Selon le Centre d’Observation des Droits des Animaux d’Izmir (HAKIM) durant ‑seulement- les mois de Janvier et Février, au moins 2 mille 672 animaux ont été tués dans un environnement quotidien. Les représentants du HAKIM précisent que dans les régions de conflits, notamment dans les villes kurdes sous couvre feu au Sud-Est de la Turquie, il a été impossible de connaître le bilan exact, et qu’ils ont observé plusieurs centaines d’animaux tués durant les attaques.
C’est la première fois que les violations des droits des animaux sont rapportés d’une façon officielle. L’objectif de ce rapport est de mettre à la lumière de jour le fait, que les violences faites aux animaux ne sont pas des fait divers exceptionnels, ni des conséquences de comportements violents et déviants, mais des crimes qui font partie de la routine du quotidien.
Le rapport énumère, des actes violents et mortels comme l’empoisonnement en masse. Mais aussi, fait le constat d’animaux tués par armes blanches ou autres outils dangereux, par armes à feu, étranglés, cous cassés, battus à mort, par des coups donnés avec des objets durs, jetés d’un endroit élevé, ou encore des animaux qui meurent par négligence.
Hülya Yalçın, Présidente de la Commission des droits des animaux du Barreau d’Istanbul, a souligné l’insuffisance de la Loi de Protection des Animaux 5199 et constaté que la société s’est « habituée » à la violence et à la cruauté envers eux.
Le rapport s’intéresse également aux animaux tués dans les abattoirs, la pêche, les refuges, zoos, laboratoires privés et universitaires. Il traite aussi de la liberté des animaux bafouée, comme dans le cas des 30 dauphins exploités dans 8 parcs d’attraction. Et ils ne sont pas les seuls… Selon le Ministère d’Agriculture, chiffres officiels, 25,5 millions de vaches, boeufs, moutons, chèvres, sont légalement abattus pour l’alimentation humaine.
Celles et ce qui luttent pour les droits et la protection des animaux ne sont pas bien sûr dans ce contexte épargnés. Par exemple courant janvier et février 2016, au moins 778 personnes ont été conduites devant la justice, accusées de « faire opposition à la chasse », considérée comme « sport » par l’Etat et soutenue officiellement comme elle l’est majoritairement dans le monde.
Le Centre d’Observation des Droits des Animaux d’Izmir mène donc un combat difficile dans une société où déjà la violence humaine s’est accrue, du fait des divisions entretenues par un régime qui en tire sa force, et instrumentalise les refoulés génocidaires. On est loin de la “tradition d’accueil et de générosité” vantée par tous les catalogues touristiques. Et pourtant elle existe, et ne demanderait qu’à s’exprimer, hors du chaos politique.
Il est une situation particulière, où souffrance humaine et animale se mêlent. C’est celle de l’état de guerre.
Lors de la conférence de presse du HAKIM, une vidéo réalisée par Özge Özgün a été projetée. Elle traite du sort conjoint des animaux et des humains sous “état de siège”. Le film apporte des témoignages des habitants de Sur, quartier de Diyarbakir. Vous la trouverez ci-dessous avec la traduction des témoignages.
Les animaux qui partagent nos vies ne sont pas épargnés des conditions psychologiques, politiques, économiques, conflictuelles dans lesquelles nous nous trouvons. Comme si les violences de la “routine quotidienne” n’étaient pas suffisantes, dans des conditions de guerre, ils subissent eux aussi leur part…
Nous suivons au Kedistan, le sort des animaux des villes du Kurdistan Nord, ces villes assiégées, où les habitants subissent la violence de l’Etat, périssent ou quittent leur maison… Leurs animaux, fermiers ou domestiques, ou encore leurs compagnons errants, sont sur le même bateau.
Le documentaire que Fatih Pinar avait tourné à Dargeçit, à la fin d’un siège de 19 jours, en témoignait déjà en décembre 2015. Ces images poignantes, ne nous ont pas quittés depuis… [le documentaire étant disparu du web, nous le remplaçons par ds photos extraites de la vidéo]
A Sur, Diyarbakir, Nusaybin, Cizre, Silopi et dans d’autres villes un nombre inimaginable d’animaux a péri ou a été blessé, non seulement parce ce que se trouvant pris dans des affrontements, mais aussi pour certains parce qu’utilisés comme message de menace, tués, pendus, accrochés, dans ou devant des habitations.
En début avril, à Yüksekova, ville sous couvre-feu, les familles ne pouvaient pas retirer leurs morts de la rue. Les médias avaient rapportés que les chats affamés, mangeaient les cadavres… Le Préfet lui même a reconnu ces faits.
Traduction :
“On a dit, ne tuez pas les oiseaux, mais ils ne les ont pas épargnés”
L’enfant : il y a 4 cadavres.
L’homme : Les oiseaux sont morts. Nous avons dit, il y a des oiseaux dedans, ils ne les ont pas épargnés.
“Affamés, ils grattent les portes”
Nous étions deux foyers. Ils viennent à nous, mais nous n’avons rien non plus. Ils attaquent. Ils meurent de faim. Ils griffent comme ça la porte pour nous dire donnez-nous quelque chose. Mais il n’y a rien. si on en avait on aurait donné pour faire une bonne action. Les humains n’avait rien à manger, alors pour eux…
“Eux aussi, ils ont une vie”
J’avais trois chats apprivoisés. Je les ai pris quand ils était des chatons, je les ai élevés. Ils avaient vraiment grandi. Il y a maintenant 3 mois et demi… Et dans ces derniers temps, il y a eu le couvre-feu. Si j’enferme les chats, c’est un pêché, ils vont rester dedans affamés, je me suis dit que c’était mieux de les laisser dehors. Je suis revenu trois mois et demi plus tard, seul un de mes chats était là. Et lui, il ne me connait plus. Je suis comme un étranger. Parce qu’ils sont apeurés. Les bruits des armes… Ce n’est pas seulement les humains, même les animaux sont apeurés. avant il venait près de moi, je le caressais. Maintenant, je ne peux même pas me rapprocher. Ça fait un mois et demi que je suis revenu ici. J’ai vu les cadavres de chats, ça m’a fait du mal. Pauvre animal, même s’il reste dans la rue, au moins qu’il se nourrisse… et il n’y avait rien… C’est triste. Lui aussi a une vie, c’est un être vivant.