Le groupe Human Rights Watch (HRW) appelle la Turquie à cess­er les tirs sur les réfugiés syriens. Amnesty avait fait de même, dénonçant l’ac­cord avec l’UE qui qual­i­fi­ait la Turquie de pays “sûr”.

HRW avait annon­cé fin mars que 16 réfugiés syriens dont 4 enfants avaient été tués par les mil­i­taires turcs, en pré­cisant que ce n’é­tait que les cas “offi­cielle­ment enreg­istrés”, et qu’il y avait bien plus.

Le jour­nal bri­tan­nique The Indépen­dant, relaie les pro­pos de Ger­ry Simp­son, chercheur respon­s­able sur les réfugiés du HRW :

« La Turquie répond aux civils qui fuient des com­bat­tants de Daech, avec des tirs à balles réelles. »

Un des réfugiés hébergé à Ikdah apporte son témoignage :

Nous avons quit­té le camp, et nous avons avancé vers le Nord en tra­ver­sant les oliviers qui se trou­vent sur la fron­tière turque. Nous étions env­i­ron deux mille personnes. 

Quand nous nous sommes rap­prochés de la fron­tière, nous avons vu les sol­dats turcs posi­tion­nés sur la colline en haut du mur. Ils ont com­mencé à tir­er sur nous. Alors nous avons fait volte face et nous nous sommes dis­per­sés dans tous les sens. 

J’ai pris ma famille et nous sommes allés dans un autre camp qui s’appelle El Rayan. Nous avons peur parce que Daech est proche de ce camp. 

Il n’y a rien qu’on puisse faire.

Dans les dernières 48 heures, 30 mille réfugiés ont été oblig­és de chang­er de lieu à cause des affron­te­ments entre Daech et les “groupes insurgés” dans le Nord d’Alep, qui se pour­suiv­ent, mal­gré le cessez le feu provisoire.

Des infor­ma­tions fai­saient état par con­tre, d’une non réac­tion de l’ar­mée turque, alors que d’an­ciens vil­lages se trou­vaient ré-occupés sur sa zone frontal­ière par des dji­hadistes, à moins de 1 km, dans ce même couloir qui mène d’Alep à la Turquie.

La Turquie applique donc à la let­tre les ter­mes de l’ac­cord dis­ant qu’elle se fait le garant de l’Eu­rope, pour met­tre fin à l’ex­ode des réfugiés de guerre syriens, mais à sa manière.

Des voix se sont déjà élevées pour dénon­cer toutes les recon­duites à la fron­tière, en vio­la­tion totale de toutes les con­ven­tions, tout comme pour met­tre à jour les tirs à vue sur les réfugiés en prove­nance de Syrie, puisque le gou­verne­ment turc les assim­i­le dans cette zone à des “Kur­des syriens”.

Rajou­tons que la Turquie n’a jamais rat­i­fié la par­tie de la con­ven­tion con­cer­nant la demande d’asile des réfugiés hors con­ti­nent européen, et que les Syriens n’ont de ce fait aucun droit inter­na­tion­al recon­nu sur le sol turc, comme beau­coup d’autres migrants cli­ma­tiques, économiques, ou réfugiés des guer­res mêlés.

Non, la Turquie n’est pas un pays “sûr” pour les réfugiés, on ne le répétera jamais assez. Encore moins pour tout réfugié kurde, qui pour­rait être ren­voyé de Grèce, ou arrêté à la fron­tière syrienne.

Les dirigeants européens devront un jour ren­dre des comptes sur ces dizaines de mil­liers de dis­parus en mer, d’en­fants per­dus parce que morts ou enlevés en route, du fait de leurs déci­sions iniques de trans­former l’Eu­rope en forter­esse, pour con­serv­er leurs pou­voirs respec­tifs. Y ajouter le paiement d’un bour­reau présen­té comme fréquentable, les ren­dra un jour com­plices de crimes de guerre.

Ces déci­sions lâch­es et oppor­tunistes con­tre tous les réfugiés, ne fer­ont que con­forter cette part des dites “opin­ions publiques” qui finiront par leur préfér­er la bête orig­i­nale nation­al­iste qui monte, raciste, xéno­phobe et guerrière.

 


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