On vous l’a assez répété, les kedi sont à Douarnenez pour plus d’une semaine. Et comme principalement il s’agit de l’équipe de publication, le site vous semble sans doute en vacances…
Vacances studieuses en effet, dans un contexte pourtant à nouveau source de toutes les inquiétudes, depuis le début de l’aventure syrienne de l’armée turque de ces derniers jours, qui met le Rojava en danger.
Nous consacrerons un article très prochainement à ce qui pourrait bien, après la tentative de coup d’état manqué de juillet, qui a ouvert un nouveau cycle de répression, être une nouvelle donnée de l’offensive de la Turquie d’Erdoğan contre le mouvement kurde, et le processus d’autonomie en cours au Rojava.
Mais l’objet de ce billet est plus trivial. Nous voulions et nous vous le devions, vous décrire l’esprit si particulier de ce festival de cinéma de Douarnenez, consacré pour sa 39e édition aux “Peuples de Turquie”.
On vous dira d’abord que s’il s’était agi des Peuples d’Afrique de l’Ouest, ou d’Amérique latine, nous en aurions tout autant été ravis et intéressés, mais que là, en plus, nous nous sentons directement “acteurs”.
Ramer depuis deux ans pour justement tenter dans l’océan de désinformation, souvent même de grand “avis de silence”, malgré la tempête, et ancrer enfin notre barcasse à chat dans le vieux port musée de Douarnenez pour un temps, nous ne l’avions pas prévu. Et c’est un vrai bonheur.
Durant ces quelques jours, la ville s’est emplie de centaines de passionnés de cinéma, et surtout d’esprits ouverts à la connaissance de l’autre, et pour 2016, à la réalité d’une guerre qui ne dit pas son nom, contre les peuples de Turquie…
Non, là, nous n’allons pas vous parler de cinéma. Patience… Dès que les conditions bêtement d’accès à un réseau plus performant nous le permettront, nous vous parlerons de quelques films en détail. Enfin, des spectatrices/teurs vous en parleront.
Revenons à “l’esprit de Douarnenez”…
S’il s’agit d’un festival de cinéma avant tout, les “invités”, nombreux, ont l’occasion, deux fois par jour, d’approfondir pour le public, sur le fond, ce que les cinéastes abordent, par la fiction ou le documentaire… Et quand il s’agit de la Turquie, en plein cœur de la tempête, il y a matière à dire, informer, analyser, appeler à agir. Bref, pour des “vacances” c’est un peu raté…
C’est fou ce qu’on rencontre comme kedi en Bretagne. Et pour une fois, on va se lisser le poil en public.
Merci à toutes celles et tous ceux, lectrices et lecteurs, qui nous rencontrent avec chaleur et nous encouragent à continuer, et surtout à ne pas devenir “objectifs”, jargonnants, voir carrément “alignés”…
Merci à toutes celles et ceux qui nous versent là le bol de croquettes, nous nourrissent d’affection, ce qui va nous faire tenir, face au déferlement de très mauvaises nouvelles pour les Peuples de Turquie.
Et puis, et c’est là aussi le plus grand des plaisirs, nous pouvons enfin rencontrer, ouvrir les bras, à celles et ceux que virtuellement nous côtoyons depuis deux ans, de qui nous parlons, pour qui nous défendons et soutenons les combats.
Bien sûr, il y a tous les absents… Celle qui a été jetée en prison, et dont les dessins affichés dans les parcours du festival, rappellent cruellement le manque. Zehra Doğan n’est pas là, et elle nous manque à tous. Celles et ceux à qui les autorisations de sortie ont été refusées, ceux maintenus à résidence… et celles et ceux qui ont laissé leurs vies depuis un an dans un combat pour “les peuples de Turquie”.
Alors nous essayons d’être à la hauteur… Et de vivre à leur place le bonheur qu’ils auraient voulu partager, les débats qu’ils auraient voulu mener, pour convaincre du nécessaire combat pour la vie, pour que cesse les massacres, les discriminations, où le nationalisme triomphant et la “turcité” d’un état a conduit des communautés humaines.
Il y a celles et ceux qui ont pu venir, parce que déjà en exil, parce qu’en “mission” de contacts et d’information en Europe, comme le député de Şırnak, Faysal Sarıyıldız. Une bien belle rencontre, une bien belle personne, aimé par les kedi et qui aime les chats… Tous les noms sont dans le programme.
Il y a ceux, qui comme nous, se sont donné devoir d’informer… Journalistes de longue date, en poste en Turquie, ou de retour après de longues années, lassés de vivre sous la menace, et contraints de revenir pour garder leur voix… Il y a des réalisateurs… Pas tous là encore. Il y a ces universitaires, qui se sont retrouvés dans la ligne de mire d’Erdoğan, parce qu’ils refusaient qu’une politique à caractère génocidaire soit menée en leur nom, et dont certainEs sont désormais en exil.
Il y a celles et ceux, nouveaux kedi, que vous retrouverez bientôt dans les pages de Kedistan…
Il y a celles et ceux, qui ici ou là bas, tisonnent la plaie vive du génocide du peuple arménien, refoulé nationaliste quasi fondateur de toutes les plaies en Turquie, et surtout de cette nation schizophrène, de la “turcité” nationale… Et l’ami Etienne Copeaux et sa compagne, qui nous en parlent si bien aussi…
Va savoir qui remercier, parmi l’équipe des organisateurs/trices, des bénévoles nombreux… Pour cette richesse là. Yann, si tu nous lis…
Alors, ce festival, c’est aussi l’école des chats, le cahier de vacances des kedi.
Il se termine le 27 août. Il vous reste une journée pour y faire un tour. Nous avons encore un peu de temps pour mettre en forme à partir de cet esprit nombre de billets de la semaine prochaine.
Promis, dès que ces vacances s’achèveront, vous en recevrez les cartes postales, et nous nous attellerons à la tâche, pour nous re-pencher sur l’actualité du Rojava, tellement en danger depuis deux jours.
A très bientôt pour toutes et tous, et peut être rendez vous sur place.