Les mineurs de Kilimli à Zonguldak, gisements exploités par les entreprises Deka et Balçın, étaient en grève depuis le 18 mai. Ils avaient entamé une grève de la faim, qui s’est poursuivie avec 28 mineurs, jusqu’au 11e jour. Elle a pris fin hier.
Mais quelle est l’origine des difficultés rencontrées, outre le climat d’exploitation quotidienne qui sévit dans ce secteur ?
Les dirigeants de Deka et Balçın étant soupçonnés par le régime AKP, d’être des membres de la « structure parallèle »1, une enquête a été ouverte à leur encontre. Des administrateurs ont donc été affectés aux deux entreprises. Depuis 4 mois, les 130 mineurs de Deka et les 115 mineurs de Balçın, au total 245 mineurs, n’ont pas perçu de salaire.
Cette technique est utilisée par le régime AKP pour couler les entreprises d’ ”opposants”, comme on a vu l’exemple dans le secteur des médias.
Le Préfet du Zonguldak avait promis dans un premier temps, que la Préfecture “payerait les mineurs qui ne participent pas à la résistance” et a déclaré ensuite que “si les grévistes arrêtaient leur action, ils seraient également payés”. Mais, pour les mineurs cette promesse restait sans suite et sans contours réels.
Cemal Akın, représentant des ouvriers, précise que la proposition de la Préfecture ne correspond pas à leur demande : « Nos camarades nous ont informés qu’ils étaient décidés à continuer la lutte. Nous ne savons pas quelles sommes la Préfecture veut verser sur nos comptes. Les camarades veulent obtenir toutes leurs demandes. Nous avons été lésés. Ceux qui mettent les travailleurs dans cette situation devraient avoir honte. Notre préjudice ne peut pas être indemnisé en versant une somme arbitraire. »
Les soutiens arrivés sur place avaient immédiatement été interdits d’accès au site et attaqués par un groupe armé de bars de fer. A la suite de ces affrontements, les mineurs avaient détruit l’entrée de la mine et s’étaient enfermés à l’intérieur. Une solution radicale pour éviter toute intervention policière.
Certains d’entre eux avaient été hospitalisés avant le blocage de l’entrée.
Bien que suffisamment d’oxygène et de l’eau soient fournis dans la mine, ils luttaient avec la faim et le froid, mais décidés à mener leur lutte jusqu’à l’obtention de leurs revendications.
Victimes malgré eux des règlements de comptes entre leurs “patrons” et le régime, ils défendent avant tout leurs emplois, leurs salaires et conditions de travail, comme ont été contraints de le faire avant eux les techniciens et ouvriers de presse, licenciés par les “confiscations” du régime.
Au 11ème jour de cette résistance, une délégation constituée du Préfet, du Directeur de la Police etdes administrateurs s’est entretenue avec les mineurs, leur promettant que leurs dus seront versés. Les grévistes de la faim sont sortis de la mine et ont pu reévoir des soins médicaux.
Cette grève était déjà peu popularisée. A cette heure, nous ne disposons pas des éléments permettant de comprendre quelles revendications ont été satisfaites. Vigilance et solidarité s’imposent donc toujours.
Ajout du 17 juin :
Les 282 mineurs de Deka et Balçınlar, sont tous licenciés aujourd’hui. La plupart des travailleurs ont encore des avoirs. Les mineurs ont déclaré : « Quand nous demandons nos salaires impayés et nos indemnités de licenciement, ils nous disent d’aller au tribunal. Seuls nos 17 camarades qui ont arrêté leur grève de la faim ont perçu leurs dus. »