailleurs en fusion avec la musique occi­den­tale. En Turquie, il y a aus­si des artistes d’origine kurde qui sont proches du pou­voir… Toi, parce que tu as chan­té un kılam, tu as été obligé de rester loin de ton pays pen­dant vingt ans et nous avons vu dans le film, que tu ne regrettes pas d’avoir chan­té cette chan­son. Cette péri­ode d’exil ne t’a pas pesé ? Dans se sens, en prenant compte de ta pos­ture au coeur de ton peu­ple, que veux tu dire sur les artistes qui adoptent une pos­ture pro-pouvoir ?

Delil : Bülent, tu sais toi aus­si, le soucis n’était pas chanter en kurde. En réal­ité, il y avait d’autres artistes kur­des qui chan­taient aus­si cette chan­son. Mais quand il s’agit des artistes apoli­tiques, cela ne dérangeait pas. Parce que eux même ne se ren­dent pas compte de ce qu’ils chantent. Par con­tre, si tu chantes cette chan­son et tu mènes dans la pra­tique un com­bat poli­tique, les choses sont dif­férentes. Ceci est le pre­mier point. Le deux­ième, non, il n’y a jamais eu un sen­ti­ment de regret. Oui, j’ai payé un prix, mais je mèn­erai ce com­bat jusqu’au bout, jusqu’à ce que un envi­ron­nement où nous pour­rons pra­ti­quer notre langue, notre musique, exprimer notre cul­ture en toute lib­erté existe.

Quant à aux autres artistes… Nous con­nais­sons tous, les artistes qui tour­nent avec le vent qui qui change… Je n’ai pas de com­men­taires en ce qui les con­cer­nent. Leurs attentes sont cer­taine­ment dif­férentes des nôtres.

Sur le sujet de l’exil ; de toutes façons, ils nous ont ouvert le chemin. Ils ont dit « Qu’il s’en ail­lent du pays, qu’ils le quit­tent et qu’ils ne devi­en­nent pas des prob­lèmes ici. Ils finiront par s’épuiser et dis­paraitre là-bas. » Mais nous venons des entrailles d’une telle cul­ture, il y a une telle lit­téra­ture, une telle langue, et une telle vision poli­tique… Croyez-moi, nous avons pris con­science de notre richesse cul­turelle en exil. Cha­cun tient dans ses mains, la pos­si­bil­ité de trans­former l’exil en quelque chose de posi­tif. Il donne à cha­cun, l’occasion de se retourn­er et de regarder le passé, et revoir tout de zéro. Cela donne la pos­si­bil­ité de pro­gress­er soi même, utilis­er les tech­nolo­gies des autres pays, observ­er les belles choses qui s’y pro­duisent. Un mod­èle de pays où nous voudri­ons vivre, se des­sine. Aujourd’hui, il est pos­si­ble que même cer­tains mou­ve­ments poli­tiques qui mènent le mou­ve­ment kurde ne puis­sent pas créer un envi­ron­nement que nous, les artistes revendiquons, ou il peut y avoir des dif­férences de visions, mais nous les artistes, peut être parce que nous réfléchissons sen­ti­men­tale­ment, nous nous com­prenons entre nous. Si nous pou­vons apporter chez-nous, le mod­èle que nous avons observé dans ce fes­ti­val à Douarnenez, et pou­vons le vivre pleine­ment dans une ambiance démoc­ra­tique, les vraies richess­es se mon­treront là-bas, au Kur­dis­tan, ou quel que soit son nom, je ne sais pas moi, pourquoi pas Kedis­tan…. (rires)

delil bulent interview kurdistan

Deux fois Kurdistan, absolument Kurdistan…

Bülent : Que veux tu dire sur le film ? Actuelle­ment au Kur­dis­tan, il y a une grande destruc­tion, une guerre. Tu jouais dans un film qui a une sérieuse inten­sité cul­turelle, et qui com­mu­nique sans met­tre le doigt dans l’oeil, par le biais de cul­ture, de tra­di­tion musi­cale. L’exil que tu as vécu, est une réal­ité que plusieurs autres artistes et intel­lectuels kur­des ont vécu. Quelque part, ton exil, et ce film n’est qu’un sym­bole qui les représen­tent tous. En prenant en compte la poli­tique d’arts et cul­ture du mou­ve­ment poli­tique kurde, que veux-tu nous dire ?

Delil : Ce film n’était pas mon idée. Je ne suis qu’un artiste par­mi d’autres artistes kur­des. Pour ce film, il faut remerci­er te Bülent Gündüz, car c’était ton pro­jet. Et cette ini­tia­tive n’est pas « Je vais pren­dre un artiste pop­u­laire kurde, et je vais faire un film… ». Au con­traire, le fait que Bülent se penche sur la tra­di­tion de deng­bêj, qui con­stitue l’essence de la lit­téra­ture orale, musique et même la poli­tique, et qu’il aille dans ses pro­fondeurs, est un chemin qu’il a choisi con­scien­cieuse­ment. De plus, ce n’est pas le pre­mier film qu’il a réal­isé sur ce chemin. Il avait réal­isé aupar­a­vant Evdalê Zeynikê.

En tant qu’artiste, je com­prends très bien ce qu’il veut faire. Les poli­tiques le com­pren­nent aus­si, car peu importe où on est, la source est unique. Demain, quand la guerre s’arrêtera, quand on se trou­vera tous ensem­ble, que fer­ons nous ? Qu’avons-nous d’autre que nos cul­tures, nos richesses ?

Regarde ce qu’ils sont devenus… Ce qu’un Hitler a fait ? Mas­sacres, géno­cide… Et regarde les artistes ailleurs, par exem­ple les artistes au coeur de la lutte lors de la péri­ode com­mu­niste en Russie. Qui est com­mé­moré ? Com­ment ? C’est eux qui ont don­né la voix aux souf­frances, aux dif­fi­cultés, à ce que les peu­ples ont vécu. Ils ont fait con­naitre au monde, leur langue, leur cul­ture. Par exem­ple, le géno­cide arménien… Qui l’a fait con­naitre au monde ? Jivan Gas­par­i­an et son instru­ment bal­a­ban ont atteint les gens à tra­vers une musique de film. La musique, l’art peu­vent être si influ­ents. C’est val­able pour la tra­di­tion de deng­bêj aussi…

Ma chance a été le fait que je con­nais­sais Bülent. Je le con­nais depuis très longtemps et j’avais con­tribué égale­ment à son pre­mier film. Mais on ne s’est pas ques­tion­né si on devait faire un film ou non. Quand je lui ai annon­cé que j’aller retourn­er en Turquie, il m’a dit « Attends, j’arrive ! » et Kur­dis­tan Kur­dis­tan est né. Comme c’est son pro­jet… il faut ques­tion­ner lui, hein Bülent ?

Ah, attends attends, je voudrais ajouter un autre point. Nous pou­vons vivre quelques dif­fi­cultés avec les médias kur­des aus­si. « Il y a un film qui s’appelle Kur­dis­tan Kur­dis­tan. Qui l’a réal­isé ? Bülent, un réal­isa­teur indépen­dant. Il bouge tout seul. Delil ? Lui aus­si, c’est pareil. Des artistes kur­des indépen­dants. Ah d’accord. ». Mais l’art c’est autre chose. Si nous essayons de faire de l’art avec la poli­tique d’actualité, nous ne pou­vons pas pro­duire autre chose que de la pro­pa­gande. Et cela ne peut plaire qu’à un groupe de gens bien pré­cis, et nous tomberons dans la posi­tion des artistes pro-pou­voir dont on par­lait tout à l’heure. Si nous ne sommes pas ouverts, entre nous, à ce genre d’initiatives indépen­dantes, rien ne peut pro­gress­er, ni la langue, ni la cul­ture, ni le ciné­ma, ni la télévi­sion. Nous dis­cu­tons tout cela entre nous aus­si. Par exem­ple des fes­ti­vals de ciné­ma kurde sont pro­posés, mais ils sont organ­isés par le mou­ve­ment poli­tique dom­i­nant dans l’endroit, et en général, toutes les choses liées à l’actualité, ou qui sont pop­u­laires, sont mis­es au pre­mier plan. Cela pose des prob­lèmes. Regardez, le fes­ti­val de Douarnenez : mal­gré le fait que la Mairie soit de droite, il peut sub­ven­tion­ner et soutenir un tel fes­ti­val. C’est un très bel exem­ple que nous avons devant nous. Cette Mairie est là aujourd’hui, il sera peut être autre chose demain, mais le fes­ti­val perdure.

Ce qui me cha­grine, c’est pré­cisé­ment ce point… Le dés­in­térêt des médias kur­des. Nous avons fait un film qui porte le nom Kur­dis­tan Kur­dis­tan, de plus, dans une telle péri­ode… Nous avons pris des risques. Ne serait-ce que le nom du film est un mes­sage. Les dernier jours nous dis­cu­tions sur le nom du film et celui-ci était l’idée de Bülent…

Naz : En plus, deux fois Kurdistan !

Bülent : Oui ! Quand tu observe l’intégralité du film, tu vois que sur un sérieux fond cul­turel il racon­te un tragédie humaine. Nous avons choisi le nom Kur­dis­tan Kur­dis­tan, pour don­ner le mes­sage « Kur­dis­tan absol­u­ment ». Ce n’est pas au sens Etat-nation, mais pos­séder un “statut”, afin de ne plus vivre ce genre de tragédies. L’être humain peut sauve­g­arder ses pro­pres valeurs, arts et cul­ture seule­ment quand il a un statut pour ce faire.

Autrement, dans le film, il y a aus­si deux valeurs : Egidê Cimo et Delil. Egidê Cimo est un des plus pré­cieux des artistes kur­des tou­jours vivants, il est égale­ment le maître de Delil. Ils sont deux des représen­tants de la cul­ture kurde. Le film est dédié à Egidê Cimo. C’est un sym­bole aus­si. Il porte le mes­sage : « prenons con­science de la valeur des artistes kur­des qui font vivre la cul­ture kurde pen­dant qu’ils sont par­mi nous. ». Je peux don­ner un exem­ple; dans le film, l’accueil solen­nel digne des prophètes, mon­tré par les vil­la­geois à Egidê Cimo à son arrivé dans ce vil­lage de deng­bêj, n’était pas une fic­tion ciné­matographique que j’avais pro­gram­mée. Ce geste des habi­tants du vil­lage venait du désir de mon­tr­er à l’artiste la valeur qu’ils lui donnaient.

En résumé, la lit­téra­ture orale trans­mise par la tra­di­tion de deng­bêj, depuis des cen­taines d’années, d’une généra­tion à l’autre est l’essence du Kur­dis­tan, et par con­séquent Egidê Cimo est le Kur­dis­tan per­son­nifié. La rai­son pour laque­lle nous avons dit deux fois Kur­dis­tan est aus­si une dual­ité, poli­tique et culturel.

Kur­dis­tan Kur­dis­tan, a vécu, en inclu­ant Douarnenez, 30 fes­ti­vals. Il a obtenu huit prix, dont meilleur réal­isa­teur, meilleur musique, meilleur film étranger. En début sep­tem­bre nous allons être à Koso­vo. Sur la demande de quelques amiEs en Turquie, je l’ai envoyé à quelques fes­ti­vals là bas aus­si, mais il n’a pas été pris. Alors j’ai arrêté. Je ne dis pas cela pour nous vic­timiser. Je suis un artiste, indépen­dant, la tête haute et ce n’est pas un prob­lème. Nous avons réal­isé ce film, tout en sachant très bien ce que nous fai­sions, avec nos pro­pres pos­si­bil­ités, en investis­sant, aus­si bien Delil que moi, nos pro­pres moyens. Si nous avions des objec­tifs com­mer­ci­aux, ou des envies de pren­dre le vent der­rière nous, nous auri­ons fait un autre film et nous ne l’appellerions pas Kur­dis­tan Kur­dis­tan. Les retours posi­tifs dans divers milieux, les étoiles dans les yeux des spec­ta­teurs, l’expression de leur appré­ci­a­tion, et surtout de voir que notre mes­sage est perçu, nous suffisent.

Ce qui est impor­tant pour nous, c’est cela, et ce n’est pas comme les artistes qui vendent leur art et leur âme aux pou­voirs…. Cette guerre se ter­min­era absol­u­ment un jour. Ce qui va rester, sont ces chan­sons et mélodies. Qui que tu sois, Arménien, Kurde… ton exis­tence con­tin­uera avec les jeunes qui porteront sur leurs épaules toute la richesse accu­mulée et c’est comme ça qu’un peu­ple con­tin­uera à être un peu­ple. Alors, her bijî Kur­dis­tan !

Naz : N’est-ce pas val­able pour tous les peu­ples et cultures ?

Bülent : Oui ! Cela n’a rien à voir avec le nation­al­isme, la reli­gion, ou une pseu­do-race. La langue de l’art n’est-elle pas uni­verselle ? Nous avons vu cette uni­ver­sal­ité là dans ce fes­ti­val. Delil a fait un con­cert il y a deux jours. Les Bre­tons sont venus danser avec nous.

La force réunificatrice de l’art

Naz : Si c’était seule­ment la danse… Delil, tu es venu ici tout seul. Quand je t’ai vu sur scène avec un groupe, j’étais sur­prise. J’ai pen­sé que tu étais arrivé avec tes amis musi­ciens. Vous aviez l’air de jouer ensem­ble depuis quar­ante ans. J’ai appris après, que vous vous étiez ren­con­trés ici, et que vous aviez joué sans même répéter. C’était incroyable !

Delil : Oui, c’était un groupe qui a pris forme spon­tané­ment et nous avons joué sans répéti­tion préalable.

Bülent : Voilà, la force réu­ni­fi­ca­trice de l’art s’expose comme ça. La par­tic­u­lar­ité de l’art qui dirige la vie. Mal­heureuse­ment, dans cer­tains pays, c’est la poli­tique qui essaye de diriger la vie. Si on don­nait la parole aux artistes, les met­tait au pre­mier plan, nous allions appren­dre mieux la vie.

Je voudrais aus­si dire un mot pour les poli­tiques, notam­ment pour les poli­tiques kur­des. La guerre a été là, depuis que nous exis­tons, et elle con­tin­ue sans cesse. Quoi qu’il se passe, même si les bombes nous pleu­vent dessus, nous avons l’obligation d’exister avec nos fes­ti­vals de film, notre lit­téra­ture, notre théâtre. Il faut encour­ager les jeunes et leur ouvrir le chemin. Je ne demande pas que les poli­tiques vien­nent faire de l’art, mais qu’ils doivent faire leur tra­vail, mais en ren­dant aux artistes ce qui est aux artistes kur­des. Quand un prési­dent se mon­tre avec un artiste, il doit penser que celui-ci lui apporte une valeur. Or, chez-nous, pour un sim­ple pro­jec­tion de film, on entre dans la course de faire venir un élu… Ce genre de choses me parais­sent moches et con­traig­nantes. L’élu doit venir bien sûr, mais pas comme rock-star, au con­traire, en sou­tien. Qu’il regarde le film, qu’il le sou­ti­enne, qu’il lise le livre, qu’il encour­age sa lec­ture… Nous par­ticipons au dynamisme poli­tique, en rece­vant des prix, par­fois en les refu­sant. Le com­bat se mène sur dif­férents fronts, mais le sou­tien mutuel est nécessaire.

Nous avons, nous aus­si, une vision poli­tique, il y a des par­tis pour lesquels nous votons. Mais quand c’est nécés­saire, nous devons pou­voir cri­ti­quer. Toutes les luttes au monde, sont soutenues avec l’art, la musique, la lit­téra­ture. L’art a cette force. L’art est quelque chose au dessus de la poli­tique. Tous les intel­lectuels et artistes doivent être indépen­dants. Si tu restes dans les murs des par­tis, tu perds ton indépen­dance et en tâchant d’être artiste, tu ne peux pas aller au delà d’être un militant.


Bülent dis­ait lors du papotage qu’il présen­tait son film au Koso­vo, pour le 9. Fest Film Koso­va “Hyj­ne­sha në Fron” . Nous atten­dons des nouvelles…


Ajout du dimanche 5 septembre en direct :

Kur­dis­tan Kur­dis­tan a encore raflé un prix ! 
Cette fois-ci c’est le Prix du pat­ri­moine culturel.

Felic­i­ta­tions !

bulent prix kosovo 2016


 

Petite vidéo de Bülent…
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Traductions & rédaction par Kedistan. | Vous pouvez utiliser, partager les articles et les traductions de Kedistan en précisant la source et en ajoutant un lien afin de respecter le travail des auteur(e)s et traductrices/teurs. Merci.

Delil, Bülent, “Kurdistan, Kurdistan”

Söyleşi

Kürdis­tan Kürdis­tan filminin yönet­meni Bülent Gündüz ve deng­bêj Delil Dila­nar’la sine­ma perdesinde ilk tanış­mamın üzerinden bir yıl geçti. Bu süre boyun­ca Kur­dis­tan Kur­dis­tan ödül üzer­ine ödül aldı… Bülen­t’le daha önce biraraya gelebildik. Delil’le karşılaş­mak için ise Douarnenez Film Fes­ti­val­i’ni bek­le­mem gerekiy­or­muş… Fes­ti­valin, yoğun, zen­gin ve sıcak atmos­ferinden zar zor kop­up Douarnenez rıhtımı­na indiğimde Bülent ve Delil’i deniz kenarın­da bir “café“de bulu­veriy­o­rum. Bu sakin kahve molası, bir söyleşi yap­mak için ide­al bir an.

Naz: Bülent senin eski mesleğin gazete­ci­lik­ti. Hadi meslek­taş, soru­ları sen sor, ne nersin?

Bülent gülüy­or, ve hiç nazlan­madan ilk soruyu soruyor…

Bülent: Delil, Douarnenez Film fes­ti­val­i’nin bu sene 39uncusu yapılıy­or. Senin de bildiğin gibi bu fes­ti­val, ken­di ülkelerinde sesi­ni duyu­ra­mayan azın­lık­lık­lara ifade ortamı yaratan bir ortam sunuy­or. Senin de yir­mi yılı aşkın bir sürgün yaşamın var. Böyle bir süreçte, Kürt’lerin Türkiye’de ve dünyada­ki poli­tik süreci­ni de gözönüne aldığın­da, geliy­or­sun bu azın­lık­ların bulun­duğu ortam­da söz alma imkânın oluy­or. Sen Türkiye Kürdü’sün ve ken­di­ni ifade etme alanın, ken­di toprak­ların yer­ine Avrupa’da, dias­po­ra­da oluy­or. Bu sende nasıl bir duygu uyandırıyor ?

Delil: Bir haf­tadır, özel­lik­le biz­im düşünceler­im­izi pay­laşan aydın­ların, sanatçıların, demokrat ve halkçı tarafı ön plan­da olan insan­ların ken­di­ni bura­da ne kadar rahat ve özgür ifade ede­bildiği­ni hep­imiz görüy­oruz, yaşıy­oruz. Hay­al­im­izde­ki dünya da böyle birşey. İns­anl­ar ne kadar sıcak ve sami­mi. İnanılm­az bir pay­laş­ma var. Biz de bu pay­laş­manın içindey­iz. Evler­im­izi pay­laşıy­oruz, geç saatlere kadar hep bir­lik­te, iste­diğimiz dilde konuşuy­or, şarkılar söylüy­oruz. Herkes son derece saygılı. Ben bunu Bretanya’da olmamıza da bağlıy­o­rum. Bre­ton halkı, biz­im gibi ezilen halk­ların deney­im­leri­ni bire­bir yaşadık­ları için, zor­luk­ları aştık­ları için, bizi iyi anlıy­or­lar. Dolayısıy­la kendimizi onlar­la bir­lik­te, rahat ve özgür hissediy­or ve öyle hareket ediy­oruz. Bu ortam­la tanıştık­tan son­ra, konu ne olur­sa olsun, her sene, imkan yaratıp, mis­afir değil katılım­cı olarak fes­ti­vale gelip, birşeyler kat­malıyız diye düşünüy­o­rum. Bana Bülent bah­set­mişti bu fes­ti­valden, insan­ların özgürce ken­di­ni ifade ede­bildiği, çok değer­li bir fes­ti­val olduğunu söylemişti. Biz­im mücadelem­iz de aslın­da budur. Türkiye’de bir Kürt, bir Ermeni, Arap, hep­imiz biraraya gelip, bu şek­ilde herşeyi pay­laşamıy­oruz? Sorun nedir? Kovu­lan biz, ezilen biz, en büyük bedel­leri ödeyen biz… Ege­men halk için söylemiy­o­rum, ya da sis­tem­den bah­set­miy­o­rum, ezilen halk­lar neden biraraya gelip böyle­si bir ortamı ken­di içimizde yaratamıy­oruz, bir­lik­te mücadele edemiy­oruz? Bura­da gözlem­ledik­ler­im kafam­da bu soru­ları uyandırıyor.

Türkiye’de bir özgüven sorunu var

Bülent: Bugün bize Türkiye’de day­atılan ve fark­lılık­ları, etnik aidiyet­leri, din­sel fark­lılık­ları fobiye dönüştüren bir tekçi zih­niyet, söz konusu. Bura­da bütün bun­ların bir zengin­lik olarak algı­landığını görüy­oruz … Ken­di ülkem­izde bu bir­lik­teliği yaşaya­bilsek, tekçi zih­niyeti aşa­bilir miyiz?

Delil: Kesin­lik­le. Ben de bunu anlat­maya çalışıy­o­rum. Bence biz­im Türkiye’de bu nok­taya getiren neden­lerin ardın­da bir özgüven sorunu var. Türkiye’ye bak­tığım­da şunu görüy­o­rum: Kürt’lerin, ken­di kültür­leri, dil­leri ile bir sorunu yok. İnançla da bu güne kadar hiç bir sorunumuz olmadı. Ermeni, Ale­vi, Sün­nî, Ezi­di, ya da baş­ka her­han­gi bir inan­ca sahip insan­lar­la sorunumuz yok. Aslın­da Osmanlı’lardan son­ra oluşan türk­lük, yani sıfır­dan yeni bir halk yarat­ma aşa­masın­da bir sorun var. Orta Doğu’ya gelmişler, her tarafı almışlar, herşeyi kendi­ler­ine mal ede­cek­ler. Bugünkü Türkiye toprak­ların­da, Yunanlı’nın, Ermeni’nin, Kürt’lerin hakkını ver­mek­ten san­ki bir korku var. San­ki ken­disin­den korkuy­or, « Ben­im ney­im var ? » diy­or, “Bugüne kadar bana ait olan ne vardı, ben ne diye­ceğim insan­lara ?” Sorun bura­da. Siz nere­den gel­di­niz? Zengin­lik­leriniz nel­erdir? Araştırın, tar­i­hinize inin. Sizin de bir dilin­iz, bir kültürünüz var, diğer insan­larınk­i­ni kab­ul etmek­le ken­di değer­leriniz yok olmay­a­cak ki. Sorun budur. Biz­im sizin kültürünüze saygımız var… Doğal olarak aynı saygıyı da bekliyoruz.

Naz: Yani iş dönüp dolaşıy­or, halk­ların demokratik bir ortam­da bir­lik­te yaşa­ması gerek­tiğine varıy­or değil mi?

Delil: Aynen öyle. Bugün Türkiye’de, demokratik anlam­da en büyük mücade­leyi veren Kürt’lerdir. İns­anl­arın kafasın­da Kürt’ler, savaşır, ısrar­la kendi­ler­ine ait bir toprak ister. Biz­im toprak­la bir sorunumuz yok ki. Biz bugün Avrupa’da, Amerika’da, dünyanın her tarafın­da yaşıy­oruz ve kendimizi rahatlık­la ifade ede­biliy­oruz. Bugün Avrupa’da sınır­lar kalk­mış… Bence bütün dünya­da sınır­lar kalk­sın, insan­lar nerede ken­di­ni rahat hissediy­or, özgürce konuşa­biliy­or, yaşaya­biliy­or­sa ora­da yaşasın. Sorun toprak parçasın­da değil. Ama sen insan­ları sömür, baskı altın­da tut, öldür, ondan son­ra da insan­lar buna diren­ince, de ki, « Bölmek istiy­or­lar, parçala­mak istiyorlar ».

Kültür zenginliğimizin farkına sürgünde vardık

Bülent: Delil, seni Kürt medyasın­dan tanıy­oruz, sevilen bir sanatçısın ama aynı zaman­da anga­je bir insan­sın. Kürt kültürünün deng­bêj­lik geleneğin­den gelen söz­leri, müz­iği devam ettiriy­or, ve bazen batı müz­iği ile de har­man­la­yarak çok güzel şeyler yapıy­or­sun. Türkiye’de yaşayan kürt köken­li fakat ikti­dara yakın olan sanatçılar da var… Sen bir kılam okudun diye, ülk­enden yir­mi yıla yakın ülk­enden uza­k­ta kalmak zorun­da bırakıldın ve filmde de gördük ki, bu şarkıyı söylemiş olmak­tan da piş­man değilsin. Bu yir­mi yıl­lık süreç sana ağır gelme­di mi? Bu anlam­da, halkın­la içiçe olan duruşunu da göz önünde bulun­durarak, ikti­dara yakın duruşları olan sanatçılar­la ilgili nel­er söyle­mek istersin?

Delil: Bülent, sen de biliy­or­sun, sorun Kürtçe şarkı söyle­mek değil­di. Aslın­da o eseri söyleyen baş­ka sanatçılar da var ve vardı, ama apoli­tik insan­lar söylediği zaman sorun olmaz. Çünkü ken­disi de ne söylediğinin farkın­da değil. Ama hem o şarkıyı söy­leyip hem de pratik­te bu siyasi mücade­leyi yürüt­tüğün zaman fark­lı oluy­or. Bu bir­in­ci nok­ta. İki­nc­isi, hayır, piş­man­lık diye bir duygu asla olmadı. Evet bir bedel öded­im ama sonuna kadar da bu mücade­leyi sürdüre­ceğim, ken­di dil­im­izi, müz­iğimizi, kültürümüzü rahatlık­la ifade ede­bile­ceğimiz bir ortam oluşana kadar.

Diğer sanatçılara gelince… Rüz­gar nere­den eserse oraya dönen sanatçıları hep­imiz biliy­oruz. Ben­im onlar­la ilgili bir değer­lendirmem de asla olmaz. Bek­len­til­er kuşkusuz biz­imk­il­er­den farklı.

Sürgün konusun­da ise; bize yolu da açtılar zat­en, « Ülke­den gitsin­ler, ter­ketsin­ler ve bura­da prob­lem olmasın­lar. Ora­da bitip tükenecek­ler zat­en » dedil­er. Ama öyle bir kültürün için­den geliy­oruz ki, öyle bir ede­biy­at, öyle bir dil, öyle bir poli­tik görüş var ki… Inan biz kültür zengin­liğimizin sürgünde farkı­na vardık. Sürgünü poz­i­tif hale getirmek de insanın ken­di elinde. İns­ana dönüp, geçmişe bakıp, herşeyi sıfır­dan göz­den geçirme­si için bir fır­sat veriy­or. Ken­di­ni geliştirme, diğer ülkelerin teknolo­jisin­den fay­dalan­ma, yapılan güzel şey­leri gözlem­leme imkanı çıkıy­or. Bütün bun­lar­dan, hay­al­im­izde yaşa­mak iste­diğimiz dünyayı çiz­erken bütün bun­ların olum­lu etk­i­leri oluy­or. Geri dönünce yaşa­mak iste­diğimiz ülke mod­eli oluşuy­or. Bel­ki bugün kürt hareke­tine öncülük eden bazı siyasi hareketler bile, tam olarak biz sanatçıların iste­diği gibi bir ortam yarata­maya­bilir­ler, fark­lı bakış açıları ola­bilir, biz sanatçılar, her­halde duy­gusal düşündüğümüz için, nerede olur­sa olsun, bir­bir­im­izi en iyi anlayan­lar oluy­oruz. İşte Douarnenez’de­ki fes­ti­valde gözlem­lediğimiz, yaşadığımız mod­eli, Kürdistan’a, ya da ismi ne olur­sa artık, Kürdis­tan mı olur, Kedis­tan mı olur (gülüşmel­er)… götüre­bilirsek, ora­da yaşaya­bilirsek, demokratik bir ortam­da bir­lik­te yaşaya­bilirsek, asıl zengin­lik ora­da ortaya çıkacaktır.

Iki Kere Kürdistan, ille de Kürdistan…

Bülent: Film­le ilgili ne söyle­mek istersin? Şu anda Kürdistan’da büyük bir yıkım var, savaş var. Poli­tik açıyı par­mağı göze sok­madan, kültür, müzik geleneği yoluy­la ileten, cid­di bir kültür yoğun­luğu olan bir filmde oynadın. Senin yaşadığın sürgün aslın­da birçok kürt aydınının, sanatçısının yaşadığı bir şey­di. Bir yerde senin sürgünün, ve bu film hep­si­ni tem­sil eden bir sem­bol oluş­tu­ruy­or. Kürt siyaset hareke­tinin kültür-sanat poli­tikasını göz önünde bulun­dur­duğu­muz­da, bize nel­er söyle­mek istersin?

Delil : Bu film ben­im fikrim değil. Ben kürt sanatçıları içinde sadece bir tane­siy­im. Bu film için Bülent Gündüz’e teşekkür etmek gerek çünkü bu film onun pro­je­siy­di. Bu gir­işim de, « Popüler bir sanatçıyı alıp bir film yapayım da… » diy­erek ortaya çık­mış birşey değil. Tam ter­si, Bülen­t’in Kürt kültürünün derin­liğine inip, müzik, sözlü ede­biy­at ve hat­ta poli­tikanın temeli­ni oluş­tu­ran deng­bêjliğe eğilme­si özel­lik­le seçtiği bir yol. Bu konu­da gerçek­leştirdiği ilk film de değil zat­en. Daha önce Evdalê Zeynikê filmi­ni de yap­tı. Ben sanatçı olarak bu film­ler­le ne yap­mak iste­diği­ni çok iyi anlıy­o­rum, siyasetçil­er de çok iyi anlıy­or, çünkü ner­eye gidilirse gidilsin, kay­nak bir tanedir. Yarın öbür gün, savaş dur­duğu zaman, biraraya gelip otur­duğu­muz­da ne yapacağız? Elim­izde kültürümüz­den, zengin­lik­ler­im­iz­den baş­ka ne var?

Bak, Hitler’in yap­tık­ları ne oldu? Katliam, soykırım… Bir de diğer yer­lerde­ki sanatçılara bak, mesela Rusya’daki komünizm döne­minde­ki mücade­lenin için­de­ki ede­biy­atçılara bak. Kim nasıl anılıy­or? Halkın acılarını, sıkın­tılarını, yaşadık­larını, dili­ni, kültürünü onlar dile getir­di, dünyaya onlar tanıt­tı. Ermeni katliamı mesela… Kim Ermeni’leri dünyaya tanıt­tı? Jivan Gas­paryan ve bal­a­banı bir film müz­iği ile insan­lara ulaştı. Müzik, sanat bu kadar etk­i­leyi­ci ola­biliy­or. Deng­bêj­lik de öyle.

Benin şan­sım Bülent’le önce­den tanış­mam oldu. Eski­den beri tanıy­o­rum ve daha önce­ki filmine de katılmıştım. Ama film mi yap­sak, ne yap­sak diye konuş­ma bile olmadı. Ben Türkiye’ye gide­ceği­mi söy­ley­ince, « Bek­le ben de geliy­o­rum! » dedi. Kürdis­tan Kürdis­tan böyle çık­tı ortaya. Yani aslın­da ona sor­mak lazım. Onun pro­je­si… Ha Bülent?

Ah dur dur, aslın­da şunu da ekle­mek istiy­o­rum. Biz kürt medyasıy­la da bazı sıkın­tılar yaşaya­biliy­oruz. « Kürdis­tan Kürdis­tan diye bir film var. Kim yap­mış bunu ? Bülent, bağım­sız bir yönet­men. Tek başı­na hareket ediy­or. Delil ? O da öyle, bağım­sız kürt sanatçıları… Haaa peki ! ». Ama işte sanat baş­ka birşey. Günübir­lik poli­ti­ka ile sanat yap­maya kalkarsak pro­pa­gan­dadan baş­ka şey yapa­mayız. Bu da sadece bel­li bir kes­imin hoşu­na gider, ki bu durum­da az önce bah­set­tiğimiz ikti­dara yakın duran sanatçıların pozisy­onuna düşmüş olu­ruz. Biz ken­di içimizde bu tip bağım­sız gir­işim­lere açık olmazsak, ne sanat, ne dil, ne kültür, ne sine­ma ne tele­vizy­on gelişe­mez. Biz bun­ları zat­en ken­di içimizde de tartışıy­oruz. Mesela kürt film fes­ti­val­leri yapılıy­or, yörede ağır­lık­lı olan siyasi hareket kimse o düzen­liy­or. ve genelde nerede gün­cel, popüler şeyler varsa onlar ön plana çıkarılıy­or. Bu durum­da da sorun oluy­or. Douarnenez Fes­ti­val­i’ne bakın; sağcı belediye olması­na rağ­men böyle bir fes­ti­vali destekleye­biliy­or. Önümüzde­ki en güzel örnek işte. Bu belediye bugün var yarın yok ama fes­ti­val devam ediyor.

Benin üzüldüğüm nok­ta… Kürt medyasının ilgi­si­zliği. Adı Kürdis­tan Kürdis­tan olan bir film yap­mışız, üste­lik böyle bir dönemde… Bir takım riskler almışız. Filmin sadece ismi bile bir mesaj. Son gün­lerde isim üzerinde tartışıy­or­duk, Bülent’in fikriydi…

Naz: İki kere Kürdis­tan hem de!

Bülent : Evet! Filmin bütün­lüğüne bak­tığın zaman, cid­di bir kültürel alt yapı üzerinde, bir insan­lık tra­je­disi­ni anlatıy­or. « İlle de Kürdis­tan » mesajını ver­mek için Kürdis­tan Kürdis­tan ismi­ni seçtik. Devlet-Mil­let anlamın­da değil de, bir statü sahibi olmak, ki biz bu tra­jedi­leri yaşa­may­alım. İns­an ken­di değer­leri­ni koruya­bile­ceği bir statü sahibi ola­bildiğinde, ken­di onu­ru­nunu da, değeri­ni de, kültürünü de koruyabilir.

Bir de içinde iki değer var, Egidê Cimo var ve Delil var. Egidê Cimo yaşayan kürt sanatçılarının en değerlilerinden biridir, Delil’in de üstadıdır. Onlar kürt kültürünün en güzel tem­sil­ci­lerinden iki­sidir. Film de zat­en Egidê Cimo’ya adandı. Aslın­da bu bir sem­bol. Kürt kültürünün yaşatan sanatçılarının değeri­ni, onlar hay­at­tayken bile­lim mesajı var bura­da. Bir örnek vere­bilir­im: filmde, Egidê Cimo köye geldiğinde yapılan karşıla­ma peygam­ber­lere yakışır töreni ben­den gelen bir kur­gu değil. Egidê Cimo’nun geldiği o deng­bêj köyünün halkı, o sanatçıya, ken­di­sine ver­ilen değeri yaşarken göster­mek istemesin­den kaynaklanıyordu.

Öze­tle, deng­bêj geleneği ile, yüzyıl­lardır nesilden nesile taşı­nan sözlü kürt ede­biy­atı Kürdistan’ın ta ken­di­sidir, ve Egidê Cimo sanatçı olarak, Kürdistan’ın ta ken­di­sidir. Iki kere Kürdis­tan demem­izin nedeni de hem kültürel hem politiktir.

Kürdis­tan Kürdis­tan, Douarnenez Film Fes­ti­vali ile bir­lik­te 30 fes­ti­val yaşadı. İçl­erinde en iyi yönet­men, en iyi müzik, en iyi yabancı film dal­ların­da olmak üzere 8 ödül aldı. Eylül başın­da da Kosova’da ola­cağız. Türkiye’de bazı arkadaşların ric­ası ile bir kaç fes­ti­vale yol­ladım ama kab­ul edilme­di. Ben de rest çek­tim. Bunu da mağ­dur rolüne bürün­mek için söylemiy­o­rum. Ben başı dik, alnı açık, bağım­sız bir sanatçıyım. Hiç sorun değil. Ne yap­tığımızı çok iyi bil­erek, ken­di şart­larımı­zla, Delil de ben de bütün kişisel imkan­larımızı ortaya koyarak böyle bir şey yap­tık. Zat­en ticari hede­fler­im­iz, ya da rüz­garı sırtımıza almak gibi bir amacımız olsa, baş­ka film yapar, adını da Kürdis­tan Kürdis­tan koy­mazdık. Değişik toplu­luk­lar­da, gözlerde­ki parıltı, sev­gi gös­ter­isi, ve özel­lik­le mesajımızın algılan­ması gibi dönüşler bize yetiy­or. Biz­im için de önem­li olan bun­lar. Ruhunu, sanatını ikti­dar­lara satan sanatçılar gibi değil yani… Bu savaş elbet bir gün bite­cek. Kala­cak olan o sanat­tır, ezgilerdir. Kim olur­san ol, Ermeni ol, Kürt ol, var­lığın kültür biriki­mi­ni omu­zları­na koy­a­bile­ceğin gençler­le devam ede­cek­tir, ve o halk ancak o zaman halk olmaya devam ede­cek­tir. O yüz­den her bijî Kürdis­tan.

Naz: Bu bütün halk­lar ve kültür­ler için geçer­li öyle değil mi?

Bülent: Evet, bunun mil­liyetçi­lik­le, din­le, sözü­mona ırk­la alakası yok. Sanatın dili evrensel değil mi? Bu fes­ti­valde de bu evrensel­liği gördük. Delil iki gün önce konser ver­di. Bre­ton­lar gelip, biz­im­le dans ettiler.

Sanatın birleştirici gücü

Naz: Sadece dans olsa… Delil, sen buraya yal­nız geldin. Ben seni sahnede bir gru­pla görünce şaşırdım. Müzisyen arkadaşların­la geldiği­ni sandım. Kırk yıldır beraber çalıy­or gibiy­di­niz. Son­radan öğrendiğime göre, bütün hep­iniz bura­da karşılaşmışsınız ve pro­va bile yap­madan çalmışsınız. İnanılmazdı!

Delil: Evet hiç çalış­madan ortaya spon­tane olarak çıkan bir oluşumdu

Bülent: Sanatın bir­leştiri­ci gücü de bura­da çıkıy­or işte ortaya. Sanatın hay­atı yön­lendiri­ci yönü. Maale­sef bazı ülkel­erde hay­a­ta poli­ti­ka yön ver­m­eye çalışıy­or. Sanatçılara biraz söz versek, ön plana çıkarsak, yaşamı daha iyi öğreneye­ceğiz. Bir de bütün siyasetçil­er için, özel­lik­le kürt siyasetçi­leri için de birşey söyle­mek istiy­o­rum. Savaş biz olduk olalı var oldu, hiç bir zaman da bitme­di. Her ne olur­sa olsun, üstümüze bom­balar da yağsa, biz film fes­ti­val­ler­im­i­zle, ede­biy­at, tiy­a­tro çalış­malarımı­zla var olmak zorun­dayız. Bu konu­da gençlere cesaret ver­mek, yol açmak gerekiy­or. Siyasetçil­er, gelip sanat yap­sın­lar demiy­o­rum, ken­di işleri­ni yap­sın­lar ama kürt sanatçılara gereken hakkı ver­erek. Bir cumhur­başkanı yanı­na sanatçıyı aldığı zaman, ken­di­sine değer kat­tığını düşün­meli. Hal­bu­ki bizde, bir film gös­ter­i­mi için bile vek­il getirme peşinde koşu­luy­or. Bun­lar bana ters geliy­or, çirkin geliy­or. Vek­il rock star gibi değil, destek için gelmeli. Fil­mi seyretsin, destek versin, kitabı okusun, oku­maya teşvik etsin… Biz ödül alıp, ya da red­dedip bir şek­ilde siyasete ivme katıy­oruz. Siyasetçi­lerin de sana­ta kat­a­cağı bir ivme var aslın­da. Biz de bunu bek­liy­oruz. Mücade değişik yol­lar­dan sürdürülüy­or ama karşılık­lı destek şart.

Biz­im de poli­tik görüş­ler­im­iz var, oy verdiğimiz par­til­er var. Ama yeri geldiğinde eleştire­bilmeliy­iz. Dünyanın bütün mücadeleleri sanat­la, müzik­le, ede­biy­at­la destek­len­miş. Sanatın böyle bir gücü var. Sanat siyaset üstü birşey. Bütün aydın­lar, sanatçılar bağım­sız olmalı. Par­til­er içinde kalır­san hem bağım­sı­zlığını yitirirsin, hem de sanatçı olmak isterken mil­i­tan olmak­tan öte gidemezsin.


Bülent söyleşimiz sırasın­da Eylül başın­da 9. Fest Film Koso­va “Hyj­ne­sha në Fron” için Koso­va’­da ola­cağını belirt­mişti. Heye­cen­la haber bekliyoruz.

 


5 Eylül EK :

Kur­dis­tan Kur­dis­tan’a bir ödül daha!
Tar­i­hi kültürel miras ödülü ! 

Kut­luy­oruz!

bulent prix kosovo 2016


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Naz Oke
REDACTION | Journaliste 
Chat de gout­tière sans fron­tières. Jour­nal­isme à l’U­ni­ver­sité de Mar­mara. Archi­tec­ture à l’U­ni­ver­sité de Mimar Sinan, Istanbul.