Sur, quarti­er his­torique d’Amed (Diyarbakır) est réou­vert à nou­veau aujour­d’hui. Les habi­tants peu­vent accéder enfin à leur quartier.

Un rap­port acca­blant pub­lié le 30 mars, met­tait à jour les dom­mages causés au pat­ri­moine cul­turel du fait des opéra­tions mil­i­taires menées par les forces armées turques dans le dis­trict de Sur, coeur his­torique de la ville de Diyarbakır. Après la destruc­tion du quarti­er, une déci­sion urgente d’expropriation avait été prise par le cab­i­net du Min­istre le 21 mars. Elle annonçait l’ex­pro­pri­a­tion du 82% du quarti­er, mal­gré les son­nettes d’alarme tirées par les archi­tectes, urban­istes, his­to­riens pro­gres­sistes, pour lesquels cette démarche sous cou­vert de “recy­clage urbain”, comme c’est le cas dans bien d’autres endroits en Turquie, visait la “gen­tri­fi­ca­tion” du quarti­er, accom­pa­g­née d’opéra­tions de cor­rup­tion, comme dans toutes les spécu­la­tions immo­bil­ières, et réduisant au pas­sage à un “décor touris­tique” le pat­ri­moine ancien­forte­ment endom­magé, à coup de recon­struc­tions “mod­ernistes” de façade.

Aujour­d’hui les habi­tants décou­vrent les dégâts de leur pro­pres yeux.

Femmes et hommes, essayent de repér­er leur maison :

- “Ici c’é­tait ma maison…”
—  “Non… toi, c’é­tait là !”

Par­mi eux, elles, cer­tain-e‑s vont voir leur mai­son, décou­vrir les dégâts, d’autres recherchent encore leur morts, car les corps de leur proches, récupérés par les forces armées turques, ne sont pas encore ren­dus aux familles. D’autres encore, vien­nent ren­dre vis­ite à leurs proches de Sur en sou­tien. Et il y a aus­si celles et ceux venus récupér­er ce qui reste de leurs affaires, pour ne plus jamais revenir…

L’ob­jec­tif du pho­tographe repor­teur Mah­mut Bozarslan témoigne de ce moment, avec des images poignantes : “Nous aus­si, nous étions là-bas. Nous avons rajouté de nou­velles pho­tos, de ces regards, de ces yeux qui ne cessent de voir de la peine… ‘La bas y avait un Sur, c’é­tait loin’ ” dit-il, en faisant allu­sion à une chan­son d’en­fant turque “Il y a un vil­lage là-bas, même si on n’y va pas, même si on ne le voit pas, il est à nous.”


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