Le journal Özgür Gündem dans le collimateur…
Depuis le 3 mai, il existe une campagne de soutien. Les auteurs, journalistes et rédacteurs d’autres journaux font des tours de « rédacteurs en chef de garde ». Depuis, 44 personnes ont rempli ce rôle et 37 ont été poursuivies !
Le 14 mai Özgür Gündem publiait un article sur les exactions de l’Etat dans les villes kurdes de Turquie à la veille du newroz, la fête du printemps pour les kurdes. « Tu ne peux pas reporter le printemps » annonçait la manchette. «L’AKP a commencé des attaques pour renouveler les massacres de Cizîr, à Gever, Nisêbîn et Şırnex. Mais les plans de l’AKP, se heurte à la résistance de YPS et du printemps. Un appel à la population, pour rejoindre la résistance victorieuse de Botan, dans le cadre du newroz. »
Le quotidien Sabah, journal pro AKP avait pointé Özgür Gündem, avec une manchette « La joie du massacre d’Özgür Gündem, le journal du PKK »
Özgür Gündem accusé de « propagande terroriste » a été interdit sur ordre du procureur et tous les exemplaires on été retirées des kiosques. Les cartes professionnelles des journalistes ont été invalidées.
Aujourd’hui trois des 44 “rédacteurs de garde”, accusés de propagande pour organisation terroriste, ont été emprisonnés :
Erol Önderoğlu, journaliste, représentant Turquie de Reporters Sans Frontières et reporter à Bianet (il est l’un des invités du festival de cinéma de Douarnenez, en France, en août prochain, consacré aux Peuples de Turquie)
Ahmet Nesin journaliste auteur,
Prof. Dr. Şebnem Korur Fincancı, auteur et médecin légiste, qui a notamment enquêté après les massacres de Cizre…
RSF a publié un message de soutien.
#Turquie : #RSF exprime tout son soutien à son correspondant @ErolOnderoglu, chez le procureur pour une enquête dont il fait l’objet.
— RSF (@RSF_inter) 20 juin 2016
Même si ces journalistes seront peut être relâchés à l’issue de gardes à vue, grâce aux soutiens qui ne manquent pas de se manifester, ils resterons, n’en doutons pas, poursuivis au nom de la sacro sainte loi sur le “terrorisme”, comme tant d’autres…
Özgür Gündem Site | Facebook | Twitter @ozgurgundemweb1
C’est la réalité de la répression quotidienne en Turquie, dont en Europe, personne n’accepterait le dixième.
Gageons que les ambassadeurs doivent quotidiennement envoyer à leurs diplomaties respectives de beaux rapports par la valise diplomatique. Ils rejoindront sans doute les archives, qui seront rendues publiques pour les historiens du futur, comme le furent celles de 1915…