Les appels à rejoindre celles et ceux qui combattent Daech en Syrie existent, même s’ils ne font pas la une des médias.
On nous parle à longueur de colonnes ou de flux d’écran plat de « départs en Syrie »… Mais jamais des appels à rejoindre les combattants kurdes et arabes, et à aller participer à la défense du Rojava, concrètement en guerre quotidienne avec Daech, ne sont mentionnés.
Ces mêmes médias ont d’ailleurs aussi fait l’impasse sur l’attentat de Qamişlo, préférant la propagande à usage domestique en tout genre que provoquent inévitablement en Europe les kamikazes “radicalisés express”, quitte à transformer les deuils en foire médiatique où chacun dispose son stand.
Bref, il y a pourtant en Syrie, aux côtés des combattants du Rojava, des volontaires « internationalistes », depuis Kobanê surtout.
Kedistan s’est fait le relai de leurs publications, et avait même un temps une rubrique régulière, jusqu’à ce que le contexte d’offensives, comme autour de Minbej, et pour cause, tarisse les sources régulières d’information. Nous avions également publié une « interview » vidéo, où l’un d’entre eux explique sa démarche.
Un appel vidéo, qui date de début juillet, a été publié sur les réseaux sociaux et des sites dédiés.
Plusieurs raisons nous ont poussés à ne pas publier cette vidéo sous forme d’article d’appel et de soutien.
La première est une raison de pure forme.
Nous n’avons jamais pensé que le caractère jargonnant et les attitudes « viriles » devant le drapeau soient le meilleur vecteur de communication d’un message, même si celui-ci est un appel à « combattre ». S’adresser à un public à convaincre, qui a de solides traditions antimilitaristes, avec une mise en scène où la fascination de l’arme semble l’emporter au final sur le message politique pourtant présent, ne sert pas de notre point de vue la cause défendue, ni n’éclaire le processus à défendre au Rojava au final.
Non, nous n’adoptons pas une attitude effarouchée face à la « violence ». Laissons ça aux pacifistes de profession. Pas davantage la fameuse “objectivité”, tarte à la crème du journalisme de salon. Et nous comprenons et partageons cette nécessité de renforcer de façon internationaliste le combat du Rojava contre Daech.
Le processus de mise en place du confédéralisme démocratique, expérience fragile dans un environnement de guerre, en butte à toutes les oppositions, qu’elles soient syriennes ou djihadistes de toutes barbes, demande aussi que des combattants « sans armes » le rejoignent, ici et là-bas.
Si un mouvement massif d’engagement conscient dans des « brigades internationales » se manifestait aujourd’hui (sans même faire de comparaisons hasardeuses avec les années 30 en Europe), cela pourrait se manifester d’une autre manière que ces appels “clandestins”.
Mais autour du Rojava, nous n’en sommes même pas aux balbutiements, en dehors de la diaspora kurde elle-même, et de cercles « convaincus », qui fort heureusement s’élargissent. Nous connaissons la tâche par cœur, mais bien souvent constatons que les « combattants » manquent ici aussi… Combattants de l’information, combattants de la popularisation de la lutte du Peuple kurde, autrement qu’en l’instrumentalisant pour sa propre image, voire électoralement pour obtenir les voix de la diaspora à chaque élection à gauche.
Alors, développer l’idée de « brigades pour le Rojava », qui ne peuvent d’ailleurs pas être que « militaires », mais pourraient aussi être riches de compétences dans d’autres domaines, passe aussi par une réelle information mobilisatrice ici, la mise en place d’échanges, la conviction qu’il ne s’agit pas simplement de combattre Daech, mais d’un processus politique qui devrait intéresser davantage, lorsqu’on comprend l’importance du Moyen-Orient sur toute cette géopolitique.
Voilà les raisons qui nous ont amenés à ne pas publier cette vidéo « brute de décoffrage », comme l’on dit, mais à la mettre en lien dans cet article. Elle est d’ailleurs ICI.
Vouloir opposer “ceux qui font” et “ceux qui parlent”, serait aussi tellement contradictoire avec l’idée et l’utopie qu’on se fait d’un autre monde possible.
Et, sans vouloir nous justifier, « à chacun son poste de combat »…
Nous ajoutons un interview de Ronahi TV. Hubert, combattant français fait appel, non pas seulement à celles et ceux qui veulent combattre, mais aussi à celles et ceux qui veulent construire la vie civile et l’avenir à Rojava.
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